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PIE X

PIE (LE CARDINAL)

L740

Le pontificat de Pie X vît s’accomplir, le. Il novembre 1904, la double canonisation des bienheureux Alexandre Sauli et Gérard Magella ; le 20 mai 1909, la double canonisation des bienheureux Joseph Oriol et Clément-Marie Hofbauer. Les béatifications furent nombreuses, citons au moins celle de Jean-Baptiste Vianney (le curé d’Ars) (1904). des carmélites de Compiègne, victimes de la Révolution (1906), celles de Jeanne d’Arc et de Jean Eudes. Il avril 1909).

Lu vie de piété.

Pie X restera tout particulièrement

célèbre par l’impulsion qu’il s’est efforcé de donner à la vie de piété. Non seulement il a voulu que le peuple chrétien fût instruit de sa religion d’une manière plus systématique que ce n’était le cas, surtout en Italie, encyclique Acerbo nimis du 15 avril 1905 sur l’enseignement de la doctrine chrétienne (voir les plaintes très vives de l’encyclique Pieni l’animo du 28 juillet 1906 sur l’inobservation des mesures prescrites), mais il a résolument poussé vers la fréquentation des sacrements la grande masse des fidèles. Le décret de la Sacrée Congrégation du Concile, en date du 20 décembre 1905, a été rendu à sa demande expresse : il élargit singulièrement les règles jadis posées par le décret d’Innocent XI (12 février 1679) | relativement à la communion fréquente et quotidienne puisqu’il ne met plus à la communion quotidienne que la double condition de l’état de grâce et de « l’intention droite ». A la même inspiration se rattache le décret de la même congrégation, en date du 7 décembre 1906, relatif à la communion des malades (non en danger de mort) qui ne peuvent demeurer à jeun. De même encore la constitution Tradita ab antiquis, du 14 septembre 1912, qui, contrairement aux anciennes prescriptions, autorise les catholiques à communier dans n’importe quel rite, les Orientaux pouvant recevoir la communion chez les Latins, les Latins chez les Orientaux. De la même préoccupation enfin s’inspire le décret Quam singulari Christus amore, rendu par la Congrégation des Sacrements le 8 août 1910 et relatif à l’âge auquel les enfants peuvent être admis à la communion. La longueur inaccoutumée de ce décret, l’insistance qu’on met à en inculquer l’observation aux Ordinaires, la demande qui est faite à ceux-ci de faire mention dans leurs rapports quinquennaux de la façon dont il est exécuté, tout, jusqu’aux nombreuses lettres privées écrites par le pape à ce sujet, témoigne de l’importance attachée par Pie X à cet acte d’allure quelque peu révolutionnaire.

Le 2 juin 1914, Pie X atteignait sa quatre-vingtième année. Les inquiétudes que lui causait alors la situation de l’Europe, inquiétudes que le drame de Sarajevo (27 juin) allait encore multiplier, étaient bien faites pour le miner. Il connut toutes les affres de la fin de juillet. Le 2 août, alors que plus rien ne pouvait conjurer l’épouvantable catastrophe, il adresse aux catholiques du monde entier une paternelle exhortation les engageant à se tourner « vers celui de qui seul peut venir le secours, vers le Christ, prince de la paix et médiateur tout-puissant auprès de Dieu >. Fit-il autre chose ? Put-il intervenir personnellement pour rien empêcher ? Il est impossible de le dire dans l’état actuel des publications documentaires. Une légère bronchite qu’il traînait depuis quelque temps s’aggrava soudain et, le 20 août, très doucement, un peu avant que le jour lût levé, il rendit sa belle âme à Dieu.

Tous ceux qui l’ont approché ont rendu témoignage à ses qualités personnelles, parlé de l’attirance qu’exerçait une physionomie très douce, où se reflétait une âme d’une incontestable beauté. Les historiens ont besoin d’un peu plus de recul pour juger de son gouvernement. Que son pontificat ait été rempli, il faut en demeurer d’accord ; mais peu de règnes ont été

aussi difficiles que le sien. Certains coups de barre, dont l’énergie était nécessaire, n’auraient-ils pu être donnés avec un peu plus de souplesse ? C’est à l’avenir qu’appartient la réponse.

I. Sources. - Les Acta PU X pour les cinq premières

années du pontificat ont été publiés parla Typographie vaticane, en 5 vol. dont chacun correspond a une année ; le t. i donnant la fin de 1903 et 1904, les suivants chacune des années 1906, 1907, 1908 ; à partir de janvier 1909, les Acta apostolicæ Sedis donnent périodiquement les actes émanés tant du pape lui-même que des congrégations, tribunaux et offices. A la fin de chaque volume soit des Acta PU X, soit des Acta apostolicæ Sedis, de multiples tailles permettent de retrouver sans difficulté tout document ilont on sait la date. C’est pourquoi, au cours de l’article, nous avons renoncé à toute autre désignation. — Les Actes de S. S. Pie X, publiés par la « Bonne Presse », 8 vol. in-12, moins complets que les textes officiels, peuvent néanmoins rendre des services, mais les tables sont médiocrement rédigées et, surtout dans les premiers volumes, la disposition des documents est faite un peu au hasard.

Pour ce qui est de la séparation de l’Église et de l’État en France, le gouvernement fiançais et le Saint-Siège ont publié le premier un Livre jaune, le second un Luire blanc (celui-ci reproduit par la « Bonne Presse >), qui donnent un bon nombre de pièces.

Il y a encore peu de mémoires publiés ; ceux du cardinal Mathieu, ont été utilisés par Ed. Renard, Le cardinal Mathieu, Paris, 1925 ; ceux du cardinal Ferrata ont été publiés à Rome, 1921 ; il y a à prendre, surtout pour l’affaire du modernisme et de la séparation, dans A. Loisy, Mémoires pour servir à l’histoire leligieuse de noire temps, t. il et ni, Paris, 1931 ; pour la question de 1’ « Action française » dans Nicolas Fontaine, Saint-Siège, Action française et « Catholiques intégraux », Paris, 1928, où se trouvent plusieurs documents inédits.

II. Travaux.

Il n’y a pas encore de biographie vraiment historique de Pie X : A. Marchesian, Papa Pio X nella sua vitae nella sua parola, Einsiedeln, 1905, ne traite guère que de la vie antérieure au pontificat ; de même L. Dælli, Pio X. Cenni biogra/ici, Rome, 1906 (il y a aussi une traduction française) ; R. Bazin, Pie X, Paris, s. d. (1928), dans la collection Les grands canirs, tourne au panégyrique.

Sur le Conclave. — Article capital du cardinal Mathieu, dans Revue des Deux Mondes, Ve sér., t.xx, l904, p] 241-285.

Sur la Séparation. — A. Debidour, L’Église catholique et l’État sous la IIP République^. ii, 1889-1906 : Paris, 1909, ouvertement anticlérical, donne, p. 339 et p. 413, une abondante bibliographie de la question ; Ch. Seignobos, L’évolution de la IIP République (E. Lavisse, Histoire de France contemporaine, t. Vin), Paris, s. d. (1921), p. 193-249 ; Lecanuet, Les signes avant-coureurs de la séparation, Paris, 1930, surtout c. x-xvi.

Sur le Modernisme. — Voir la bibliographie indiquée à l’art. Modernisme ; et J. Rivière, Le modernisme dan.’: l’Église. Étude d’histoire religieuse contemporaine. Pari ?, 1929, où l’on trouvera une très abondante bibliographie, p. xm-xxix, et aussi dans les nombreuses notes au bas des pages ; M. Pernot, La politique de Pie X, 1906-1910, Paris, 1910, recueil d’articles parus au Journal des débats.

Sur la Réforme intérieure. — Voir surtout N. Hilling, Die Reformai des Papstes PU X. auf dem Gebiete der kirchenrechtlichen Gesclzgebung, 3 vol., Bonn, 1909-1915 et les commentaires parus au jour le jour dans les revues générales, Revue du clergé français, Ami du clergé, ou spéciales, Canoniste contemporain, etc. Toutes les mesures réformatrices de Pie X ont été ou seront relevées ici, avec la bibliographie nécessaire, aux articles spéciaux qui en traitent.

É. Amanx.

PIE Louis-François-Désiré-Édouard, évêque de Poitiers et, dans l’épiscopat français de la seconde moitié du xix’siècle, chef du mouvement dit ultramontain. Né à Pontgenin, diocèse de Chartres, le 26 septembre 1815, mort a Poitiers le 18 mai- 1880.

Kntré en 1827 au petit séminaire de Saint-Chércn, en 1835à Saint Sulpice, prêtre en 1 839, dès cette même année vicaire a Notre-Dame de Chartres, où il se fait une réputation d’éloquence telle qu’à 29 ans, en 18 11, il est appelé a donner dans la cathédrale d’Orléans le