Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 12.1.djvu/697

Cette page n’a pas encore été corrigée

1379

    1. IMIILAHKTK DKOZDOV##


IMIILAHKTK DKOZDOV. ÉCRITS

1380

de la faveur que lui témoignait le nouveau souverain, Alexandre II, il obtint, en 1858, malgré l’avis contraire du comte Tolstoï, procureur du synode, une ordon nance autorisant la diffusion de la Bible en langue russe. Les traducteurs se mirent au travail, utilisant ce qu’avaient déjà fait leurs devanciers de 1811 à 1823. L’œuvre ne fut complètement achevée que quelque tnois après la mort de Philarète (18(58).

Ces contradictions passagères purent contrister notre prélat. Elles ne diminuèrent pas sensiblement son influence. Il finit ses jours dans l’apothéose. Toutes les sociétés savantes de Russie voulurent le compter parmi leurs membres. Toutes les décorations ecclésiastiques et civiles de l’empire brillèrent sur sa mitre ou sur sa poitrine. A tous ces honneurs un rescrit impérial des plus élogieux mit le comble en 1867, à l’occasion de son jubilé épiscopal (5 août). Quelques semaines après, il s’éteignait à Moscou, à l’âge de 85 ans (19 novembre 1867).

Les écrivains russes nous dépeignent Philarète comme un prélat très pieux et très zélé, menant une vie de prière et d’austérité, soupirant même après la solitude et le désert. Ils parlent de son humilité, de sa promptitude à pardonner les injures, de sa charité à l’égard des pauvres et des malheureux. Un de ses admirateurs, l’évêque Nicodème Kazantsev (1803-1874), connu pour sa franchise, ne lui trouve qu’un défaut : celui d’avoir parfois plié et de ne s’être pas senti le courage de se vouer au martyre. Il est tout à fait vraisemblable, ajoute Nicodème, que, dans sa sagesse, Philarète jugea que son martyre ou était inutile, ou n’était pas nécessaire à la cause qu’il soutenait. Mes souvenirs sur Philarète, métropolite de Moscou, publiés dans les Lectures (Tchte’niia) de la Société impériale d’histoire et d’archéologie russes de l’université de Moscou, t. ii, 1877, fasc. 2, 106 pages, voir p. 104-106. Ces paroles énigmatiques font sans doute allusion à ses démêlés avec Protasov et autres représentants du césaropapisme russe. A rencontre de l’évêque Nicodème, d’autres lui prêtent un caractère autoritaire et opiniâtre. Il faut reconnaître que ce côté perce bien un peu dans ses rapports écrits au synode et sa correspondance. On lui reproche aussi d’avoir parfois entravé la marche en avant de la Russie dans la voie du progrès social, par exemple, lorsqu’il fit opposition aux mesures humanitaires proposées par le docteur Frédéric-Joseph Haas (1780-1850) en faveur des détenus et des proscrits. Cf. les articles Philarète Drozdov et Haas, dans le Dictionnaire encyclopédique Brokhaus-Ephron, Pétersbourg, t. lxx, 1902, p. 740, et t. xiv, 1892, p. 743.

Son hostilité à l’égard de l’Église catholique, et en particulier à l’égard du pape, a été constante ; mais il s’est toujours abstenu de la polémique violente et injurieuse, trop souvent familière aux polémistes grecs. Il parle toujours de YÉglise occidentale, ou de VÉglise romaine, jamais de VÉglise papique. Il est intéressant, sous ce rapport, de lire sa critique de V Encyclique des quatre patriarches orientaux à tous les fidèles orthodoxes, écrite en 1848, en réponse à l’invitation à l’union adressée par Pie IX aux Orientaux dissidents. Il relève dans le document, outre des bévues d’ordre dogmatique, des expressions « plus proches de l’injure que de la vérité ». Lettre CLXXXvn à A. N. Mouraviev, Kiev, 1869, p. 288-290, dans Pisma mitropolila Moskovskago Philareta k A. N. M. (1832-1867), Lettres du métropolite de Moscou Philarète à A. N. Mouraviev.

II. Écrits.

Philarète a beaucoup écrit ; mais le gros de son œuvre, consistant en rapports, avis, réponses ou décisions d’ordre doctrinal, canonique, administratif, politique, etc., n’a vu le jour qu’après sa mort. La plupart des écrits publiés de son vivant sont des opuscules de la période d’enseignement au

séminaire et à l’Académie ecclésiastique de Pétersbourg. Une fois évoque, il n’a guère édité que des sermons cl des articles de revues. Cela n’empêche pas que son influence sur la théologie russe du xixe siècle n’ai ! été énorme. C’est lui, en effet, qui a donné à l’Église russe un nouveau catéchisme, dont les rédactions successives sont représentatives de l’évolution doctrinale de cette Église durant cette période. De plus, pendant cinquante ans, il a joué en Russie un rôle analogue à celui de notre Congrégation du Saint-Oflice et de l’Index. Nombreux sont ses rapports et avis au synode relatifs à la publication des livres ou aux questions d’ordre théologique. Voici, dans l’ordre chronologique de composition, ses principaux écrits relatifs aux sciences ecclésiastiques :

1° Exposé des différences entre l’Église orientale et l’Église occidentale dans l’enseignement de la foi (Izlogénié raznosti mejdou vostotchnoiou i zapadnoiou Tserkoviiou v outchenié viéry). — Cet opuscule de quatorze pages, composé en 1811, à la demande du procureur du synode, le prince Alexandre Nicolaiévitch Golitsyne, pour satisfaire la curiosité de l’impératrice Elisabeth Alexievna, ne fut publié qu’en 1870 par O. Bolianskii dans les Tchteniia de la Société d’histoire et d’archéologie de Moscou, t. i, fasc. 1, p. 31-44. Il présente le plus haut intérêt pour l’histoire de la théologie russe en général et l’histoire de la théologie de Philarète en particulier. Nous en reparlerons tout à l’heure.

2° Introductiones in singulos libros Veteris Testamenti in supplementum libri classici conscriplae. — Ce sont les leçons données à l’Académie ecclésiastique de Pétersbourg, alors que Philarète était professeur d’herméneutique, à partir de 1810. Le titre latin s’explique par le fait qu’à cette époque le latin était la langue de l’enseignement dans les académies et les séminaires. Ces leçons n’ont été publiées qu’en partie, en traduction russe, sous divers titres, dans les Tcht’niia (Lectures ) de la Société des amis de la culture ecclésiastique (années 1871-1874 et 1876).

3° Essai d’explication du psaume lx Vil, Pétersbourg, 1814, simple brochure.

4° Hymne d’action de grâces pour la délivrance de l’Église et de l’empire russes de l’invasion des Français et des douze nations (littéralement : des douze langues) qui étaient avec eux, Pétersbourg, 1814. Jusqu’à l’avènement du bolchevisme, ce Te Deum était chanté tous les ans, dans les églises russes, le 25 décembre.

5° Dialogues (Razgovory) entre un chercheur et un convaincu sur l’orthodoxie de l’Église orientale grécorusse, avec des extraits de l’encyclique de Photius, patriarche de Constanlinople, aux sièges patriarcaux d’Orient, Pétersbourg, 1815 : Opuscule polémique dirigé contre l’Église catholique, écrit à la demande du procureur du synode, le prince A. N. Golitsyne, au moment où l’on préparait l’expulsion des jésuites. Philarète traite surtout de la procession du Saint-Esprit, de la primauté du pape, des origines du schisme et nous livre sa conception de l’Église universelle, qui est curieuse. Ouvrage très superficiel, trop vanté dans les milieux or.hodoxes, qui a eu les honneurs d’une traduction française par Sondakov, Paris, 1862, et d’une traduction grecque moderne par Théodore Vallianos : AliXoyoi — epî ôpOoSo^îxç rîjç àvxToXixîjç x.aOoXix^ç’ExxX7]aîxç [i£T3c ; j Èpï’jv(]T j’j xai — stoiOôtoç, otç TzpodTÎQz-xi xxt à : 16cT : aau, x lx. t ?, ; èyxuxXtou è-kttoXtjç to OwTtO’J, — arpiapxw tîjç (3x<n>su6’j<iï ; ç Kpoç txç àvaToXtxàç TrarpLapy^ixàç xaGÉSpaç, Athènes, 1853, 115 pages (d’après la 4e édit. russe, Moscou, 1843).

6° Commentaire sur le livre de la Genèse (Zapiski na knigou Bytiia), Pétersbourg, 1816. Ce Commentaire est tiré des leçons données à l’Académie ecclésiastique en 1810-1812. Il n’est pas sans valeur, l’auteur ayant eu recours au texte hébreu et ayant utilisé l’exégèse