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PIE X. LUTTE CONTRE LE MODERNISME

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Consistoriale et pleinement approuvée par le parc prohibe, dans 1rs séminaires d’Italie, l’Histoire ancienne de l’Église, <le L. Duchesne. Même mesure est prise, le 29 juin 1912, à l’endroit du Kyïzgefasstes Lehrbuchder speziellen Einleitung in dus A. T., « le K. Holzhey, à cause » de ses audaces hypercritiques, en même temps que sont visés plusieurs ouvrages » (non désignés ) du R. P. Lagrange et celui de Tillmann, Die heilige Schrift des S. T. La lettre ajoutait que ces mesures étaient prises suivi) tim pliure de ils judicio. — En fait, le 22 janvier 1912, [’Histoire de Duchesne était mise à l’Index : le mai, ’Histoire de l’inquisition de Th. de Cauzon ; le 13 janvier L913, l’ouvrage de Holzhey déjà signalé ; le 5 mai, les Annules de philosophie chrétienne, années 1005-1913, et la Sainte Chantai d’H. Bremond, en même temps que le pamphlet anonyme : Ce qu’un u fuit de l’Eglise ; le 17 juin, deux ouvrages de Laberthonnière encore : Sur le chemin du catholicisme et Le témoignage des martyrs. — Diverses mesures de réprobation atteignirent aussi les manuels d’histoire ecclésiastique de F.-X. Funck, de Kraus, le manuel de patrologie de Rauschen, les Légendes hagiographiques du 1’. Delehaye, président des bollandistes (circulaire du cardinal de Laï, secrétaire de la Consistoriale. aux Ordinaires d’Italie, 28 octobre 1913).

11 n’était certes pas dans les intentions des organismes ecclésiastiques, qui entrèrent pour lors en jeu, de mettre exactement sur le même pied tous les ouvrages qui lurent condamnés en ces diverses conjonctures. L’ensemble néanmoins de ces jugements ne laisse pas de donner des indications sur l’état d’esprit qui régnait en ce temps à la curie. Non seulement on y condamnait, avec une impitoyable sévérité, tout ce qui était proprement modernisme, mais la proscription s’étendait même à des auteurs dont l’esprit était tout spécialement hostile aux nouvelles tendances. Le blâme qui atteignit des défenseurs aussi résolus du catholicisme traditionnel que le R. P. Lagrange ou Mgr Batilïol ne peut être attribué qu’à la « fièvre obsidionale », assez naturelle dans une place forte qui se sent assiégée de toutes parts par de puissants adversaires. C’est le même esprit qui se retrouve dans les mesures de défense qu’il nous reste à étudier.

Mesures de défense ou de précaution.

1. Au premier

lang figurent les dispositions pratiques qui sont édictées dans la dernière partie de l’encyclique Paseendi, et dont on verra le détail à l’article Modernisme, col. 2034. La résistance, sourde ou aflichée, que rencontrèrent soit en Allemagne, soit en Italie, et à un degré beaucoup moindre en France, ces mesurés de répression, obligea le souverain pontife à revenir à plusieurs reprises, tant sur la condamnation théorique des erreurs modernistes, que sur les moyens pratiques de les juguler. Finalement parut, le 1 er septembre 1910, le molu proprio « Sacrorum anlistitum ». Outre les prescriptions habituelles sur les études du clergé et la surveillance dont elles devaient faire l’objet, outre le rappel des règles sui la publication des livres, journaux et revues dont les Conseils de vigilance devraient assurer l’exécution, le motu proprio reprenait la tactique des formulaires et des professions de foi, usitée aux xvir et xviiie siècles. Il imposait en effet à tous (ou presque tous) les ecclésiastiques la prestation d’un serment condamnant les erreurs essentielles du modernisme. Voir sur le contenu l’article Modernisme, col. 2043, où l’on trouvera quelques indications sur la résistance qu’opposèrent à cette mesure les universitaires catholiques d’Allemagne, qui, appuyés par leurs gouvernements respectifs, réussirent à se faire dispenser de la formalité.

2. Bien auparavant, et dès le début du pontificat, un nouvel organisme de la curie s’efforçait d’entourer d’une haie protectrice le domaine spécial de

l’exégèse scripturaire. nous voulons parler de la Commission pontificale des éludes bibliques. Tel tpi’il avait été décrit par Léon XIII dans la lettre Yigilantin-. du 30 octobre 1902, le concept de cette commission n’était pas très précis. Avait-on affaire à une commission scientifique, analogue à celles qui se recrutent au sein des académies ou autres sociétés savantes, el qui ont pour objet de promouvoir tel genre d’études, telle recherche spéciale ? Le nouvel organisme, au con traire, fonctionnerait-il à L’instar des congrégations romaines avec qui il voisinerait à la curie, donnant d’autorité aux dubia vrais ou fictifs qui lui seraient proposés des réponses analogues à celles que pouvaient fournir les Rites, les Indulgences ou même le Saint-Office ? Chacune des deux hypothèses pouvait s’abriter derrière des passages de la lettre pontificale. Du moins, le choix des premiers consulteurs permet tait d’espérer que la Commission s’inspirerait d’un certain « libéralisme » dans l’étude des questions qui lui seraient soumises. En fait, elle n’eut pas l’occasion de faire parler d’elle sous Léon XIII. Sous Pie X. après l’élimination successive de quelques membres, sur le compte desquels le nouveau régime ne paraissait guère rassuré, l’organisme devint nettement un tribunal d’ordre doctrinal, émettant des décisions qui furent officiellement équiparées, par le motu proprio « Præsianlia sacrw Seriptune » du 18 novembre 1907. aux décrets des sacrées Congrégations approuvés par le souverain pontife : « Tous ceux, disait le pape, qui, en paroles ou par des écrits, attaqueraient ces décisions, ne pourraient éviter la note de désobéissance ou de témérité et se chargeraient la conscience d’une faute grave. »

A cette date, plusieurs décisions avaient déjà paru : 13 février 1905, sur les « citations implicites » dans la sainte Écriture ; 23 juin 1905, sur le caractère historique de l’Écriture (exprimant un jugement quelque peu ambigu sur la théorie dite des « genres littéraires » ). L’année suivante, se dessine la procédure de la Commission : au courant de l’année scolaire, elle met à l’étude une des questions (généralement de critique littéraire) agitées entre biblistes et rend, vers le moment de l’entrée en vacances, son jugement motivé. C’est ainsi que parurent, le 27 juin 1900, les décisions sur l’authenticité mosaïque du Pentateuque ; le 29 mai 1907, sur l’authenticité johannique et l’autorité du IVe évangile ; le 29 juin 1908, sur le caractère et l’auteur du livre d’Isaïe ; le 30 juin 1909, sur le caractère historique des premiers chapitres de la Genèse ; le 1 er mai 1910, sur les auteurs et les dates de composition des Psaumes ; le 19 juin 1911, sur l’auteur, la date et la vérité historique du I er évangile ; le 26 juin 1912, sur les évangiles selon saint Marc et selon saint Luc, et sur la question synoptique en général ; le 12 juin 1913, sur le livre des Actes d’une part et sur les épîtres pastorales d’autre part ; le 24 juin 1914, sur l’auteur, le mode de composition et les circonstances de la rédaction de l’épître aux Hébreux. Cette activité de la Commission biblique continua quelque temps encore après la disparition de Pie X ; elle se ralentit bientôt ; elle n’a pas retrouvé depuis la périodicité des premiers temps.

Tout ceci demeurait néanmoins dans le domaine des interdictions et des défenses. Sous peine de stérilité, on se devait de travailler à promouvoir les études bibliques elles-mêmes. Mais, un peu défiant à l’endroit des initiatives privées, on voulut faire fonctionner, à Rome même, et sous L’immédiate surveillance du Saint-Siège, un établissement donnant un enseignement scripturaire d’un niveau plus élevé que celui qui se distribuait dans les séminaires ou même dans les universités pontificales. C’est ainsi que naquit, après un certain nombre de tâtonnements, l’Institut pontifical biblique, érigé par lettre apostolique du 7 mai 1909