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PIF VI. LA REVOLUTION

1668

français, occupation des légations de Ferrare, Bologne el d’Ancône, remise de 100 objets d’art et de 500 manuscrits, contribution de 21 millions de livres tournois, autorisation aux armées françaises de traverser, quand besoin serait, les États du pape. Pic VI envoie, en juillet, l’abbé Pieræchi pour assurer la ratification de l’armistice de Pologne, et apporter au Directoire le bref Pastoralis sollicitudo (5 juillet 1796), par lequel est reconnue la République française et où il est prescrit aux catholiques de lui obéir.

Le Directoire, représenté à Rome par Cacault, aurait voulu davantage, et que fussent désavouées toutes les bulles relatives aux affaires de France depuis 1780. mais Pieræchi n’étant pas habilité à cet égard, et refusant de s’engager, il fut expulsé par arrêté du 26 thermidor (13 août 17%). C’est un peu plus tard seulement que fut divulguée l’existence du bref Pastoralis sollicitudo.

A ce moment, le cardinal Zelada, fort mécontent lui-même de l’armistice de Pologne, qui n’était pas son œuvre, puisqu’il avait été négocié par le comte d’Azara, ministre d’Espagne à Rome, déposait ses fonctions de secrétaire d’État et était remplacé par le cardinal Busca, ami d’Azara. Malgré cela, les difficultés se multiplièrent pour l’exécution de l’armistice, et une tentative pour remettre Ferrare à la disposition du Saint-Siège aboutit à l’arrestation, sur l’ordre de Bonaparte, du cardinal Mattei (19 août), puis du cardinal Pignatelli. Néanmoins, le Directoire consentit à envoyer en Italie deux délégués, Garrau et Saliceti, pour discuter des conditions de la paix avec Mgr Caleppi, habilité par Pie VI (conférences de Florence). Il est vrai qu’il exigeait toujours la rétractation par le pape de certains de ses actes. A la suite de la réunion de la congrégation cardinalice du 13 septembre, le pape s’y refusa et se prépara à défendre ses États, car il pensait que l’armistice de Bologne était de facto rompu. 11 n’en était rien et Bonaparte, libérant le cardinal Mattei, se servit de lui comme intermédiaire à Rome dans le dessein de régler la paix à Crémone. Toutefois, le pape avait sollicité l’aide de Xaples, dont il ignorait les relations avec le Directoire, l’aide aussi de l’empereur. Sa dépêche du 8 janvier 1797 à François II tomba entre les mains de Bonaparte, qui décida aussitôt l’offensive.

Celle-ci aboutit, le 2 février 1797, à l’écrasement des pontificaux près du pont de Fænza, à l’occupation d’Ancône, où un gouvernement républicain fut installé, enfin aux conférences entre Bonaparte et le cardinal Mattei, à Tolentino, où fut signée la paix (19 février). Elle impliquait la démission du cardinal Busca. qui fut remplacé à la ^ecrétairerie d’État par le cardinal Doria Pamflli ; elle reprenait les stipulations de l’armistice de Bologne et, tandis que le marquis Massimo était envoyé à Paris pour présenter les excuses pontificales à l’occasion du meurtre de Basseville, Joseph Bonaparte était nommé, le 6 mai 1797, ministre plénipotentiaire auprès de Sa Sainteté.

La présence de Joseph Bonaparte et des Français qui l’accompagnaient allait être l’occasion de nouveaux troubles, certains Romains voulant s’appuyer sur elle pour démocratiser les institutions romaines, la masse se dressant contre cette politique. C’est au cours d’une des émeutes déterminées par l’attitude du général Duphot que celui-ci fut tué, le 28 décembre, par un SOUS-officier de la cavalerie pontificale, chargé de rétablir l’ordre dans la ville. Le soir même, et malgré les excuses du cardinal Doria Pamfili, Joseph Bonaparte quittait Rome.

Le Directoire décida de venger Duphot de façon exemplaire. Le général Berthier, partant de Rimini, fut chargé de mettre la main sur Rome ; il refuse, le 6 février, de recevoir les plénipotentiaires pontificaux,

| le 9 février, il était aux portes de la ville ; le lendemain il faisait connaître les termes de la capitulation aux prélats Gabrielli et Giustiniani. Pie VI, accablé par la rigueur de ce texte, s’en remit à la Congrégation d’État, qui accepta tout (10 février 1798).

Cinq jours après était proclamée la république romaine et, bientôt, le pape était prisonnier au Vatican. Le 17, on lui annonçait qu’il devait quitter Rome, et le 20, il parlait pour Sienne, tandis que des ordres étaient donnés pour disperser le Sacré Collège Si le grand-duc de Toscane s’efforçait de maintenir, malgré la présence du pape dans ses États, la plus stricte neutralité à l’égard du Directoire, le roi de Naples prétendait, en novembre 1798, chasser les Français des États romains, dans lesquels il commençait à pénétrer ; il est à Rome le 29 novembre, y installe un gouvernement provisoire et prépare la rentrée de Pie VI d’ailleurs hésitant. Au reste, dès le. Il décembre, Ferdinand IV, préoccupé par la nouvelle de la réaction française, évacue Rome, et, bientôt, les armées du Directoire s’emparent du royaume des Deux-Siciles, et y protègent l’établissement de la république.

Quant au pape, transféré à Florence quin 1798), bousculé dans ces remous, le Directoire songe à le transférer de Toscane en Sardaigne avec l’ex-roi du Piémont, Charles-Emmanuel IV, tombé également du pouvoir. Mais celui-ci, seul, en raison de l’état de santé du pape, qui a été frappé d’une attaque le 24 janvier 1799, part pour Cagliari. Au reste, le pape est à cette époque si faible, qu’il ne dit plus de messe, tout en refusant d’ailleurs de recourir à l’usage suivi par Benoît XIV de la dire assis. Il s’occupe cependant encore avec une certaine activité du gouvernement général de l’Église, autorise l’électeur de Bavière à lever, une lourde contribution sur son clergé et à séculariser autant d’abbayes et de maisons religieuses qu’il sera nécessaire, s’oppose à la désignation d’un prêtre janséniste comme coadjuteur de l’archevêque de Gênes, intervient encore une fois à propos des jésuites de Russie et de Pologne.

Mais le pape a peu de temps encore à vivre. Du moins a-t-il encore beaucoup de tribulations à supporter. En effet, les généraux Gaultier et Miollis occupent la Toscane à la fin de mars 1799, et le grand-duc Ferdinand III prend le chemin de l’exil avec sa famille. Dès le 28, Pie VI doit quitter la chartreuse de Florence, où il végète, pour Parme, où il descend, le 1 er avril, au couvent de Saint-Jean l’Évangéliste. Sur l’ordre du Directoire, il doit encore changer de séjouret, le 14 avril, il part pour Turin ; il y est le 22, mais c’est pour en repartir le 26, pour le territoire français, et après la dure montée du mont Genèvre, exécutée en chaise à porteurs, il arrive, le soir du 30 avril, à Briançon. Il y loge pendant environ deux mois, au premier étage d’une petite maison contiguë à l’hôpital. Mais on parle de coups de main austro-russes pour enlever le pape. Aussi le Directoire décide-t-il de le transférer à Valence. Le pape quitte denc Briançon le 27 juin et, après un voyage pénible, mais où les marques de respect chrétien se multiplient, il arrive le 13 juillet 1799 à Valence.

C’est dans une maison construite sous la Réforme à l’intérieur de la citadelle, que Pie VI fut installé, « en état d’arrestation », et cependant il avait été décide que Valence ne serait pas son dernier séjour, puisqu’un décret du ministre de l’Intérieur, en date du 22 juillet, prescrivait son transfert à Dijon. Ce transfert était impossible, étant donné l’état de santé du pape, qui alla en déclinant très vite tout le mois suivant ; il mourait, dans la nuit du 28 au 29 août, à 1 heure et demie du matin.

Après autopsie et embaumement du corps, il y eut des funérailles simples, avec un grand afflux de fidèles. Le cercueil fut déposé provisoirement dans un caveau