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pie viii

PIE IX

1686

faire élever dans la religion catholique tous leurs enfants éventuels. L’épiscopat rhénan reçut en outre les pouvoirs de confirmer et de valider in radiée toutes les unions contractées contrairement aux prescriptions du concile de Trente OU sans dispenses des empêchements canoniques. Si le conjoint catholique sollicitait une dispense d’empêchement, tout en refusant de promettre d’élever les enfants à naître dans la vraie religion, l’évêque ne la lui relu sciait pas ; il l’avertirait de l’illicéité de son acte et de la gravité du péché à commettre ; le mariage serait valide, mais non accompagné des rites ecclésiastiques. Les décisions de la curie mécontentèrent le roi de Prusse qui en demanda l’adoucissement et la revision, en 1831, à Grégoire XVI. G. Goyau. L’Allemagne religieuse. Le eallwlieisme (1800-1848), t. ii, Paris. 1910, p. 146-152.

Le pontificat de Pie YIII se signala encore par la canonisation d’Alphonse-Marie de Liguori, décrétée le 16 mai 1830, et la création, à Constanlinople, d’un siège archiépiscopal de rite arménien (6 juillet 1830). Bullarii romani continuatio, t. xviii, p. 113-114.

La révolution survenue en France, en juillet 1830, mit les évêques revêtus de la pairie dans l’embarras : pouvaient-ils prêter serment à Louis-Philippe ? Les autres se demandaient s’il convenait de faire chanter le Domine salimm jac regem. Après avoir longtemps refusé de se prononcer. Pie VIII consentit à donner une réponse à Mgr de Quélen, archevêque de Paris, le 29 septembre 1830. La formule : « Je jure fidélité au roi des Français, obéissance à la charte constitutionnelle et aux lois du royaume » devait être tenue pour licite, parce que le gouvernement actuel n’avait pas révoqué le libellé d’une déclaration solennelle faite par l’ambassadeur de Louis XVIII, le 15 juillet 1817, à propos d’un texte de même teneur. Le chant du Domine salvum jac regem était également permis. Artaud de Montor, Histoire du pape Pie YIII, p. 236-296.

Œuvres. — Moroni a faussement attribué à PieVIII la paternité des notes savantes qui figurent dans les Inslitulionum canonicarum libri quatuor, publiés par Devoti, à Rome, en 1785 ; cf. l’art. Devoti, t. iv, col. 679.

I. Sources.

Bullarii romani continuatio, t. xviii

Rome, 1856 ; Jus poniifwium Sacræ Congregaiionis de Propayandu Fide, t. IV, Rome, 1891, p. 711-739 ; Roskovany, Monamenta catholica pro independentia potestatis ecclesiasticw, Quinque Ecclesiis, 1847 ; X. Bianchi, Storia documentata délia diplomazia europea in Italia dall’anno 1814 aW anno 1861, t. ii, Turin, 1865 (voir en particulier, p. 422-431, plusieurs documents relatifs au conclavel.

II. Travaux.

Artaud de.Montor, Histoire de Pie VIII, Paris, 1844 ; Cardinal Wiseman, Les quatre derniers papes et Rome sous leur pontifical, Tours, 1878 ; Y. Hayward, Le dernier siècle île la Rome pontificale (1814-1870), t. ii, Paris, 1928, p. 108-121 (œuvre littéraire de seconde main) ; Cr Moroni Dizionario di erudi iene stcric : >-ecclesiasticc., t. lui, Venise, 1852, p. 172-188 ; G. Gastellani, Un ponte fiée numismalici) Pin YIII, dans Studia Pieena, t. v, 1929, p. 179-182.

Sur le conclave : M. Levaillant, Chateaubriand et son ministre des Finances, d’après une correspondance inédite, dans Revue des Deux Mondes, 1 er août 1922, p. 662-665 ; Km. Beau de Loménie, La carrière politique de Chaleaubriand, de 1814 à 1830, t. ii, Paris, 1929, p. 297-320 et Lettres de Chateaubriand à madame Réeamier pendant une ambassade à Rome, Paris, 1929 ; M..1. Durry, L’ambassade romaine de Chateaubriand, d’après les archives du Vatican et d’Orsay, Paris, 1928 ; Stendhal, Promenades dans Rome, t. ii, Paris, 1028, p. 353. — l.e texte du discours prononcé par Chateaubriand le 10 mars 1830 et la réponse du cardinal Castiglioni ont été publiés par Artaud de Montor, Histoire de Pie VIII, Paris, 1844, p. 42-48 ; Chateaubriand, Journal d’un conclave, publié par Louis Thomas, Paris, 1913 ; du même, Mémoires d’outre-tombe, t. v, Paris, 1860, p. 61-119. — C. Vidal, La monarchie de Juillet et le Saint-Siège au lendemain de la révolution de 1830, dans Revue

d’histoire diplomatique, 1932, p. 497-517 (d’après les dépêches du nonce Lambruschini, dont le pape ne suivit pas les avis). —.1. Schmidlin, Papstgeschichte der neuesten Zeit, t. i, Munich, 1933, p. 474-510.

G. Moi.LAT.

PIE IX, pape du 16 juin 1846 au 7 février 1878.

Si Pie IX a suscité, de son vivant comme après sa mort, l’admiration et la vénération de ses contemporains, il n’en a pas moins provoqué de fortes inimitiés. On peut dire qu’il a été autant haï qu’aimé. L’historien ne trouvera donc pas, généralement, un exposé impartial des faits dans les écrits de toute nature qui parurent sur sa personne au cours de la seconde moitié du xix c siècle et au siècle suivant, car la plupart d’entre eux émanent ou de témoins intéressés ou de gens ayant joué un rôle actif dans les événements et visant à justifier leur conduite. Il convient, par suite, de passer au crible d’une sévère critique les travaux, et des apologistes et des détracteurs de Pie IX. Encore que la tâche ait été facilitée par la publication de documents diplomatiques ou autres d’une haute importance, elle demeure singulièrement ardue et le demeurera aussi longtemps que les archives vaticanes n’auront pas livré leur secret. L’historien ne saurait, actuellement, prétendre tracer un portrait parfaitement fidèle d’un pontife qui fut si discuté de son temps. Il peut cependant le juger plus sainement que ses contemporains, en raison du recul des années et de l’apaisement des passions politiques et religieuses survenu à la suite de la signature des traités du Latran.

I. Le conclave. IL La question romaine (col. 1687). III. Pie IX et l’Europe (col. 1706). IV. Relations avec l’Amérique (col. 1712). V. Missions (col. 1713).

I. Le conclave.

A la mort de Grégoire XVI, la situation des États de l’Église paraissait troublée au point que Metternich, le ministre des Affaires étrangères en France, alors Guizot, et le roi de Sardaigne envisageaient l’éventualité de les occuper militairement. L’Autriche, en particulier, désirait garder sous sa protection et son influence le Saint-Siège et craignait l’élection d’un pape qui favorisât les aspirations italiennes. Les cardinaux appréhendaient également des mouvements révolutionnaires. Voilà pourquoi, selon toute vraisemblance, ils portèrent leur choix, le 16 juin 1846, sur le moins connu d’entre eux, sur Jean-Marie Mastaï Ferretti, cardinal-prêtre du titre des Saints-Marcellin-et-Pierre depuis le 14 décembre 1840, qui avait su se rendre populaire dans des contrées « où le gouvernement pontifical était le moins bien vu ». Mémoires du duc de Broglie, dans Revue des Deux Mondes, t. xxvi, 1925, p. 123.

Né à Sinigaglia le 13 mai 1792, du comte Jérôme et de Catherine Solazzi, le nouvel élu avait eu une pénible jeunesse. Des crises d’épilepsie l’ayant rendu impropre au métier des armes, il embrassa la carrière ecclésiastique et ne dut la prêtrise qu’à la faveur de Pie VIL Ses premières années s’écoulèrent à Rome, où il se consacra à des œuvres pies. Il accompagna au Chili, en 1823-1825, Mgr Muzzi et devint archevêque de Spolète (24 avril 1827), puis évêque d’Imola (décembre 1832). C’est dans cette dernière ville qu’il connut le comte Giuseppe Pasolini, ardent patriote, partisan des néo-guelfes qui désiraient voir s’établir en Italie une fédération d’états placée sous la présidence morale du pontife romain. A ce contact, l’évêque d’Imola s’initia-t-il aux idées libérales ? On l’a prétendu longtemps, sur la foi de Pasolini lui-même. Cependant, A. Monti semble avoir suffisamment établi que Pie IX ne professa pas des idées libérales, quoiqu’on les lui ait imputées. Son prétendu libéralisme consista en réalité dans le désir de la paix, l’octroi de réformes administratives et la réprobation des moyens de répression dont usa Grégoire XVI contre les agitateurs des États