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PIE IX. LA QUESTION HO MAIN E

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Charles-Albert afin de l’inciter à entrer en guerre avec l’Autriche. Pin IXe Carlo Alberto, dans la Civilta caltolica, série X. t. x. 187 ; >, p. 27 l. Le m février 1848, le pape rétablit la vérité et condamna Formellement le principe d’uni— guerre étrangère, c’est-à-dire d’une levée d’armes contre l’Autriche. Les Romains n’interprétèrent pas ainsi son langage pourtant très net. Ils ne retinrent que la conclusion de son admonestation : <i Bénissez donc l’Italie, ô grand Dieu ! et conservez-lui toujours le plus précieux de tous vos dons : la foi ! Bénissez-la de la bénédiction que vous demande humblement votre vicaire, le front prosterné jusqu’à terre. Bénissez-la de la bénédiction que vous demandent pour elle les saints qui la protègent, les apôtres dont elle a gardé les glorieuses reliques et votre Fils, fait homme, qui a voulu que cette Rome fût la résidence de son représentant sur la terre. G. Spada, Storia délia rii’oluzione di Roma, t. n. p. 42. L’appel de la miséricorde divine sur l’Italie fut retenu comme un mot d’ordre guerrier. L’enthousiasme de la population s’exaspéra. Le 12 février, une manifestation s’organise et oblige Pie IX à paraître sur la loggia du Quirinal. Le Saint-Père s’efforce de dissiper la nouvelle équivoque qui s’établit entre lui et son peuple. Il donne sa bénédiction à condition que cessent « certains cris » et certaines demandes que, dit-il. « je ne puis, ne dois, ni ne veux admettre. Spada, op. cit., t. ii, p. 47. Loin de calmer les folles espérances des patriotes, ces paroles si tranchantes les ravivent plutôt. Le nom de Pie IX devient plus populaire que jamais en Italie, à l’heure où la Lombardie et la Vénétie secouent le joug autrichien, à la suite de la révolution qui éclate à Vienne (13-23 mars 1848). Les insurgés milanais placent son image sur les barricades qui barrent les rues et Venise le proclame son libérateur.

Les changements inattendus qui s’étaient produits dans la Haute-Italie ne laissèrent pas le pape indifférent. Il convia à un congrès les princes italiens et les gouvernements provisoires d’Emilie, de Lombardie et de Vénétie, afin de statuer sur les intérêts politiques et religieux du pays et de constituer une ligue défensive. Le roi de Sardaigne, présumant trop de ses forces, déclina l’invitation qui lui était parvenue d’envoyer des plénipotentiaires à Rome et se prépara à une guerre d’indépendance nationale. Pio IXe Carlo Alberto, dans la Civilta eattoliea, série X, t. x, 1879, p. 319.’L’attitude belliqueuse du gouvernement sarde plaça Pie IX dans une situation angoissante. Les manifestations populaires le contraignirent à commander au général Durando de concentrer 17 900 hommes sur la frontière du Pô. Cependant, les troupes rassemblées à Bologne frémissaient d’impatience et menaçaient de se rebeller si l’ordre ne leur parvenait pas de courir sus aux Autrichiens. L’heure des décisions graves était venue. Le conflit se posait entre le prince italien qu’était le pape et le père commun des fidèles qu’il était aussi. Convenait-il d’assumer le rôle d’un Jules II ? Le 25 avril 1848, les ministres de Pie IX lui présentèrent un mémoire collectif cjui préconisait une déclaration de guerre comme le moindre des maux à encourir, parce que l’opinion publique et la nécessité des temps l’imposaient. Tout autre parti compromettrait dangereusement l’existence du pouvoir temporel. I.. I-’arini. I.o Stato romario dall’anno 1815 ad 1850, t. il. Florence, 1850, p. 86-90.

L’opinion du pape était faite depuis longtemps. Fn lui le pontife prédominait sur le prince et ses précédentes déclarations ne laissaient aucun doute su i les termes de sa réponse. Après avoir mûrement réfléchi, il déclara solennellement, dans le consistoire du 29 avril 18)8. qu’en sa qualité de père commun (les fidèles et (le successeur de l’auteur de la paix et de

l’ami de la charité, il ne participerait pas à des hostilités contre l’Autriche. Acta l’ii IX. part. I a, vol. i, p. 92-98.

Les Italiens avaient cru discerner en Pie IX un partisan de la guerre d’indépendance ; ils essayèrent de l’amener à revenir sur une décision tenue comme néfaste pour la cause qui leur était chère. Le pape resta inflexible. Dès lors, aux cris d’enthousiasme qui avaient salué ses premières mesures réformistes, succédèrent des imprécations furibondes. Les cercles populaires retentissent de menaces de mort à l’adresse des cardinaux auxquels on impute la décision pontificale. Les éléments avancés réclament la constitution d’un ministère où ne figurerait aucun ecclésiastique ; ils parlent bien haut des droits et de la volonté du peuple. Le 4 mai, Mamiani accepte le portefeuille de l’Intérieur et, pratiquement, la direction des affaires, sous le couvert du cardinal Ciacchi. Farini, op. cit., t. ii, p. 99-111.

La perturbation des esprits grandit jusqu’au paroxysme quand, coup sur coup, l’on apprit la défaite infligée au général Durando sous les murs de Vicencc (lt juin 1848), l’entrée des Autrichiens à Ferrare (13 14 juillet) et le désastre de l’armée piémontaise à Custozza (24-25 juillet). Le parti républicain, exploitant les revers éprouvés par Charles-Albert, jeta le discrédit sur les princes qui n’avaient pas su mener à bonne fin la guerre d’indépendance. Plus que jamais, il égara le patriotisme italien, en prêchant le renversement des trônes et la formation d’une république. Des agitateurs firent son jeu à Rome et à Bologne : ils propagèrent les propos les plus tendancieux contre les ministres et les accusèrent de comploter, de connivence avec leur souverain, la ruine ou, du moins, la restriction du régime constitutionnel. Pie IX, usant de son droit strict, prononça, le 20 août, la clôture de la session parlementaire et reporta la réouverture au

15 novembre suivant. Il espérait, entre temps, maîtriser l’anarchie qui tendait à dominer dans ses états. Durant quelques mois, la rude main du comte Pellegrino Rossi, qu’il avait chargé de constituer un ministère, s’appliqua à restituer au gouvernement pontifical l’autorité qui lui manquait. Les révolutionnaires se résolurent à supprimer un homme qui entravait leurs projets. Le 15 novembre 1848, Louis Brunetti lui tranchait la carotide, à l’instant où il s’apprêtait à monter l’escalier qui conduisait à la salle des séances parlementaires, au palais actuel de la chancellerie. L’insurrection s’empare de Rome et assiège le Quirinal. Pie IX s’enfuit dans la nuit du 24 novembre et se réfugie en terre napolitaine, à Gaète.

La restauration du pouvoir temporel.

Le 4 décembre

1848, Pie IX adressait un appel aux puissances européennes. Il les invitait à rétablir le pouvoir temporel, car les serments solennels prêtés lors de son intronisation, conformément à la constitution de saint Pie V, l’obligeaient à maintenir dans leurs intégrités les droits et possessions de l’Église. N. Bianchi, op. cit., t. vi, p. 21-22. Ainsi se posait, devant l’Europe entière, la question romaine. Dès l’abord, deux thèses s’affronteront : l’une soutenue par l’Espagne, l’autre par le Piémont. Invoquant le traité de Vienne (1815), le gouvernement espagnol soutenait que les Etats de l’Église avaient un caractère international et non pas exclusivement italien et que, par suite, leur souverain avait qualité pour recourir à une intervention étrangère : au contraire, les Piémontais prétendaient que Pie IX étail un prince italien et n’avait qu’à se placer smis la protection des cours italiennes, foutes catho liques. Charles-Albert assumerait volontiers le rôle’! < médiateur à Rome, à condition que le pape consenti !  ; > s’y rendre et à accorder a son peuple le main’-ien du régime constitutionnel. Civilta caltolica, série. t. x,