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PIE IV. LK CONCILE DE TRENTE

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<le Milan (1560), nanti d’une partie des biens des C.aratïa. secrétaire d’État, Charles Borromée continua à jouir des faveurs pontificales et des gratifications de Philippe 11. tant que vécut sou oncle.

Ce népotisme, que l’on a appelé bourgeois, n’avait rien qui put choquer les contemporains ; très normal à leurs yeux, il se distinguait de celui qui depuis trois quarts de siècle, surtout au temps des Riaro, des Rovere, « les Borgia, des Farnèse et des Caraffa, avait livré l’Église aux mains de neveux intrigants, dont l’ambition sans frein ou les malversations avaient irrité le peuple et compromis, dans des luttes séculières, l’autorité spirituelle du Saint-Siège. Pie IV fut même le premier pape de la Renaissance à réagir avec force contre l’ancien népotisme : les neveux de Paul IV, après une instruction sévère, furent livrés aux tribunaux, jetés en prison, privés de leurs biens, et trois d’entre eux mis à mort. Cette rigueur lit scandale ; et Pie V, ami de la famille des condamnés, devait reviser, casser le procès et rendre aux survivants leurs biens, t.. Duruy, Le cardinal Carlo Caraffa (1510-1561), Paris, 1882 ; R. Ancel, La disgrâce et le procès des Caraffa d’après des documents inédits, 1559 à 1567, Maredsous, 1909.

On peut voir là le premier essai de Pie IV pour réformer les abus de la curie. N’avait-il pas déclaré, à son premier consistoire, qu’il entendait mener à bien la réforme. S’il révoque en bloc les mesures excessives et inappliquées de son prédécesseur, il nomme, à peine pape, une commission pour réformer les tribunaux pontificaux et le conclave. Sans retard aussi, il se préoccupe d’achever l’œuvre de réforme par excellence, celle sans laquelle toutes les bulles pontificales resteraient, comme par le passé, sans effet : le concile de Trente.

II. L’achèvement du concile de Trente. — Ce concile sera étudié dans un article particulier ; aussi y renvoyons-nous. Toutefois, il est quelques questions s’y rattachant qu’une notice sur Pie IV, si brève fût —elle, ne saurait négliger.

Certains panégyristes, bien intentionnés mais distraits, prétendent qu’à saint Charles Borromée, autant et plus même qu’à son oncle, sont dus la reprise, la direction et l’achèvement du concile de Trente (15601564 i : C’est à saint Charles Borromée, autant qu’à Pie IV, qu’il faut attribuer l’habileté avec laquelle on déjoua les manœuvres de l’empereur et de la cour de France », qui s’opposaient à la troisième réunion du concile. C’est saint Charles encore qui déjoua les prétentions des princes favorables aux protestants réclamant un concile nouveau. C’est par sa décisive intervention que les travaux de l’assemblée interrompue furent repris au jour de Pâques de 1561. Bref, la promptitude, le zèle, la prudence et la régularité que l’on remarqua dans la conduite de toutes les affaires temporelles et spirituelles furent dus à l’initiative de l’énergique cardinal. » F. Mourret, op. cit.. t. v, p. 470.

D faut convenir que la part qu’il a prise dans la marche et la conclusion de ce mémorable concile est prépondérante… On ne peut s’empêcher de croire et de reconnaître qu’il a dû être souvent l’instigateur des conseils, des observations et des ordres qu’il transmit au nom du pontife., Ch. Sylvain. Histoire de saint ries Borromée, Lille. 1884, p. 162 sq. C’est oublier que suint Charles achevait sa vingt et unième année à l’a ènement de son oncle, que, s’il savait latin et droit, son esprit manquait de formation tant philosophique que littéraire, comme le prouvent les exercices auxquels il se livra durant le pontificat de Pie IV (Noctes Vaticanæ, s<— u Sermones habili in Academia a S. Carlo Borromeo, Romæ, in palatio Vaticano… J.-A. Saxius notis illustravit, Milan. 1718). On le dit a cette époque d’ingegno molto tarde. Ses études théologiques ne sont

même pas commencées. Cf. J.-P. Giussano, Vita di S. Carlo Borromeo, Home, 1610, p. 13 sq. Vouloir qu’il eût alors dirigé l’Église, imposé au concile de Trente une ligne de conduite et inspiré la réforme, c’est invraisemblable et c’est lui attribuer gratuitement une présomption peu commune. De fait, qui a eu en mains, comme nous, la correspondance de la secrétairerie d’État, de 1560 à 1565, est convaincu que Borromée ne fut rien autre (et c’est beaucoup) qu’un secrétaire assidu, laborieux et fidèle ; mais que Pie IV a toujours gardé la direction des affaires, qu’il lui a dicté le fond et le sens de chaque dépêche, n’hésitant pas à descendre lui-même dans les détails infimes. Tel est le sentiment d’un des derniers historiens de saint Charles, L. Celier, Saint Charles Borromée, 1912, dans la collectioh Les saints. Tel est le sentiment de ses deux premiers biographes, Bascapè, son ami, De vita et rébus geslis Caroli cardinal is archiepiscopi Mediolanensis libri VII, Ingoldstadt, 1591, dix-neuf ans avant la canonisation, et Giussano, son secrétaire et son familier (op. cit.), qui, au lieu de consacrer plusieurs chapitres au concile de Trente comme Ch. Sylvain, retracent rapidement « la diligence et les fatigues » du jeune cardinal dans la rédaction des dépêches pontificales, se gardant bien de lui en attribuer l’inspiration. Ed egli c.onsultando ogni cosa con esso Somma pontefice, dava per le risposle di commissione di Sua Santilà a i legati (Giussano, p. 26). Tel est le sentiment de J. Susta, qui a publié la plupart des lettres de Borromée relatives au concile, Die rômische Kurie und das Konzil von Trient unter Pius IV., t. i, Vienne, 1904, p. xxiii sq. Tous ceux qui approchent le secretario intimo (comme l’appelle un officier pontifical) ont l’impression très nette qu’il n’a pas la moindre influence sur les affaires, et qu’en tout il suit exactement la volonté et les ordres du pape, essendo tanto ossequente a S. £ne che non parte mai dal cenno suo. Relazionc di Roma di Girolamo Soranzo, 1563, dans Albèri, op. cit., t. x, p. 91. E più presto semplice esecutore che consigliere, constate un ambassadeur vénitien. Et lui-même, presque à chaque lettre, répète qu’il ne fait que transmettre la pensée et la volonté du pape. Cf. Sickel, Rômische Berichte, t. ii, p. 23, dans les Sitzungsberichte der kais. Akademie der Wissenschaften in Wien, Philos, hist. Klasse, t. cxxxv, Vienne, 1896.

Borromée n’était ni d’âge, ni de caractère à conseiller le vieillard expérimenté qu’était Pie IV. Et voilà bien pourquoi il avait été nommé secrétaire d’État. Aussi individualiste que rompu aux affaires, plein de bon sens pratique, Pie IV, d’un coup d’œil exercé et prompt, jugeait une question, la tranchait aussitôt, sans en délibérer longuement avec d’autres. Devant l’obstacle, il ne s’entêtait point ; mais il le tournait avec habileté, pour arriver au but par d’autres voies. Il savait prendre l’avis de conseillers experts et les choisir ; mais il ne leur permit jamais de le dominer. Le cercle restreint de ses confidents se composait de personnages sans autorité personnelle, comme Charles Borromée, qui lui laissaient la direction complète des affaires et la responsabilité de tout.

C’est donc bien à lui qu’est dû le changement de politique qui permettra au Saint-Siège, en bons rapports avec chaque prince, de réunir pour la troisième et dernière fois le concile de fiente, changement conforme d’ailleurs au vœu du conclave. Voir Diploma quo Pius IV pactiones in conclavi initas firmat, 12 janvier 1560, dans Le Plat, Monumentorum ad historiam concilii Tridentini… spectantium amplissima collectio, Couvain. 1781-1787, t. iv. p. 613 sq. Bien disposé pour l’empereur, que Paul IV détestai !, il chercha à ! ’sal is faire en tout ce qui était possible : après la mort de Ferdinand I". il n’eut pas moins de bienveillance poui Maximilien, son liK La situation religieuse de la