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1415 PHILIPPIENS (ÉPITRE AUX). DONNÉES SCRIPTURAIRES l’.Hj

Life and epistles of St. Paul, admet que Philippes succéda à Amphipolis comme capitale de la Macedonia

prima, la Macédoine étant alors partagée en quatre districts. Lightfoot estime que, du temps de l’Apôtre, cette division n’existait plus. Faut-il admettre que Luc, Macédonien, originaire, suivant quelques opinions, de Philippes môme, ait voulu mettre en relief sa ville natale ? Il ne semble pas. Mais, si l’on tient compte du rapprochement, dans la construction de la phrase, de 71ôXtç et de xoXovix, il pourrait signifier plus une prééminence de prestige que de rang. Quant aux conjectures faites au sujet du texte : npàyrt]q au lieu de TrpcÔTT) TYJç (Blass), 7usp[80ç au lieu de LispîSoç (Westcott, Hort), elles ne sont pas justifiées. La liaison de nàliç et de xoXcovtx s’oppose à la syntaxe, et la signification basée sur cette manière de construire la phrase n’est pas heureuse.

L’élément juif ne paraît pas avoir été bien important à Philippes. Le lieu de réunion était hors de la ville. Act., xvi, 13. Cette situation quelque peu inférieure tient sans doute au caractère de colonie militaire de la cité. Lydie, que Paul rencontre au lieu de prière, le jour du sabbat, n’était pas juive, mais « craignait Dieu ». Du moins le judaïsme avait recruté des prosélytes dans la classe opulente des marchands et sans doute la qualité rachetait l’infériorité du nombre. Les femmes n’avaient pas un moindre rôle dans la communauté et leur influence semble avoir été assez grande pour déterminer des rivalités inquiétantes.

2. Paul à Philippes (Act., xvi). — A aucune de ses communautés, saint Paul ne témoigne autant d’affection qu’à celle de Philippes. Les termes qu’il emploie marquent cette préférence pour une Église qui surpassait les autres en fidélité et qui savait lui témoigner aux moments difficiles, par des offrandes répétées, un attachement sincère. En quittant Troas, il aborda à Néapolis et arriva à Philippes à l’automne de 51. Silas et Timothée l’accompagnaient. Luc se donne dans sa narration comme compagnon de Paul. L’hypothèse de l’origine macédonienne de Luc rend plus plausible encore cette première démarche à Philippes. Elle expliquerait peut-être le long séjour de Luc dans la ville, comme aussi l’absence de sévices contre lui.

Après le tumulte d’Éphèse, en 56, Paul partit de nouveau pour la Macédoine, Act., xx, 1, qu’il parcourut et où il donna de nombreuses exhortations. On peut supposer, avec vraisemblance, que les fidèles de Philippes eurent leur part de cet apostolat.

En comparant les formules de Phil., i, 25, et de Act., xx, 25, on peut inférer qu’une exégèse discrète ne s’oppose pas à une autre visite indiquée, bien que vaguement, par I Tim., i, 3, et II Tim., iv, 20. Les relations du moins furent suivies et s’accompagnaient de secours matériels. Phil., iv, 16 ; II Cor., xi, 9 ; Phil., iv, 18. La venue d’Épaphrodite fut surtout une consolation pour l’Apôtre : « J’ai été comblé de biens en recevant par Épaphrodite ce qui vient de vous, parfum d’agréable odeur, sacrifice digne d’être accepté, agréable à Dieu. »

D’autre part, la correspondance échangée entre l’Apôtre et les Philippiens dépasse-t-elle les limites de la courte lettre qui nous intéresse ? Au chapitre ni, 1, xà aùxà YpâçEiv peut signifier que l’épître aux Philippiens n’est point l’unique et que souvent l’Apôtre les a prémunis contre les mêmes dangers. Knabenbauer penche pour cette opinion ; également R. Vincent, dans The intern. crit. comment, on the epistle to the Philippians. Lightfoot estime qu’il faut rapporter tx xùtx aux monitions précédentes, i, 27 ; ii, 2, 3, 4. Le passage de Polycarpe qui parle, dans sa lettre aux Philippiens, m, d’è/uaToXxi., n’indiquerait pas que ces lettres furent multiples, et nombreux sont les passages où ce pluriel est mis pour un singulier. Par contre, Meyer,

Kritisch exegetiches llandbuch ùber den Hrief an die Philipper, cite des cas où le pluriel marque bien la multiplicité. Il y a tout lieu de penser que les messagers se faisaient porteurs des conseils de l’Apôtre et qu’ils pouvaient fort bien s’accompagner d’instructions écrites.

2° Situation de l’Église de Philippes. Destinataires. — L’influence juive paraît avoir été éclipsée par des gens de condition, qui trouvaient dans une large aisance le temps et la facilité de grossir, par leur adhésion, la petite communauté. Macédoniens teintés de culture romaine, loyaux, d’une largeur d’esprit peu commune ils se mouvaient volontiers dans l’ambiance d’Israël, sans toutefois se lier par la circoncision. Les femmes intéressées aux affaires, qui puisaient dans le commerce le sens de l’organisation, menaient à Philippes une vie moins fermée qu’en Asie. Ce sont elles, comme Lydie, « craignant Dieu », qui ouvrirent largement leur foyer à l’Apôtre et à la communauté naissante. Évodie et Syntiché devaient à leur influence de déterminer des partis, d’autant qu’elles furent des ouvrières de la première heure, Phil., iv, 3, et que le fait d’avoir été des recrues agissantes leur donnait sur ceux qui, dans la suite, s’adjoignirent à la communauté, un ascendant qui ne devait pas être sans danger pour l’union des esprits. Des hommes qui, sans doute, n’étaient pas des moindres, suivirent la prédication de Paul. Épaphrodite, dont le nom est commun dans les inscriptions grecques et latines, est donné comme un personnage de premier plan. &8eXq>ôv, aùvspyov, <T'_>aTpaT(.a)T7]v, qui inspire confiance à tous, car il est porteur des dons des fidèles. Phil., iv, 18. Clément, dont l’identification avec Clément de Rome est abandonnée par les critiques, possède l’autorité suffisante pour apaiser les conflits. Il reste la question de savoir si aùvÇuys est un nom propre. Knabenbauer le pense, bien qu’une telle dénomination soit totalement inconnue des inscriptions grecques. D’aucuns ont voulu également faire de yvqaioç le nom d’un personnage. Il n’est pas impossible qu’il s’agisse du chef de la communauté, le premier parmi les èrtfoxoitot à qui Paul adresse sa lettre. Lighfoot applique ce terme à Épaphrodite qui deviendrait ainsi le témoin de l’Apôtre ; d’autres pensent à Luc, Silas ou Timothée.

La communauté de Philippes avait une organisation : évêques et diacres. Ce que sont ces g7tl<nco7Eoi, quelles fonctions ils exercent, la terminologie nécessairement imprécise en un temps où l’Apôtre restait le chef incontesté des Églises qu’il fondait, ne permet guère de le dire. « Toutes les lettres de saint Paul, y compris les Pastorales, dit très justement le P. Prat, sont d’une période antérieure à la fixation de la terminologie hiérarchique. » Il y a une imprécision, bien connue des anciens Pères, des ternies qui désignent des fonctions identiques par des noms divers : êttLctxo7ïol, 7Tpsc61JTepoi., 7rpoïaTâ[i.Evoi.. L’Apôtre semble bien être demeuré le seul évêque au sens rigoureux du mot. Les Églises fondées par lui recevaient une organisation assez souple pour la gestion des affaires courantes et l’exercice des fonctions sacrificielles et sacramentelles, mais cependant dans l’absolue dépendance d’une juridiction plus élevée qui appartenait en propre à l’Apôtre. Un terme ou l’autre était choisi suivant les milieux : — psao’jTspoç avait une allure juive ; STzicsy.o— oç avait l’avantage, chez les Grecs, d’indiquer la fonction dans son activité immédiatement pratique. Un collège sacerdotal n’allait pas sans un chef doté d’une certaine prééminence, sans pour cela posséder les pouvoirs apostoliques. Il peut être indiqué par l’expression yvrjaie oûv^uys. Moule, The epistle to the Philippians. Qu’il ait été choisi comme le plus digne, cela va de soi ; que, plus tard, il ait reçu les pouvoirs apostoliques, c’est normal. En somme, l’orga-