Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 12.1.djvu/656

Cette page n’a pas encore été corrigée

129 ;

    1. PERSÉVÉRANCE##


PERSÉVÉRANCE. LA PERSÉVÉRANCE FINALE

1298

efflcaci gloriæ intentione. Gonet, Clypeus, tract. De gratia, disp. I, a. 8, § 3, n. 357 : § 7, n. 386 : Billuart, Summa, tract. De gratia, dissert. III. a. 10, §5 ; cf. Jean de Saint-Thomas, loc. cit., n. 6.

Évidemment, ce secours efficace est d’une nature spéciale, puisque, dans le fait de la conjonction de l’instant de la mort avec la continuation de l’état de grâce, il ne comporte pas nécessairement d’influence directe sur la volonté humaine. C’est, avons-nous dit, un aboutissement, le même pour tous, mais consécutif à des dispositions providentielles fort différentes selon les individus :

Dans son élément formel, qui est la conjonction de la grâce avec l’instant de la mort, conjonction voulue par Dieu en suite d’une intention efficace de glorifier le prédestiné, la persévérance finale est de même nature chez tous. Mais, dans ses éléments matériels, elle comporte des dispositions fort différentes selon les différents individus. En ceux qui meurent sans avoir eu l’usage de la raison, elle comporte simplement la providence divine, en vertu de laquelle les événements ont été disposés de manière que leur mort arrive avant qu’ils aient pu faire mauvais usage de leur raison. Pour les autres, elle comporte la collation de divers secours, soit pour les relever du péché, scit pour leur éviter le péché et les aider à surmonter les tentations ou à persévérer longtemps dans le bien, ou encore à se trouver en état de grâce, précisément au moment fixé par Dieu pour la mort. Gonet, n. 388.

C’est cet ensemble de secours intrinsèques et extrinsèques qui prépare la coïncidence de la mort et de l’état de grâce et réalise ainsi, par des moyens divers. le même résultai, identique pour tous les élus. Cf. Billuart, loc. cit.

b) L’immobilisation de la volonté dans le bien à l’instant de la mort marque le caractère efficace du secours divin constituant le don de la persévérance finale. — La persévérance passive qu’on vient d’expliquer n’épuise pas le contenu du don de persévérance accordé aux adultes. Leur volonté, même sanctifiée par la grâce habituelle, demeure, jusqu’au dernier moment, versatile et capable de se détourner de Dieu. Tant qu’elle se trouve in statu vise, elle demeure, antérieurement et postérieurement à l’acte bon qu’elle choisit sous l’influence de la grâce efficace — potentia antécédente et conséquente, disent les théologiens — - capable de se retourner vers le mal. Il n’est donc pas en son pouvoir. même aidée de la grâce habituelle et des grâces actuelles ordinaires, de se fixer dans le bien et de se rendre potentia conséquente incapable de choisir le mal, au moment où la mort va la saisir. Cf. Salmanticenses, n. 232 ; 235. lit. cependant, pour rendre pleinement raison du don de persévérance finale, cette fixation actuelle dans le bien est nécessaire, le fait de persévérer se superposant ici au pouvoir.

Saint Thomas, on l’a vu. avait esquissé cette preuve de la nécessité d’une grâce spéciale. Sum. theol., II a -II a’. q. CXXXVII, a. I : (’.ont. gent., I. III. c, CLV ; De verilate, q. xxiv, a. 13. Beaucoup de théologiens la

laissent dans l’ombre ; mais d’autres l’utilisent aec une logique rigoureuse (voir spécialement les Salman ticenses. n. 235 237) <t concluent que l’ultime grâce qui assure la persévérance finale est une grâce efficace spéciale. causant dans la volonté l’immobile per

sistaucc dans le bien i, N. 365. Or, une telle grâce ne peut être qu’un bienfait de Dieu.

Suarez a anal se plus complètement la grâce effli aie

qui constitue la persévérance finale, il rappelle tout

d’abord que le don de la persévérance finale ne saurait

être un habitua Infus avec la grâce sanctifiante, car les

justes, qui possèdent la grâce et les habit us qui raccompagnent, n’ont pas tous le don « le persévérance. De gratta, l. X. c. v, n. 1-2. D’ailleurs, par lui même.

l’habit us ne peut préserver le juste du pèche. c’esl l’usage de l’habit us qui cause la persévérance et cet

usage requiert l’intervention d’un secours actuel. De plus, l’adjonction d’un secours actuel à la grâce habituelle explique suffisamment la persévérance sans qu’il soit besoin de recourir à un habitus spécial. N. 3. Régulièrement, le don de persévérance n’est pas constitué par une seule grâce du dernier moment ; il suppose, au contraire, une série plds ou moins longue de grâces disposant efficacement l’homme à demeurer fidèle à Dieu et à persévérer dans cette fidélité. N. 4. Dans ces multiples secours, on peut distinguer les secours extrinsèques et les secours intrinsèques : extrinsèques quand Dieu, par sa providence, soustrait le juste aux occasions de péchés : intrinsèques, quand Dieu lui accorde les illuminations et motions surnaturelles nécessaires pour éviter le mal et faire le bien. N. 5. Il s’ensuit que le don de persévérance comprend des éléments très variables selon les différentes personnes. Quoi qu’il en soit, dans le cas des adultes, capables d’actes humains, le don de persévérance ajoute au pouvoir de persévérer les secours que Dieu sait devoir être efficaces : cui Deus vu.lt perseverantiam donare. illa prseparat effleacia auxilia, qui bus præscit usque in fmem perseveraturum. N. 8.

Sur ce point, entre théologiens posttridentins, les divergences n’existent pour ainsi dire pas. Les uns plus abondamment, les autres d’une façon plus succincte, tous considèrent que le secours spécial de la persévérance finale, au moins dans le cas d’une persévérance délibérée de la part du sujet, est un secours efficace qui fait que le juste persévère dans le bien. Cf. Van der Meersch. Traclatus de divina gratia. n. 346. Même les scotistes s’en tiennent â ce concept généralement admis. Voir Frassen, Scotus academicus, tract. III. De divinagratia’beneficio, disp. I. a. 3. q. il. concl. 1 et 2.

Il va de soi que le don de persévérance finale, quelle que soit l’efficacité des grâces qui le constituent, n’enlève en rien la liberté de l’homme et, là où la chose est possible, implique même sa coopérai ion. Suarez le démontre longuement contre l’opinion qu’il attribue à Diègue Alvarez, dominicain, et qui. en réalité, n’est pas autre que l’opinion de la grâce efficace ab intrinseco. Voir Suarez. op. cit.. c. vu : Alvarez. De auxiliis divinm gratise Rome, 1610, disp. CV.

Le seul point librement discuté entre théologiens est celui-ci : le secours spécial efficace, qui constitue, dans la persévérance active et délibérée des adultes. l’élément fixant leur volonté dans le bien pour l’instant de la mort, comporlc-t-il une ultime grâce efficace spéciale â l’instant du dernier acte libre, ou bien est-il suffisamment expliqué par tout l’ensemble des grâces efficaces précédemment accordées au juste, auxquelles s’ajoute simplement, â l’instant voulu par Dieu, l’opportune coïncidence de l’état de grâce et de la mort’1 Le problème est directement envisagé par fort peu d’auteurs, et doit être résolu d’après les principes admis pour l’interprétation du canon 22 du concile de Trente, voir ci-dessus, col. 1283. Cf. Lange. De gratta. n. 571, e. On pourrait cependant observer qu’un élément nouveau s’ajoute ici aux données du problème général posé par l’interprétation de ce canon : c’est la fixation de la volonté dans le bien. Il semble donc — c’esl la notre avis, s’il est permis de le formuler que la logique doive conduire le théologien à affirmer l’existence, dans le don de persévérance finale accordé

aux adultes, d’une ultime grâce efficace, qui est. par excellence, le grand don de la persévérance. Le P. Iltigon nous parait. SU1 ce point, avoir Irouvé la

formule exacte : Le don de persévérance Anale ne

consiste pas en une seule grâce indivisible, mais il ren

ferme beaucoup d’éléments. Chez les adultes. |] iup

pose, de la pari de Dieu, une providence spéciale dis posant toutes choses de sorte que l’clal de grâCC SOlt