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difficile de parler d’emprunts directs à propos de la lettre de Barnabe. Du moins la méthode d’interprétation est-elle identique. L’auteur de la lettre a visiblement été formé par des allégoristes, tout comme l’auteur de l’épître aux I lébreux, et ses allégories rappellent celles de Philon.

3° L’école d’Alexandrie. A [dus forte raison. Clément et Origène connaissent-ils Philon. Ceux-ci sont des savants, ils ont beaucoup lu et ils ne craignent pas de nommer, parmi les auteurs qu’ils ont consultés. le juif alexandrin. Ici, il ne nous est plus possible d’entrer dans le détail et de fournir des précisions. Contentons-nous d’insister sur l’emploi de la méthode allégorique, dont Origène devait donner la théorie complète ; les éditeurs de Clément et d’Origène se sont plu à multiplier les références. Il suffît de les parcourir pour se rendre compte que Philon a été souvent utilisé par les maîtres du didascalée chrétien.

Ajoutons cependant qu’il ne faudrait pas être dupe de la multitude des ressemblances extérieures. Origène, par exemple, doit beaucoup à Philon lorsqu’il s’agit de l’interprétation des noms propres ou de l’explication des nombres symboliques ; il lui doit beaucoup aussi lorsqu’il s’agit d’appliquer les récits bibliques à la psychologie religieuse, à l’histoire morale des âmes. Mais Philon s’arrête au sens allégorique : Origène retient le sens littéral ou historique, du moins aussi souvent qu’il croit le pouvoir faire, sans manquer de respect à la transcendance divine. Et, tandis que Philon ne suit d’autre règle que sa fantaisie, Origène se montre, avant tout, le disciple fidèle de la tradition ecclésiastique, le défenseur de l’orthodoxie, dont il prétend bien ne pas dévier. S’il ne parvient pas toujours à réaliser ce noble idéal, il ne cesse pas du moins de le proclamer.

4° Pères de l’âge suivant. - Après Origène, bien d’autres noms seraient encore à citer, tous ceux des exégètes qui ont suivi la méthode allégorique et qui se sont ainsi plus ou moins inspirés de Philon. Nous ne rappellerons ici que le nom de saint Ambroise. Bien qu’il n’ait nommé que très rarement Philon, bien qu’il lui soit arrivé de le combattre ouvertement, il lui doit beaucoup. On sait que l’évêque de Milan travaillait très vite. Improvisé évêque, il dut compléter rapidement sa formation chrétienne, et il lui arrivait souvent de copier des pages entières des maîtres auprès desquels il s’inspirait. Philon est l’un de ces maîtres : il l’aime à cause de ses préoccupations morales, et il ne craint pas de le piller. Des livres comme le De Gain et Abel, le De Abraham, le De Isaac et anima, le De Jacob et vita beata, le De Joseph palriarcha, rappellent déjà, par leurs titres, les ouvrages parallèles de Philon ; ils leur sont si fidèles qu’ils permettent en certains cas de retrouver leur texte. A peine d’ailleurs est-il besoin d’ajouter que saint Ambroise ne manque pas de donner aux allégories de Philon un sens chrétien, qui les transforme. Là où nous n’avions d’abord que des fantaisies, nous trouvons, sous le nouveau costume que leur donne l’évêque de Milan, de fortes leçons de vie.

C’est parce qu’il a été très lii, très souvent mis à profit par les Pères de l’Église, que Philon avait ici sa place marquée. Il est pour nous l’unique représentant juif de tout ce mouvement de pensée, auquel se rattachent les docteurs alexandrins : c’est par ses œuvres surtout que nous connaissons les débuts de l’exégèse allégorique. On a beaucoup exagéré son influence sur l’histoire de la pensée chrétienne ; nous ne saurions décidément pas voir en lui le créateur de la théologie du Verbe, et nous ne croyons pas que saint Paul et saint Jean lui doivent quoi que ce soit. Mais les Pères alexandrins l’ont lii, ont profité de ses exégèses, et Photius a pu écrire que c’est de lui que les écrivains ecclésiastiques ont hérité l’usage de l’allégorie, Biblio theca, 105, P. G., t. ciii, col. 37.’i. Il mérite de ne pas être oublié.

Philon a été l’objet d’études si nombreuses que nous ne saurions ici que rappeler les principales d’entre elles.

I. Texte. L’édition classique de ses œuvres complètes m été longtemps celle de Mangeꝟ. 2 vol., In-foL, Londres,

1712, « jiml’on cite encore. Elle est aujourd’hui remplacée par l’édition de Colin et Wendland, Philoni » Alexandrini opéra qum supersunt, Berlin, 1896 sq., sous une double forme, l’une développée, l’autre abrégée. l’ourles trois livres des Alh gories des sainte » luis, nous avons, dans la collection Textes et documents, une lionne édition avec traduction française et notes due à É. Bréliier, Paris, 1909. Pour le De vita contemplaiiva, il faut toujours se reporter, à cause du commentaire qui accompagne le texte, à I". C. Conybeare, PftiZo (/bout contemplative life, Oxford, 1895.

II. Travaux.

Études générales.

Gfrorer, Philo

und die jùdisrhe alexandrinisehe Philosophie, Stuttgart, 1885 ; Pruniinond, Philo ludæus or the jewish-alexandrian philosophy in ils développement and complelion, Londres, 1888 ; Éd. Herriot, Philon le Juif, essai sur l’école juive d’Alexandrie, Paris, 1898 (superficiel) ; J. Martin, Philon, Paris, 1 i)05 ; É. Bréhier, Les idées philosophiques et religieuses de Philon d’Alexandrie, Paris, 1908 ; 2e édit., Paris, 1925 (systématique, mais très fouillé) ; M.-J. Lagrange, Le judaïsme avant Jésus-Christ, Paris, 1931, p. 542-581.

Le classement des écrits.

Massebieau, Le classenienl

des œuvres de Philon, dans Bibliotli. de l’École des hautesétudes. Sciences relig., t. i, Paris, 1888 ; Massebieau et Bréhier, Chronologie de la vie et des œuvres de Philon, dans Bev. d’hisl. des religions, 1906.

Les sources de Philon.

B. Bitter, Philo und die

Ilalacha, eine verglcichende. Studie, Leipzig, 1879 ; Th. Bylc, Philo and Holy Scripture, Londres, 1895 (étudie surtout le texte biblique de Philon) ; W. Bousset, Jiidisch-christliche Schnlbetrieb in Alexandrin und Rom, Goettingue, 1915 ; L. Cerfaux, Influence des mystères sur le judaïsme alexandrin avant Philon, dans Le’Muséon, t. xxxvii, 1924 ; Siegfried, Philo von Alexandriaals Ausleger des alten Testaments, Iéna, 1875 ; Wendland, Philo und die kynisch-sloïsche Diatribe, Berlin, 1895 ; Horovitz, Untersuchungen iiber Philons und Platons l.ehre von der Wcltschôpfung, Marbourg, 1900.

4° Dieu, les puissances, le Logos. — Heinze, Die Lehre vom Logos in der gricch. Philosophie, Oldenbourg, 1872 ; H. Soulier, La doctrine du Logos chez Philon à" Alexandrie, Borne, 1876 ;.1. Béille, Le Logos d’après Philon, Genève, 1877 ; A. Aal, Der Logos. Geschichte seiner Enlwickelung in der qriechischenundderchristlichenLiteratur, Leip7Àg, ’l8 l J(}-’l8W) ; M.-J. Lagrange, Le Logos de Philon, dans Revue biblique, 1923, p. 321-371 ; J. Lebreton, Histoire du dogme de la Trinité, 2e édition, t. i, Paris, 1927, p. 178-251 ; E. Stein, Die allegorisehe Exégèse des Philon aus Alexandria, Giessen, 1929.

Philon et l’Évangile de saint Jean.

Grill, Untersuchungen

iiber die Entsiehung des vierlen Evangeliums, Tubingue, 1902, 1923 ; M.-.I. Lagrange, L’Évangile selon saint Jean, Paris, 1925, p. clxxiii-clxxxv, et 28-34.

Philon et la patristique.

P. Heinisch, Der Einfluss

Philos auf die atteste christliche Exégèse : Burnabas, Justin und Clemens von Alexandria, Munster, 1908 ; J. Lebreton Histoire du dogme de la Trinité, t. ii, Paris, 1928, p. 663 677 (sur Justin) ; Karppe, Philon et la patristique, dans Essais de critique et d’histoire de la philosophie, Paris. 1902 (superficiel) ; Ihm, Philo und Ambrosius, dans Neue Jahrbucher jùr Philosophie und Pàdagogik, 1890 ; H. Lewy, Neue Philontexte in der Vcberarbeitung des Ambrosius, mit cinem Anhang : neue gefundene Philon fragmente, dans Sitzungsbcr. der preuss. Akad. der Wiss., Berlin, 1932.

G. Babdy.

PHILOPALD Antoine Delahaye (1674-1762), né à Sarlat, le 28 décembre 1674, fit ses études à Toulouse, fut reçu au séminaire de Paris, le 8 juillet 1696, et entra à la congrégation de la Mission, où il fit ses vœux, le 9 juillet 1698. Il enseigna d’abord la philosophie, puis il fut procureur général de la congrégation à Rome. Là, il se lia d’amitié avec le cardinal de La Trémoille, ambassadeur, et eut d’étroites relations avec le pape Clément XI ; il travailla, en l’absence de Couty, à la canonisation de M. Vincent. Il fut aussi mêlé aux controverses suscitées par la bulle Unigenitus et resta un des correspondants assidus du cardinal de