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PIE V. LUTTE CONTRE LES MUSULMANS

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dominical et ferlai était restaure, plusieurs fêtes de saints déclassées ; on adoptait le texte île la Vulgate pour les psaumes et les levons de la sainte Écriture, on introduisait de notables changements dans les leçons des saints et des fêtes.

2. Missel.

En 1570 parut un nouveau missel qui rendit obligatoire la récitation du psaume Introibo et du Confiteor au début de la messe, du Placent à la fin du sacrifice, qui inséra le Suscipe sancta Trinitas, régla les rites de VHanc igitur et du Ver ipsum, précisa la formule et les cérémonies de la bénédiction finale et imposa, à la fin de la messi-, la lecture du début de l’évangile de saint Jean.

III. Zèle missionnaire. —— Le pape envoya de nouveaux apôtres dans « les Indes orientales et occidentales ». exhortant à diverses reprises les rois d’Espagne et de Portugal, le vice-roi du Pérou, le cardinal Spinosa et l’archevêque de Mexico à favoriser la conversion des infidèles. Voulant supprimer un double obstacle au progrès de la religion, il recommandait aux Espagnols de cesser de scandaliser les indigènes de leurs colonies et aussi de les traiter humainement.

IV. Lutte contre les musulmans.

C’est peut-être ce qui l’a rendu le plus populaire car il a réalisé, par son énergie et sa persévérance, le rêve séculaire de la papauté. La puissance turque atteignait alors son apogée, elle avait failli s’emparer de Malte défendue par l’héroïsme de ses chevaliers et menaçait les côtes d’Italie. Dès 150(5, le pape avait écrit aux princes protestants d’Allemagne : « Oublions toutes nos querelles en présence du péril commun. » Il délégua des nonces aux princes italiens, au doge de Venise, au roi de Pologne, à Maximilien, à Charles IX, au roi d’Espagne. Il ne put rien obtenir de l’empereur, ni de la France, ni du Portugal, mais il finit par réunir aux galères pontificales les flottes espagnole et vénitienne, sous le commandement suprême de don Juan d’Autriche. L’alliance fut signée le 25 mai 1571 et la flotte partit le 25 août. La rencontre s’opéra le 7 octobre au golfe de Lépante, une rude bataille se livra de midi à cinq heures du soir et se termina par la déroute des Turcs. Aussi, ils pouvaient déplorer 30 000 morts, dont leur chef. Ali-Mouezziu et une dizaine de pachas, 6 000 prisonniers, 15 000 rameurs chrétiens délivrés ; 60 galères étaient anéanties et 180 capturées.

On assure que Pie V apprit aussitôt, par communication surnaturelle, cette éclatante victoire. Voulant montrer qu’il l’attribuait à l’intercession de la sainte Vierge, il fit ajouter aux litanies de Lorette l’invocagion Secours des chrétiens, priez pour nous et fixa au 7 octobre la fête de N’otre-Dame de la Victoire, fête que Grégoire XIII transféra au premier dimanche d’octobre sous le vocable de Solennité du rosaire. C’est à Lépante qu’a commencé la décadence des Turcs et que lut entamée la légende de l’invincibilité des Hottes musulmanes. Le pape voulut récompenser le courageux commandant des galères pontificales et ressuscita pour Marc-Antoine Colonna la splendeur oubliée des triomphes romains. De son côté, le sénat de Venise fit peindre la bataille de Lépante dans la salle de ses séances avec cette devise : Non virlus, non arma, non duces, sed Maria rosarii viclores nos fecit.

Quelques mois plus tard (1 er mai 1512), le pontife, épuisé par une cruelle maladie, quittait ce monde pour recevoir la récompense de ses vertus ; tous les catholiques prirent le deuil, mais le sultan ordonnait à Constantinople trois jours de réjouissances publiques en signe d’allégresse nationale ; il ne pouvait marquer d’une façon plus manifeste la grandeur de la perte faite par le monde chrétien.

I. Sources.

In grand nombre des actes ecclésiastiques de fie V ont été publiés dans la Biillurium collectio de Coc DICT. DE THÉOL. CATHOL.

quelines, Home, t. iv, 2 « part., 17I. » >, p. 276-408 ; t. iv, 3° part., 1710, p. 1-199 ; réimprimés dans le Bullarium romanum, éd. de Turin, t. vii, 1862, p. 422-973 ; voir aussi les bullaires des divers ordres religieux : Bullarium ordinis pnvdicatorum, t. v, Home, 1733, p, 109-298 ; Bullarium O. F. M. capucçinorum, t. i, Home, 17 10, p. 31-31 ; Bullarium carmelilanum, t. ii, Home, 1718, p. 111-172 ; Bullarium O. eremilarum S. Auguslini, Home, 1028, p. 311-317 ; les pièces relatives aux missions dans Bullarium pontificium S. Congregationis de propaganda fuie. Home, et dans Bullarium pa.trona.tus Porlugalliæ, Lisbonne, 1868, p. 211231 ; les pièces relatives au Saint-Olïice, dans A. Diana, Liftera’, décréta et constitutiones recentiorum pontificum ad tribunal Sancli Officii spectantes, dans les Opéra de Diana, t. v ; documents relatifs à la Suisse, dans C.aspar Wirz, Bullen und Breuen ans ital. Archiven (1166-1623) = Quellen zur Schiveizer Gesch., t. xxi, Bâte, 1902,

Les pièces de caractère diplomatique sont loin d’être toutes publiées ; un recueil important est celui de F. Goubau, Apostolicarum PU V, P. Al. epislolarum libri V, Anvers, 1040 ; de Potter en a traduit quelques-unes dans Lettres de S. Pie V sur les affaires religieuses de son lemps en France, Paris, 1820 ; quelques pièces inédites dans W.-E. Schwarz, Der Briefweclisel des Kaisers Maximilian II. mil Papst Pius V. (Briefe und Akten zur geschicbte Maximilian II., I" part.), Paderborn, 1889 ; dans L.-P. Gachard, Correspondance de Philippe II sur les affaires des Pays-Bas, t. i, Bruxelles, 1848 ; dans D. L. Serrano, Correspondencia diplomàtica entre Espana y la S. Sede, durante et pontificado de S. Pio V, 4 vol., Rome, 1914 ; dans L. von Pastor, ouvrage mentionné ci-dessous, appendice, p. 021-055 ; dans Ch. Hirschauer, ouvrage mentionné ci-dessous, documents, p. 90-187. — Le Diarium pontifieatus PU V, rédigé par Cornélius Firmanus, Valic. lat. 985, n’a pas encore été édité, sauf quelques fragments dans L. von Pastor, loc. cit.

II. Travaux.

Biographies.

Pie V, ayant mérité

les honneurs des autels, a été l’objet de nombreuses biographies de caractère hagiographique ; en voir l’énumération dans Pastor, op. cit., p. 050-000. On ne trouvera ici que les plus anciennes, qui sont les sources de toutes les autres, et quelques récentes.

La plus ancienne est une Vita di Pio V, anonyme, mais qui est certainement de Tom. Porcacchi, publiée par Van Ortroy, dans Analecta bollandiana, t. xxxiii, 1914, p. 207215, avec deux autres documents inédits. Viennent ensuite Girol. Catena, Vita del, gloriosissimo papa Pio V, Rome, 1580, et éditions subséquentes ; J.-A. Gabuzzi, De vita el rébus geslis PU V, P. M., libri VI, Rome, 1005, reproduit dans les Acta sanctorum, mai 1. 1, Anvers, 1080, p. 017-714 ; A. Caraccia da Ripalta, O. P., Brevis enarratio geslorum S. PU V, Rome, 1029 ; parmi les modernes :.1. Mendham, The life and pontificale of St. Pius V, Londres, 1832 ; de Falloux, Histoire de saint Pic V, 2 vol., Paris, 1840 ; V.de Brognoli, Studi storici sul re-gno di S. Pio V, 2 vol., Rome, 1883 ; G. Grente, Saint Pie V, Paris, 1904, dans la coll. Les saints.

Études.

L. von Pastor, Geschichle der Pàpste, t. viii,

tout entier, Fribourg-en-B., 1920, étude très complète sur tout l’ensemble du pontificat. — Les anciens Annales ecclesiastici de Bzovius, Pius V, romanus pontifex, sive Annalium ecclesiasticorum tomus ultimus ( 1566-1572), Rome, 1072, et de Laderchi, Annal, eccl. ab anno 1566, Rome, 1728-1737, 3 vol. numérotés t. XXII, xxiii, xxiv (dans l’édition de Barle-Duc, t. xxxv-xxxvii). — 1. Sur le conclave : Benno Ililliger, Die Wahl Pius V. zum Papste, Leipzig, 1891 ; P. Herre, Pnpsdim und Papstwalde im Zeilaller Philipp’s IL, Leipzig, 1907. — 2. Rapports avec l’Allemagne : outre le livre de W.-E. Schwarz signalé plus haut, O. Braunsberger, S..1., Pius V. und die deulschen Katholiken, Fribourg-cn-B., 1912. — 3. Rapports avec la France : Ant. Degert, Procès de huit évêques français suspects de calvinisme, dans Bev. des yuest.hist., t. lxxvi, 1904, p. 01-108 ; La Perrière, La Ira isième guerre civile et la paix de Saint-Germain ( 1568-157(1), même revue, t. xiii, 1887, p. 08-128 (reproduit dans l’introduction aux Lettres de Catlierine de Médicis, t. in) ; Tauzin, Le mariage de Henri IV et de Marguerite de Valois, ibiil., t. lxxviii, 1900 ; V..Martin, Le gallicanisme et la réforme catholique, Paris, 1919, passim ; Ch. Hirschauer, La polilique de saint Pic V eu France ( 1566-1572), Paris, 1921. — 4. Rapports avec l’Angleterre ; l’essentiel avec référence aux ouvrages plus développés dans J. Trésal, Les origines du schisme anglican (1547-157 1) (voir surtout C. XIV), Paris, 1908. — 5. Rapports avec l’Espagne : les deux

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