Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 12.2.djvu/164

Cette page n’a pas encore été corrigée

L763

    1. PIERRE (SAINT)##


PIERRE (SAINT). ["ÉPÎTRE, DOCTRINE

1764

1 » épître de Jean et de la I re épître de Pierre ». Jlist. . I. III, c. xxxix, n. 17 ; cf. ibid., t. II, c. xv, n. 2-3. La lettre des Kglises de Lyon et de Vienne, composée en 177. et les Actes des martyrs scillitains, qui datent de 180, renferment des réminiscences ou des échos directs de la PPétri. Saint Irénée dit explicitement

— il est le premier à le taire — que la I » Pétri a été composée par saint Pierre et il en cite plusieurs passages dans son Contra hæreses. Tertullien. Clément d’Alexandrie et Origène donnent la lettre comme étant de saint Pierre. Elle figure dans la Peschito, version officielle des anciennes Églises de Syrie. Poulies textes, voir Th. Zahn, Geschichle des neutestamentlichen Kanons, t. i, p. 302 sq. ; C. Bigg, op. cit., p. 7 sq.

Il ressort de ces divers témoignages que la /- l Pétri était connue à la fin du I er siècle, que, dès le début du ne, elle était lue en de nombreuses Églises d’Orient et que, vers 150-160, elle était répandue dans les Églises d’Occident. Sans doute, saint Irénée est le premier des Pères qui la présente comme étant de saint Pierre, mais on doit remarquer que cet écrivain était admirablement informé des traditions des Églises d’Asie Mineure. En outre, le crédit accordé dès le début du IIe siècle à cette épître, que l’on peut qualifier de minime, est une garantie sérieuse de son origine apos- 1 tolique. Ainsi, le témoignage de la tradition ecclésiastique la plus ancienne est en accord parfait avec les indications relevées dans l’épître relativement à son auteur.

En somme, Eusèbe n’a fait qu’enregistrer le sentiment traditionnel et unanime des anciennes Églises d’Orient et d’Occident quand il a compté « la I re épître de Pierre parmi les écrits « incontestés » que tous, de son temps, vénéraient et lisaient comme Écriture. Cette constatation ne saurait être infirmée par le fait que la I* Pétri ne figure pas dans la liste romaine connue sous le nom de Canon de Muratori, car l’omission peut être accidentelle ou s’expliquer par la mutilation du document dont nous ne possédons qu’une copie défectueuse ; cf. Th. Zahn, op. cit., t. ii, p. 110.

V. La doctrine de la I » Pétri ». — Remarques préliminaires. -— a) On a vu plus haut que cette lettre a été écrite dans un but pratique : l’auteur, suivant ses propres paroles, a voulu donner un encouragement et une garantie, -xpàxÀr^tç et èrau.apTup£a, v, 12, à des fidèles qui souffraient et pouvaient se laisser gagner par l’inquiétude ; il s’agissait de les exhorter à tenir ferme pendant les heures mauvaises et de leur prouver que l’espérance chrétienne était fondée en fait comme en droit. — by Dans ces pages, d’un caractère aussi nettement pratique, l’auteur n’avait pas à faire passer tout le credo apostolique, d’autant moins qu’il De s’adressait pas à des catéchumènes, mais à des chrétiens déjà instruits ; son intention n’était pas tant d’enseigner que de consoler et de fortifier. — c) Dans ces conditions, ce serait une erreur que de chercher dans la / a Pétri un corps de doctrine complet, un exposé systématique du dogme chrétien ; et c’en serait une autre que de s’autoriser du silence de l’auteur sur tel ou tel point pour en conclure qu’il ignorait ou rejetait ce dont il n’a pas parlé.

Les souries premières.

L’enseignement doctrinal

de la I* Pétri se rattache, d’une part, à l’Ancien Testament et, de l’autre, à la prédication de Jésus, reproduite par la catéchèse apostolique avant d’être nxée sous la forme des évangiles synoptiques. — 1. La pensée de saint Pierre était pénétrée et nourrie de la doctrine de l’Ancien Testament. Les allusions à l’Écriture sont constantes dans l’épître et les emprunts nombreux, à tel point que l’on pourrait presque parler de saturation. Plusieurs fois, les citations sont introduites explicitement : i, 16 (ysypaTTrai), 24 (Siôti) ; ii, g

(nzpit/si. èv T7j vpaçyj) ; ni, H » (yip) ; v. 5 (ort). 11 semble que l’auteur avait une prédilection marquée pour le livre d’isaïe, car il y a puisé plus que dans tout autre ; cf. I Pet., i, 11 6, et Is., i.m, 7-8 ; I Pet., i, 18, et Is., lui. 3 b ; I Pet., i. 24 sq., et Is., XL, 6 sq. ; I Pet., n, G, et Is., viii, 14 ; xxviii, 10 ; I Pet., H, 9 sq., et Is., xi.iii, 20 sq. ; I Pet., ii, 22 sq., et Is., lui, 5, 9, 12 ; I Pet., ii, 256, et Is., xl, 11 ; I Pet., iii, 15, et Is., viii, 13 ; xxix, 3 : I Pet., iv, 14, et Is., xi, 2 ; I Pet., iv, 17, et Is., xxv, 29. Il faut également noter les emprunts faits au livre des Psaumes : I Pet., ii, 3. 7, 11 ; iii, 1012 ; v, 7, et à celui des Proverbes : I Pet., ii, 17 ; ni, 6 ; iv, 8, 18 ; v, 5. On ne saurait être surpris de constater la grande influence exercée sur saint Pierre par le prophète qui avait été le héraut de l’espérance messianique et par le recueil des hymnes qui traduisaient les sentiments religieux de l’âme juive ; quant aux maximes des sages, elles étaient transmises de bouche en bouche depuis des siècles en Israël et elles avaient toujours servi de base à l’enseignement des moralistes. De plus, il n’est pas impossible que la plupart des textes exploités dans la / a Pétri aient figuré dans des recueils script uraires, du genre des catenaou des jlorilegia du Moyen Age, établis pour les besoins de l’enseignement, de l’apologétique et de la piété. — 2. Pour ce qui regarde les attaches de cette épître avec la doctrine évangélique, elles sont telles que bien des phrases de la / ; l Pétri peuvent être regardées comme des réminiscences de la catéchèse apostolique ; cf. C. Bigg, op. cit., p. 23. Les allusions à la passion sont particulièrement nombreuses. Certains critiques ont marqué leur étonnement de ce qu’on ne trouve dans cette lettre aucun souvenir personnel de saint Pierre relatif à Jésus ; mais c’était oublier que les premiers chrétiens portaient peu d’intérêt aux détails biographiques, eussentMls trait à la personne de leur Maître ; en outre, c’était négliger ce fait capital que d’un bout à l’autre la 7 a Pétri reproduit l’enseignement le plus authentique du Christ sur les vertus morales qui doivent être pratiquées par les candidats au royaume des cieux ; voir notamment I Pèt., i, 6-11, 13, 17, 23 ; ii, 7, 12 ; m, 9-11, 14-15 ; iv, 13 sq., 16.

L’enseignement doctrinal et moral.

1. Les personnes

divines. — Dès les premières lignes de l’épître, i, 2, on trouve la mention des trois personnes de la Trinité et du rôle spécial joué par chacune d’elles dans l’œuvre rédemptrice : le Père a eu la prescience de l’élection des croyants, c’est-à-dire de leur appel à la foi chrétienne : l’Esprit a opéré la sanctification de ceux qui sont élus ; Jésus-Christ a versé pour eux son sang dont ils ont été aspergés. Nous avons là une véritable formule trinitaire, aussi riche par son contenu et aussi explicite que celle employée par saint Paul dans la finale de la IIe épître aux Corinthiens, xiii, 13. On notera que l’égalité des trois personnes divines y est implicitement affirmée du fait que l’auteur ne les nomme pas dans l’ordre de leur manifestation historique.

a) Le Père. — Il est appelé « Dieu et Père de Noire-Seigneur Jésus-Christ ». i, 3. Les hommes seront jugés par lui « sans acception de personnes, selon l’œuvre de chacun ». i, 17 ; ii, 12. Il est « le saint » par excellence et exige de ses fidèles qu’ils vivent dans la sainteté, i, 15-16. Les croyants sont « ses serviteurs », II, 16 ; ils doivent le craindre, ii, 17, et lui obéir. I, 14. Dieu le Père est l’auteur du salut pour ceux qui croient, car c’est lui qui « par sa grande miséricorde, nous a régénérés pour une espérance vivante par la résurrection de Jésus-Christ d’entre les morts », i, 3. Cette miséricorde est -infinie et constamment agissante pour le profit spirituel de ceux qui vivent dans la pratique de la justice : la volonté salvifique de Dieu ne saurait être mise en doute, car avant même la création du