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PIE IV. LE CONCILE DE T H ENTE

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joie. On ne saurait donc attribuer à un autre ce qu’en toute justice il réclame comme sien, ni nier que fut atteint son but de bono papa et de bon christiano : l’achèvement du concile (1 décembre 1563), sa confirmation (26 janvier 1564). et le commencement de la mise à exécution de ses décrets.

III. Lf. complément de l’œuvre conciliaire. — De la fin du concile à la mort du pape (9 décembre 1565) deux années seulement s’écoulèrent. Elles furent laborieusement employées à terminer l’œuvre de Trente. Le concile, en effet, avant de se séparer, avait chargé le Saint-Siège de mettre la dernière main à divers travaux entrepris par lui et restés inachevés. Continuatio sessionis XXV. Die IV decembris. De indice librorum. catéchisme, breviario, missali.

1° Ce fut d’abord l’Index dit de Trente. Celui de Paul IV (janvier 1559) était tellement rigoureux qu’on n’avait pu, même en Italie, l’introduire. Fr. Heinrich Reusch, Die Indices librorum prohibitorum des XVI. Jahrhunderts, Publication des litterarischen Vereins in Stuttgart, Tubingue, 188C, p. 176-209. Pie IV chargea d’abord le grand inquisiteur, le cardinal Ghislieri (le futur Pie V), de l’adoucir, puis, par bref du 14 janvier 1562, il renvoya l’affaire au concile, qui nomma, pour s’en occuper, une commission de 21 membres (9 archevêques, 9 évêques, 1 abbé bénédictin, le général des observantins et celui des augustins). Présidée par l’archevêque de Prague, Brus, réputé pour ses idées modérées et sa connaissance des écrits hérétiques, cette commission fit un travail de déblaiement considérable et formula en règles un certain nombre de principes, qui restèrent en usage dans la suite (ces dix règles se trouvent d’ordinaire à la fin de l’édition des Canones et décréta sancti concilii Tridentini). Il y eut trois classes d’auteurs mis à l’Index : a) les hérésiarques dont toutes les œuvres sont condamnées ; b) les non-catholiques ou les catholiques dont certains livres sont prohibés ; c) les anonymes. Beaucoup d’ouvrages ne sont plus défendus, comme auparavant, d’une façon absolue, mais seulement donec corrigantur : ce qui était une innovation importante. L’œuvre interrompue par la clôture brusquée du concile, Pie IV chargea une délégation de quatre membres de la revoir ; et sa bulle Dominici gregis custodiæ du 21 mars 1564 en publia le résultat. Reusch, op. cit., p. 243-282. Certaines éditions du concile de Trente donnent l’Index de Pie IV, précédé des x règles susdites. Voir, pour plus de détails, l’article Index.

2° Dès sa première réunion, le 5 avril 1546, le concile de Trente s’était plaint que fût insuffisante l’instruction religieuse du peuple, que parents et maîtres négligeassent de la donner ; et il réclame, pour les enfants et les gens peu instruits, un résumé clair et court en latin de la doctrine catholique, que chaque pays traduirait en langue vulgaire. Dans la dernière période de l’assemblée, l’empereur Ferdinand réclama à diverses reprises ce catéchisme. Voir en particulier son mémoire du 4 mai 1562, dans le Plat, op. cit., t. v, p. 232-259. Cf. Grisar, J. Lainez dispulationes Tridentinæ, t. ii, p. 21 sq. ; G. Constant, Concession à l’Allemagne de la communion sous les deux espèces, p. 215, n. 3. L’empereur ajoutait qu’il devrait insister sur les points séparant le catholicisme des erreurs nouvelles. Le 3 janvier 1563, le roi de France, par l’intermédiaire de ses ambassadeurs, fit la même demande. C’est en mars suivant que les Pères commencèrent à s’occuper de cet exposé sommaire de la doctrine catholique ; ils en répartirent la rédaction entre Espagnols, docteurs de Louvain, Français et autres théologiens. Elle était assez peu avancée quand, en décembre 1563, ils quittèrent Trente. Pie IV confia alors aux archevêques de Zara et de Lanciano, Muzio Calini et Leonardo Marini, le soin de la compléter avec l’aide d’Egidio Foscarari,

évêque de Modène, et du Portugais Francisco Foreiro (tous, sauf Calini, étaient dominicains). L’humaniste Giulio Pogiani consacra les derniers mois de 1564 à lui donner la forme qui en fit une véritable œuvre classique. En avril 1565, le catéchisme romain, divisé en quatre parties (articles du symbole des apôtres sacrements — commandements de Dieu — prière, avec une splendide paraphrase du Pater noster), était achevé ; mais il ne parut, chez l’éditeur pontifical. Paul Manuce, qu’en 1566, après la mort de Pie IV.

3° C’est aussi à Giulio Pogiani qui écrivit les leçons, à Calini, Marini et Foscarari, chargés, avec Sirleto et quelques autres, d’expurger les livres liturgiques, qu’est due la revision finale du bréviaire et du missel. A l’été de 1563, le concile avait entrepris le travail ; mais c’était déjà bien tard. L’œuvre se termina à Rome, en 1564 ; mais, comme pour le catéchisme romain, elle ne fut éditée que sous Pie V.

4° A la suite des controverses bibliques suscitées par la Réforme, le concile, dans sa ive session (8 avril 1546), avait décrété qu’une édition révisée et authentique de la Vulgate était nécessaire : quam emendatissirne imprimatur. Dccretum de editione et usu sacrorum librorum. Au commencement (1561), ainsi qu’à la fin de son pontificat. Pie IV s’efforça de réaliser l’ordre des Pères. Mais c’était un trop long travail pour qu’il en vît l’achèvement. Pie V, Grégoire XIII, Sixte-Quint, Grégoire XIV le continuèrent ; et c’est le bref Ad perpetuam memoriam du 9 novembre 1592 qui accrédita l’édition que nous avons encore, et dont Pie X a fait entreprendre la revision.

Pour éditer les divers ouvrages dont le concile avait décidé la revision ou la publication, Pie IV avait appelé de Venise le parfait latiniste, Paul Manuce, dont l’imprimerie prospéra tant que le pape vécut. Ant.-Aug. Renoiiard, Lettere di Paolo Manuzio, copiute sugli autographi esistenti itella biblioteca Ambrosiana, Paris, 1834 ; et du même, Annales de l’imprimerie des Aides, 3e édit., 1884, p. 403.

5° C’est surtout à la Professio fidei Tridentina, dite aussi profession de foi de Pie IV, que le pape attacha son nom. Le concile, dans ses deux —dernières sessions. Il novembre et 4 décembre 1563), afin de préserver le troupeau des erreurs nouvelles, avait ordonné que tous les primats, archevêques, évêques et cardinaux, que tous ceux qui enseignaient, étaient revêtus de quelque charge ou dignité ecclésiastique, jouissaient d’un bénéfice, seraient tenus désormais à faire une profession de foi publique et de jurer obéissance à l’Église romaine. Sessio xxiv, De reformationc, can. 1 et 12 ; sessio xxv, De re/ormatione, can. 1. Deux bulles du 13 novembre 1564, dont la première in sacrosancta concerne tous les professeurs d’universités et de collèges, et la seconde Injunctum nobis s’adresse aux bénéficiers ecclésiastiques et aux supérieurs d’ordres, même militaires, imposèrent la nouvelle forme du serment. Bullarium romanum, t. vii, col. 523 sq. ; édit. 1638, t. ii, col. 94-98. La seconde seule se trouve ordinairement dans les éditions du concile de Trente.

Cette formule, le concile l’avait esquissée dans le 17e des canons super abusibus sacramenti Ordinis qui furent soumis aux Pères le 30 avril 1563. (La copie de ces canons fut jointe à la lettre des ambassadeurs du 4 mai 1563 [Staatsarchiv de Vienne, Religionsacten, x ], et communiquée à la commission des théologiens impériaux réunis à Inspruck : on en peut voir le texte dans Le Plat, op. cit.. t. vi, p. Il 12.) Pie IV s’en inspirera. Déjà le 4 septembre 1560, il avail imposé aux évêques cette formam juramenti :

Symbolmn âpostolorum et alia… eredimus. Sacra Scriptufæjuxta s. Mal ris Ecclesiae sensum % et Patrum consensum interpretandae sunt. S. apostolica Sedes et romanus pontifex in universum orbem tenel prirnatum… Novae l<-^is