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PIERRE (SAINT). I re ÉPITKK. AUTEUR

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minée, je me lis aider pour le grec par quelques personnes. Contre A pion, i, 9.

De Silvain que l’on regarde comme identique au

Silas dont il est parlé dans le livre des Actes, xv, 22, 27, 32, 40 ; xvi, 19, 25. 29 ; xvii, 4, 10, 1 1 sq. ; xviii, 5, et dans plusieurs des épîtres pauliniennes, I Thess., i.l ; Il Thess., i, 1 ;. Il Cor., i, 1 !) — nous savons qu’il était citoyen romain, Act., xvi, .’57-38, que saint Pierre l’avait connu à Jérusalem et que saint Paul l’avait pris comme compagnon d’apostolat pour sa grande mission en Macédoine et en Grèce. Comme tous les juifs hellénistes, Silvain était familier avec la Bible grecque, ce qui explique que la rédaction de la / a Pétri trahisse, dans certaines formules et par de nombreuses réminiscences, une influence prépondérante dela version des Septante.

On peut relever dans l’épître plusieurs petits détails qui sont autant d’indices en faveur de l’origine apostolique du document. Ainsi, quand l’auteur dit à ses correspondants qu’ils aiment le Christ sans l’avoir vu, i, 8, il semble se ranger implicitement dans le groupe de ceux qui ont été les témoins de la vie de Jésus. Quand il se donne le titre de i^âp-roç, v, 1, il revendique pour lui-même un droit spécial à la confiance absolue que les premiers chrétiens accordaient à ceux qui avaient vu et entendu le Maître durant son existence terrestre. Quand il appelle Marc « son fils », v, 13, il se désigne comme l’un des chefs spirituels de la primitive Église ; de même, quand il prend le qualificatif de aupiTrpsagijTepoç. v, 1. Tous ces détails s’accordent avec l’indication donnée au début de la lettre relativement à l’auteur, et l’un d’entre eux, v, 13, se trouve éclairé et justifié par ce que l’on sait des rapports de saint Pierre avec la mère de Marc, cf. Act., xii, 12, comme avec Marc lui-même, d’après Papias, saint Irénée, Clément d’Alexandrie et Origène.

La comparaison de la I* Pétri avec les discours de saint Pierre, dont le livre des Actes nous a conservé les esquisses, amène à constater que les ressemblances sont nombreuses, tant pour le fond que pour la forme ; cf. I Pet., i, 10-12, et Act., iii, 18-25 ; x, 13 ; IPet..i, 17, et Act., x. 34 ; I Pet., i, 20, et Act.. ii, 23 ; m. 20 ; I Pet., r, 22, et Act., xv, 0 ; 1 Pet., ii, 1, et Act., iv, 11 ; I Pet., ii, 21, et Act., v, 30 ; x, 39 ; I Pet., m. 22, et Act., n. 33-34 ; v, 31 ; I Pet., v, 1, et Act., i. 8, 22 ; v. 32 ; x, 39.

Quant au lieu de composition de la 7 a Pctri, il est indiqué de manière indirecte dans la finale de l’épître : « La coélue (/) ctovskàskt/ ;) qui est à Babylone vous salue. » v, 13. C’est avec raison que les commentateurs anciens et les critiques modernes, pour l’immense majorité, ont vu dans la « coélue » la communauté chrétienne de la ville appelée Babylone et ont pensé que ce dernier nom désignait Borne. En eû’et, le mot « coélue » doit être pris au sens spirituel ou symbolique, comme le qualificatif de « fils » donné à Marc dans la même phrase. Ceux qui identifient cette « coélue » avec la « femme-sœur » de saint Pierre en s’appuyant sur une parole de saint Paul, I Cor., ix, 5, commettent une erreur d’interprétation ; ainsi C. Bigg, op. cit., p. 77-78. On doit en dire autant des critiques qui, rejetant l’équation Babylone = Borne, soutiennent que Babylone désigne l’une des villes qui, dans l’antiquité, ont porté ce nom : soit la célèbre Babylone de Mésopotamie, soit la Babylone d’Egypte, située sur le Nil à proximité de l’emplacement du Caire moderne. D’une part, en elïet, saint Pierre n’est jamais allé en Mésopotamie ni en Egypte et, d’autre part, le langage figuré dont use l’auteur à propos d’Israël, i, 1 ; ii, 4-10, invite à prendre le nom de Babylone dans un sens métaphorique. C’était, au dire d’Eusèbe, Hist. eccl., t. II, c. xv, n. 2, l’opinion de Papias et de Clément d’Alexandrie ; cf. saint Jérôme, De vir. M., 8. Le même emploi

du nom de Babylone, [jour désigner Borne, se retrouve dans l’Apocalypse, XIV, 8 ; xvi, 19-xviii, 24, dans le IV’livre d’Esdras, iii, 1 sq., dans les Oracles sibyllins, v, 134, 159, et dans la littérature talmudique : cf. Schocttgen, Ilorw hebraics et tulmudiar, p. 1050 et 1125. On peut donc tenir pour solidement fondé le sentiment traditionnel qui plaçait à Borne la composition de la / a Pétri.

La solution donnée au problème de l’authenticité fixe à l’an 64, date probable du martyre de Pierre, le terminus ad quem pour ce qui regarde la composition de la / a Pétri. D’après B. Weiss et Kuhl, la lettre serait antérieure à l’épître aux Bomains et aurait été rédigée avant 54 ; mais on a vu plus haut qu’on ne saurait établir la dépendance directe de l’un de ces deux écrits par rapport à l’autre et, en toute hypothèse, on concevrait difficilement que saint Paul se soit inspiré de la pensée d’autrui pour composer l’épître aux Bomains. L’année C3 paraît devoir être retenue de préférence a toute autre si l’on tient compte des considérations suivantes : 1. A cette date, saint Pierre se trouvait à Borne. 2. La présence de Silvain aux côtés de l’Apôtre s’explique d’autant mieux que saint Paul, libéré par le tribunal impérial, était déjà reparti pour l’Orient. 3. Ce que dit l’auteur des souffrances endurées par les destinataires de son message et des dangers auxquels ils demeurent exposés concorde avec la situation des chrétiens d’Asie Mineure dans les premières années du règne de Néron, antérieurement aux violences sanguinaires de (il et des années suivantes. Il semble que si l’auteur avait écrit pendant ou aussitôt après la persécution de Néron, il aurait eu une autre attitude vis-avis de l’autorité impériale. 4. On ne voit, dans l’épître, aucune allusion soit aux doctrines hérétiques, soit aux institutions ecclésiastiques qui caractérisèrent le développement des communautés d’Asie Mineure pendant les trois dernières décades du I er siècle. 5. Les perspectives eschatologiques sont bien celles des fidèles de la génération qui disparut de 65 à 70, avant la ruine de Jérusalem.

Parmi les critiques contemporains qui se sont prononcés pour la date indiquée ci-dessus, on peut citer Jacquier, Belser, Burger, Bigg, Chase, Zahn et YVolhenberg. Quant à ceux qui dénient à saint Pierre la paternité de l’épître, ils placent la composition de la l- 1 Pctri les uns dans la décade 70-80 (Briggs, Bamsay), les autres au temps de Domitien (von Soden, Wrede, Knopf, Soltau, Volter) ou même de Trajan (Hilgenfeld, Pfleiderer, Jiilicher, Hausrath). Voir J. Mofïatt, op. cit., p. 338-342.

Le témoignage de la tradition ecclésiastique.


Chose digne d’être notée, il n’est pas, dans tout le Nouveau Testament, de livre qui bénéficie d’attestations plus anciennes ou plus explicites que la J a Pétri.

L’auteur de la II : i Pétri se réfère à une lettre antérieure écrite par lui : « Voici déjà, très chers, la seconde lettre que je vous écris. » iii, 1. Quand bien même la II* Pétri ne serait pas authentique et ne daterait que de la fin du i er siècle, le texte ci-dessus n’en prouverait pas moins que la 7 a Pétri était connue et lue à cette époque. Saint Clément de Borne, dans sa lettre aux Corinthiens écrite vers 96, s’est inspiré de la l 3 - Pétri ; Lightfoot indique douze points communs et Harnack en compte vingt. On ne peut douter que la 7 a Pétri fût familière à saint Polycarpe, car pour son épître aux Philippiens la dépendance est manifeste en de nombreux endroits, comme l’a remarqué Eusèbe : « Polycarpe, dans sa lettre adressée aux Philippiens, s’est servi de témoignages tirés de la I re épître de Pierre », Hist. eccl., t. IV, c. xiv, n. 9 ; voir sur ce sujet F. -H. Chase, First epislle of Peler, dans le Dictionary of thc Bible de Hastings, t. iii, p. 780-781. Papias de Hiérapolis, au dire d’Eusèbe « s’est servi de témoignages tirés de la