Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 12.2.djvu/162

Cette page n’a pas encore été corrigée

1759

    1. PIERRE (SAINT)##


PIERRE (SAINT). [" ÉP1TRE, AUTEUR

L760

(Ion mots èxXexTol 7tape ; tlS7)(jLOi, elecli aduense : Succntopû doit être entendu, dans ce passage, <lu peuple chrétien dont les membres, élus par Dieu, sont disséminés un peu partout sur cette terre, où ils vivent comme des étrangers ; cf. v, !. Il reste toutefois que dans la plupart des chrétientés d’Asie Mineure on comptait des convertis du judaïsme ; niais ces anciens disciples de Moïse n’y formaient certainement que la minorité. Cf. C. Bigg, op. cit.. p. 70-72 ; J. E. Belser, Einleilung in das N. T., 2e édit., p. 695-696.

111. Rapports littéraires de la I 1 Pétri »

i> DIVERS ÉCRITS DU NOUVEAU TESTAMENT. —

Avant d’aborder cette question, il importe de rappeler un principe de saine critique dont la vérité ne saurait être contestée. Si la comparaison de deux écrits amène a constater des ressemblances pour la forme et des affinités quant au fond, cela ne prouve pas nécessairement la dépendance directe de l’un de ces documents par rapport à l’autre, deux auteurs vivant à la même époque pouvant se rencontrer dans le choix des expressions, des formules et des idées, surtout lorsqu’ils traitent l’un et l’autre de sujets identiques ou connexes , i se servent d’un langage quasi fixé par l’usage, ce qui a été le cas pour tous les écrivains de la première et de la seconde génération chrétienne. Pour que l’on soit en droit de conclure à une dépendance directe — en dehors des emprunts matériels que trahit une reproduction littérale — il faut que les coïncidences ou les contacts portent sur des particularités ou des caractéristiques étrangères au fonds commun mis en œuvre par tous les auteurs d’une même époque ou d’un même milieu.

Les critiques sont loin d’être d’accord sur l’étendue et la nature des aflinités de la PPétri avec les autres écrits du Nouveau Testament. Certains, comme Julii lier et H. Holtzmann, soutiennent que l’auteur de cette épître a connu en entier le recueil néo-testamentaire : d’autres, comme Rauch, Jachmann, Brùckner, sont d’un avis diamétralement opposé. En fait, une comparaison minutieuse des textestament à retenir seulement les contacts avec l’épître aux Romains, l’epître aux Galates, l’épître aux Éphésiens, l’épître aux Hébreux et l’épître de saint Jacques.

1° La « / a Pétri » et les épîtres de saint Paul. — Pour l’épître aux Romains, comparer I Pet., i, 1-1, avec Rom., xii, 2 ; I Pet., ii, 6-7, avec Rom., ix, 33 (citations d’Isaie, xxviii, 16, et viii, 14) ; I Pet., ii, 13-17, avec Rom., xiii, 1-7 ; I Pet., ii, 10, avec Rom., ix, 25 ; 1 Pet., iii, 9, avec Rom., xii, 17 ; I Pet., iv, 1, avec Rom., vi, 7. — Pour l’épître aux Galates, comparer 1 Pet., i. 5, avec Cal., iii, 23 ; I Pet., ii, 16, avec Cal., v. 13 : I Pet., m. 16, avec Cal., iv, 24. — Pour l’épître aux Éphésiens, comparer I Pet., i, 3-5, avec Eph., i, 3-1 I ; 1 Pet., i, 12, avec Eph., v, 10 ; I Pet., i, 14-18, et IV, 2 sq., avec Eph., iv, 17, et v, S ; I Pet., ii, 4-6, avec Eph., ii, 18-22 ; I Pet., ii, 18. avec Eph., vi. 5 ; I Pet., m, 1-7, avec Eph., v, 22-33 ; I Pet., iii, 21 sq., avec Eph., i, 20-22 : I Pet., v, 8 sq.. avec Eph., vi, 11-13.

L’impression générale que donne le rapprochement’les textes est que l’auteur de la 7 a Pétri connaissait l’épître aux Romains et celle aux Ephésiens car, par endroits, le rapport est assez étroit pour les expressions comme pour les idées. Faut-il aller plus loin et conclure à des emprunts directs pour la forme et pour le fond ? La réponse paraît devoir être négative, même en tenant compte, pour ce qui regarde l’épître aux Romains, de la coïncidence remarquable qui existe entre 1 Pet., n. 6-7, et Rom., IX, 33, pour l’utilisation s deux textes d’Isaie. car, dans ce dernier cas, les auteurs pouvaient avoir comme source commune un de ces recueils d’oracles prophétiques qui existaient dans la primitive Kglise. Cf. C. Rigg, op. cit.. p. 16-21 ; R. Knopf, op. cit., p. 7-8.

2° J.a. I* Pétri » etl’épttreaux Hébreux. Les ressemblances de la PPétri avec l’épître aux Hébreux sont de même nature que celles qui peuvent être relevées entre la 1* Pétri et les épilres aux Romains et aux Ephésiens. Von Soden a dressé une liste exhaustive des mots et des expressions qui sont employés de part et d’autre et qui ne se retrouvent pas dans les autres livres du Nouveau Testament, du moins avec le même sens que dans ces deux écrits. Cf. Von Soden, Die Briefe ilrs Petrus, dans le Hand-Commentar zum N. T.. 3e édit., t. iii, 2e part., introduction. Ces aflinités, au jugement de von Soden, prouvent seulement que l’auteur de la l l Pétri et celui de l’épître aux Hébreux avaient vécu dans le même milieu et ont rédigé leur message sensiblement à la même époque.

3° La « / » Pétri » et l’épître de saint Jacques. — Les contacts littéraires de la PPétri avec l’épître de saint Jacques sont tels qu’ils supposent la dépendance directe de l’un des deux écrits par rapport à l’autre. On peut comparer I Pet., i, 1, avec Jac, i, 1 ; I Pet., i, 6 sq., avec Jac, i, 2 sq. ; I Pet., i, 23-n, 2, avec Jac, i. 18-22 : I Pet., iv, 8, avec Jac, v, 20 ; I Pet., v. 5 sq., avec Jac, iv, (i, 10. De part et d’autre se rencontrent des mots ou des alliances de mots que l’on chercherait en vain dans les autres livres du Nouveau Testament ou qui n’apparaissent ailleurs que très rarement. La dépendance paraît être du côté de l’épître de saint Jacques pour autant que l’on puisse se prononcer sur un problème aussi délicat et surtout aussi obscur. Cf. C. Bigg, op. cit.. p. 23 ; J. Chaîne, L’épître de saint Jacques, dans la collection d’Études bibliques,

p. LXXVII.

IV. Auteur, date et lieu de composition. — 1° Les données de l’épître.

L’épître elle-même fournit

quelques renseignements précis sur l’auteur et le lieu de composition.

Le nom de l’auteur de la lettre se lit dans la suscription : « Pierre, apôtre de Jésus-Christ, aux étrangers élus de la dispersion… » i, 1. Il faut entendre par là ou que l’épître a été écrite par l’apôtre Pierre ou qu’elle a été rédigée sous son contrôle immédiat. Il est peu vraisemblable que saint Pierre, ancien pêcheur galiléen sans instruction, ait été capable de rédiger lui-même ces pages qui, au point de vue littéraire, ne font pas tache dans le recueil du Nouveau Testament. Sans doute, il devait connaître quelques mots du grec courant, car il avait grandi et vécu longtemps sur les rives du lac de Tibériade où là pratique de cette langue était assez répandue, et surtout, pendant son ministère extra-palestinien, il avait été en contact avec des milieux hellénistes ; mais on sait par Papias et par Clément d’Alexandrie que pour donner son enseignement aux fidèles du monde gréco-romain il avait coutume de se servir d’un interprète ; Marc et Giaukias notamment remplirent ce rôle auprès de lui. Dans ces conditions, tout porte à croire que saint Pierre a eu recours aux bons offices d’un secrétaire (amanuensis) pour la rédaction de la l* Pétri.

Or, le nom de ce secrétaire est donné par l’auteur dans la finale de la lettre : « C’est par Silvain, un frère sûr pour vous, que j’écris. » v, 12. La formule Bià. Eî.Xo’jO’.vo’j eypaijia non seulement autorise, mais suggère positivement cette interprétation, et le contexte laisse entendre que Silvain devait compléter le message écrit par des explications orales. Ainsi l’épître, à l’exception des dernières lignes ajoutées par saint Pierre lui-même, v, 12-1 1, aurait été rédigée par Silvain, chargé de traduire en grec le message destiné aux communautés d’Asie Mineure. On peut rappeler comme parallèle une confidence de Flavius Josèphe relativement à la rédaction de son histoire de la Guerre juive : « Dans les loisirs que j’eus à Rome, la préparation de mon histoire étant entièrement 1er