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PIE V

PIE VI

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ouvrages de I). L. Srrrano et de L.-P. Gachard, mentionnés ci-dessus ; présentation toute nouvelle des faits dans Pastor, op. cit. — (i. I.e catéchisme romain : SI. L. Corvln von Skil>niewski, Gesch. des rôm. Kalechismus, Rome-Ratisbonne, 1903. — 7. Pie V et l’Islam : P. Deslandres, Saint Pie V et la défaite de l’islamisme, Paris, 1911 ; Jurien de La (Bavière, La guerre de Chypre et la bataille de Lépante, 2 vol., Paris, 18.88.

B. Hedde et É. Amann.

PIE VI, pape du 15 février 1775 au 28 août 1799. I. Les antécédents et le conclave. II. Pie VI et l’ancien régime. III. Pie VI et la révolution française.

1. Les antécédents et le conclave.

Sorti d’une vieille famille de Cé&ène, peut-être d’origine suédoise, celui qui devait être le pape Pie VI naquit de Marc-Aurèle-Thomas Braschi et d’Anne-Thérèse Bandi. Il eut trois, frères, dont deux morts en bas âge et quatre sœurs, dont la seconde seule, Julie-Françoise, devait avoir une postérité. Ange Onuphre-Melchior-NoëlJean-Antoine, l’aîné de tous, le futur pape, vint au monde le 25 décembre 1717. Pieusement élevé par sa mère, il fut confié aux jésuites à l’âge de dix ans, et montra des qualités remarquables pour les études classiques. Docteur in ulroque jure, dès le 20 avril 1735, avocat et agrégé au Collège des Vingt-Juristes, à l’université de Césène, il ne songeait pas à la cléricature et partit même à Ferrare étudier à la célèbre université de cette ville. Il devait y rencontrer l’aide matérielle et morale d’un oncle maternel, Jean-Charles Bandi, auditeur du cardinal napolitain Buffo, légat du Saint-Siège pour la province de Ferrare. Cette protection lui valut de devenir le secrétaire du cardinal Bulïo, et de s’initier aux affaires administratives de l’État romain. En 1740, lors de la mort du pape Clément XII. il partit à Borne comme conclaviste de Buffo, et pendant les six mois que dura le conclave, il put compléter son éducation politique. Après l’élection de Benoît XIV (17 août 1740), Bufïo devint doyen du Sacré Collège et évêque suburbicaire d’Ostie et de Velletri, et Jean-Ange (le futur pape), auditeur de BulTo : à ce titre, il eut à administrer les deux diocèses d’Ostie et de Velletri, et fut ainsi amené à sauvegarder cette seconde ville au moment des hostilités ouvertes entre l’Autriche et les Deux-Siciles, lors de la mainmise de l’infant don Carlos sur ce royaume.

Diverses difficultés ayant surgi du côté de la cour de Naples, en matière de droit canon (à l’occasion des poursuites contre un ecclésiastique accusé de magie et de sorcellerie), c’est à Braschi que Benoît XIV confia le soin de les résoudre en 1740. Il réussit si bien qu’on le récompensa en lui donnant le titre de camérier secret. Bufïo put bien mourir en 1753, Braschi n’en devint pas moins secrétaire particulier du pape. puis chanoine de Saint-Pierre ; ce n’est d’ailleurs qu’en 175K qu’il reçut les ordres majeurs et le sacerdoce. Benoit XIV fit encore de lui, avant de mourir (3 mai 1758), un référendaire de la Signature. Le successeur de Benoît XIV, le cardinal Rezzonico, élu le 6 juillet 1758, sous le nom de Clément XIII, devait continuer à Braschi les faveurs de Benoît XIV. Auditeur du cardinal Bezzonico, neveu du nouveau pape, Braschi assista, sans y prendre personnellement une part active, aux efforts de celui-ci pour résoudre les grandes difficultés auxquelles l’Église fut alors en butte, en particulier l’affaire si épineuse des jésuites. L’attitude exportante de Braschi fut alors jugée sévèrement par les exaltés. Elle ne l’empêcha pas de succéder, en 176(5, à Mgr Canoli comme trésorier de la Chambre apostolique, véritable ministre des Finances de l’État romain.

Les difficultés graves qui avaient marqué le pontificat de Clément XIII devaient, après la mort de celui-ci (2 février 1769), rendre tumultueux le conclave qui aboutit le 18 mai à l’élection du cardinal Ganganelli,

sous le nom de Clément XIV. C’est à celui-ci que Braschi dut, le 20 avril 1771. le chapeau de cardinal avec le titre de Saint-Onuphre et, bientôt après, les commendes de l’abbaye de Subiaco et du couvent des camaldules de Saint-Grégoire-au-mont-Cœlius. Son éloignement de Borne l’empêcha de prendre part aux manœuvres politiques qui aboutirent à la réconciliation de la papauté et des États bourboniens. Mais. après la mort de Clément XIV (le 22 septembre 1774), la situation grave où se trouvait alors l’Église voulut qu’on songeât à Braschi pour la tiare. Dès le 21 octobre, il obtenait 4 voix au conclave, ce conclave si durement satirisé dans les pasquinades du temps. Soutenu par le cardinal français de Bernis, la candidature de Braschi, bien que frappée d’exclusive par le Portugal, gagne des sympathies et, le 15 février 1775, Braschi était élu au bout d’un conclave de 4 mois et jours : il fut sacré évêque quelques jours après (le 21 février).

II. Pie VI et l’ancien régime. — Pape relativement jeune, d’excellente santé, instruit, versé dans les questions administratives, peu marqué par les conflits qui avaient secoué l’Église sous ses prédécesseurs, Pie VI vit son règne s’ouvrir sous d’heureux auspices et, cependant, dans sa première encyclique Inscrutabili divins sapientiæ du 25 décembre 1775, il faisait allusion aux progrès de l’athéisme, aux accusations portées pour le malheur de la société contre l’accord entre le pouvoir et l’Église, semblant ainsi prévoir le grand drame de la Révolution. Toutefois, c’est à des tâches gouvernementales et essentiellement romaines qu’il s’adonna en premier lieu.

L’État pontifical.

Celui-ci était, par suite de

circonstances historiques et géographiques diverses, dans une situation pitoyable : encouragements à l’agriculture, dessèchement des marais de l’agro romano, réorganisation des finances épuisées par les emprunts, modification dans la législation, principalement en ce qui concerne la procédure criminelle, au moyen de l’appel au tribunal de la Rote, poursuites contre les fonctionnaires prévaricateurs, comme ce Nicolas Bischi, favori de Clément XIV et agent principal de l’annone, reprise des travaux à la basilique de Saint-Pierre, création du musée du Vatican et développement du musée du Capitole, telles sont les principales directions où s’exerça d’abord l’activité de Pie VI.

Mais il n’y borna point ses efforts. Dès le début de son pontificat, il opère quelques mutations dans le personnel diplomatique. Ses relations avec les puissances européennes paraissent heureuses, particulièrement du côté de l’Autriche. Il n’a d’ennuis qu’avec la république de Venise, au sujet des abbayes et bénéfices de patronage laïque qu’elle sécularise. En 1778, il envoie son neveu Bomuald Onesti-Braschi porter la barette aux nouveaux cardinaux français, La Rochefoucauld, archevêque de Rouen, et Guémenée Rohan. coadjuteur de Strasbourg.

Les questions de discipline et de dogmatique ne le laissèrent pas non plus insensible. Dès le début de son pontificat, il avait dû intervenir dans les affaires de l’ordre de Malte, à Malte même et en France, où il avait autorisé la fusion des antonins avec les hospitaliers. Plus grave apparaissait le problème doctrinal.

La Hollande.

L’Église schismatique d’itrecht

s’agitait ; son chef, l’archevêque Van Nieuwen, prétendait que Rome consentirait à s’accorder avec elle. Le nouvel évêque de Harlem, Brockmann, alla même jusqu’à notifier à Pie VI son élection ; le pape répliqua par des brefs d’excommunication, et il fit comprendre au cardinal de Bernis que son intervention en faveur des réfractaires était inadmissible, leur soumission étant, avant toute autre chose, exigée. Voir l’ait. UrRECur (Église d’).