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PHILIPPIENS (ÉPITRE A.UX). AUTRES DOCTRINES
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déclaré la faillite, est la première décision a prendre pour qui veut gagner le Christ, XpiOTOV xepSrjaw, Phil., iii, X. At’6v(tov XpttTTÔv) semble bien marquer le passage de la connaissance à la décision de la volonté. Les richesses du Christ s’opposent à celles qui faisaient la gloire du pharisien. Précisément, l’identification avec le Christ, la participation à sa vie, l’incorporation est marquée par v.’/X eôpeôw êv kûtej>. Cf. Phil., i, 21 ; Gal., ii, 21). Elle devient la source de la confiance, Phil., ii, 19, 24, de la joie, iii, 1 ; iv, 4, 10, de l’union, iv, 2, de la force, iv, 13. Toute vie se meut donc dans le Christ comme dans son élément et cette vie nouvelle est produite par l’Esprit de Dieu. Cf. Rom., vm, 9.

Le résultat de cette union est la justice Stxaiooûvr), mais qui vient par la foi au Christ tvjv Sià tucttemç

XpiOTOÛ, T7)V £X ©SO’J ÈTÙ t7) 7ltaT£l. III, 9.

Les expressions employées par Paul pour montrer l’absolue nécessité de la foi pour la justification sont d’une complexité qui n’arrive pas à épuiser les richesses d’une pensée qui déborde les mots. On a èx 71tCTT£c.jç, Rom., i, 17 ; iii, 26-30 ; iv, 16 ; Gal., ii, 16 — Stà moTswç, Rom., iii, 22, 25, 30 ; Gal., Il, 16 ; m, 14 ; Phil., iii, 9 — èni vî) t : Ig-zi. Phil., iii, 9, etc.

Aià tûcttecûç désigne le moyen ou l’instrument, ÈttI nlaTsi le fondement de la justification. Prat, t. i, p. 237 ; Vincent, op. cit., p. 102. Dans la seconde expression, Paul marque l’antithèse entre cette justice qui vient de Dieu, donnée libéralement par lui, qui se fonde du reste sur la foi, et la justice réalisée par les œuvres personnelles, è[r/]v Sixaio<3ÛvY)v. Quel est donc le rôle de la foi, soit à titre de moyen, soit à titre de fondement dans la justification ? La foi est un moyen terme entre le don gratuit de Dieu et l’homme ; elle intéresse l’homme tout entier en ses facultés d’intelligence et de volonté ; elle prend tout l’homme et l’amène à soumettre sa vie à la parole de Dieu. Elle est l’œuvre commune de Dieu et de l’homme, de Dieu qui propose, appelle, prédestine, de l’homme qui tend de toutes ses puissances vers cette « conviction des choses qu’on espère, vers cette réalisation des choses qui n’apparaissent pas ». Hebr., xi, 1. Elle nous relie au Christ, au Seigneur Jésus, le Sauveur ressuscité des morts. Rom., x, 9 ; Phil., ii, 10. La « justice de la foi » est la justice de Dieu qui s’oppose à la justice propre qui est la justice de la Loi ; c’est la justice conférée par Dieu, Rom., x, 3, la justice qui vient de Dieu sur la base de la foi. Phil., iii, 9. Elle est purement gratuite, sans antécédents dans les œuvres de l’homme, elle est une miséricorde, une grâce. Loin d’être une simple imputation de la justice du Christ, ce qui ne serait qu’une fiction juridique ou morale, elle est une efficience réelle qui comporte toutes les virtualités d’action surnaturelle, qui, dans le courant de la vie, parachèvent l’incorporation au Christ. Elle comprend trois éléments : la connaissance intime du pouvoir de vie que possède le Christ, la valeur de la rédemption, la participation à ses souffrances et à sa mort qui se réalise par l’union mystique avec lui, pour aboutir avec lui, par lui et comme lui à la résurrection. Phil., n, 10. Voir Prat, t. i, p. 233 sq.

3. La parousic.

Être avec le Christ dès cette vie, par une incorporation mystique, résultat de cette justification gratuite dont le moyen est la foi et dont les virtualités embrassent toute la vie, cette perspective active le désir de Paul « de se hâter vers le but, vers la récompense du céleste appel de Dieu dans le Christ Jésus ». Phil., iii, 14.

L’attente du Sauveur glorieux inquiète Paul, tout comme ses fidèles. Et, sur ce point, il éclaire les chrétiens de Thessalonique comme ceux de Corinthe. Pensait-il que le retour du Christ fût imminent ? Question à laquelle il est bien difficile de répondre. « Paul a-t-il

partagé l’illusion commune ? En principe, rien ne s’y oppose, car l’inspiration ne donne pas toute science et ne pourrait pas, en tout cas, donner la connaissance du dernier jour, que le Père céleste s’est réservée. » (Prat.) Que, sur ce jour prochain de l’avènement du Christ, la pensée de Paul soit restée flottante, qu’elle ait participé à l’incertitude générale, que même elle ait subi des variations, on ne peut guère le contester. Aux questions posées par ses correspondants et qui n’étaient pas sans influence sur leur vie, il répond par des considérations pratiques et, s’il parle de la grande attente, il ne se prononce pas sur sa proximité..Mais cette proximité même est toute relative et garde quelque chose d’apocalyptique. De même donc que, dans les apocalypses, il est difficile de démêler la part du symbole et des images qui font partie d’une littérature spéciale, de même il ne semble pas qu’il faille mesurer à nos données du temps l’attente de Paul. Cette idée de la parousie n’est pas absente de l’épître aux Philippiens, m, 20. Mais la société céleste n’est pas seulement un idéal qui sera réalisé ultérieurement, elle est une. réalité vivante dans le Christ. Celui-ci en est, en toute vérité, l’animateur spirituel, le chef, la tête ; celle-là n’en est, en somme, que le corps mystique. L’attente de la consommation finale dans le Christ est envisagée hors des limites du temps, avant tout dans l’aspect de la domination universelle du Christ glorifié.

Au c. iv, 6, l’expression’O xôpioç èyYÛç semble être l’écho de Mapàv à6â, I Cor., xvi, 22, et cette proximité de la venue est un motif de patience et de sérénité. A noter que le texte est passible d’une double construction.’Eyyùç peut être local et, si l’on se réfère au ps. cxviii, 151, on pourra admettre que, s’il est question de la parousie, il s’agit aussi de cette présence spirituelle et mystique du Christ dans l’Église.

4. Le règne du Christ.

Jésus est, en effet, le principe comme le terme, par le mérite que son humiliation dans l’incarnation et son abaissement volontaire jusqu’à la mort de la croix, ii, 9, lui ont acquis, de notre vie surnaturelle. « Vivre, c’est le Christ, i, 21 ; être avec le Christ, i, 23 ; se glorifier dans le Christ, iii, 3 ; gagner le Christ, iii, 9 ; être saisi par le Christ, iii, 13 ; attendre comme Sauveur le Seigneur Jésus-Christ qui transformera le corps de notre humiliation pour le rendre semblable au corps de sa gloire, iii, 20, 21. autant d’expressions qui ne parviennent pas à épuiser l’idée que se fait Paul de cette totale emprise du Christ sur toute vie régénérée. Mais la raison de cette perfection et de cette universalité de la domination du Christ sur toute vie est sa glorification et son exaltation. Tandis que l’épître aux Éphésiens envisageait surtout la prééminence à titre de cause efficiente et exemplaire du Christ dans son corps mystique, l’épître aux Philippiens lie la préexistence, où le Christ est donné comme l’égal de Dieu, à la consommation finale, où la nature humaine hypostatiquement unie à la nature divine participe à sa gloire et à sa puissance. Le nom désigne la personne avec toutes ses qualités et ses puissances. Devant ce nom, l’univers fléchit le genou, ciel, terre et enfers, la création totale. Et ce nom, c’est celui du Seigneur dans une équivalence parfaite à celui de Jahvé et comme son substitut. Labourt, Rev. biblique, 1898, p. 402.

Enseignement moral.

Pratiquer l’abnégation et

l’humilité, affermir l’union dans la charité afin de posséder la vraie joie, tel est le programme que Paul propose à ses chers Philippiens. Le Christ, dans son abaissement volontaire, leur en donne l’exemple, ii, 1-11, et Paul lui-même, dans ses tribulations, les invite à marcher dans cette voie et à atteindre ainsi la perfection, iii, 12, 17. Cette perfection elle-même dépend de l’intensité de l’union au Christ. Car, « ce n’est pas que j’aie déjà obtenu ou que je sois arrivé