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PIE VI — PIE VII


de la chapelle de la citadelle, jusqu’au jour où le gouvernement consulaire, par arrêté du 30 décembre, autorisa les « honneurs d’usage ». Les obsèques oflicielles eurent lieu au cimetière de Valence, le 30 janvier 1800. Mais le dernier confident de Pie VI, Mgr Spina, avait promis à ce pape de rapporter son corps à Home, et le successeur de Pie VI, Pie VII, élu le 14 mars IS’OO, fit tout de suite des efïorts pour réaliser ce vœu.

L’exhumation eut lieu dans la nuit du 24 au 25 décembre 1801 ; la dépouille mortelle quitta Valence le. Il janvier 1802, embarquée à Marseille pour Gênes, et de Gènes pour Lerici. Klle arrivait à Rome le 16 février et, le 17, les obsèques eurent lieu avec l’apparat habituel. Le monument à ériger sur la tombe devait être édifié, vingt ans plus tard, par le grand sculpteur Canova. Ce n’est qu’en 1. Il que fut transféré à Rome Te cœur de Pie VI, retiré de son cadavre lors de l’autopsie.

Le pontificat de Pie VI a été l’un des plus longs de l’histoire. Il en a été aussi l’un des plus chargés. Le trouble xviiie siècle, la tragédie révolutionnaire ont pesé sur lui. Pie VI ne paraît pas avoir été doté de toute l’énergie ni de toute la perspicacité qu’il aurait fallu pour écarter ou atténuer les maux qui ont ainsi fondu sur la papauté et l’Église. Sa politique a pu sembler à certains moments compliquée ou même équivoque. Mais il ne faut pas oublier que les difficultés les plus graves ont en somme surgi lorsqu’il était déjà alïaibli par la maladie et par l’âge. Même alors, chaque fois que les principes ont été mis en cause, il a su les défendre avec autorité (bulle Auctorem fidei ; condamnation de la constitution civile du clergé). Et, d’ailleurs, l’état de moindre résistance et de l’Église et de la papauté à l’offensive philosophique et révolutionnaire est antérieur au pontificat de Pie VI ; la lutte entre les partisans plus ou moins déclarés du jansénisme et leurs adversaires y avait largement contribué. La crise révolutionnaire eut l’avantage de poser le problème d’une régénération complète, et cette régénération, amorcée sous le pontificat du successeur de Pie VI, se réalisera largement au cours du xix L’siècle.

I. Sources.

Bullarium romanum (coritinuatio), éd. Barberi, t. v-x, Rome, 1835 sq. ; Acta PU VI, édition romaine de 1871 ; Acta historioa ecclesiastica nostri temporis, 12 vol., Weimar, 1774-1787 ; Theiner, Documents relatifs aux affaires religieuses en France, 1789-1800, 2 vol., Paris, 1857-1858.

II. Travaux.

Outre les manuels d’histoire ecclésiastique et les travaux cités aux divers articles auxquels il a été renvoyé dans le corps de l’article, on pourra consulter : P. J. de Huth, Essai d’une histoire ecclésiastique du XVIII » siècle, 2 vol., Augsbourg, 1807-1809 ; Henrion, Histoire générale de l’Église pendant les XVIIIe et XIXe siècles, I. i, Paris, 1836 ; P. de Crouzat-Cretet, L’Église et l’État ou les deux puissances au X VIII’siècle (17 15-1789), Paris, 1894 ; de Bourgoing, Mémoires sur Pie VI, Paris, 1798-1X00, 2 vol. ; Tavanti, L’asti di Pio’I, Florence, 1804 ; Artaud de Montor, Histoire de Pie VI, 1847 ; Wolf, Geschichte der rômischen katholischen Kirche unter Pins VI., 1793-1802, 7 vol. ; J. Gendry, Pic VI, sa vie, son pontifical, Paris, 1906, 2 vol. ; F. Masson, Le cardinal de Bernis, Paris, 1884 ; J. Kuntziger, Fébronius et le fébroniunisme, Bruxelles, 1889 ; J. Gendry, Les débuts du joséphisme, dans Hernie îles quest. hist., t. i.v, 1894, p. 455 sq. ; Mozzi, Storia délie revoluzioni délia Chiesa d’Utrecht, Venise, 1787, 3 vol. ; C. Photiades, La nie du comte de Cagliostro, Paris, 1932 ; P. Pierling, S. J., La Russie et le Saint-Siège, t. v, Paris, 1912 ; Zalenski, Les jésuites de la Russie Blanche, traduit du polonais, 2 vol., Paris, s. d. ; E. de Pressensé, L’Église et la révolution française, Paris, 1894 ; A. Mathiez, Rome et le clergé français sous la Constituante, Paris, 1911 ; P. de La Gorce, Histoire religieuse de la révolution française, 4 vol., Paris, 1909 sq. ; G. Bourgin, La France à Rome de 1788 à 1797, Paris, 1909 ; A. Dufourcq, Le régime jacobin en Italie, la république romaine, Paris, 1900 ;.1. Dvi Teil, Rome, I r aples et le Directoire, Paris.

G. Bourgin.

PIE VII, pape du 1 4 mars 1 800 au 20 août 1 823. I. Les antécédents et le conclave. II. Pie VII et Napoléon I 1’. III. La réorganisation de l’Église.

I. Les antécédents et le conclave.

Xé à

Césène, légation de Forli, le 14 août 1742, du comte Scipione Chiaramonti et de la comtesse Giovanna Ghini, celui qui devait succéder à Pie VI étudia à Parme et se destina bientôt à la vie monastique. Le 20 août 1758, il prit l’habit bénédictin, sous le nom de Grégoire. En 1775, lors de l’avènement de Pie VI, qui lui était apparenté, il était à Rome comme professeur de théologie, au couvent de Saint-Calixte et il reçut du nouveau pape, par bref pontifical, la qualité d’abbé ; ce titre et les prérogatives qui s’y trouvaient attachées lui valurent quelques difficultés dans l’ordre, et il fallut que le pape y mît fin en intervenant personnellement en faveur de dom Chiaramonti, chargé alors de la bibliothèque de Saint-Paul-hors-les-Murs, puis en nommant son parent évêque de Tivoli (16 déc. 1782). A la mort du cardinal Randi, oncle de Pie VI, l’évêque de Tivoli, qui s’était distingué dans l’administration de son diocèse, fut transféré à celui d’Imola (14 février 1785), puis créé cardinal.

Il n’est guère possible, dans l’état actuel de l’information historique, de déterminer quel fut le rôle du nouvel évêque d’Imola au sein du consistoire où fut déterminée la politique du Saint-Siège à l’égard de la Révolution bientôt commençante. Sa douceur de caractère a dû, semble-t-il, le conduire à préconiser les solutions les plus conciliatrices. Mais l’invasion de l’Italie par les armées françaises, l’armistice de Rologne (23 juin 1796) ne pouvaient manquer de surexciter les esprits, particulièrement aux alentours du pays natal de l’évêque d’Imola : à Césène, à Lugo, à Imola même. Toutefois, le cardinal Chiaramonti était décidé, en dépit des menaces que lui faisaient la populace et les agents autrichiens, à reconnaître et à exécuter l’armistice signé. D’ailleurs, après la chute de Mantoue (2 février 1797), fmola, ainsi que Fænza et Forli, étaient occupées par les troupes de Bonaparte, qui était à Ancône le 10 février. Le 19 février, par le traité de Tolentino, Pie VI renonçait, en faveur de la France, aux Légations, « ce qu’il y a de meilleur dans l’État ecclésiastique », écrivait Ronaparte au Directoire. On sait les événements qui, à la fin de l’année 1797, devaient se dérouler à Rome, l’émeute du 28 décembre, l’occupation de la Ville éternelle par les troupes du général Rerthier, l’institution de Ja république romaine. Voir art. Pie VI, ci-dessus, col. 1668. Le cardinal Chiaramonti semble avoir prévu ces événements, et, par son homélie du 25 décembre, d’ailleurs antidatée de dix jours, il essaya d’apaiser les esprits à Imola. Cette publication devait lui être plus tard cruellement reprochée, mais certains critiques estiment que, seule, la partie dogmatique est de lui ; le reste -rc’est-à-dire les conseils politiques, qui, si enveloppés qu’ils fussent, tendaient à faire accepter telles quelles les nouvelles réalités — avait pu être pensé et composé par quelque membre de son entourage. On y disait en particulier : <> la forme du gouvernement démocratique adopté parmi nous, nos très chers frères, ne répugne pas à l’Évangile, elle exige au contraire toutes les vertus sublimes qui ne s’apprennent qu’à l’école de Jésus-Christ » ; des paroles de saint Paul s’y trouvaient en contact avec un passage de Rousseau.

Pie VI étant mort à Valence, le 29 août 1799, la question de sa succession se posait, au moment où la seconde coalition européenne développait ses efforts contre le Directoire. Le conclave ne put se réunir qu’après une infinité de difficultés, à Venise, le 1° décembre 1799 : on y comptait 35 cardinaux, dont le cardinal Braschi, neveu du pape défunt, et, à ce titre, sympathique à plusieurs des électeurs, soutenu en par-