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nique, la théologie morale sont fort en honneur. Le P. J. Speranza (Fano, t 1635) réunit et expliqua des textes d’Écriture à l’usage des prédicateurs ; le P. Jos. Mansi, de Rome, publia, en 1666, une Bibliotheca moralis prædicabilis, un Prontuario sacro per tutte le solennilà dell’anno, et les publications de sermons, de catéchismes, de retraites sont innombrables et, pour nous, d’un intérêt secondaire. Les PP. Chiericato (Padoue, f 1717), Carletti († 1827) étudient divers points de droit canonique. D’autres prennent part aux discussions concernant la théologie morale. Le P. Cadei (Brescia, f 1670) écrit un traité De opinione probabili ; le P. Perpera (Gênes, f 1700), adversaire du probabilisme, penche vers le tutiorisme ; le P. André Coppola (Gênes, t 1832) expose et défend le système de saint Alphonse de Liguori. Le P. Carrara (Bergame, t 1616) étudie des points particuliers de la morale. D’autres, Guazzini (Città di Castello, f 1650), Baldesi (Pistoie, f 1778) publient des manuels.

Chose étrange, la théologie ascétique et mystique n’inspire que très modérément les écrivains de l’Oratoire. Les productions sur ce sujet sont rares et, en général, d’une valeur médiocre. La querelle quiétiste seule semble avoir éveillé quelque ardeur, et ce ne fut pas toujours pour la défense de la bonne cause. Si le P. François Marchese († 1697) fut un adversaire décidé des idées nouvelles, le P. Pier-Matteo Petrucci (Jesi, t 1701), l’un des plus illustres philippins du xviie siècle, devenu évêque et cardinal, auteur de nombreux ouvrages de spiritualité, fut poursuivi par le Saint-Office et vit ses œuvres mises à l’Index (1688). Son ami, le P. Balducci, avait beaucoup contribué, par ses traductions de Malaval et de Falconi, à la diffusion de l’hérésie. A part ces quelques auteurs, on ne trouve guère, en fait de spiritualité, que des publications de retraites, de méditations, de poésies. Ce n’est pas à dire que la doctrine spirituelle n’intéresse pas les philippins, mais ils en puisent les principes dans l’étude de l’Ecriture et la méditation des vies de saints plutôt que dans les spéculations théologiques.

Parmi les exégètes, la plupart, H. Giustiniani <t 1649), Barcellona, M. -A. Ferretti († 1822) sont des commentateurs et n’ont d’autre but que d’éclaircir et d’ordonner le texte sacré, en vue de la prédication ou de la méditation personnelle. Bianchini, au contraire († 1764), en publiant ses textes et travaux sur la Vulgate et les anciennes versions latines, eut des intentions plutôt apologétiques.

Mais la science qui fut particulièrement cultivée à l’Oratoire, c’est l’histoire ecclésiastique. Saint Philippe lui-même y contribua beaucoup, lui dont on a souvent noté, presque comme un anachronisme, la piété envers les catacombes et le goût pour les récits de l’antiquité chrétienne. Dans VOralorio, un récit historique constituait toujours un élément important, lui lin. il faut noter aussi l’influence de Baronius, le premier et le plus grand des historiens philippins. C’est, d’ailleurs, en vue même de VOralorio que saint Philippe a poussé Baronius (ou Baronio, t 1605) à l’étude de l’histoire’le l’Église. A-t-il vraiment désiré et favorise l’œuvre scientifique de son disciple ? c’est douteux ; et il semble plutôt que les gros volumes de l’Histoire ecclésiastique, rédigée a l’usage de la chrétienté entière, l’intéressent beaucoup moins que les impies lermons qui la racontent chaque jour par tranches a l’Oratorio (Ponnelle et Bordel, p. 377). l’eu Importe, d’ailleurs, le mouvement est lancéiBaro nius publiera 12 volumes de srs Annales et les mènera Jusqu’en 1198. Après lui. Oderico Rainaldl (1 1671) reprendra l’œuvre et la poussera Jusqu’en r> » ;  : >. Laderchi (+ 1738) raconte, jwee moins’le talent, semble-t-il. l’histoire’les aimées 1565.i 1571. Plus tard, le I’. Theiner († 187 ii réédite les innales et les

continue jusqu’en 1585. Thomas Bozio (ou Bozius, f 1610), disciple et collaborateur de Baronius, n’a pas l’érudition de son maître, mais il est plus théologien ; de l’histoire il dégage de larges idées générales dont il sait tirer soit une apologie de l’Église catholique (De signis Ecclesiœ), soit des vues philosophiques contre le système de Machiavel (De imperio virtutis, etc.). Gallonio († 1605) est incomparablement moins érudit que Baronius, mais aussi moins théologien que Bozio. Préparés en vue de VOralorio, ses Vies des vierges romaines (1581) et ses Supplices des martyrs (1591) sont des récits édifiants, émouvants même, mais d’une médiocre valeur scientifique.

Il semble ainsi que l’influence de Baronius — ce modèle du savant, par sa conscience et sa sérénité — se soit divisée en deux courants que l’on retrouve dans l’histoire de la congrégation. Au « courant Gallonio » se rattachent ces innombrables auteurs de Vies de saints, de biographies édifiantes, de récits choisis de l’histoire de l’Église : Manno († 1621), Baldassini (Jesi, f 1703), Forti (Macerata, | 1715), Melloni (Bologne, f 1781), Massini († 1791), plus récemment l’illustre cardinal Cappecelatro († 1912), auxquels il faut ajouter les premiers historiens de saint Philippe (Gallonio, Bacci) et de ses premiers disciples (Barnabeo, 1 1672, Aringhi, f 1676) et le P. Marciano (Naples, t 1713), l’auteur des précieux Mémoires historiques de l’Oratoire (5 vol., in-fol.).

A la suite de Th. Bozio, on pourrait ranger tous ceux qui entreprennent — ou, du moins, préparent — des études de théologie positive : H. Giustiniani qui découvrit et édita les actes du concile de Florence ; plus récemment, le P. Calenzio, le savant historien de Baronius, qui publia de nombreux et importants documents sur le concile de Trente, Joseph Bianchini qui édita, un grand nombre de décrets et de textes anciens sur des sujets variés d’Écriture sainte et de théologie. A André Gallandi (Venise, t 1779), nous devons la très appréciée Bibliotheca grxco-latina Patrum. Lorenzoni († 1750) s’efforça de retrouver la pensée authentique de saint Augustin sur la grâce. Madrisi († 1750) est l’auteur d’un De symbolo fidei. Plus récemment, le P. Theiner († 1874) fut un historien abondant et varié, sinon toujours très sûr.

Quelques auteurs rentrent difficilement dans l’un de ces deux courants. Tels sont César Bccillo († 16 1’. » ), auteur de nombreux et savants traités de chronologie ; Saccarelli (Rome), auquel on doit une Histoire ecclésiastique en 26 volumes (1771), œuvre sérieuse, mais un peu prolixe.

Parmi les archéologues, il suffit de nommer Paul Aringhi (| 1676), traducteur et continuateur du célèbre Bozio, et d’ailleurs jugé sévèrement par les savants modernes. Severiano n’a fait qu’éditer la Roma sotterranea ; Almici (Brescia, t 1779) cherche dans les vestiges de l’antiquité, à la manière de Gallonio. le trait pittoresque ou le récit émouvant.

Les Oratoires étrangers n’obtinrent, en général, ni un semblable développement, ni même un éclat comparable à celui de l’institut italien.

L’Oratoire d’Angleterre, cependant, sur une période fort courte, l’emporte peut-être en gloire scientifique et littéraire. La seule mention du cardinal Ncwinan (+ 18911) et celle du P. Faber († 1863) suffiraient à prouver sa valeur. Ils eurent de dignes disciples : lliiichison († 1863) qui défendit l’authenticité de la maison de Lorctte ; Dalgairns (i 1876) qui s’intéressa aux mystiques allemands du uve siècle et publia une étude sur la dévotion au Sacré Coeur ; Kos (i 1882).

Parmi les Espagnols, Il convient de citer : Crespl j

Borgin, le fondateur de l’Oratoire de Valence (1 1663) ; le |’. Vinrent Calatayud (Valence, ! 1671), emineul

théologien, adversaire acharné du qulétlsme ; tout