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PIE IX. KAPPOKTS AVEC LES ÉTATS


ment, en mars 1875. et consommera ainsi la ruine de l’Église uniate ; 204 prêtres suivronl son exemple et 250 000 catholiques deviendront officiellement membres de l’Église orthodoxe !

Ad. Boudoir, Lc Saint-Siège et la Russie, Paris, 19221925, 2 vol. ; cet ouvrage a été écrit en majeure partie d’après des documents inédits provenant des archives de la Congrégation des Affaires ecclésiastiques extraordinaires et de la secrétairerie d’État. — P. Lescreur, L’Église catholique en Pologne suus le gouverne me ni russe depuis le premier partage jusqu’à nos jours ( 1772187 i i. Paris, 1876 (livre vieilli).

Relations arec l’Autriche.

L’arrivée à Home

d’un agent secret de l’Autriche sembla augurer un changement heureux dans les rapports des deux cours au point de vue religieux. Elle fut bientôt suivie d’un résultat fort important : le 18 août 1855 était signé un concordat qui abolissait, entre autres choses, le droit du place ! royal et proclamait « entièrement libre… la communication mutuelle… des évêques, du clergé, du peuple avec le Saint-Siège ». Etaient abrogés les lois, règlements et décrets contraires à la nouvelle convention et ayant existé dans l’étendue de l’empire autrichien jusqu’à ce jour. L’Église reprenait sa juridiction sur le mariage, l’éducation et les actes de la vie sociale touchant les intérêts spirituels. Raccoltà di concordât !, p. 821-8-1 -1. Mais les pratiques joséphistes qui eussent dû ne plus survivre persistèrent en fait. Le clergé austro-hongrois, craignant le contrôle de Rome, les encouragea. Bref, le concordat de 1855 resta à peu près inopérant, jusqu’à ce que l’Autriche l’eut déclaré nul, à la suite de la proclamation du dogme de l’infaillibilité, sous prétexte que la constitution de l’Église axait subi un changement radical (30 juillet 1870). La conclusion de la Triple-Alliance, diverses lois scolaires contraires aux intérêts catholiques, la confiscation des universités fondées par les évêques, aigrirent les relations existant entre Rome et Vienne. Pie IX manifesta son mécontentement dans une allocution du 11 mars 1875 où il stigmatisa sévèrement les mesures « d’oppression religieuse » dont s’était rendu coupable François-Joseph. G. Goyau, L’Allemagne religieuse. Le catholicisme, t. m. p. 34 sq. ; R. Pinon, l^rançois-Joseph dans le Correspondant, 1 er janvier 1917, p. 63.

3° Relations avec le Wurtemberg, les grands-duchés de IIcsse-Darmstadt et de Rade, le duché de Xassau. — Dans le royaume de Wurtemberg, les grands-duchés de Hessc-Darmstadt et de Bade, le duché de Xassau, la tyrannie bureaucratique exercée sur l’Église sembla se relâcher à la suite des événements de 1848. Aucune protestation ne s’éleva quand, par un bref du 7 décembre 1849, Pie IX signifia au chapitre de Mayence qu’il n’admettait pas l’élection du professeur Léopold Schmid comme évêque et qu’on eût à lui soumettre d’autres candidatures. Le 15 mars 1850, Ketteler était nommé. C’était une victoire pour Rome qui résolut de l’exploiter. Un bref du 25 juillet suivant encouragea les évêques rhénans à se concerter. L’épiscopat se réunit à Fribourg-en-Brisgau, en mars 1851, et la rédigea un mémoire où ii revendiqua la liberté de veiller lui-même à la formation cléricale du clergé, de créer des écoles catholiques et de gérer les affaires temporelles et spirituelles des diocèses. Mais ces revendications ne furent pas écoutées en haut lieu ; bien plus, une ère de persécution s’ouvrit contre les prélats coupables d’avoir fait des actes d’indépendance visa is de l’État. La paix se conclut, sous forme de concordats passés entre le Saint-Siège, d’une part, et, d’autre part. le Wurtemberg le 8 avril 1X57, le duché de Bade le 28 juin 1859, le duché de Nassau en 1861. Raccoltà di concordati, Home. 1919, p. 853. Nisii et 920.

Ces divers concordais consacraient la défaite du oséphisme et les droits de l’Église. A peine furent ils

signés, qu’une campagne active entreprise contre eux par les éléments protestants et anticléricaux et encouragée par Berlin porta ses fruits : les parlements des petits états allemands en provoquèrent l’annulation et prétendirent fixer par des lois les nouveaux statuts qui régiraient l’Église. Toutefois, les lois qui furent promulguées ne consistèrent en réalité qu’en < une adaptation de ces formules concordataires qu’on venait de déchirer ». G. Goyau, L’Allemagne religieuse. Le catholicisme, t. iv, p. (58-106.

4° Relations avec le royaume de Prusse. - - lui Prusse, la constitution du 5 décembre 1848 (article 12) et celle du 5 février 1850 accordèrent l’autonomie aux diverses confessions existantes. L’épiscopat usa aussitôt d’une liberté si précieuse. En toute indépendance, il sut se gouverner lui-même, demeura en relations étroites avec le Saint-Siège et nomma les curés et les dignitaires diocésains sans l’intervention de l’État. Pie IX reconnut les avantages qui étaient concédés à l’Eglise romaine, en nommant deux cardinaux, Diepenbrock, évêque de Breslau, et Geissel, archevêque de Cologne. Il crut proche l’heure où un concordat serait signé avec Berlin. En effet, au début de l’année 1853, un mandataire prussien, du nom de Klindworth, entrait en négociations avec Rome. Les pourparlers paraissaient près d’aboutir en avril 1854, car un avant-projet avait été rédigé d’un plein accord entre les négociateurs. L’Église de Prusse jouirait d’une indépendance entière vis-à-vis de l’État. On lui reconnaîtrait le droit d’enseignement et celui de nomination des curés. On effectuerait les dotations foncières des évèchés promises en 1821 et non encore réalisées. Le bref de Pie VIII et les instructions du cardinal Albani sur les mariages mixtes entreraient en vigueur. Les clercs auraient la liberté de suivre les cours des universités romaines. Enfin, certaines dispositions de la bulle De salule animarum, qui avait donné vie à l’Église de Prusse, en 1821, seraient appliquées.

Les projets de concordat étaient trop beaux pour aboutir. Quand tout. sembla près de s’accomplir, les négociations cessèrent brusquement et pour longtemps. Les raisons de leur rupture n’apparaissent pas avec clarté. Pie IX apprit-il que Bismarck avait empêché le duc de Bade de s’accorder avec lui et se sentit-il joué ? Klindworth éprouva-t-il un refus du Saint-Père, quand, après avoir fait miroiter à ses yeux les avantages d’un concordat, il eut tenté de l’entraîner à une offensive contre le parti catholique qui gênait la Prusse ? Le recul vint-il, au contraire, de la Prusse ? On ne sait. En tout cas, Bismarck sembla s’orienter vers une politique agressive et un conflit ne fut évité, à propos du choix de l’archevêque de Cologne, que par l’esprit de conciliation de Pie IX qui nomma lui-même Melchers, évêque d’Osnabrùck. Le pape montra encore de la condescendance à l’égard de la Prusse en décernant, en 1 868, l’épiscopat au prévôt général de l’armée. G. Goyau. L’Allemagne religieuse. Le catholicisme, t. iii, Paris, 1909, passim.

L’État eût dû se montrer reconnaissant. Il n’en fut rien. Lorsque Bismarck eut été vainqueur de l’Autriche et de la France et lorsqu’il n’eut plus à ménager les catholiques dont il avait eu jusque-là besoin, il cessa de cacher son jeu et démasqua ses projets réels. Après avoir laissé toute latitude à l’Italie d’entrer a Home, en septembre 1<s7h, il permit à son ministre Arnim de paraître au Quirinal et d’y saluer le prince Humbert, le 23 janvier 1H71. En l’occurrence, il exerçait sa vengeance contre Pic IX qui avait refusé de faire pression sur le clergé français afin quc la résis tance cessât après le désastre de Sedan. De même, Bismarck reprochait au pape de n’être pas intervenu en Bavière pour que les catholiques votassent en laveur de l’unité allemande. En mais 1871, il signifia