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PIE IX. » APPORTS AVEC LES ÉTATS


lin à la désastreuse campagne du « Ku turkarapf », ce ne fut que grâce à l’énergie déployée par son prédécesseur. La persécution religieuse eut un avantage imprévu : elle lia davantage le clergé prussien avec la papauté et l’habitua à chercher près d’elle des direct ives.

Ou trouvera une bibliographie copieuse sur le

Kulturkampf » dans l’excellent ouvrage de G. Goyau,

Bismarck et l’Église. Le u Kulturkampf* (1870-1878),

Paris, 1911-1922, 2 vol. ; le texte des lois persécutrices

se trouve au t. rv du même ouvrage, p. 225-286.

Relations avec la Hollande.

En 1841, le Saint-Siège

avait vainement tenté de rétablir la hiérarchie ecclésiastique d’un commun accord avec le gouvernement. Le 4 mars 1853, Fie IX se crut assez fort pour se passer de son concours. Des évèchés furent érigés à Harlem, Utrecht, Bois-le-Duc, Bréda et Ruremonde, et Utrecht devint le siège d’un archevêché. Le 29 août suivant, le pape excommunia l’évêque janséniste Herman Heykamp et invita ses partisans à se réconcilier avec l’Église romaine. Ces initiatives soulevèrent les passions des anticléricaux et des protestants, mais elles triomphèrent finalement de l’opposition qui toléra le fait accompli.

Relations avec l’Angleterre.

Les catholiques

anglais, dont le nombre devenait imposant, désiraient depuis longtemps que le régime du vicariat apostolique cessât. Pie IX leur donna satisfaction en créant douze évèchés et un archevêché, par un bref du 24 septembre 1850. Certains sectaires anglicans, rendus furieux par cette mesure, essayèrent d’ameuter l’opinion en brûlant en effigie le Saint-Père et Wiseman, archevêque de Westminster, revêtu de la pourpre cardinalice. Mais le nouveau cardinal réussit à calmer la susceptibilité britannique par un habile Appel au peuple anglais. L’attentat commis contre le pape eut pour effet de hâter l’abjuration de Manning (6 avril 1854) qui sera une des gloires de l’Angleterre catholique. Voir Thureau-Dangin, La renaissance catholique en Angleterre au XIXe siècle, t. ii, Paris, 1903 ; 11. Hemmer, Vie du cardinal Manning, Paris, 1898.

Relations avec la France.

L’action de Pie IX

en France fut profonde. Elle se manifesta surtout dans deux occasions, de façon heureuse. Quand le comte de Failoux exposa devant la Chambre des députés le projet de loi sur la liberté de l’enseignement, il s’entendit interpeller par des membres de l’extrème-droite. On lui reprochait de n’avoir, au préalable, consulté ni le pape, ni I’épiscopat et d’avoir fait figurer, dans les conseils supérieurs de l’Instruction publique, les rabbins ainsi que les pasteurs protestants aux côtés des représentants de l’Église. Le projet Failoux ayant été sanctionné par les votes de la Chambre le 15 mars 0, des catholiques hésitèrent à accepter la loi malgré les avantages qu’elle présentait. Ils craignaient de céder à des tendances libérales. Mais Pie IX, plus cl’iirvoyant qu’eux, signifia aux évêques de France, par l’intermédiaire du nonce, que l’intérêt de l’Église primait tout et que l’acceptation de la loi s’imposait (15 mai 18511).

I ; i question de l’enseignement dans les collèges libres, qui se créèrent, la loi votée, avec une rapidité surprenante, suscita de graves dissentiments. En 1851 parut un écrit signé de Joseph Gaume, vicaire général de Xevers, et intitulé : Le ver rongeur des sociétés modernes. Sous couleur de réclamer une instruction Strictement catholique et de fulminer contre l’emploi trop exclusif des auteurs païens dans les élublissements d’études secondaires, l’auteur visait les méthodes mises en honneur par les jésuites. Ceux-ci protestèrent et se sentirent appuyés par.Mgr Dupanloup qui professait les mêmes sentiments qu’eux silice point. C’en fut assez pour que le P. d’Alzon, fon dateur des augustins de l’Assomption, et Louis Yeuillot soutinssent la thèse contraire. Une encyclique, publiée le 21 mars I, S.">3, trancha le débat. Elle recommanda l’emploi simultané des ouvrages des Pères de l’Église et des écrits païens, mais expurgés.

L’intervention de Pie IX dans les affaires de France marque une ère nouvelle. Les ultramontains assurèrent la victoire du pouvoir pontifical sur le gallica nisme auquel le gouvernement impérial prêta vainement son appui. La liturgie romaine supplanta, sauf à Lyon, celle qui avait été jusqu’ici en usage en France.

L’ne abondante bibliographie a été fournie par .J. Maurain, La politique ecclésiastique du second Empire, de 1852 à l8fi ! J, Paris, 1930. Voir, du même. Le Saint-Siège et la France de décembre 18 ôl à avril 1853. Documents inédits, Paris, 1930 ; P. de La Gorce, Histoire de la IF République française, Paris, 1901. 2 vol. ; E. Lecanuet, Montatembert, Paris, 1889. 1. n et m et L’Église de France sous la IIIe République, t. i. Paris, 1910 ; Comte de Failoux, Mémoires d’un royaliste. Paris, 1888, 2 vol. ; H. de Lacombe, Les débals de lu commission de 18 4 !), Paris, 1899 ; A. Debidour. Histoire des rapports de l’Église et de l’État en France de 1789 à 1870, Paris, 1898 (ouvrage périmé en partie par celui de J. Maurain).

Relations avec la Suisse.

Les relations avec la

Suisse furent orageuses. La nomination faite par le pape, le 25 septembre 1804, de Mgr Mermillod comme auxiliaire de Mgr Marilley en ce qui concernait le canton de Genève, ne provoqua pas, au début, d’incidents. Mais le zèle apostolique déployé par le prélat inquiéta les éléments protestants qui poussèrent le gouvernement à l’empêcher d’exercer ses fonctions sacrées. Cette mesure engagea Pie IX à soumettre les Genevois au régime des missions et à donner le titre de vicaire apostolique (16 janvier 1873) à Mgr Mermillod qui n’en put jouir en paix, car un décret du conseil d’État le condamna à l’exil. Cf. Burnichon, Un jubilé oublié, dans les Études, 20 février 1898, p. 443-459.

Relations avec l’Espagne et le Portugal.

Le

concordat signé le 16 mars 1851 avec la reine Isabelle II n’eut qu’une durée éphémère ; celui qui lui fut substitué, le 25 août 1859, eut plus de portée. Raccoltà di concordati, p. 770-799, 920-929. Cependant, il se trouva menacé sérieusement à la suite de la révolution ! de 1868 et les cris de mort poussés à Madrid contre le ! pape laissèrent présager son abrogation. La constitution du 6 juin 1869 ne remédia pas à la situation précaire faite au clergé, quoiqu’elle contînt un article relatif à son traitement et qu’elle eût établi la liberté des cultes. Il est vrai que les encouragements donnés par Pie IX au prétendant don Carlos ne pouvaient qu’exacerber la haine des libéraux espagnols contre les prêtres, coupables à leurs yeux d’avoir les mêmes préférences que le pape. L’accession au trône d’Alphonse XII et l’abandon par don Carlos de ses prétentions amenèrent une détente et le respect de la constitution de 1876 qui avait proclamé le catholicisme religion d’F.tat.

Avec le Portugal, Pie IX passa un concordai relativement au droit de patronat exercé dans les Indes, le 21 février 1857. Raccoltà di concordati, p. Ml 852.

IV. Relations avec l’Amérique. — L’action du Saint-Siège dans l’Amérique <u Nord se limita à favoriser le développement au Canada et aux États-Unis de la hiérarchie ecclésiastique, a permettre l’érection de l’université Laval à Québec (18711). à encourager la réunion d’un concile à Baltimore (7 octobre 1866).

Dans l’Amérique centrale et l’Amérique du sud. Pie IX exerça une influence liés profonde. Il noua des relations diplomatiques suivies avec les diverses repu bliques qui tinrent pour la plupart a possède] représentants à Borne. Des concordats avanta