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PIK IX. LA QUESTION ROMAINE


eu pour résultat effectif que de priver l’Église de sa liberté. Il prôna hautement la doctrine qui lui était chère, celle de la séparation de l’Église et de l’État. Bianchi, op. cit., t. m. p. 113-115 : Artom et Blanc, Œuvre parlementaire du comte de Cavour, p. 586-632.

Les discours incisifs des 25 et 27 mars ne formaient, pour ainsi dire, qu’un épilogue d’un événement, gros de conséquences, qui avait eu lieu le 23 du même mois et qui n’était autre que la proclamation de Victor-Emmanuel comme roi d’Italie. Le dénouement de la question romaine s’annonçait proche.

5° La convention de septembre 1864. — Les discours de Turin alarmèrent à juste titre l’opinion européenne et en premier lieu le Saint-Siège pour lequel ils constituaient une claire menace. Le gouvernement pontifical n’entrevit son salut que dans une intervention des puissances catholiques. Sur son invitation expresse l’Espagne s’entremit près de l’Autriche, de la Bavière et du Portugal afin qu’une note collective fût adressée à Napoléon III en vue de l’exciter « à se placer à la tête d’une coalition, la plus pacifique possible, afin d’éviter la destruction complète du pontificat ». Dépèche de l’ambassadeur espagnol à Rome, 2 mars 1861, dans Bastgen, t. n. p. 14. Les démarches ayant échoué près du Portugal et de la Bavière, les ambassadeurs d’Espagne et d’Autriche à Paris remirent, le 28 mai 1861, au ministre des Affaires étrangères, alors Thouvenel. un mémorandum, où l’on suggérait à l’empereur l’idée de réunir une conférence internationale qui examinerait les moyens propres à empêcher la spoliation de « la capitale du monde catholique ». Bastgen, op. cit., t. il. p. 25-31. Au cours d’une entrevue avec les diplomates étrangers, Thouvenel « déclara qu’il appartenait à la France seule de décider quand les circonstances lui permettraient d’évacuer Rome ». Bastgen, op. cit., t. ii, p. 23. Puis, dans un document officiel, il leur répondit, non sans malice, qu’il espérait que « leur sollicitude pour le Saint-Siège l’emportait sur toute autre considération particulière », laissant entendre que les intérêts dynastiques de leurs monarques, lésés par la proclamation du royaume d’Italie, avaient bien pu dicter leurs démarches. Bastgen, op. cit., t. ii, p. 32. Il ajouta que le principe de non-intervention, admis jusque-là pour le bien de l’Europe, excluait « l’usage de la force » et que < la solution à donner à la question romaine » dépendait de « la régularisation des faits qui avaient si considérablement modifié la situation de la péninsule » (6 juin 1861). Les ambassadeurs espagnol et autrichien, pressés de seconder cette manière de voir, se gardèrent d’insister. Bastgen, op. cit., t. ii, p. 33-35. Us ignoraient évidemment que le prince Napoléon avait formulé les bases d’un traité relatif à la liquidation de la question romaine et rédigé en cinq articles : 1. « Un arrangement direct serait conclu entre la France et l’Italie. 2. La France ayant mis le pape à l’abri de toute attaque évacuerait Rome. 3. L’Italie s’engagerait à ne pas attaquer et à empêcher même par la force toute attaque venant de l’extérieur contre le territoire actuel du pape. 4. Le gouvernement italien s’interdirait de faire toute réclamation contre l’organisation d’une armée papale composée même de volontaires catholiques étrangers, tant que cette armée ne monterait [tas à plus de H » 000 hommes. 5. L’Italie se déclarerait prête à entrer en arrangement avec le gouvernement du pape, pour prendre à sa charge la part proportionnelle qui lui reviendrait dans les charges des anciens États de l’Église. La questione romana, t. ii, p. 140, n. 38 1.

Cavour se résigna à accepter les propositions venues de Paris. Il les précisa toutefois et demanda, en outre. que la France reconnut le royaume d’Italie le jour de la signature du traité définitif et qu’elle promit sis bons offices pour amener le pape à consentir a un

accord définitif avec l’Italie, en harmonie avec les principes que le cardinal Santucci et le P. Passaglia avaient soumis au cardinal Antonelli ». Op. cit.. I. ii, p. 1 15, noie 1.

La mort de Cavour (6 juin) changea le cours des négociations. Thouvenel qui, jusque-là, se proposait « de subordonner > la reconnaissance du royaume d’Italie « à la question romaine, c’est-à-dire d’y mettre des conditions qui nous permissent de retirer nos troupes de Home… sans avoir à redouter de nouvelles perturbations ». abandonna ce plan. Après la reprise des rapports officiels avec le cabinet de Turin, Napoléon III écrivit, le 12 juillet 1861, à Victor-Emmanuel : « Tout en reconnaissant le nouveau royaume d’Italie, je laisserai mes troupes à Rome tant qu’elle (Votre Majesté) ne se sera pas réconciliée avec le pape ou que le Saint-Père sera menacé de voir les états qui lui restent envahis par une force régulière ou irrégulière. » La questione romana, t. ii, p. 251, n. 520.

La réconciliation souhaitée n’était possible que si les deux pouvoirs consentaient à une transaction. Or, réalisant un programme formulé, le 21 juin, en termes cassants : « Notre vœu est de rendre à l’Italie sa glorieuse capitale », Ricasoli, nouveau ministre des Affaires étrangères, élabora, en septembre, un projet de convention calqué en partie sur celui que Cavour avait envoyé au P. Passaglia, en février 1861, mais qui marquait une aggravation de celui qu’avait accepté le même Cavour le 17 avril précédent. Bastgen, op. cit.. t. ii, p. 55, 59-69. On y cherchait vainement une garantie que Borne resterait au pape. Aussi le gouvernement français, sollicité de le présenter au Saint-Siège, se déroba.

Ricasoli commit une erreur bien plus fâcheuse, en encourageant la publication, à Florence, d’une plaquette intitulée : Actio pro causa italica ad episcopos catholicos, auctore presbylero catholico. L’auteur anonyme, qui n’était autre que le P. Passaglia, soutenait, à grand renfort de citations patristiques, que le pouvoir temporel de la papauté était contraire à la tradition et que Pie IX devait y renoncer.

L’écrit, traduit en français sous le titre de : Pour la cause italienne aux évêques catholiques. Apologie par un prêtre catholique (Paris, 1861), fit scandale et fut déféré à la Congrégation de l’Index qui le condamna, sans que Passaglia se soumît. Parti clandestinement de Rome, le 16 octobre, l’ex-jésuite se réfugia à Turin et fonda, avec l’aide du gouvernement, // mediatore. Cette feuille bi-hebdomadaire, destinée à soulever le bas clergé contre le pouvoir temporel et à apeurer le Saint-Siège, publia une adresse à Pie IX où le cri : Vive le pape voisinait avec celui de : Vive Rome, métropole du nouveau royaume. La propagande schismatique opéra des ravages surtout dans l’Italie méridionale. La dangereuse supplique réunit jusqu’à 8 176 signatures parmi le clergé séculier et 767 parmi le clergé régulier. La campagne menée par Passaglia cessa bientôt à la suite de la chute du ministère Ricasoli (mars 1862) et le Mediatore disparut sans bruit. R. de Cesare, Roma e la slato del papa. t. ii, p. 115-130.

Napoléon III n’abandonna pas le chimérique espoir de concilier les contraires. Au début de l’année 1862, sa diplomatie s’efforça d’amener le Saint-Siège à recon naître le fait accompli ; après quoi, une transaction se négocierait. Sur la question de droit, Antonelli s ( prononça avec netteté : « Il ne dépend pas plus du souverain pontife qu’il.n’est au pouvoir du Sacre Collège de céder la moindre parcelle du territoire de l’Église, i Sur la question de fait, il ne se montra pas moins intraitable, car toute transaction équivaudrait à consacrer la spoliation italienne. Bastgen, Die rômische l-’raç/c. t. ii, p. 150-152.

En juin 1862, l’ambassadeur de France présenta de