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PIK VII ET NAPOLÉON

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Uculier par les deux plus anciens membres du Sacré Collège, les cardinaux Albani et d’York, lui faveur de la candidature Braschi se groupaient 22 noms, dont celui du cardinal d’Imola, mais il fallait 24 voix pour assurer l’élection. Or, le cardinal Antonelli. quoique le premier des cardinaux créés par Pie VI, voulut jouer un rôle et déclara former un parti contraire au cardinal Braschi ; les 13 voix de ce parti se groupèrent en faveur du cardinal Mattei, le négociateur du traité de Tolentino, tandis que le reste du conclave, dont le cardinal Chiaramonti, bloquait ses voix sur le cardinal Bellisoni, de Césène. Devant cette gênante exclusive, on envisagea l’élection de (lerdil. d’Albani, d’Antouelli lui-même, mais on finit par s’accorder par 24 voix en faveur de Bellisoni, et il ne restait plus qu’à attendre le sentiment de l’empereur d’Allemagne à qui, sur la proposition du cardinal Herzan, on avait communiqué la nomination du nouveau pontife, né à Pavie, c’est-à-dire dans les États italiens des Habsbourgs. Le délai fut mis à profit par le secrétaire même du conclave, Mgr Consalvi. qui comprit qu’aucun des candidats jusqu’alors présentés ne serait en état de réparer les ruines de l’Église, et que la situation de l’Europe impliquait qu’on cherchât plutôt à Paris qu’ailleurs : il insinua aux cardinaux l’idée de désigner pour la tiare le cardinal Chiaramonti. Il fallut, pour aboutir, persuader d’abord celui-ci, et ensuite la petite faction de six cardinaux dont Maury était le chef, et c’est ainsi que, le 14 mars 1800, l’évêque d’Imola fut élu à l’unanimité, moins une voix — la sienne — après 104 jours de conclave.

Le nouveau pape décida de prendre, en souvenir de son prédécesseur, le nom de Pie VII ; il donna les fonctions de secrétaire d’État par intérim à l’habile Consalvi. Couronné à Saint-Georges par le cardinal Doria

— l’Autriche s’étant opposée à ce qu’il le fût à Saint-Marc — il publiait, dès le 15 mai 1800, une encyclique, où, en félicitant les prêtres qui avaient refusé le serment, il exprimait sa tristesse de la situation des fidèles de France. Ainsi, tout de suite, il posait devant sa conscience, et devant celle de la chrétienté tout entière, le pioblène des rapports du Saint-Siège avec la jeune république consulaire.

II. Pie VII et Napoléon I". — L’Autriche aurait pu souhaiter que Pie VII restât à Venise ou se rendît à Vienne : le pape regagna sa capitale par Pesaro et Aucune. Il y était le 3 juillet, et les troupes napolitaines, qui gardaient la ville depuis la chute de la lépublique romaine, durent immédiatement se retirer des États pontificaux ; Bénévent et Ponte-Corvo, enclavés dans les États de N’aples, restèrent d’ailleurs occupés. Il convenait immédiatement de remettre un peu d’ordre dans l’administration, ce que fit le pape par la bulle Post diuturnas et en retirant de la circulation la monnaie de bas aloi (monda erosa) qui avait été émise les années précédentes. Quant à la position de la papauté dans l’Europe bouleversée parla Révolution, il fallait attendre le développement des circonstances nouvelles qui s’affirmaient après le conclave de Venise pour la déterminer et éventuellement la consolider.

" Le Concordat (pour le détail voir l’art. Concordat, t. m. col. 744-760). — De fait, c’était la seconde campagne d’Italie, la victoire de Marengo, le 14 juin, mais aussi, le 10 juin, les déclarations de Bonaparte i a l’évêque de Yerceil.en faveur de la paix avec le Saintj Siège et du rétablissement de la religion en France, déterminant le bref de Pie VII à cet évêque, en date | du li) juillet, où le Saint-Père prenait bonne note des heureuses dispositions du Premier Consul. C’est en vue des négociations éventuelles avec la France que, le 10 août, Consalvi reçut le chapeau ; l’archevêque de Corinthe, Spina. était désigné pour suivre ces négocia tions, annoncées à l’épiscopat par le bref du 13 septembre 1800. Au mois de mars 1801, Cacault était envoyé à Rome pour cet objet et, dès lors, va se développer à Paris, avec des incidents multiples, la négociation du Concordat. A Rome, Consalvi étant en France, les personnes qui entouraient alors le pape se bornaient au cardinal (iiuseppe Doria, pro-secrétaire d’État, à Mgr Bertazzoli, administrateur du diocèse d’Imola, au cardinal Pacca et, à intervalles espacés, au cardinal Maury ; les gouvernements anglais et napolitain essayaient d’orienter Pie VII vers l’intransigeance, vers la défiance à l’égard de Consalvi ; c’est cependant ce dernier qui apporta le texte à Rome pour que le pape y apposât sa ratification, ce qui fut fait le 15 août 1801. En conformité avec l’article 3 du concordat. Pie VII écrivit la lettre très ferme, datée du même jour, par laquelle il demandait aux évêques français leur démission, afin que les deux pouvoirs eussent désormais le champ libre pour les nouvelles désignations. Puis, le 24 août, il nommait le cardinal Caprara légat a latere pour surveiller l’établissement du culte en France. Le 10 octobre 1801, peu de jours après l’arrivée de Caprara à Paris et la désignation de Portalis, comme directeur des cultes, le ministre des relations extérieures, Talleyrand, faisait parvenir au pape une lettre personnelle du Premier Consul, où, après lui avoir exposé la réussite de la plupart de ses tractations diplomatiques, il traitait de quelques questions délicates, comme celles de l’occupation de Bénévent et de Ponte-Corvo par les Napolitains, ou des biens nationaux vendus par la république romaine. La réponse de Pie VII, en date du 24 octobre, pleine de mansuétude conciliatricevoire même d’une sorte d’imploration trop humblement temporelle, soulignait la pauvreté du Saint-Siège et demandait la restitution des Légations, ainsi qu’une compensation pour la perte d’Avignon et du Comtat Venaissin. Par le même courrier, Consalvi écrivit à Caprara pour lui ordonner de demander instamment la restitution du corps de Pie VI : on sait que cette triste négociation particulière devait heureusement aboutir. Ci-dessus, col. 1009.

La ratification du Concordat par Bonaparte était arrivée à Rome le 23 septembre. C’est dans cette ambiance de bonne volonté réciproque que devait se poursuivre l’exécution du Concordat, laquelle, d’ailleurs, suscitait des difficultés multiples, tant pour la délimitation des diocèses français que pour le choix des évêques. Une longue note de Consalvi, en date du 30 novembre 1801, précisait dans quel esprit le Saint-Siège envisageait ces difficultés : il y était joint la bulle de la nouvelle circonscription des diocèses, le bref d’autorisation au cardinal-légat de conférer aux évêques des nouveaux diocèses l’institution canonique, et un bref d’autorisation au même d’ériger de nouveaux diocèses dans les colonies françaises d’Amérique.

Si délicates que fussent les négociations du Saint-Siège avec la France, ce n’étaient pas les seules qui occupassent l’esprit de Pie VIL Le gouvernement espagnol ; en effet, insistait à Rome pour l’instauration, en Espagne, d’une véritable autonomie religieuse, particulièrement en matière de dispenses matrimoniales.

La nomination de plusieurs constitutionnels à des sièges épiscopaux concordataires, la publication d’Articles organiques, non concertés avec le cardinal Caprara, en même temps que le Concordat (18 germinal an X, 8 avril 1802) devaient choquer le pape, au moment où la question de Malte se posait devant l’opinion européenne. Dr, Bonaparte était d’avis que le grand maître des hospitaliers, M. de Hompesch, que plusieurs prieurés ne voulaient plus reconnaître, fût remplacé, mais qu’il ne le fût ni par le Princede la Paix, ni par un Allemand, comme on le demai