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PIE IX. LA QUESTION ROMAIN ! — ;

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du voyage dans Pio nono ed i suoi popoli ne ! 1857, Homo. (860-1861, 2 vol.. et M. Minghetti, Miei Ricordi, t. iii, p. 171 sq.. ainsi que commandant Weil, La question romaine par le marquis Joacliim Napoléon Pepoli, dans Revue d’histoire diplomatique, 1913, p. 554-610 ; ’J 1. p. 114-153, 221-27 1.

L’attentat d’Orsini. Il janvier 1858) rappela l’attention sur la question romaine. A ceux qui rendaient le Piémont responsable des mouvements révolutionnaires qui désolaient la péninsule. Cavour répartit avec une audace hypocrite que l’application abusive de la proscription dans les Etats de l’Église occasionnait l’afflux eu Piémont de gens irrités qui grossissaient les rangs îles révolutionnaires. La cause du mécontentement résidai ! dans l’occupation étrangère et le mauvais gouvernement des états du pape et du royaume de Xaples : cf. la circulaire adressée aux agents diplomatiques île la Sardaigne. dans H. de Cesare, Romae lo stalo del papa. t. i. Home. 1906, p. 342. Cavour agit donc fortement sur l’esprit de Napoléon III afin de l’entraîner à une guerre contre l’Autriche.

Un incident fortuit indisposa l’empereur contre le gouvernement pontifical. Le 21 juin 1858, la police bolonaise se saisit du jeune Edgar Mortara, Israélite de naissance, mais baptisé à l’insu de ses parents par une servante catholique, et le transféra à Rome dans une maison d’éducation chrétienne La presse, excitée par V Alliance Israélite universelle, ameuta l’opinion européenne contre le pape qui se refusait à rendre l’enfant à sa famille. La campagne de protestation menée par elle servit Cavour près de l’empereur. De Cesare, op. cit.. t. i, p. 278-294, et // piccolo neofito Edgardo Mortara. dans Civilta cattolica, série III, t. xii. 1858, p. 385-4111.

L’accord s’établit entre les deux personnages, le 21 juillet 1858, à Plombières. Napoléon III accepta l’idée d’une guerre avec l’Autriche ; il consentit à laisser les Homagnes se soulever, à ne conserver au pape que Rome et ses alentours, à permettre au Piémont de constituer un royaume de Haute— Italie avec la Toscane et le reste des États pontificaux. Le Saint-Père n’aurait pour toute consolation que la présidence honorifique d’une confédération italienne ; cf. la lettre de Cavour à Victor-Emmanuel, datée du 24 juillet, dans l’édition de Chiala. t. iii, p. i-xiv. Le traité définitif, signé les 26 et 28 janvier 1859, fixa de façon vague le sort futur de l’Italie. Si la guerre projetée contre l’Autriche le permettait, on constituerait « un royaume de la Haute-Italie de onze millions d’habitants environ —, et pourtant « la souveraineté du pape serait maintenue ». P. Matter, Cavour et l’unité italienne, t. iii, p. 137-138.

La guerre résolue à Plombières éclata en avril 1859 par la faute de l’Autriche. Elle eut pour conséquence Fatale le retrait des troupes autrichiennes qui occupaient la Romagne et les Marches. En quelques jours (’2-21 juin) Bologne, Ferrare, Forli, Fænza, Ravenne. Fano, Sinigaglia, Ancône, Jesi, Fossombrone, Citta di Castello, Pérouse et Orvieto se soulevèrent contre l’autorité pontificale. Fait plus grave encore : une légation de Homagnols partit pour Turin, avec mission de s’entendre avec le roi Victor-Emmanuel.

Accepter la dictature qu’on lui offrait parut dangereux, en raison de l’indignation que manifesterait la catholicité. On employa un moyen terme : il fut convenu qu’un commissaire royal maintiendrait l’ordre dans les provinces insurgées.

Après avoir protesté contre les agissements de ses sujets (encyclique du 18 juin et consistoire du 20 ; voir H. de Cesare. op. cit.. I. i. p. 371-375). Pie IX se décida à les châtier : les Suisses entrèrent à Pérouse le 20 juin et exercèrent une telle répression que les villes d’Ancône, de Pesaro, de Fano et de Sinigaglia acceptèrent

de reconnaître l’autorité pontificale et que les Marches se trouvèrent reconquises rapidement. Là s’arrêtèrent les succès. Les délégués romagnols n’avaient point cessé d’insister auprès de Victor-Emmanuel pour qu’il acceptât la dictature ; le roi finit par arracher à l’empereur l’autorisation d’y mander un commissaire avec deux bataillons piémontais qui n’attaqueraient pas les troupes pontificales, mais repousseraient toute tentative d’invasion des Homagnes.

Les avantages acquis par les Sardes étaient appréciables. Les préliminaires de la paix de Villafranca, signés le. Il juillet 1859, par l’empereur d’Autriche et Napoléon III, les compromirent grandement, car ils rétablissaient le grand-duc de Toscane et le duc de Modène dans leurs états, créaient une fédération italienne et notifiaient qu’on demanderait des réformes au Saint-Père en faveur de ses sujets. Traités publics de la maison de Savoie, t. viii, p. (>(i(>.

Le Piémont se trouva dans la dure obligation de retirer des Légations et de la Toscane les commissaires qui maintenaient l’ordre depuis peu. Mais, tout en feignant d’observer l’armistice, il agit secrètement en sens contraire ; des officiers restèrent à la tête des bataillons de volontaires formés dans l’Italie centrale. D’autre part, les Romagnols concluaient une ligue défensive avec les gouvernements provisoires de Modène et de Toscane (10 août 1859) ; de cette façon ils pouvaient défier toute tentative d’intervention armée du Saint-Siège. Réduit à ses seules forces, celuili n’était point à craindre ; ni l’Autriche, ni la France n’interviendraient. Dans ces conditions, les Romagnols votèrent la déchéance du pouvoir pontifical et leur annexion au Piémont (août 1859). Victor-Emmanuel se montra touché de cette marque de confiance, mais promit seulement de soutenir leur cause devant les grandes puissances (2 4 septembre). C’en fut assez pour que Pie IX signifiât au diplomate piémontais, Pes délia Minerva, d’avoir à quitter Rome. R. de Cesare, Roma e lo stalo del papa, t. i, p. 375-377, et // carleggio Cavour-Nigra, t. ii, La campagna diplomaticae militare del 1859, passim.

En août 1859, avaient été commencés des pourparlers, à Zurich, entre le Piémont et l’Autriche. Terminés le 10 novembre 1859, ils consacrèrent les articles de l’armistice conclu à Villafranca et aboutirent à un expédient dilatoire, c’est-à-dire à la réunion d’un congrès qui réglerait la question italienne. De Martens. Recueil des traités, t. xvi, p. 531.

Un congrès était, au fond, parfaitement inutile. Les populations de l’Italie centrale n’avaient-elles pas manifesté suffisamment leurs aspirations ? Napoléon III se disposa à obtenir le prix de son intervention. Nice et la Savoie. Le 22 décembre 1859, parut une brochure anonyme, Le pape elle congrès, qui soutenait la thèse de l’incompatibilité du pouvoir temporel avec le spirituel. Le pape pourrait se contenter de Rome et recevoir, en compensation de la perte de ses États, une dotation que les gouvernements catholiques lui garantiraient. L’auteur de l’opuscule se découvrit bientôt. Le. Il janvier 1860, le Moniteur universel publiait une lettre de Napoléon III adressée le 31 décembre au pape et conseillant l’abandon des Légations. // carleggio Cavour-Nig a, t. iii, p. 7-8. n. 496. Le pape répondit, le 19 janvier, par une pic testation solennelle, laquelle n’empêcha ni Victor Emmanuel de lui demander un sacrifice nouveau, à savoir les Marches et l’Ombrie (0 février), ni les Homagnols de oter à une majorité énorme leur annexion au royaume de Sardaigne. Il et 12 mars). // car leggio Cavour-Nigra, t. iii, p. 43-45, n. 530. Lie IX n’eut d’autre ressource que d’affirmer la nécessité du pouvoir temporel et de frapper d’excommunii a tion réservée les usurpateurs de ses droits souverains