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PHILIl’I’IKNS (ÉPITRE AUX). CHRISTOLOGIE

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renferme les deux mots : ôç usxctaypLCttiæi TÔ o&[iot

ttjç Ta7îsivojae<o( ; Y]|.icôv aômxopçov TÔi aa>u, aTl ty ( c’S'^’Ôç ocùtoû. Y a-t-il distinction entre les deux ? Vincent, op. cit., p. 121, remarque que iiz~y.n/r t ij.v.ziazi s’applique à un changement extérieur, tandis que aôu, ii, op<pov indique une confirmation essentielle, permanente, caractéristique : l’investiture de la condition de Christ glorifié. Voir Vincent, op. cit., Excursus sur ii, 6-11.

Mopçrj et Sô^a. — Aô£a, la gloire, est la manifestation des perfections divines et ne se confond nullement avec |Jt.op9Y ; dans laquelle elle est incluse et qui marque l’investiture personnelle, propre et immédiate de la nature divine. L’Ancien Testament ne fournit aucune identification possible des deux termes et le Nouveau distingue, Joa., xvii, 5, 22, 24, entre la gloire qui est propre au Monogène, Joa., i, 14, et qui ne peut être participée, et celle qui est donnée aux disciples, xvii, 22, et qui ne peut être identifiée avec [xopeprj. Le terme (i.opepï) signifie donc quelque chose d’intrinsèque à la divinité et inséparable d’elle. C’est la raison qui permet aux Pères de l’identifier avec oôaîa, encore qu’ils n’ignorent pas la différence métaphysique des deux concepts. Voir Prat, op. cit., note U, p. 447-448, et Vincent, op. cit., p. 82.’Tnâp^wv marque l’existence stable et permanente. Il implique parfois, pour le distinguer de eîvxi un rapport avec une condition antérieure ; en d’autres cas, il indique un présent dans sa relation avec une condition future. Ici il s’oppose à yevopxvoç qui implique l’idée du devenir. Quand il s’adjoint à un adjectif ou locution adjective, il donne la raison de la qualité exprimée et contient le sens de « parce que, vu que ». Luc, xxiii, 50 ; Act., ii, 30 ; Rom., iv, 19 ; II Cor., viii, 17. « Il s’ensuit, dit Prat, que l’état marqué par Ô7râpycov non seulement coexiste au temps indiqué par le verbe y)y-t)a<xzo, mais lui est logiquement antérieur. » Le sens est donc « se trouvant », ce qui est bien rendu par la Vulgate. Enfin, ce participe causatif fait abstraction du temps.

Oï>x àpTTrocy^àv 7)y7)aa-ro. —’ApTraypwç est un mot rare. Dans Plutarque, il a le sens actif comme Géafxoç, -/_py]Gj.6ç. Cyrille d’Alexandrie l’emploie deux fois (De adorât., i ; Contra Jul., vi, P. G., t. lxviii, col. 172 C ; t. lxxvi, col. 797 B), tout comme Eusèbe (Comm. in Luc, vi, P. G., t. xxiv, col. 537 C), dans le sens passif. Les Pères grecs considèrent tous àpTcayjj.6ç comme l’équivalent de apTrayjjix dans le sens passif : butin, proie, chose usurpée. Les Latins ont accepté le sens actif : « Étant dans la forme de Dieu, il ne regarde pas comme un vol l’égalité divine. » Cependant, le sens premier de àp7îdcÇco est « saisir » et aprcay^ot, joint à rrfsiaQa.1, devient synonyme de £pfj.o « ov. « considérer comme une bonne aubaine ». C’est donc le sens passif qui paraît devoir être adopté et le sens de àXXâ est « mais, cependant ». Voir Vincent, op. cit., p. 58 ; Labourt, Notes d’exégèse sur PhiL, //, dans Revue biblique, 1898, p. 402 sq. ; A. d’Alès, Notes et mélanges, PhiL, ii, dans Rech. de science rel., mai.juin 1910 ; Prat, op. cit., note U, p.446 ; Preuschen-Bauer, Griechisch. deutches W ôrterbuch zu den Schriften des N. T., 1925, col. 170-171 ; Liddel et Scott, Greek dictionary, éd. StuartJones, àcpnâ^(x> ; Ch. Guignebert, Quelques remarques sur PhiL, //, 6-11, dans Actes du congrès international des religions, 1923, t. ii, Paris, 1925, p. 290-316.’A).Xà éauTov êxévcoasv. — L’adjectif xsvôç qui signifie suivant le contexte « vide de quelque chose », prend souvent aussi une acception absolue — sans effet, sans fruit, sans force. Le verbe xevoûv pourra donc signifier rendre vain, nul, sans effet. Rom., iv, 14 ; I Cor., i, 17. Le traduire dans le sens absolu « s’anéantit » impliquerait un objet de l’anéantissement qui, faute de pouvoir être trouvé dans la forme

de Dieu, serait à chercher dans l’égalité d’honneur. Le sens de « se dépouiller », sens relatif, est plus naturel et donne une exégèse lucide et une théologie Irréprochable (Prat). L’emploi de èxevcoœv n’a donc point le sens métaphysique qui définirait, d’une man directe du moins, l’état du Christ incarné, mais simplement marque la grandeur de la renonciation volontaire de Jésus.

Ce serait mal poser la question que de se demander si Paul a en vue le Christ préexistant ou le Christ historique. Il envisage la personne du Christ et lui applique des prédicats qui peuvent convenir à la préexistence, à l’état d’humiliation ou au Christ glorifié. Dr, ce dépouillement est le fait d’une volonté, est-ce de la volonté divine ou de la volonté humaine ? La tradition voit dans l’incarnation elle-même l’exemple d’abnégation et la regarde comme un acte de la volonté divine du Verbe. A l’exception de l’Ambrosiaster et de Pelage, « qui est conscient d’être hors de la tradition commune », les Pères des cinq premiers siècles sont unanimes ; ils appliquent le texte. PhiL, ii, 6, au Christ préexistant et considèrent, par conséquent, le dépouillement comme accompli par la volonté divine du Verbe et réalisé dans l’incarnation. Prat, p. 451. Quelques exégètes résolus, dit le P. Prat, sont d’un autre avis. Velasquez, Epist. ad PhiL, t. i, p. 351, soutient un système différent qui ferait du dépouillement un acte de la volonté humaine qui, simultané à l’incarnation, tomberait logiquement après elle. Corluy, Spicilegium. t. ii, p. 76, essaie un compromis entre les deux opinions.

Les raisons invoquées pour la seconde sont que, si le dépouillement appartenait à la volonté divine et précédait logiquement l’incarnation, 1. il serait commun aux trois personnes divines et n’appartiendrait pas en propre au Christ préexistant. (Mais l’acte du Fils qui accepte l’incarnation est un acte propre à la filiation et, par suite, un acte notionnel). 2. Appartenant à la divinité, il ne serait pas pour nous un exemple d’humilité qui répugne à la perfection divine. 3. Enfin, cet acte ne serait pas méritoire et le Christ ne lui devrait pas son exaltation. (Mais l’exemple d’humilité ne doit point être dans l’acte de volonté divine, mais dans les conséquences de l’incarnation, dans le dépouillement volontaire de cette gloire qui appartient de droit à la y.opçri Qsou et que le Christ a laissée)

A l’objection du mérite impossible, on peut répondre que, soit que l’on envisage l’incarnation comme acte divin ou comme fonction hypostatique, il y aura lieu de rapporter aux deux volontés leurs actes respectifs dans l’appartenance à la personne du Verbe et d’admettre que l’obéissance de la croix se rapporte à la volonté humaine et qu’elle mérite l’exaltation, qu’enfin, si l’on veut que Sto, ꝟ. 9, « c’est pourquoi », se rapporte à tout ce qui précède, « il faudrait dire qu’il indique la convenance aussi bien que le mérite. (Prat.)

Ce n’est pas, évidemment, de la [i.op9’/ ; Qeoû que le Christ se dépouillera, car il est’j-ipyu>v dans cette condition (forma) de Dieu qui est inhérente à la nature, et par là Paul marque une stabilité qui est en dehors du temps. « Il indique ainsi l’existence stable et permanente du Sauveur en sa forme divine aux différents stades de sa vie. Le Christ est fondamentalement lv |i.opepî) ©sou. » Voir l’art. Kénose. C’est donc en acceptant pour la iopq>r SoùXcj de se dépouiller d’une égalité d’honneur due à la condition de Dieu, que le ( lirisl est l’exemple à proposer aux chrétiens de Philippes, car il avait le droit d’être mis sur le même rang que son Père. « Cette majesté ne l’empêche pas de se dépouiller et de s’abaisser, non en rejetant la forme divine qui était inséparable de son être, mais en cachant sa forme divine sous la forme humaine et en