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PIERIUS (JACQUES) — PIERRE (SAINT]


contradictions dans les œuvres des scotistes célèbres Paul Scriptor, Gratien de Breseia, Jean de Voragine, François Lichet, Jacques Malafossa. Antoine de Pupillo et dans les leçons de son maître, Luc de Cutigliano. Pressé ensuite par ses élèves do publier ces contradictions, il les revit avec soin, les corrigea, y ajouta une multitude d’autres et enfin les édita. C’est donc à tort que J.-H. Sbaralea attribue cet ouvrage principalement à Luc de Cutigliano.

Il composa encore une Oratio de conceptione }>. M. V. ad Vincentium Cellesium canonicum Pistoriensem, Florence, 1602, 1610. et nullement plusieurs Conciones de immaculata conceptione B. V. Marin-, comme le soutiennent L. Wadding et J.-H. Sbaralea. Enfin, il écrivit une Vita P. Euangelistse Marcellini Minorités et publia plusieurs ouvrages de ce frère mineur.

L. Wadding, Scriptores ordinis miitorum, Rome, 1906, p, 12.~> ; J.-H. Sbaralea, Supplementum ad scriptores ordinis minorum, t. ii, Rome, 1921, p. 18.

Ain. Teetært.

    1. PIERRE (Saint)##


PIERRE (Saint), apôtre et chef du collège des Douze, à qui la tradition ecclésiastique attribue la composition des deux épîtres insérées dans la collection néo-testamentaire sous les titres de « première » et de i seconde de saint Pierre ». — I. Renseignements biographiques sur Pierre. — II. Épîtres de saint Pierre. 1. La première épître (col. 1753). 2. La seconde épître (col. 1775).

I. RENSEIGNEMENTS BIOGRAPHIQUES SUR L’APOTRE PIERRE. -- Les renseignements que nous possédons sur la vie de saint Pierre nous sont fournis par les évangiles, par le livre des Actes des apôtres, par l'épître de saint Paul aux Galates et par la tradition. En ce qui regarde la tradition, les renseignements proviennent de sources de valeur fort inégale : les uns. fournis par les anciens écrivains ecclésiastiques, sont habituellement dignes de foi ; les autres, donnés par les auteurs des écrits apocryphes qui portent le nom de saint Pierre (Évangile de Pierre, Acles de Pierre, 'Apocalypse de Pierre, etc.), se présentent avec un caractère nettement légendaire.

La vie de saint Pierre se divise assez naturellement en deux parties : la première s'étend de la vocation de l’Apôtre jusqu'à la Pentecôte ; la seconde correspond à l'œuvre missionnaire du chef du collège apostolique, depuis la Pentecôte jusqu’au martyre de Pierre.

I. Avant la Pentecôte.

Les noms.

Dans le

Nouveau Testament, l’Apôtre porte deux noms : Simon et Pierre ; parfois les deux noms sont joints l’un à l’autre pour n’en former qu’un : Simon-Pierre. Le nom de Simon lui avait été donné à la circoncision. Dans les manuscrits grecs du Nouveau Testament, il apparaît sous la double forme de Zufvecôv et de Sî(i.cov, cf. Act., xv, 14 ; II Pet., i, 1 ; Matth., x, 2 ; Marc, i, 16 ; Luc, iv, 38 : Joa., i, 41, etc. ; ces deux formes ne sont que la transcription du nom hébreu IIS ?^, fort courant dans le monde juif. L’autre nom, celui de Pierre, est en réalité un surnom donné à Simon par Jésus. Nous lisons dans le IVe évangile que Jésus, lors de sa première rencontre avec Simon, fixa son regard sur lui et lui dit : Tu es Simon, fils de Jean : tu t’appelleras Céphas ». Joa., i, 42. Le substantif araméen XD^S,

T

Kê/d, signifie pierre, rocher ». Transcrit en grec, le mot est devenu Ivr/^à ;. La traduction grecque du même mot pouvait être jrsrpoç querre) ou -é-ç, -L (rocher) ; mais -ï-y t i convenait mieux pour un nom d’homme parce que ce substantif est du masculin. Transcrit en latin, UÉrpoç a donné Pelrus, d’où vient le nom français de Pierre. On doit remarquer que ni l’araméen Kê/d, ni le grec KtjçÔç n’avaient été employés comme noms propres avant d'être appliqués

DICl'. DE THÉOL. CATHOL.

à Simon. Il semble que, du vivant de Jésus. Pierre ait été appelé tantôt Simon, tantôt Céphas, cf. Matth., iv, 18 ; x, 2 ; XVI, 10 ; xvii. 25 ; Marc, i, 10. 30 ; v, 37 ; ix, 2 ; Luc, iv, 38 ; v, 8, 10 ; xxii, 31, 31 ; par contre, dans la primitive Église, il était désigné et connu surtout sous le nom de Céphas, cꝟ. 1 Cor., i. 12 ; iii, 22 ; Gal., i, 18 ; ii, 9 ; ii, 14 ; Act., i. 13 ; n. 11 ; iii, 1 ; iv, 1 ; v, 3.

2° Le milieu familial et la formation première. Simon était originaire de Bethsaïde, village situé au nord-est du lac de Tibériade, sur la rive gauche du Jourdain et au voisinage du point où le fleuve débouche dans la mer de Galilée, cf. Joa., i, 44. Son père s’appelait Jonas d’après Matth., xvi, 17, ou Jean d’après Joa, , i, 42 ; xxi, 15-17 ; il est possible que les deux noms grecs, Jonas et Jean, recouvrent dans la transcription un même nom araméen. Simon avait au moins un frère qui se nommait André et qui devint également l’un des Douze. Conformément à la coutume juive, Simon avait dû se marier de bonne heure ; il est question de sa belle-mère dans les Synoptiques et de sa femme dans une des lettres de saint Paul ; cf. Matth., viii, 14 ; Marc, i, 30 ; Luc, iv, 38 ; ICor., ix, 5. De son métier, Simon était pêcheur, cf. Matth., iv, 18 ; Marc, i, 16 ; Luc, v, 2 ; Joa., xxi, 3.. Il possédait une barque dont il se servait avec son frère et il s’associait pour la pêche avec les fils de Zébédée ; cf. Luc, v, 3, 10. Quand Jésus inaugura son ministère de prédication en Galilée, Simon avait quitté Bethsaïde pour se fixer à Capharnaùm, sur la rive occidentale du lac de Tibériade ; cf. Matth., viii, 5, 14 ; Marc, i, 21, 29 ; Luc, iv. 31, 38.

Dans le milieu où Simon avait été élevé et avait grandi, la foi était toujours vive et la piété profonde : la casuistique rabbinique n’y avait pas étouffé, ni même amoindri l'élan du sentiment religieux. D’abord au sein de la famille, puis à la synagogue, Simon avait été instruit de la glorieuse histoire d’Israël et habitué aux pratiques de la piété traditionnelle ; les pages des Livres saints commentées devant lui avaient fait impression sur son esprit et de nombreux oracles des prophètes étaient demeurés dans sa mémoire, comme le prouvent les réminiscences scripturaires dont ses discours sont parsemés ; cf. Act., i, 10 sq. ; ii, 14 sq. : m, 12 sq. Le fait qu’il avait été attiré par la [Médication de Jean-Baptiste est un indice certain de la ferveur avec laquelle il attendait la réalisation de la grande espérance messianique. N’ayant pas bénéficié de la formation technique d’un scribe, il ne pouvait paraître qu’un homme « illettré et du commun » aux yeux des docteurs et des autres membres du Sanhédrin ; cf. Act., iv, 13. Mais on aurait tort de conclure de là qu’il fût un simple à l’esprit borné et sans horizon. La région où il avait passé les années de sa jeunesse était à cette époque ouverte à l’influence de la civilisation hellénistique et on ne saurait douter que ce pécheur à l'œil attentif n’ait beaucoup appris rien qu’en observant ce qui se passait autour de lui. En plus de la langue araméenne qui était sa langue maternelle, il devait posséder un peu de grec usuel, comme la plupart des Galiléens qui vivaient sur les rives du lac Les qualités naturelles de Simon étaient de celles qui provoquent la sympathie : simple et généreux, franc et droit, impulsif et bouillant, modeste et judicieux, il avait en lui-même les dons qui distinguent l’homme capable de mener à bonne fin une ouvre difficile.

3° L’appel ù l’apostolat. - Trois stades ou trois étapes marquent l’histoire de la vocation de saint Pierre : un premier contact avec Jésus sur les bords du Jourdain, un appel à l’apostolat, une consécration officielle de cet appel.

1. Le récit de la première rencontre de Simon avec

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