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PHILARÈTE DKOZIJOV. ÉCRITS


(De la foi), est un exposé des douze articles du symbole de Nicée-Constantinople. La IIe, intitulée : O nadegdié (De l’espérance), traite de la prière en général, de l’oraison dominicale en particulier, et des neuf béatitudes. (Les Gréco-Russes trouvent neuf béatitudes en dédoublant la huitième : cf. Matth., v, 11-12.) Sous le patronage de la charité, lioubvi, la IIIe enseigne la nécessité des bonnes œuvres et explique chacun des préceptes du Décalogue. l’as un mot des commandements de l’Église. Cette division, classique en Orient, est également celle du Grand catéchisme de Laurent Zizanii (Moscou, 1(127), et celle de la Confession orthodoxe de Pierre Mogbila. Malgré l’épithète de prostrannyi ( = développé), le catéchisme de Philarète tient en une centaine de pages. Il est sensiblement moins long et moins complet que la Confession orthodoxe.

Il a été traduit en un grand nombre de langues d’Europe et d’Asie. Signalons en particulier la version allemande du D r Blumenthal, mise en appendice au t. ii de la traduction de l’Histoire de l’Église russe de Philarète Goumilevskii, archevêque de Tchernigov : Geschichte der Kirche Russlands, Francfortsur-le-Main, 1872, p. 295-399, et la traduction anglaise de Schafï : The longer catechism of the russian Church, prepared by Philaret, revised and approved by the most holg Synod, dans le t. n de son ouvrage : The creeds of christendom with a history and critic< l notes, New-York, 1877, p. 445-552. Nous ne connaissons pas de traduction française.

Sur l’autorité doctrinale du catéchisme de Philarète dans sa troisième rédaction, les théologiens grécorusses sont loin de s’entendre. Plusieurs l’exagèrent et veulent l’égaler, sinon à celle des définitions des conciles œcuméniques, du moins à celles des deux confessions de foi de P. Moghila et de Dosithée. La plupart en font un livre symbolique de la seule Église russe, qui seule l’a approuvé officiellement. Cf. M. Jugie, Theologia dogmatica christianorum orientalium ab Ecclesia catholica dissidentium, t. i, p. 679-680. Il est incontestable que cet ouvrage a été généralement considéré en Russie comme une norme dogmatique, et qu’il a exercé une influence considérable sur la théologie russe de la seconde moitié du xix c siècle. Certains théologiens en ont écrit de longs commentaires, où, suivant l’habitude des commentateurs, ils ont parfois glissé leurs opinions personnelles. Voir, par exemple, A. Tsarevskii, Leçons sur la loi divine pour une étude plus approfondie du grand catéchisme de l’Église orthodoxe, louriev, 1901 ; I. Titov, Leçons d’après le grand catéchisme chrétien de l’Église orthodoxe orientale, 2 vol., Moscou, 1904. Pourtant, il a trouvé des critiques et des censeurs même parmi les Russes. Certains le trouvent entaché de luthéranisme, ce qui n’est pas complètement faux. Un censeur synodal en dénonçait les expressions ambiguës en plusieurs endroits, ce qui est incontestable. Les slavophiles qui ont subi l’influence de Khomiakov y ont découvert plusieurs emprunts faits au juridisme de l’Église romaine. Cf. Barsov, Critique des œuvres de Philarète, métropolite de Moscou, dans la Lecture chrétienne, t. i, 1887, p. 791 : A. Palmieri, Theologia dogmatica orthodoxa, t. i, Florence, 1911, p. 648 ; M. Jugie, op. cit., t. i, p. 607-608 ; P. Svietlov, La doctrine chrétienne de la foi (Khristianskoe viérooulchénié) exposée au point de vue apologétique, t. i, 3e éd., Kiev, 1910, p. x-xi. Aussi les théologiens russes contemporains ne se sont-ils pas fait scrupule de contredire son enseignement sur plusieurs points. L’un d’entre eux, Antoine Khrapovitskii. ancien métropolite de Kiev, aujourd’hui à la tête d’une des Églises russes de la dispersion, en résidence à Carlovitz, a poussé l’audace jusqu’à faire une nouvelle révision de la rédaction de 1839, intitulée : Opyt

khristianskago pravoslavnago katikhizissa i Essai d’un catéchisme chrétien orthodoxe), Carlovitz, 1921. Le différences avec le texte de Philarète sont considérables. Il y a de graves suppressions et de notables additions qui touchent au fond même de la doctrine. En voulant éliminer de l’œuvre de son prédécesseur tous les juridismes latins et y introduire ses conceptions personnelles, le métropolite Antoine est tombé dans de flagrantes hérésies, notamment sur la notion du péché originel et le concept de la rédemption. Cf. M. Jugie. op. cit.. t. il. p. 642-643, 702-7(13. Nulle péché originel, voir ici, t.xii, col. 621-622. Ces innovations ont soulevé de vives discussions parmi les Lusses dispersés et aussi dans d’autres Églises autocéphales. Le bruit court que, devant l’orage, Antoine a retiré son catéchisme de la circulation. Cf. M. d’Herbigny-Deubner, Évèques russes en exil, dans les Orienlaliu christiana, t. xxi, 1931, p. 256. Sa tentative est néanmoins significative et montre qu’à notre époque tous les théologiens russes sont loin d’admettre sans réserve l’enseignement du Catéchisme détaillé.

12° Catéchisme abrégé de l’Église orthodoxe catholique orientale gréco-russe, Saint-Pétersbourg, 1821. C’est un simple résumé de l’ouvrage précédent, dont il a suivi le sort. Sous le titre : Éléments de la doctrine chrétienne, ou Petite histoire sainte et petit catéchisme, on a publié, en 1828 et en 1866, un petit catéchisme pour les établissements scolaires, qui est étroitement apparenté au petit et au grand catéchisme de Philarète. Cette rédaction a, en fait, remplacé le petit catéchisme édité en 1824. Comme le Catéchisme détaillé. les abrégés ont eu de nombreuses éditions et ont été traduits en diverses langues.

13° Entretiens avec un soi-disan vieux-rilualislc (Bésiédyk glagolemou staroobriadsy), publiés d’abord en articles dans la Lecture chrétienne de 1834 à 1840, édités en un volume à part en 1840, que le Saint-Synode a fait souvent réimprimer. Comme son titre l’indique, c’est un ouvrage polémique à l’adresse des vieux-croyants.

14° Articles variés, publiés en diverses revues ou recueils entre 1830 et 1867. Presque tous se rapportent aux sciences ecclésiastiques. Signalons : 1. L’esprit de sagesse, commentaire du c. vu du livre de la Sagesse de Salomon (Lect. chrét., 1830) ; 2. Explication du c. un d’Isaïe (ibid., 1832) ; 3. Le grand canon de saint André de Crète traduit en russe (ibid., 1830, publié aussi à part) ; 4. La valeur dogmatique et l’usage traditionnel du texte grec des Septante et de la version slavonne de la sainte Écriture, dans Suppléments (Pribavléniia) aux œuvres des saints Pères, t. x ii, Moscou. 1858, et tirage à part) ; 5. Fleurs du jardin de saint Éphrem le Syrien. Moscou, 1847, plusieurs fois réimprimé ; 6. Explication de la malédiction prononcée au synode de Moscou de 1667 [contre les anciens rites] (Suppléments aux œuvres des saints Pères, t. xiv. 1855) ; 7. Importance de la prière ecclésiastique pour l’union des Églises (ibid., t. xix, 1860).

15° Avis et réponses ou rapports sur les questions scolaires et ecclésiaslico-civiles, donnés par Philarète pendant sa longue carrière, surtout comme membre du synode dirigeant. De ces A ois et réponses il a paru deux collections : l’une faite par Sabba, métropolite de Tver, en cinq volumes, plus un volume de supplément et un autre sur les affaires de l’Église orientale en Orient, soit en tout 8 volumes grand in-8°, le cinquième comprenant 2 tomes, Moscou et Pétersbourg, 1885-1888 (Titre russe : Sobranié mruénii i olzyvov Philarcla, mitropolita Moskovskago i Kolomenskago, oe outchebnym i tserkovno-gosoudarslrcnnym voprosam : Recueil des avis et réponses de Philarète, métropolite de Moscou et Kolomna, sur les questions scolaires et ecclésiastico-civiles ) ; l’autre, éditée par I. N. Korsounskii