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PIE VI. L’ANCIEN RÉC-IME

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révolte des séminaristes. Les promesses faites par .Joseph II de revenir sur ses premiers ordres n’étant pas tenues. Bruxelles se soulève, en septembre 1787, mais l’empereur ne veut rien céder et, au début de 1788, les troubles reprennent dans toute la Belgique, particulièrement à Malines, à Ypres, à Anvers. A la lin du mois d’octobre, le général en chef des troupes impériales, lance une proclamation, où il menace de réduire en flammes les villes rebelles. Les Brabançons ripostent en déclarant Joseph II déchu de ses droits sur les duchés de Loi hier, de Brabant et de Limbourg, et essaient d’entraîner les Flamands dans le mouvement. Le cardinal de Malines. réfugié à Maëstrieht, est dénoncé par le gouverneur Trauttmansdorfî comme l’initiateur dé la révolte. Mais Trauttmansdorlï essaie d’apaiser celle-ci en publiant deux proclamations impériales par lesquelles sont révoquées les innovations fâcheuses de 1781-1781. Cobenzl est chargé, trop tard, par Joseph II de rétablir l’ordre, et l’empereur se tourne vers Pie VI, qu’il tente d’atteindre par l’intermédiaire de Kaunitz et du cardinal Herzan. Le bref du 13 janvier 1790 est un appel charitable à la concorde.

Ce bref arrivait malheureusement trop tard. Les Pays-Bas avaient, le. Il janvier 1790, institué le congrès souverain des États confédérés de Belgique et, bientôt, découragé et désespéré, Joseph II mourait (20 février 1790) ; quelques jours avant, le 12 janvier, les Belges avaient déclaré abolie la législation ecclésiastique qu’il avait inaugurée, et mis le feu au séminaire général. Le successeur de Joseph II fut son frère, le grand-duc de Toscane, Léopold, élu au mois de mai 1790. Malgré ses promesses, le mouvement révolutionnaire belge ne s’arrêta point, les catholiques brabançons se rappelant les initiatives de Léopold à Florence. Toutefois, par crainte des ambitions françaises, les patriotes belges consentirent à proclamer Léopold duc de Brabant, le 30 mai 1791. Il est vrai qu’il mourait peu de temps après, et l’avènement de son fils, François II, fut en quelque sorte le signal des guerres qui allaient marquer l’ère révolutionnaire.

La paîinsule ibcrique.

Eu Portugal, la mort de

Joseph I effet l’avènement de sa fdle Marie I re avaient mis un terme aux violences anticléricales de Pombal. La nouvelle souveraine fut, en particulier, une zélatrice de la dévotion au Sacré-Creur, et elle s’efforça de venir en aide aux jésuites portugais réfugiés dans les domaines du Saint-Siège. Pombal fut condamné à la prison, mais gracié en raison de son grand âge (il avait 80 ans), et mourut dans une de ses propriétés, le 5 mai 1782. Mais du régime instauré par Pombal étaient issues, en matière de sécularisation et de discipline monastique, de nombreuses difficultés que le nonce essaya activement de résoudre jusqu’à sa mort, survenue en 1781.

En Espagne, on constate, à la même époque, d’indéniables efforts pour annuler les effets de la politique anticléricale du milieu du xviir 3 siècle. Là encore, la situation des couvents était pitoyable, marquée par l’incurie administrative et les désordres spirituels. Le nonce, Mgr Vincenti, soutient le principal ministre, le comte de Florida Blanca, dans sa politique restauratrice. Aussi, lorsque Charles III mourut. Pie VI, dans son panégyrique du 3 mars 1789, crut possible d’être aussi modéré à son endroit qu’il devait l’être à l’égard de Joseph II. Cette attitude était dictée à la fois par une paternelle charité et par le désir de voir liquider définitivement un douloureux passé.

Xaples.

Les Bourbons de Xaples n’avaient pas

causé à Rome moins d’ennuis que ceux de Madrid, non qu’ils fussent intervenus dans le conflit qui mit aux prises Pie VI et le fondateur de la congrégation des rédemptoristes. saint Alphonse de Liguori, évêque de

Sainte-Agathe-des-Goths, à qui le Saint-Père ne rendit sa confiance qu’en 1783. C’est à l’occasion de la nomination d’un archevêque à Xaples, en 1776, par Pie VI et le roi Ferdinand, que les mésintelligences se décelèrent, le premier refusant d’accorder le cardinalat à l’archevêque promu, Filingeri. Ferdinand avait soutenu l’ambition de ce dernier qui, de tendance janséniste, s’était montré très favorable à l’autorité royale. Il en fut de même à l’occasion d’André Ferrao proposé pour l’évêché de Potenza, en 1783, et la correspondance qui fut échangée, à cette occasion, fut particulièrement dépourvue d’aménité.

Il en devait être encore plus ainsi à l’occasion de l’affaire de la « haquenée ». On entend par là le tribut dû au pape par le roi des Deux-Siciles, d’un cheval blanc caparaçonné et de 7 000 ducats d’or à lui offrir la veille de la Saint-Pierre en signe de dépendance féodale. Dès 1776, à l’instigation de son ministre Tanucci, Ferdinand IV essaya d’éluder cette obligation, et sans doute Tanucci paya les frais de cette première escarmouche, car, sur l’intervention du roi d’Espagne, père du roi de Xaples, il fut remplacé par Délia Sambucca. Mais celui-ci, sans contester d’abord le tribut en question, ergota sur ses modalités, au point que, en 1788, dans une cérémonie solennelle, tenue le 27 juin à Saint-Pierre, le pape protesta contre la violation, par le roi, de ses anciens serments. Le lendemain, au lieu précis où avait traditionnellement lieu la présentation de la haquenée, le fiscal lut un mémoire sur les preuves historiques propres à justifier ce tribut. Le même jour, des dépèches de protestation furent adressées par la secrétairerie d’État à l’F)spagne, à la France, au royaume des Deux-Siciles lui-même, et tous les actes relatifs à la haquenée furent imprimés et envoyés aux nonces. Ferdinand IV ne changea pas de détermination ; les événements révolutionnaires survenus dans la péninsule devaient balayer les résidus de ce conflit, minime en soi, mais où la mauvaise volonté d’un roi catholique avait pu se vérifier.

La France.

Ce royaume devait apporter à Pie VI

d’autres sujets d’ennuis. Non seulement les progrès des audaces philosophiques avaient décuplé dans le dernier tiers du XVIIIe siècle, sans que la défensive spontanée ou organisée de l’Église de France parût mieux s’organiser, mais un grave scandale avait surgi, dont les adversaires de la catholicité pouvaient tirer de grands avantages. L’évêque de Strasbourg. Louis de Rohan, devenu cardinal en 1778, à la suite de sa fâcheuse ambassade à Vienne, menait une vie extrêmement dissipée, qui lui valut du pape, à l’occasion de l’incendie de son beau château de Saverne, en septembre 1779, une très discrète admonestation. Malgré ces conseils, le lamentable prélat fut l’un des principaux acteurs de la fameuse « affaire du collier >< de la reine, où fut mêlé l’extraordinaire aventurier Cagliostio. Le 15 août 1785, Rohan était arrêté sur les ordres exprès de Louis XVI et incarcéré à la Bastille. Il aurait dû comparaître devant une commission ecclésiastique, il accepta d’être jugé par le Parlement, et c’est l’assemblée du clergé qui crut devoir protester contre ce qui semblait une violation de l’immunité ecclésiastique. Le scandale et la procédure qui en découlait bouleversèrent Pie VI, au point qu’il tomba malade. Toutefois, une congrégation réunie par lui le 5 février 1786 retira à Rohan tous les droits du cardinalat, jusqu’à ce qu’il se fût justifié. Renvoyé des fins de la cause par le Parlement (31 mai), Rohan, démissionnaire de sa charge de grand aumônier, s’était retiré, sur les ordres du roi, dans son abbaye de la Chaise-Dieu, où il n’eut connaissance que le 22 juin du décret romain de février. L’effet de ce décret devait être prorogé de six mois de la volonté propre du pape, qui. le 20 septembre, alla jusqu’à lui écrire pour lui