Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 12.1.djvu/727

Cette page n’a pas encore été corrigée
1439
1
PHILIPPINS - PHILON LE I I M. II.

’.'.H

récemment Mgr Herrero y Espinosa de los Monteras, mort en 1903 archevêque de Valence.

Parmi les Portugais, Emm. Bernardez, prédicateur, écrivain spirituel et poète de talent († 1710j ; Ant. Pereira de Figueiredo († 1797), auteur de diverses versions de la sainte Écriture ; Th. Almagda († 1803), apologiste, auteur des Harmonies entre la foi et la science.

En résumé, belle activité littéraire et scientifique, et, pourtant, ee n’est là ni le but principal, ni la préoccupation dominante de l’Oratoire philippin. La véritable activité des (ils de Saint Philippe est avant tout une activité sanctificatrice. Pour donner vraiment une idée de l’Oratoire, il faudrait, après avoir retracé tout au long la physionomie de son fondateur, parler du bienheureux Jean Juvénal Ancina, du bienheureux Antoine Grassi, de Fermo, du bienheureux Sébastien Valfré, l’apôtre de Turin ; il faudrait citer les nombreux cardinaux et évêques qu’il a donnés à l’Église, et tous ces apôtres populaires, tous ces saints obscurs qui ne seront jamais canonisés. Beaucoup de noms reviendraient, du reste, que nous avons déjà rencontrés, mais il faudrait en ajouter beaucoup d’autres.

Sur saint Philippe et les origines de l’Oratoire, consulter : Louis Ponnelle et Louis Bordet, Saint Philippe et lu société romaine de son temps (1515-1595), Paris, 1928, ouvrage remarquable, où l’on trouvera toute la bibliographie du sujet. L’histoire générale de l’Oratoire n’a pas été écrite. Pour les débuts, on a Marciano, Memorie historicité délia congregalione dell’Oratorio, 5 vol., in-fol., Naples, 1693. On trouvera un bon résumé dans M. Heimbucher, Die Orden und Kongregationen der katholischen Kirehe, t. iii, Paderborn, 1908, S 146, Die Oraloriancr. Pour l’histoire littéraire de la congrégation, consulter Villarosa, Memorie degli scritiori filippini, 2 vol., Naples, 1837, 1842 ; les ouvrages généraux, Hurter, Nomenclator litterarius, et les divers dictionnaires et bibliographies.

Dans la présente notice nous avons fait d’ordinaire suivre chaque nom d’oratorien d’un nom de ville (siège de sa communauté ) et la date de sa mort, L’absence de nom de lieu indique que le personnage appartient à l’Oratoire de Rome.

P. Auvray.

PHILIPS Maurice (Philippy) († 1(576), frère mineur de l’observance de la province de la Germanie inférieure, est l’auteur d’un Directorium conscientiæ circa difficiliores casus theologiæ, Anvers, 1607 et Bruxelles, 1674.

S. Dirks, Histoire littéraire des frères mineurs de l’observance en Belgique et dans les Pays-Bas, p. 246, Anvers, 1885 ; H. Hurter, Nomenclator, 3e éd., t. iv, col. 291.

Am. Teetært.

    1. PHILON LE JUIF##


PHILON LE JUIF, exégète et philosophe du I er siècle. — I. Vie de Philon. II. Ses œuvres. III. Sa doctrine. IV. Son influence sur la théologie chrétienne.

I. Vie de Philon.

Nous connaissons fort mal la vie de Philon. Les témoignages des auteurs anciens sont rares et imprécis ; les renseignements qu’il nous donne lui-même, dans ses œuvres, ne nous apportent pas beaucoup plus de clarté.

Philon a dû naître aux environs de l’an 20 avant Jésus-Christ, car, dans la Legatio ad Caium, écrite en 41, il se qualifie de « vieillard ». Il était originaire d’Alexandrie et appartenait à une famille riche et considérée ; nous savons par Josèphe, Antiqu. juil., XVIII, vi, 3 ; XIX, v, 1 ; XX, v, 2. que son frère, Alexandre Lysimaque, fut intendant de la seconde fille d’Antoine, Antonia, femme du premier Dru sus ; qu’après avoir été emprisonné à la suite des émeutes d’Alexandrie, ce personnage exerça sous Tibère, un rôle considérable et tint à sa merci Hérode Agrippa, à qui il prêta des sommes considérables ; qu’un de ses fils enfin, Tibère Alexandre, apostasia et devint procurateur de Judée et préfet d’Egypte.

Philon reçut, dans sa jeunesse, une éducation fort soignée ; il rapporte lui-même, De congres, erud. gral.,

7 1, qu’il fut instruit dans toutes les sciences encyclopédiques, cl la lecture de ses ouvrages suffirait à nous

le démontrer. Nous voyons par eux qu’il connaissait les grands coulants philosophiques de son temps et n’ignorait rien des mouvements de pensée de ses contemporains ; sans doute, avait-il étudié spécialement les œuvres de Platon qu’il cite à plusieurs reprises et était-il familier avec les théories stoïciennes. Les manuels doxographiques ont pu, comme à tous les écrivains de ce temps, lui fournir bon nombre de renseignements et de citations ; il est sûr qu’il ne s’en contenta pas.

Plus encore qu’hellénique, la culture de Philon fut juive : la Bible resta toujours son livre de prédilection, et la plus grande partie de ses écrits sont employés à la commenter. Il avait fait de l’Écriture une lecture approfondie ; naturellement, c’est dans la version des Septante qu’il l’avait étudiée ; il ne sut jamais l’hébreu et sentit d’autant moins la nécessité de le connaître que, comme la plupart de ses coreligionnaires d’Alexandrie, il admettait l’inspiration divine de la traduction grecque : celle-ci pouvait donc lui suffire.

Il semble bien que la plus grande partie de la vie de Philon ait été employée à l’étude et à la méditation. Il a pu lui arriver de se retirer dans la solitude pour y réfléchir et y prier, Leg. alléger., ii, 21, 85, mais, en général, il a dû mener à Alexandrie l’existence facile d’un homme riche et cultivé, fréquentant les théâtres, aimant les réunions d’amis, voyageant aussi et, en particulier, faisant avec piété le pèlerinage de Jérusalem.

Il eut ainsi l’occasion de rendre de multiples services à la communauté juive d’Alexandrie. Cette communauté était nombreuse et puissante ; elle était d’autant plus exposée à subir des vexations de toutes sortes, et, à tout instant, ses membres étaient l’objet d’attaques passionnées de la part des païens. Philon, malgré la tournure contemplative de son esprit, n’hésita jamais à prendre la défense de ses frères ; il ne se contenta pas de mettre à leur service son talent d’écrivain, de multiplier les livres d’apologétique et de propagande, lorsqu’il le fallut, il entra dans l’action.

Nous sommes surtout renseignés sur le rôle qu’il joua lors de la persécution de Flaccus ; ce personnage, nommé préfet d’Egypte par Tibère, avait commencé par se montrer honnête et généreux dans l’exercice de ses fonctions ; mais il ne tarda pas à poursuivre les juifs de sa haine, à les maltraiter, à les piller, voire à les faire mourir. Le pamphlet écrit alors par Philon, Adversus Flaccum, est un beau témoignage de zèle et de franchise.

La persécution de Flaccus prit tin en 37. Elle semble n’avoir aucun rapport avec les faits qui, deux ans plus tard, amenèrent à Borne une députation de juifs alexandrins, conduite par Philon. Cette ambassade était chargée de protester contre le culte de l’empereur que l’on voulait imposer aux juifs, ou plus précisément contre l’introduction des statues de l’empereur dans les synagogues. Elle marque, dans l’existence de Philon, le point culminant. Malgré son âge, Philon n’hésita pas à faire le long voyage de Borne pour présenter la défense de ses frères : il n’obtint d’ailleurs aucun succès et dut revenir à Alexandrie sans avoir pu se faire écouter par l’empereur. Du moins, le livre dans lequel il raconta sa mission, la Legatio ad Caium, fut-il un éloquent manifeste de sa foi.

Nous ne savons rien des dernières années de Philon. Eusèbe nous raconte, Hist. ceci.. II, xvii, 1, qu’il serait revenu à Borne, sous le règne de Claude et qu’il y serait entré en relations avec Pierre qui y prêchait alors. Il ajoute, Hist, eccl., II, xviii, 8, qu’au cours de ce voyage, il lut devant le Sénat, avec un grand succès, son traité Des vertus, $t que ce livre fut tellement admiré qu’on lui fit l’honneur de l’admettre dans les bibliothèques. Ce sont là des légendes. II est à croire