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    1. PIERRE (SAINT)##


PIERRE (SAINT). AVANT LA PENTECOTE

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Jésus se lit dans le IVe évangile, Joa., i. 35-12. Deux des disciples de Jean-Baptiste, ayanl entendu leur maître dire de Jésus : » Voici L’agneau de Dieu », suivirent celui qui avait été ainsi désigné à leur attention. L’un de ces disciples était André, le frère de Simon ; l’autre ne pouvait être que le narrateur de la scène, c’est-à-dire Jean, le fils de Zébédée. Tous les deux eurent avec Jésus un long entretien, au cours duquel ils comprirent que Jésus était le Messie. André se mit alors à la recherche de son frère, lui dit qu’il avait trouvé le Messie et le conduisit vers Jésus. Celui-ci arrêta son regard sur Simon et changea son nom en celui de Céphas ou de Pierre. L’explication de ce changement ne devait être donnée à l’intéressé que beaucoup plus tard ; cf. Matth., xvi, IX. La scène se passait au temps où Jean baptisait avec intensité à Béthanie, au delà du Jourdain. Quelques semaines plus tard, Simon était témoin du premier miracle accompli par Jésus à Cana, cf. Joa., ii, 2. 11. Puis il s’en retourna à sa barque et à ses filets.

2. Après la première des pàques de la vie publique de Jésus, comme le Sauveur longeait la rive du lac, à proximité de Capharnaùm, il aperçut Simon et André qui étaient occupés à nettoyer leurs Jilets. Ayant pris place dans la barque de Simon, il lui commanda d’avancer vers le large et de lâcher les filets. La pêche fut si abondante qu’il fallut demander du secours à des camarades ; avec l’aide de Jacques et de Jean, les fils de Zébédée, les filets furent remontés. Tout tremblant d’émotion et de frayeur à cause du prodige, Simon s’était jeté aux pieds de Jésus : Xe crains pas, lui fut-il dit, un jour, ce sont des hommes que tu prendras. » A dater de ce moment, les quatre pêcheurs s’attachèrent à la personne du Sauveur en qualité de disciples. Cf. Matth., iv, 18-22 ; Marc, i, 16-20 ; Luc, v, 1-1 1. La guérison de la belle-mère de Simon, atteinte d’une crise de fièvre, eut lieu le sabbat suivant, cf. Matth., viii, 14-15 ; Marc, i, 29-31 : Luc, iv, 38-39 (à moins que ce fait ne soit à placer au sabbat précédent, cf. Luc, iv, 38). A partir de ce moment, la barque et la maison de Simon devinrent la barque et la maison de Jésus durant tous les séjours que le Sauveur fit à Capharnaiim.

3. Quand le Sauveur estime l’heure venue d’associer définitivement à son œuvre d’évangélisation des collaborateurs qui seraient par la suite les continuateurs de sa mission, il réunit ses disciples et parmi eux en choisit douze qu’il nomme « apôtres » ; Simon était du nombre des élus. Trois évangélistes, Matthieu, Marc et Luc, nous ont conservé la liste complète des Douze ; en outre, Luc l’a insérée une seconde fois dans le livre des Actes : partout le nom de Simon-Pierre vient en tête, ce qui n’est pas une simple formalité de protocole, mais l’indice de la situation exceptionnelle ou de la place prépondérante de Pierre dans le collège apostolique. Cf. Matth., x, 1-4 ; Marc, iii, 13-19 ; Luc, vi, 12-16 ; Act., i. 13.

La vie d’apostolat.

Pendant près de deux ans

Pierre vécut continuellement avec Jésus, se pénétrant de son enseignement, modelant ses pensées sur les siennes, recevant ses confidences et partageant ses joies comme ses tristesses. Les évangélistes ont relaté quelques épisodes où le rôle de Pierre est de premier plan. En voici les principaux :

1. Pierre est un des trois témoins privilégiés qui assistent à la résurrection de la fille de Jaïre. Matth., ix, 18-26 ; Marc, v, 21-43 ; Luc, viii, 40-56.

— 2. Après la première multiplication des pains, il marche sur les eaux du lac pour rejoindre son Maître et, quand le vent est subitement calmé, il se prosterne aux pieds de Jésus en s’écriant : « Vraiment, tu es le Fils de Dieu. » Matth., xiv, 22-33. — 3. Quand Jésus, attristé par l’attitude méliante de nombreux

Galiléens qui se retirent après le discours sur le pain de vie, interroge ses apôtres : « Kst-ce que vous voulez, vous aussi, vous en aller ? » c’est Pierre qui répond au nom des Douze : « Seigneur, à qui irions-nous ? Tu as les paroles de la vie éternelle, et nous croyons et nous savons que tu es le saint de Dieu. » Joa., vi. 66-69. C’était la première confession de saint Pierre ; une autre devait suivre bientôt, encore plus explicite et plus solennelle. — 4. La scène, rapportée par les trois Synoptiques, se passe en terre païenne, au pied du mont Hermon, près de Césarée de Philippe. Matth., xvi. 13-20 ; Marc, viii, 27-30 ; Luc. ix. 18-21. Depuis plus d’un an les apôtres ont vécu dans l’intimité du Maître ; ils ne doutent pas de sa sainteté, ils connaissent sa puissance, ils attendent qu’il se déclare investi de la qualité messianique. Jésus les interroge sur l’opinion de la foule à son endroit ; tandis que les réponses s’entre-croisent, il leur pose à eux-mêmes la question capitale ; « Et d’après vous, qui suis-je ? Bien que tous soient consultés, c’est Pierre qui prend la parole pour attester publiquement, au nom de ses compagnons, ce que lui dictent sa foi et son amour : « Tu es le Messie, le Fils du Dieu vivant ». L’objet premier de cette confession est la qualité messianique de Jésus : Pierre croit de toute son âme que Jésus est le Messie, promis par Dieu et annoncé par les prophètes. Mais, de plus, Pierre salue en Jésus le fils du Dieu vivant », montrant par là qu’il a saisi la signification des déclarations du Sauveur relatives à la nature de ses relations avec Dieu. Jésus répond par un éloge magnifique de la foi de l’Apôtre et par une promesse qui engage l’avenir : « Bienheureux es-tu, Simon Bar-Jona, car ce n’est point la chair et le sang qui te l’ont révélé, mais mon Père du ciel. Et moi, je te déclare que tu es Pierre, et sur cette pierre j’édifierai mon Église. et les portes de l’enfer ne prévaudront point contre elle. Je te donnerai les clefs du royaume des cieux : ce que tu lieras sur la terre sera lié dans les cieux, et ce que tu délieras sur la terre sera délié dans les cieux. » Tous les critiques reconnaissent que peu de paroles de Jésus ont gardé dans la relation grecque un caractère aussi nettement sémitique ou araméen, ce qui est une garantie de leur parfaite authenticité. La confession de Pierre était récompensée par la plus belle des promesses : il sera la pierre de base sur laquelle Jésus bâtira son Fglise ; comme chef du royaume terrestre du Christ, il aura en mains les clefs que le maître de maison confie au majordome sûr et fidèle ; en tant que représentant mandaté du fondateur de la société chrétienne, il disposera du double pouvoir législatif et judiciaire, symbolisé par la formule « lier et délier.

— 5. Quand Jésus annonce pour la première fois à ses apôtres qu’il lui faudra passer par la terrible épreuve de la passion et par la mort, Pierre ne peut accepter une pareille perspective et il s’écrie : « A Dieu ne plaise, Seigneur ! Cela ne t’arrivera point. » La réponse du Sauveur dut paraître dure aux oreilles et surtout au cœur de l’Apôtre : « Va-t’en ! Arrière de moi, Satan ! Tu m’es un scandale, parce que tu ne penses pas selon les vues de Dieu, mais bien selon celles des hommes. » Matth., xvi, 21-23 ; Marc, viii, 31-33. — 6. Avec les deux fils de Zébédée, Pierre est témoin de la transfiguration de Jésus. Saisi par l’émotion et désireux d’être utile, il offre ingénument de dresser trois tentes de feuillage, une pour son Maître, une pour Moïse et une pour Elie. Matth., xvii, 1-8 ; Marc, ix, 2-8 ; Luc, ix, 28-36. — 7. C’est à Pierre que s’adressent les collecteurs du didrachme, c’est-à-dire de l’impôt perçu sur tout Israélite au profit du Temple : « Est-ce que votre maître, lui disent-ils, ne paie pas les didrachmes ? » Sans hésitation ni réflexion Pierre répond affirmativement et va trouver Jésus pour savoir où prendre l’argent. Le Sauveur commence par lui demander si un