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PECHAM. LUTTE CONTRE L’A RISTOTÉLISME


Lehrdifferenzen, dans les Beitriige zur Gesch. der Phil. und Theol. des M. A., t. xxix, 1930, p. 41.

Pour lui aussi, l’existence de Dieu est évidente ou d’inférence immédiate, dès que l’esprit prend connaissance de lui-même. Pecham accepte de même la valeur démonstrative de l’argument de saint Anselme, emprunté à saint Augustin, et la preuve de l’existence de Dieu par les vérités éternelles. Cf. A. Daniels, O. S. B., Quellenbeitràge und U ntersuchungen zur Geschichte der Gottesbeweise im XI II, Jahrhunderl, dans le même recueil, t. viii, fasc. 1-2, 1912, p. 41 sq. En Dieu l’existence ne se distingue pas de l’essence. Il n’existe point de distinction essentielle entre les attributs divins : Impossibile est attributa divina essentialiter differre, cum unum ab alio non habeat esse. La doctrine trinitaire de Pecham rappelle également celle de saint Bonaventure. L’essence divine s’étend à trois personnes. La raison de cette triple extension se trouve dans l’essence divine même, considérée comme bonum diffusivum sui. La bonté divine se communique de deux façons : par la voie de la nature et par la voie de la volonté. Ainsi, le Fils procède par la génération qui se fait par la voie de la nature, tandis que le Saint-Esprit procède par la spiration, qui se fait par la voie de la volonté ou de l’amour. Il en résulte que le Fils ne procède que d’un seul principe, tandis que le Saint-Esprit procède de deux : Sic igitur distinctio personalis secundum modum communem magistrorum in hoc consista, quod una persona émanât per modum naturalem, alia secundum modum liberalem… Et quia generatio est per modum natures, hinc est, quod est ab uno solo… sed quia spiralio est per modum amoris liberatis, hinc est, quod est a duobus. Unde ex ratione generationis et spiralionis est, quod hic est ab uno, ilte a duobus et none converso. De la sorte, les processions, entre lesquelles il existe une différenciation formelle, se distinguent d’une façon causale par leurs principia quo. La génération divine est nécessaire, tandis que la spiral ion. comme acte de la volonté, est libre, mais cependant, en même temps, nécessaire. La participation du Fils à l’acte de spiration, qui, d’après l’essence même de la spiration conçue comme amour mutuel entre le Père et le Fils, résulte de la germanitas et de la condilectio du Père et du Fils, est tellement nécessaire que, sans elle, le Saint-Esprit ne se distinguerai ! pas du Fils. Le fruit de cette double fécondité est la Trinité en Dieu. Les trois personnes sont réellement identiques avec 1rs senec divine, mais s’en distinguent cependant a parte rei. Elles existent et subsistent par l’origine de la seconde à partir de la première et par l’origine de la troisième à partir de la première et de la seconde. Pour que cette opération trinitaire puisse se faire, il est nécessaire que la première personne ait une exis tence première, indépendante de la production de la seconde. Avec la production de la seconde personne se complète la personnalité de la première. Cette exis tence première constitue aussi le fondement de la fécondité. Les relations résultant dis origines n’ont point pour but de constituer les personnes, mais seulement d’établir des rapports entre les personnes cons tiluées par l’origine. D’après Pecham, la connaissance de la Trinité ne peut s’obtenir que par la foi. Cf. .M. Schmaus, « >. cit., p. 21. 187, 295-297, 155 158, ">*’>. 612, < ;  ; >.’) : I). E. Sharp, op. ni., p. 205 206.

Selon Pecham. Dieu connaît le singulier et l’uni Ver sel dans la connaissance qu’il a de sa propre essence, comme (anse tonnelle, efliciente et finale de tous les Pecham rejette également la possibilité de la création ab œterno. Cf. I). K. Sharp, op. cit., p, 206 2( » 7. De cette analyse sommaire de— quelques points de doctrine de Jean Pecham il résulte > l’évidence « pie la pensée philosophique et théologique de l’archevêque

Du r. ni. I III cl.. CATHOL.

de Cantorbéry constitue un prolongement fidèle et un approfondissement de la synthèse bonaventurienne.

La lutte contre l’école aristotélicienne.

A côté de

la direction augustinienne se développait le système averroïste de Siger de Brabant et l’aristotélisme chrétien de saint Thomas. Dès lors, saint Augustin cessait de donner au monde chrétien des directives communes. Autour de lui continuait cependant de se grouper une école nombreuse, composée principalement de maîtres franciscains, mais aussi d’autres docteurs et même de nombreux dominicains. Après la période de constructions doctrinales, vint l’heure des luttes pour la suprématie de saint Augustin dans la pensée occidentale.

1. Place prépondérante de saint Bonaventure. ~ La tempête soulevée par l’apparition des doctrines averroïstes de Siger de Brabant et des théories aristotéliciennes de saint Thomas d’Aquin éclata au temps du second séjour de ce dernier à Paris (1269-1271) et le conflit se prolongea pendant de nombreuses années. Ce débat fut essentiellement scientifique et constitua une lutte entre deux mondes. Tous les augustiniens franciscains y prirent part : saint Bonaventure, Guillaume de la Mare, Gauthier de Bruges, Pierre Olieu, Jean Pecham, Guillaume de Barlo, Roger Marston, Mathieu d’Aquasparta, etc.

Deux noms cependant dominent tous ces débats en faveur de la primauté intellectuelle de saint Augustin : saint Bonaventure et Jean Pecham ; cf. E. Longpré, op. cit., p. 37-38. Jusqu’à ces derniers temps, l’histoire, en exagérant la part prise par Pecham à ces luttes, a fait le silence sur la participation effective de Bonaventure à ce débat. Des études récentes ont tâché de replacer les faits dans leur véritable lumière historique et d’attribuer à Pecham et à Bonaventure la part exacte qui leur revient dans la lutte entre l’augustinisme traditionnel et l’aristotélisme. Parmi elles, les travaux du P. Jules d’Albi, O. M. cap., Saint Bonaventure et les luttes doctrinales de 1267 à 1277, Tamines, 1923, et du P. A. Callebaut, O. F. M., Jean Pecham, O. F. M., et l’augustinisme, dans Arch. franc. Iiisl.. t. xviii, 1925, p. 441-472, occupent une place il honneur. Jusqu’à la publication de ces remarquables études on avait généralement admis que, vers 1270, Jean Pecham se trouvait dans la nécessité de créer un mouvement réactionnaire contre le thomisme et de donner l’assaut à l’enseignement de saint Thomas, qu’il aurait exaspéré à Paris, dans une discussion publique, par ses paroles emphatiques et orgueilleuses. Jean Pecham aurait donc été l’initiateur de tout le mouvement antithomiste.

Les PP. Jules d’Albi et A. Callebaut, dans leurs travaux abondamment documentés, ont mis fin à ces légendes, Ils ont prouvé que Pecham ne déclencha point l’assaut contre saint Thomas vers 1270, et qu’au lieu d’attaquer l’Aquinate, il aurait été le seul à le défendre, à Paris, contre les attaques de ses adversaires et même de ses propres confrères dominicains. D’après le P. Jules d’Albi et le P. Éphictn Longpré, ’>P. cit., p. 38-41, ce fut saint Bonaventure qui conduisit, au nom de l’Église, le débat contre l’aristotélisme. Des I2H.X. il engagea la lutte à fond par ses Sermons sur 1rs préceptes, et surtout en 1269 par ses Conférences sur 1rs dans, m Suint-Esprit. Des treize erreurs averroistes condamnées le 10 décembre [270, douze étalent déjà formellement dénoncées avant cette date par le Doeleur sér apbicpie. I.a eondamnat ion de l’évêque « le PBllS, BU 1270, paraît donc sanctionner

la campagne de Bonaventure. La lutte n’avait fait que commencer. Après 1270, le débat s’élargil et, en 1273. le Docteur léraphique élabore on plan de résistance totale au thomisme dans ses Conférence* sur l’Hexa méron, le grand manifeste de l’augustinisme médiéval

contre Aristote. dans lequel I tona c ni lire se pose

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