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PETAU (DENYS). (JIM MON S PARTICULIÈRES


I. I, ramène leur erreur à une expression encore Incomplète « lu dogme catholique : le moins qu’on puisse dire csl que leur langage, en tout cas, diffère « le celui qui s’est imposé après Nicée ; mais ils n’en admettent pas inoins la réalité de trois personnes divines : Quamois eorum aliqui nondum plenam catholici décret i professionem expresserunt, sed loquendi saltem modo génère ipso dissenserunt ab ea régula qu.se. posl Niceenam conslituta synodum est, ut in primo libro disputavimus, tamen personas très divinas reipsa distinctas edocent. Éd. Vives, t. ii, p. 596 a. Bien plus, six ans après, quand l’abbé de Bourzéis l’accusera d’avoir fait nier la divinité du Verbe aux Pères anténicéens, Petau, en renvoyant son contradicteur aux précisions contenues dans sa Pré/ace, les appuiera du texte même de saint Jérôme qui, dans le livre, lui avait déjà servi à expliquer leurs erreurs ou leurs inexactitudes de langage. In quo præeunlem habui cujus ad id usus sum teslimonio. Appendix ad l. XII, De incarnatione : adv. heterodoxi cujusdam cavillationes, c. xi, 9, Vives, t. vii, p. 374-375.

Du livre à la Préface, il n’y a donc aucune réelle opposition de doctrine. Toutefois, il est incontestable que le ton en est bien différent ; au lieu que les chapitres du livre s’appliquent à dégager et à mettre en lumière les textes favorables à l’arianisme, ceux de la Préface les estompent et en atténuent la portée. Là, Petau s’était appliqué à montrer qu’Arius avait des prédécesseurs à qui se rattacher ; ici, il prétend découvrir jusque chez ces prédécesseurs eux-mêmes la preuve de la tradition qu’il lui oppose. Mais cette diversité de but est précisément ce qui permet de saisir le rapport exact de ces deux séries d’études. Ceux qui ont cru discerner, dans les dernières, une correction ou une rétractation des premières ont négligé d’observer la diversité du point de vue qui commande les unes et les autres.

Au 1. I de son De Trinitate, Petau ne fait œuvre que d’historien. L’historien même, ici, s’attache uniquement à relever les opinions plus ou moins inexactes dont ce mystère a été l’objet. Le titre du livre le dit en propres termes : Liber primus, in quo mysterii illius, hoc est opinionum de eo, Ta t<rropoûu, eva traduntur. Ainsi va-t-il des idées de Platon sur la Trinité aux hérésies du ive siècle sur le Saint-Esprit.

Petau, en effet, estime que ces hérésies ont leur point de départ dans les idées platoniciennes sur l’intermédiaire divin qui conserve et gouverne le monde. L. I, c. i, 1-2. A ses yeux, Arius est un vrai platonicien, t. I, c. viii, 2 ; mais l’influence qu’il a subie s’est exercée longtemps avant lui sur un certain nombre d’écrivains chrétiens qui, ayant cru découvrir chez Platon ou ses disciples un fantôme de Trinité, se sont inspirés de leurs conceptions. Or, cet engouement pour Platon a été souverainement dangereux pour la foi chrétienne : Plato ejusque discipuli speciem quamdam Trinitatis informarunt ; quo etiam nomine nostrorum aliqui supra modum illos admirantur ac prædicant. Sed profecto majore flagilio ac dispendio veritatis quam opérée prelio, istud illorum dogma prodiisse mihi videtur, neque ex ulla alia re gravior christianse fidei noxa et pernicies imporlala fuisse. L. I, c. ii, 1, Vives, t. ii, p. 282 a. Tout ce qu’il y a eu d’hérésies ou d’opinions fausses aux premiers siècles de l’Église, la perfidie arienne en particulier, dérive de là. Et c’est exactement ce que Petau se propose de montrer au cours de ce premier livre. Consacré aux erreurs qui concernent la Trinité, il s’ouvrira par une étude directe des théories platoniciennes : ainsi pourra être atteint le but poursuivi qui est de montrer la source et le point de départ d’erreurs qui ont affecté jusqu’à certains écrivains pieux et saints : Inde enim, quod volo, constabit fonlem illum fuisse vel slirpem errorum omnium, quibus in eo génère

non luiretici solum ac christianm eommunitatis desertores sed nonnulti etiam pu sunctique scriptores afflali sunt. Ibid.

Voilà, pourrait-on dire, la thèse historique que se propose d’établir Petau au cours de ce premier livre : l’influence néfaste des théories platoniciennes. Et les chapitres m-v consacrés aux écrivains anténicéens en sont comme la démonstration. En l’abordant, Petau rappelle encore une fois que tel en est le but : il ne s’esl occupé d’abord des platoniciens que pour permettre de mieux saisir comment s’est exercée leur influence : Nunc, illud ipsum, cujus gratia platonicorum de Trinitate sententiam accurale pervestigavimus, expendamus hoc capite : quis antiquorum aliquot de eodem dogmate sensus exliterit ac quemudmodum Plalonis in christianam religionem commentum de Trinitate paulatim ab iis inlroductum sit, qui ex illius secta inslilutioneque transierunt ad Christi prufessionem vel ulcumque doclrina afflali ipsius excultique sunt. C. ii, 1, Vives, t. ii, p. 291 b.

Nous voilà donc prévenus : il s’agit ici, pour Petau, de relever et de mettre en lumière les traces de l’influence platonicienne jusque chez des écrivains, par ailleurs attachés à la foi catholique. Quand donc, après avoir expliqué que, malgré cette fidélité, ils aient pu s’y laisser entraîner, il s’applique à les montrer qui parlent en ariens, il importera, pour apprécier le sens et la portée de son propre langage, de ne pas oublier le point de vue d’où il les examine actuellement : parce que certaines phrases, mises en saillie dans ce dessein, lui servent à faire ressortir les erreurs auxquelles ont entraîné les théories platoniciennes, on ne devra point conclure de là qu’il y voit l’expression exacte de leur pensée totale sur le mystère de la Trinité. Lui-même, dans le livre, en arrivant au bout de cette étude, sur les Pères anténicéens, rappelle que tel n’a pas été son but dans les trois chapitres qu’il leur a consacrés ; il ne s’y est proposé, au contraire, que de signaler ce qui, dans leurs ouvrages, est moins sûr ou dangereux : Hoc nobis proposilum fuit, non quid absolule de Trinitate sensissent illi persequi, verum quæ in eorum scriplis cavenda periculoseque dicta essent adnotare. Saint Augustin a montré, par son exemple, que cette sorte d’examen est légitime et utile. On ne lui en voudra donc pas à lui-même de se l’être permis pour les œuvres de quelques saints personnages de cette époque lointaine ; d’autant plus que ce qu’il a trouvé à y reprendre tient moins, pour le plus grand nombre, à la doctrine elle-même qu’à son expression : Maxime, cum non tam de re ipsa quam de l’ocabulis ac loquendi more modoque complures a me fuerint appellati et hac qualicumque castigatione perstricti. L. I, c. VI, 4, Vives, p. 322 a.

C’est donc aller à rencontre de la pensée de Petau que de voir, dans ces chapitres, une appréciation foncière de la doctrine des Pères anténicéens. De là vient, cependant, l’opposition qu’on a cru découvrir entre ces observations et le jugement définitif qui se formule dans la Préface ; on ne s’est pas rendu compte que la différence du ton tient à la différence du but poursuivi : là, montrer la fâcheuse influence du platonisme jusque sur des auteurs fermement attachés à la foi commune ; ici, prouver que, malgré les erreurs, les incertitudes de détail ou les inexactitudes de langage résultant de cette influence chez quelques écrivains, cette foi commune, dans ce qu’elle a d’essentiel, a été professée par l’ensemble de l’Église anténicéenne.

Tel est, en efïet, le dessein hautement affiché de la Préface. Petau veut y établir, par l’autorité de la tradition, la vérité du dogme dont, au livre II, il a montré la source dans l’Écriture. C. i, 10, Vives, t. ii, p. 258 b. Sans cela, étant données les discussions sans fin auxquelles peut donner et a donné lieu le texte de