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PH1LIPPIENS (ÉPITRE AUX). DONNÉES HISTORIQUES


l’épître, qu’elle est essentiellement paulinienne. Cette authenticité a été soutenue par tous les catholiques et par les critiques les plus en vue : de Wette, Harnack, Holzmann, Jùlicher. Voir R. Vincent, op. cit., introd., p. xxv ; Jacquier, op. cit., p. 347. Pour le parallélisme avec les autres épîtres, voir Lightfoot, Saint Paul’s epistle to the Philippians, 12e édit., 1896, p. 43, 44.

7° Plan de l’épître. Analyse. — Il ne faut point chercher dans notre épître un plan rigoureusement établi, par suite un ordre logique des idées. Pas davantage, on ne peut y trouver une partie dogmatique et une partie morale ; c’est bien plutôt autour des sentiments intérieurs de l’Apôtre que se pressent les idées et les recommandations. Si l’on veut chercher les pensées dominantes de notre lettre, il semble que l’on puisse mentionner : l’accroissement de la charité et la sérénité de la joie chrétienne. Nous donnons le plan adopté par le P. F. Prat dans la Théologie de saint Paul, t. I, p. 579, avec quelques modifications.

La suscription s’adresse au clergé et aux fidèles. L’entrée en matière, sous forme d’action de grâce, fait corps avec la lettre.

I. Divers motifs de joie, venant du souvenir des Philippiens qui lui ont toujours prêté assistance et de la tournure favorable des événements : l’Évangile gagne jusque dans le prétoire, malgré des prédicateurs aux sentiments divers : Paul, soit dans la vie, soit dans la mort, ne désire que la glorification du Christ, mais il est persuadé qu’il reverra ses chers Philippiens. i, 1-27. — 2. Il les prie de mettre le comble à sa joie : par la charité, l’abnégation, l’humilité, le dévouement mutuel dont le Christ, en son humiliation volontaire, est un parfait exemple ; qu’ils coopèrent à la grâce et que, par la pratique de toutes les vertus, ils mettent le sceau à leur joie commune, ii, 1-18. — 3. Il veut y contribuer de son côté. Pour cela, il a résolu de leur envoyer Timothée. Bien plus, il espère venir lui-même. En attendant, il leur renvoie Épaphrodite qu’il leur recommande, ii, 19-30. — 4. Il leur recommande à nouveau de se défier des judaïsants : Paul leur est égal pour les avantages dont il se font gloire, justice de la loi et justice qui vient de la foi Paul tend vers la perfection et avec humilité se donne en exemple. Qu’ils vivent sans relâchement, en citoyens du ciel ; que leur fermeté dans le Seigneur soit sa gloire et sa joie, iii, 1-iv, 1. — 5. Recommandations sur la concorde, la joie spirituelle, la paix. Qu’ils gardent les préceptes qu’il leur a donnés. Il leur rappelle leurs sentiments communs, les remercie du don de leur affection. Doxologic, salutations, souhaits, iv, 2-23.

II. Données historiques.

L’épître aux Romains avait été adressée à une communauté qui n’appartenait point à l’Apôtre, en possession d’une organisation qui ne lui devait rien. Qu’elle demeurât fermée, du moins pour l’instant, > dis doctrines nouvelles, qui, pour n’être que le développement logique et révélé du message de Jésus, ouvraient des perspectives sur ce que saint Paul appelle son évangile, cela n’est pas pour étonner. Le milieu n’avait pas été sans subir l’emprise d’un Judaïsme assurément moins étroit en raison du contact avec le monde romain, où, dès la première heure, s’étaient faites les premières conversions : monde tort différent de celui de la Macédoine et sur lequel l’appel aux gentils n’avall pas encore retenti. il ne semble pas que l’effel produil par la lettre aux Roma i pondu complètement a l’attente de son auteur. Sans doute, D j ; i ; iii pins de dispositions à recevoir le message de Paul, garanti en somme par la

révélation, mais les formules d’Opposition, la carence totale’li’la loi en face de cette justice de Dieu qui vient par la foi en Jésui Christ, le ton di i auteur, les difficultés mêmes du style avaient pu être un obstacle, il paraît bien, d’après la lettre aux Philip

piens, que la résistance ne fut pas seulement passive. Si les gentils faisaient nombre dans la communauté de Rome, c’était par les portes d’un judaïsme modéré qu’ils étaient entrés. Ils gardaient de ce fait une mentalité assez prompte à refuser crédit à des assertions qui pouvaient paraître des nouveautés. Au c. i, 12 sq. de l’épître aux Philippiens, Paul écrit : « Je veux que vous sachiez, frères, que ma situation a plutôt tourné à l’avantage de l’Évangile, de sorte que mes chaînes sont apparues comme étant pour le Christ dans tout le prétoire et à tous les autres », oti tk xoct’èu, è ixôXXcv etç -poxo-r, v toù euaYyeXtou èXtjX’jGev. On peut observer qu’ici (i.dcXXov indique moins l’extension que l’assurance. Si l’Apôtre tient à rassurer les Philippiens sur le résultat de son apostolat pendant sa captivité, sur sa situation personnelle, c’est que, vraisemblablement, maintes difficultés étaient survenues qui pouvaient donner quelque inquiétude. D’autre part, l’allure de la phrase laisse entendre, de manière sans doute voilée, que bien des déceptions avaient troublé ses espérances et l’avaient fait souffrir. Ses amis, ses partisans, ceux qui avaient été les messagers de la valeur de son apostolat, qui, par ailleurs, lui avaient créé une ambiance favorable, ceux qui s’étaient fait doctrinalement les propagateurs de son message, ne s’étaient-ils pas laissés aller au découragement ? L’Apôtre, abordant Rome en prisonnier, pouvait paraître inquiétant : avoir maille à partir avec l’autorité n’est pas précisément une recommandation pour des timorés. En fait, les timidités fort naturelles du début firent place à plus d’assurance pour prêcher la parole de Dieu, i, 14. Et, par là, il faut entendre l’Évangile avec les orientations révélées et surnaturelles données par l’Apôtre. I Cor., i, 18 ; Eph., i, 13 ; n, 16 ; Col., ni, 16 ; I Thess., i, 8 ; iv, 15.

Lui-même travaillait dans le milieu spécial du prétoire et, semble-t-il, avec succès ; mais son activité débordait le lieu de son emprisonnement. Ne s’était-il pas mis en contact avec les chefs de la communauté juive qui ne semblent pas avoir eu de parti pris contre sa personne, bien que subsiste, Act., xxviii, 22, une appréciation de fait sur l’opposition qui entoure les ministres du Christ, qui n’est pas sans avoir influé sur les difficultés de l’Apôtre ?

Sa première entrevue avec les principaux de la communauté juive fut toute d’habileté pour prémunir son ministère contre une opposition qui pouvait laisser voir en lui un contempteur de la Loi, quelque peu dangereux en raison des attaches qu’il avait déjà à Home et de la renommée qui le précédait.

Mais, dans l’Église romaine, il y avait des judaïsants qui, par opposition à sa personne et surtout à son enseignement, entreprenaient de prêcher le Christ. Ils paraissent avoir été de nuance moins radicale que ceux de Galatie et de C.orinthe. Rom., xiv-xv, 13. Il semble même qu’on puisse les répartir en deux groupes : ceux, d’une part, que menaient la jalousie et l’hostilité, ou que guidait le parti pris et, d’autre part, les chrétiens de bonne volonté et ceux qui axaient quelque tendance à faire bon accueil à l’évangile de I |ic’itre.

Cependant, la vérité objective de l’Evangile ne parait pas mise en cause, mais plutôt la manière de le présenter et d’en extraire les valeurs surnaturelles. Rien ne dénonce un conflit, mais quelque susceptibilité contre un enseignement qui, pour être dans la même ligne, dépasse le milieu par sa profondeur, par

l’autorité du prédicateur, probablement aussi par sa tendance a abaisser des i qu’on ne laissait pas

de dresser cont re les gent ils

< ette hostilité se traduisit d’abord par une Indlffé

calculée, puis pat une émulation dans la prédicat inn de la parole <iu Christ i, 17. qui, malgré la