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certain temps en cet endroit et y a été vénéré par de nombreux pèlerins. En revanche, on ne saurait fixer avec certitude la date de la venue de Pierre à Home, ni dire s’il y est venu à deux reprises, ni marquer la durée de son ministère dans la capitale de l’empire romain. Nous ignorerons toujours par quelles mains la semence évangélique fut jetée en la ville des Césars pour la première fois. On constate seulement que, vers 56-58, la communauté chrétienne de Rome était déjà connue et même célèbre dans le monde grec. Cf. l’épître de saint Paul aux Romains. Mais est-il possible que Pierre ait été lui-même l’ouvrier de la première heure sous le règnede l’empereur Claude, soit avant, soit après l’assemblée de Jérusalem ? En tout cas, Pierre se trouvait à Rome vers le temps où saint Paul recouvra sa liberté, probablement en 63. Il fut, selon toutes les vraisemblances, une des victimes de la persécution de Néron dans les mois qui suivirent le grand incendie de juillet 64 ; il mourut martyr, conformément à la prédiction de Jésus conservée dans le IVe évangile. Joa., xxi, 18-19. Eusèbe et, après lui, saint Jérôme datent sa mort de l’an 67, mais comme le premier parle en même temps de la persécution de Néron, il est permis de suspecter une méprise quant à l’année. Au témoignage du prêtre romain Caïus, qui écrivait vers l’an 200, Pierre avait été mis à mort sur la colline vaticane, tout près du cirque de Néron, et il avait été inhumé au même endroit.

On trouvera tous les éléments d’une biographie de saint Pierre dans le volume de C. Fouard, Saint Pierre et les premières années du christianisme (nombreuses éditions) et, plus succinctement, dans l’article de L. Fillion sur Saint Pierre dans le Dictionnaire de la Bible. Parmi les ouvrages récents d’historiens non catholiques, celui de F.-J. Foakes— Jackson, Peter, prince of the apostles, 1927, fournit une documentation très riche.

Sur l’enseignement doctrinal des discours de saint Pierre conservés dans le livre des Actes, voir l’article Actes des apôtres, t. i, col. 349-352, et E. Jacquier, Les Actes des apôtres, 1926, p. cevi sq.

II. ÉPITRES DE SAINT PIERRE.

Parmi les sept lettres qui constituent, dans le recueil du Nouveau Testament, le groupe des épîtres catholiques, il en est deux’qui sont dites « de Pierre ». Le qualificatif de » catholique », déjà en usage dans l’école d’Alexandrie avec Denys et Origène, s’appliquait à des lettres que l’on regardait comme encycliques. L’emploi de la formule « épîtres catholiques » est devenu courant sous l’influence d’Eusèbe et de saint Jérôme, l’épithète marquant que ces divers écrits étaient adressés non à des groupes restreints de fidèles ou à des églises particulières, mais à la catholicité entière.

Dans les grands manuscrits grecs N, B, A, les épîtres de Pierre occupent les deuxième et troisième rangs, après celle de Jacques et avant celles de Jean et de Jude. On retrouve le même ordre dans les canons dits du concile de Laodicée, chez presque tous les Pères grecs, chez saint Jérôme et dans la Vulgate clémentine. Au contraire, les épîtres de Pierre figurent en tête de la liste des épîtres catholiques chez Origène et Rufin, dans les canons des conciles de Rome (380), d’Hippone (393) et de Carthage (397), dans le décret de Gélase, chez saint Augustin, Cassiodore, etc.

1. Première épître de saint Pierre.

I. Contenu de l’épître. IL Occasion, but et destinataires (col. 1755). III. Rapports littéraires de cette épître avec divers écrits du Nouveau Testament (col. 1759). IV. Auteur, date et lieu de composition (col. 1760). V. Doctrine (col. 1763). — Il va de soi que dans un Dictionnaire de théologie une place aussi grande doit être faite à l’exposé de l’enseignement doctrinal qu’à la discussion des problèmes critiques.

I. Contenu de l’épître. — 1° Le fond. — Pour le fond, c’est essentiellement une exhortation ou un appel à l’espérance en même temps qu’une instruction pastorale sur quelques-uns des devoirs du croyant. Les idées se succèdent sans lien logique apparent, comme si l’auteur avait rédigé sa lettre sans s’astreindre à ordonner ses développements dans le cadre d’un plan déterminé à l’avance.

Après l’adresse, i, 1-2, l’instruction débute par une action de grâces à Dieu qui a régénéré les croyants en vue de leur salut, pour qu’ils entrent en possession de l’héritage céleste ; de cette réalité et de cette espérance, les épreuves présentes leur sont une garantie, i, 3-12. Cette perspective doit aider les fidèles à se maintenir dans la bonne voie : qu’ils évitent de retomber dans les égarements où ils vivaient au temps de leur ignorance ; qu’ils soient saints comme Dieu, ayant été affranchis des observances ancestrales par le sang du Christ, « l’agneau sans défaut et sans tache » ; qu’ils pratiquent l’amour fraternel ; qu’ils soient les pierres vivantes de cet édifice spirituel dont le Christ lui-même est la pierre de base, choisie par Dieu et rejetée par les hommes, i, 13-n, 10. Au milieu des païens qui les calomnient, les chrétiens doivent donner l’exemple d’une vie irréprochable : il faut se soumettre loyalement aux autorités constituées : il faut user de la liberté, mais sans licence ; il faut que les esclaves obéissent à leurs maîtres et qu’au besoin ils supportent même des traitements injustes, suivant en cela l’exemple du Christ ; il faut que les femmes soient soumises à leurs maris et que, de leur côté, les maris se comportent avec douceur vis-à-vis de leurs épouses, tenant compte de la faiblesse féminine ; il faut que la concorde règne entre tous par le support mutuel et la charité fraternelle, ii, 11-m, 12. Que si les croyants ont à souffrir pour la justice, heureux sont-ils ! S’ils ont à confesser leur foi, qu’ils le fassent avec douceur. Surtout qu’ils ne pèchent plus, car le Christ est mort pour ramener à Dieu les hommes pécheurs, le Christ qui ensuite est ressuscité, est allé prêcher aux esprits « tenus en prison », est monté au ciel et se tient maintenant assis à la droite de Dieu, iii, 12-22. Celui qui. comme le Christ, a souiïert dans sa chair a rompu avec le péché ; c’est assez d’avoir autrefois vécu dans l’idolâtrie et les mauvaises mœurs, comme le font les païens qui auront à rendre compte de leurs débordements devant le juge des vivants et des morts. Si l’Évangile a été annoncé aux morts, c’est pour qu’ils vivent selon Dieu en esprit, iv, 1-6. D’ailleurs, la fin de toutes choses est proche et il importe que chacun s’adonne à la pratique des vertus, particulièrement de la charité, iv, 7-11. La persécution présente ne doit pas être un sujet d’étonnement pour les fidèles. Bienheureux ceux qui sont outragés pour le nom du Christ, car l’esprit de Dieu repose en eux. Il serait déshonorant d’être châtié pour un crime, tandis qu’il est beau de souffrir comme chrétien. Le jugement va commencer par ceux de la maison de Dieu : mais combien terrible sera le sort des autres qui n’obéissent pas à l’Évangile, iv, 12-19. Enfin l’auteur s’adresse aux anciens, étant comme eux un ancien et aussi « un témoin des souffrances du Christ », et il leur rappelle qu’ils doivent. être des pasteurs désintéressés ; aux jeunes, il prêche la soumission aux anciens ; à tous, il recommande l’humilité, la vigilance dans la lutte contre le diable et la fermeté dans la foi. v, 1-11. La lettre se termine par la mention de Silvain, scribe et probablement aussi messager, et par des salutations envoyées aux destinataires, v, 12-14.

La forme.

Le ton général est celui d’une allocution

pastorale, inspirée par’une chaude affection paternelle, donnée sans apprêt et sans emphase, destinée à soutenir le courage de ceux qui souffrent. Dans