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PECHAM. CONFLIT ENTRE SÉCULIERS ET RÉGULIERS


la fermeté affective comme aussi la fermeté rationnelle qui consiste à nous éloigner des distractions du monde extérieur, des richesses, des jouissances, des honneurs et, en outre, à nourrir l’amour envers Dieu et le prochain. Dans les c. n et iii, il montre comment la perfection évangélique a été enseignée et pratiquée par le Christ, et les apôtres qui ne possédaient rien, ni en commun ni en privé. Les c. iv et v sont consacrés à réfuter les objections de Gérard d’Abbeville et à confirmer sa propre thèse. Dans le c. vi, Jean Pecham étudie les relations entre cette pauvreté absolue et les vertus et fait ressortir les avantages de la pauvreté volontaire pour la vie spirituelle et religieuse. Ces six premiers chapitres ont été édités par le P. Anastase Yan den’Wyngært, comme on l’a dit ci-dessus, col. 116. Ensuite, Pecham prouve, dans le c. vu. que les religieux ayant fait vœu de pauvreté évangélique peuvent ; sans le moindre détriment de leur état, vivre d’aumônes soit libéralement offertes, soit reçues par la quête. Au c. viii, il réfute les objections que Gérard d’Abbeville faisait contre cette conception de la vie pauvre et au c. ix il reprend à fond la question du travail manuel, traitée auparavant par saint Bonaventure dans la question De perfectione evangelica, Opéra, t. v, p. 156 sq., et répond aux objections faites par les opposants contre la façon de vivre des frères mineurs qui ne se croient pas obligés au travail manuel. Ces trois dernières questions, inédites jusqu’ici, seront éditées par le P. Ferdinand Delorme, (). F. M., qui en a commencé la publication dans les Sludi francescani, t. xxix, 1932, p. 54-62. Le c. x fournit une explication détaillée de la règle des frères mineurs.. Il a été publié par A. G. Little, voir col. 116. Dans le c. xi, Jean Pecham soutient la supériorité des réguliers sur le clergé séculier contre Gérard d’Abbeville, qui avait essayé de démontrer le contraire, en alléguant que, n’étant tenu par aucun lien, le clergé séculier pouvait se mouvoir plus librement d’après la nécessité des âmes. Pecham reprend, dans le c. xii, les arguments du dernier livre de Gérard qui traite du jeune et des austérités, et démontre la vérité des sentences opposées. Au c. xiii, l’archevêque de Cantorbérv expose la théorie de la perfection qu’il nomme de suffisance et qui est propre à tous les chrétiens. Elle consiste dans l’observance des préceptes et dans l’expiation continue des nombreux péchés véniels que l’homme commet. Le c. xiv est consacré à l’exposé de la perfection des prélats qui, avant d’être élus, doivent exceller dans la pratique des vertus et, après leur élection, posséder la sainteté à un degré plus élevé que les fidèles qui leur sont soumis. Les trois derniers chapitres sont encore inédits. A.-G. Little en a publié quelques fragments, op.’il., p. 55-60. Le c. w montre que les prédicateurs et les confesseurs du clergé régulier font un grand bien, parce qu’ils travaillent non comme des ennemis, mais comme h s ser-Viteurs et les aides des évéques’I « les cures. Il ; i été édité par le)’. F. Delorme (voir cul. I 16). Enfin Jean Pecham réfute, dans le c. xvi, cinquante objections puisées dans les Collaliones Scripturæ sacra attribui Guillaume de Saintvmour de sorte que ce dernier chapitre semble avoircté ajoute après coup et que l’CCUVre primitive du Trarlalus pauperis paraît avoircté complète eu quinze chapitres. Des mss. semblent d’ail leurs ((infirmer cette thèse. Ainsi, le P. !.. Oliver. l M., Die theologische Quæstion den J. Pecham ùbei die vollkommene rmul, dans Franz. Studien, t. iv, 1917, p. 136, affirme que les cod. lai. Monac.’t46 et 16 ne contiennent que les quinze premiers cha pitres et que le premier de ces manuscrits, qui ne contient que le Tra talus pauperis, se termine Explicit libellas ilr pauperlate. Ce chapitre a été publie par A. G. I.iltlc, op. ni.. p. 63 90.

Outre ces deux ouvrages, Jean Pecham a laissé, sur la lutte entre les clergés séculier et régulier, quatre autres écrits qui révèlent l’étendue da son savoir et sa force d’âme devant l’erreur. Ce sont : la question De pueris oblatis ; YExpositio régula ; le Canticum pauperis et le Traclalus contra fr. Robertum Kilwardby, O. P. Dans la question De pueris oblatis, — - le titre adopté par l’éditeur L. Oliger, De pueris oblatis in ordine minorum, dans Arch. franc, hisl., t. viii, 1915, p. 389-447, ne semble pas trop bien correspondre au contenu de la question : l’trum liceal inducere pueros doli capaces ad obligandum se religioni volo vel juramento autetiam adolescentes, — Jean Pecham démontre que les raisons invoquées par les adversaires du recrutement des ordres religieux, principalement par Nicolas de Lisieux, pour présenter comme illicite la pratique d’attirer les enfants dans le couvent et d’y travailler à leur éducation, valent contre toute jeunesse aussi bien contre celle au-dessous de 14 ans que contre celle au-dessus. Si les adversaires avaient réussi dans leurs efforts à tarir les sources du recrutement religieux, ils auraient porté un coup mortel aux ordres mendiants. C’est pour ruiner cette funeste tentative que Pecham écrit cette question, vers la fin du débat universitaire (1270-1272), dans laquelle il s’en prend surtout à Nicolas de Lisieux, l’ennemi acharné du recrutement religieux. Il faudrait encore y ajouter la De/ensio fratrum mendicantium, publiée par C.-L. Kingsford, dans Fr. J. Pecham tractalus 1res de jiaupertate, p. 159-191, si toutefois cet écrit doit être attribué à Pecham, comme quelques auteurs le soutiennent.

Ce serait cependant se méprendre fortement, si l’on croyait que les écrits de Jean Pecham, de saint Bonaventurc et de saint Thomas ont réussi à convaincre leurs adversaires du bon droit de leur cause, comme l’écrit avec raison le P. A. Van den Wyngært, Que relies du clergé séculier et des ordres mendiants à l’université de Paris au xme siècle, Paris, 1922, p. 72-75. Ce que nous constatons encore tous les jours dans la polémique se vérifiait aussi il y a sept cents ans. Saint Thomas fut particulièrement attaqué par Nicolas de Lisieux (lui composa son Liber de perfectione status et excellentia clericorum contre le De perfectione status spirilualis de saint Thomas et sa Quæslio : l’trum per/ectio evangelica consistât in renuntiando vel carendo divitiis propriis vel commun ibus contre la Quæslio de Jean l’echam du même titre, citée plus haut. Gérard d’Abbeville, lui, non seulement ne changea pas d’idées, mais, atteint dans sa dignité de professeur, répondit aux écrits de ses adversaires en publiant son Liber apologelicus, dans lequel il lâche de justifier les idées exprimées dans son Contra adversarium perfectionis christianic. Comme saint Bonaventure avait le plus violemment attaqué ci réfuté les assertions de Gérard,

ce fut lui aussi qui subit le choc de la controverse et qui fut attaqué et couvert d’invectives dans le nouveau traité, ici. comme dans le premier écrit de

(.erard, ce fut la quest ion de la perfection évangélique à l’endroit de la pauvreté franciscaine qui servit sur tOUl de point de mire. Le Liber apologelicus comprend

quatre parties, dans lesquelles Gérard s’efforce de

réfuter les réponses et les Objections opposées par ses

adversaires aux quatre livres de sou Contra adversa

iium. Gérard d’Abbeville continue a v défendre ses premières théories avec un acharnement tel qu’il laul

conclure qu’A n’avait pas compris ou pas voulu comprendre les théories de ses contradicteurs

CÔmtm le rôlfl de Jean l’echam dans le débat

mémorable du.xm'e siècle entre le clergé séculier et

>i.unie 1. 1. nous terminons l’exposé « le ce

démêlé qui fut continué plus tard pai Guillaume de

vl. et Jean (le l’ouillv et ne vil mui demuu nient