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PECHAM. POSITION DOCTRINALE


jranzisk. Studien, t. ii, 1915, p. 192-193. Selon Barthélémy de Pise, l’origine de ce poème serait la suivante : un frère, faussement accusé auprès de saint Bonaventure lors du chapitre général de Bologne, s’en plaignit au divin Crucifié. Celui-ci lui répondit par le poème en question, dans lequel il retraçait l’histoire de son inique passion. Réconforté par ces paroles, le frère résolut de supporter courageusement les fausses accusations : mais son innocence fut reconnue. Barthélémy conclut : Frater iste dicitur fuisse magister Johannes Peccian anglicus. De plusieurs détails de ce récit il résulte qu’il est très douteux s’il s’y agissait de Jean Pecham. D’abord, il est impossible que Pecham ait été accusé à Bologne, le premier chapitre général de Bologne ayant eu lieu en 1242, le deuxième en 1328. Cf. Holzapfel-Haselbeck, Manuale historiée ordinis fratrum minorum, Fribourg-en-Br., 1909, p. 622 sq. Peut-être s’agit-il du chapitre de Padoue, qui eut lieu le 24 mai 1276 et auquel Jean Pecham assista, en sa qualité de provincial d’Angleterre. Cf. M. Bihl, dans Arch. franc, hist., t. ii, 1909, p. 3-16. Ensuite, Barthélémy s’exprime en termes plutôt réservés : quidam frater, dicitur. Il n’est donc point certain que dans cet épisode il s’agisse du frère Jean Pecham et l’attribution à celui-ci reste douteuse.

4. On lui attribue encore un itinéraire qu’il s’était tracé : Jtinerarium (cf. AVadding, op. cit., p. 148, et Féret, op. cit., t. ii, p. 327) et une Vita S. Antonii. On n’a pas encore pu retrouver la Vie de saint Antoine (de Padoue) que Jean Pecham aurait composée. D’ailleurs, il n’est point prouvé que l’archevêque de Cantorbéry ait été l’auteur d’une semblable vie. D’anciennes chroniques, il est vrai, comme la Chronica XXIV generalium ordinis minorum, composée vers 1370, attribuent explicitement à Jean Pecham une Vita S. Antonii. On y lit : De mandato ejusdem generalis (P. Jérôme d’Ascoli, 1274-1279) vitam beati Antonii Paduani miro stilo composuit (Jean Pecham), quanwis, quia alla erat scripta in breviariis, nullum (multuml) non fuerit divulgata. Analecta franc, t. iii, 1897, p. 361. Même attestation dans la Chronique de Nicolas Glassberger. Ibid., t. ii, 1887, p. 182. Les Firmamenta triton ordinum beatissimi Patris nostri Francisci, fol. 29 v° (Paris, 1512) et Marianus de Florence dans son Compendiuni chronicorum fratrum minorum (Arch. franc, hist., t. ii, 1909, p. 462) répètenl la même affirmation. La vie de saint Antoine de Padoue que, d’après ces témoignages, Jean Pecham aurait rédigée, ne peut cependant point s’identifier avec la Legenda prima, appelée encore Lcgenda antiquissima ou Legenda « Assidua », comme l’a fait à tort et sans apporter aucune raison sérieuse, le P. Ililaire de Paris, O. M. cap., dans Saint Antoine de Padoue, sa légende primitive, Montreuil-sur-Mer, 1890, p. xxxxvi (cf. L. de Kerval, .S’. Antonii de Padua vita duæ, p. 2-6, Paris, 1904 ; A. Lepîtrc, .S. Antonio di Padova, traduit du français, Rome, 1923, p. 194, et plusieurs historiens qui ont traité la question).

D’un autre côté, nous savons avec certitude que Jean Rigaud, O. F. M., pénitencier du Saint puis évêque de Tréguier, mort à Rome en 1323 (Gains, Séries episcoporum, 2e édit. p. 642), a composé une- ;., de saint Antoine dans les dernières années du xiir « m dans les premières du xiv siècle. La légende de Jean Rigaud a été inopinément retrouvée par le I’. Ferdinand d’Araules, O. F. M., et publiée par lui. en 1899, lis, d’après le cod. 270 de la bibl. munie, de l’.nrdeaux, sous le titre : La vie de saint Antoine de l’iiiloue, par Jean Rigauld, texte latin et traduction I tia S. Antonii constitue une ébauche « le biographie proprement dite, conçue suivanl mi plan rationnel et méthodique, avec la préoccupation de nous faire Daitre, en même temp que h les travaux du

saint, son caractère intime et ses vertus. Et, tandis que les légendes antérieures, incomplètes et disproportionnées, ne traitent en détail que de la première période de la vie de saint Antoine, de sa mort et de sa sépulture, l’œuvre de Jean Rigaud embrasse son histoire à peu près entière et s’attache particulièrement aux événements qui ont marqué son séjour sur le sol français. Cf. L. de Kerval, op. cit., p. 241-243. Nous appuyant d’un côté sur le fait que le premier témoignage, — celui de la Chronica XXIV generalium, dont d’ailleurs tous les auteurs suivants dépendent — qui attribue à Jean Pecham une Vita S. Antonii, ne date que de 1370 et est donc tardif, sachant, d’un autre côté, avec certitude, que Jean Rigaud a composé une Vita S. Antonii, nous pensons qu’il peut y avoir eu confusion entre Jean Pecham et Jean Rigaud. De même que l’on a attribué à Jean Pecham la Formula confessionis de Jean Rigaud, comme nous l’avons prouvé antérieurement, ainsi on peut aussi avoir considéré comme une œuvre de Pecham la Vita S. Antonii, rédigée par Jean Rigaud. Nous appuyant sur ces faits, il nous semble plus probable d’admettre que Jean Pecham n’a pas composé une Vita S. Antonii.

III. Position doctrinale.

Jean Pecham, comme la plupart des maîtres franciscains du xme siècle, appartient à la direction augustinienne de la scolastique, c’est-à-dire qu’il se réclame de la synthèse philosophique et théologique, créée par les plus grands représentants de l’ordre franciscain, particulièrement sous l’influence de saint Bonaventure, qui n’est ni Paristotélisme corrigé, ni la pensée d’Avicenne ou d’Aviccbron plus ou moins purifiée, mais l’authentique doctrine philosophique et théologique de saint Augustin.

Fidélité de Pecham à l’école bonaventurienne.


Cette école, bien qu’elle fût progressive et ouverte aux apports de la pensée grecque, aux progrès des sciences expérimentales, et de la critique textuelle, comme en témoignent les ouvrages des docteurs franlins, principalement anglais, Thomas d’York, Thomas de Bungay, Roger Bacon, qui ont subi plus que les autres l’influence de Robert Grossetête, le grand initiateur de la pensée franciscaine, cette école était décidée à maintenir avant tout et essentiellement la métaphysique de saint Augustin et de saint Anselme et les intuitions de l’école de Saint-Victor.

La direction augustinienne de la scolastiquc a été commandée et dirigée par saint Bonaventure, comme l’ont prouvé abondamment le P. Jules d’AIbi, Saint Bonaventure et les luttes doctrinales de 1267 à 12 ::, Tamines, 1923, E. Longpré, Saint Augustin et la pensée franciscaine, dans la France franciscaine, t. xv. 1932, p. 5-76, et Et. Gilson, La philosophie franciscaine, dans Saint François d’Assise. Son œuvre. Son influence (1226-1926), Paris, 1927, p. 148-175. Au nom de saint Bonaventure, en effet, en qui les initia tives doctrinales franciscaines des origines jusqu’en 1268 trouvent leur formule définitive, se rattach toute une école, dont les membres soutiennent se, principes et l’essentiel de ses thèses malgré la constitution et le succès grandissant du thomisme.

Parmi les principaux disciples du Docteur si phique figure Jean Pecham. à côté de Guillaume de la Mare, Gauthier de Bruges. Mathieu d’Aquasparta, Roger Marston, etc. Tous ces augustiniens refusent d’envisager le problème philosophique pour lui-même, indépendamment de l’ensemble de la sagesse’lu. tienne à laquelle toute raie philosophie s’mi.

Dans l’ordre de la connaissance, les tenants de i franciscaine hésitent admettre « pie notre Intellect suffise a produire lei Idéi générales 81 les premiers principes. » ans l’ordre de la nature, ils inclinent

les solutions qui ne lient pas trop étroitement l’àm.