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PERSÉVÉRANCE. LA PERSÉVÉRANCE FINALE


vale et surtout par saint Thomas ; 4. a été sanctionné par le concile de Trente et enfin ô. a reçu de la théologie posttridentine, par l’application de la doctrine de la grâce efficace, son dernier complément, où il apparaît bien que la grâce de la persévérance finale mérite le nom de « grand don de Dieu ». Mais, 2° de cette analyse, il résulte : 1. que personne ne peut être assuré de s ; i persévérance finale et 2. que la grâce de la persévérance finale ne saurait être l’objet d’un mérite proprement dit.

I. LE « GRAND DON » DE LA PERSÉVÉRANCE FINALE.

— 1° L’enseignement de l’Écriture. — Tous les textes relatifs à l’élection gratuite des prédestinés, à la grâce et à la gloire, impliquent qu’à Dieu seul doit être attribuée la conservation de l’état de grâce jusqu’à l’instant de la mort. Voir surtout Rom., viii, 28-33 ; ix, 6-24, et Prédestination. Mais la réalisation même de la prédestination, c’est-à-dire l’acte de la persévérance finale est rapporté expressément à Dieu seul : « Je rends grâces à mon Dieu, écrit saint Paul aux Philippiens, i, 3-6, en plein souvenir de vous…, ayant cette confiance que celui qui a commencé en vous la bonne œuvre la perfectionnera jusqu’au jour du Christ Jésus. » Et saint Pierre, rattachant la persévérance finale à la prédestination : « Le Dieu de toute grâce, qui nous a appelés par le Christ Jésus à son éternelle gloire, vous perfectionnera lui-même, vous fortifiera et vous affermira. » I Pet., v, 10. Cf. Jer., xxxii, 40. Plus spécialement, c’est à Dieu qu’est attribuée la coïncidence de l’instant de la mort avec la continuation de l’état de grâce. Cf. Sap., iv, 11, 14.

L’enseignement de saint Augustin.

 On a exposé

plus haut la doctrine générale de saint Augustin sur la persévérance finale, voir col. 1266 sq. Il suffit dénoter ici les particularités qui, déjà chez Augustin, mettent en relief les éléments spécifiques de cette persévérance.

Nous avons distingué, dès le début de cet article, la persévérance passive et la persévérance active. Déjà, la persévérance finale purement passive est un don de Dieu : le seul fait que Dieu impose à la vie humaine l’instant final qu’il veut est déjà une grâce pour ceux que cet instant final trouvera dans l’amitié de Dieu. Ce premier élément est mis en relief dans le De dono perseverantiæ, c. xiii. n. 32 ; c. xiv. n. 35 ; c. xvii, ii. 41. P. /… t. xi.v. col. 1012, 1014, 1018. Voir aussi ci-dessus, col. 1’207. Mais il y a plus : chez les adultes, capables d’actes de volonté libre, la persévérance finale comporte une grâce, qui fixera la volonté dans la foi et le choix du bien. Id., c. xxii, n. 58, col. 1029. (’.clic grâce s’exerce évidemment surtout a l’heure de la mort ; mais elle consiste également dans tout l’ensemble « les secours, externes et Internes, parlesquels Dieu soutient l’infirmité humaine et dispose toutes choses de manière a diriger la volonté de l’homme tndeclinabililer et insuperabiliier, de manière a l’empêcher de faiblir et de se laisser vaincre par quelque

adversité. De correptione ri gratia, cxii, n. 38. P. l.. t. xi. iv, col. 939. insi. c’esl à la grâce que la liberté

doit de persévérer et d’aï -quérir la continuité el la

forée invincible dans la persévérance. Ibid., c. viii, n. 17, col. 926. Comment celle grâce n’offense pas la liberté, on l’a dit t. i. col. 2390 sq.

Ce don de la persévérance, acquis à celui que Dieu a prédestiné, ne saurait donc, par rapport à ce décret de la prédestination, être conçu comme amissible : le prédestiné aura certainement, il a déjà, le don de la persévérance finale. /><- dono perseverantiæ, c. vi, n. 11. 12. t. xi.v, col. 999. Voir ci-dessus, col. 1207. Mais, tant qu’il esi sur terre, en butte aux tentations et aux

périls de toutes sortes, l’homme ne peut savoir avec

certitude s’il persévérera. Ceux qui doivent persévérer

el (eux qui ne persévéreront pal sont , pour ainsi dire,

mélangés dans la volonté iris providente de Dieu : par

là, nous devons apprendre l’humilité et chercher à accomplir notre salut avec crainte et tremblement. Id., n. 33, col. 1012.

Sur l’impossibilité de mériter le don de persévérance et la possibilité de l’obtenir par nos supplications, voir col. 1267.

Doctrine de saint Thomas.

Les théologiens du

Moyen Age sont, en général, sobres d’explications sur le fait de la persévérance finale. Ils répètent volontiers la formule anselmienne de la persévérance de l’ange fidèle : Ideo perseveravit. quia perseverantiam habuit ; ita ideo perseverantiam habuit, quia accepit et ideo acecpit, quiaDeus dédit. Cf. supra, col. 1273. Saint Thomas, cependant, a fourni des éléments nouveaux.

Tout d’abord, il marque bien la différence entre le posse perseverarc et la persévérance finale actuelle. » 11 en est, écrit-il, qui reçoivent la grâce, mais sans la persévérance dans cette grâce. » Sum. theol., I-MI*, q. cix, a. 10. Et, plus expressément : « Beaucoup reçoivent la grâce qui leur permet de persévérer tquo perseverare possunt ) et, de plus, il leur est donné de persévérer en fait (quod persévèrent j. a Ibid.. ad 3um. Toutefois, dans cet article de la Somme, où il traite ex professo de la persévérance finale, saint Thomas n’est pas très explicite sur la nécessité d’une grâce actuelle spéciale, qui donne à l’homme le fait de la persévérance. « La persévérance, écrit-il, c’est la continuation effective du bien jusqu’au terme de la vie. Et, pour obtenir pareille persévérance, un homme, déjà établi dans la grâce, a besoin non pas d’une nouvelle grâce habituelle, mais d’un secours divin le dirigeant et le protégeant contre l’assaut des tentations. Ceci, ajoute saint Thomas, ressort des considérations faites à l’article précédent. » Or, l’article précédent ne s’occupe que du posse perseverare. La pensée du Docteur angélique apparaît plus complètement tout d’abord dans la q. c.xiv, a. 9, où il enseigne que la persévérance finale implique une motion divine inclinant l’homme au bien jusqu’à la liii, et surtout dans la H a -II : ’. q. cxxxvii, a. 4, où il déclare que le secours spécial de Dieu est requis dans la persévérance finale, « parce que le libre arbitre est, de soi. changeant et que, même réparé par la grâce, il ne peut se fixer immuablement dans le bien : en son pouvoir est l’élection, mais non l’exécution. « Se fixer dans le bien, condition nécessaire à la persévérance finale pour l’adulte à l’article de la mort, n’est pas au pouvoir du libre arbitre : c’est la raison qu’exploitera la théologie posttridentine. Saint Thomas la rappelle encore. Sum. cont. gent., I. 111. c. ci.v ; De veritate, q. nxiv. a. 13. Les Salmanticenses ont justement noté que certaines raisons apportées par saint Thomas sont souvent moins complètes que celles de la théologie moderne et qu’elles touchent plutôl la difficulté pour l’homme de surmonter les tentations qui s’opposent à la persévérance pendant une longue

durée de la vie plutôl que le fait même de la persévé

rance finale. Cette remarque s’applique parfaitement

au texte de la DM-, q. MX. Salmanticenses. De gratia, disp. III. dub. xi. n. 235, I. ix. p. 195.

Par contre, saint Thomas est très cxplieiie sur l’impossibilité, pour le juste, de mériter la pci rance finale :

Étant donne ((ne. de par sn nature, le libre arbitre (le l’homme penche soit vers le bien, soit vers le mal, il j a deux maniéi es pour obtenir de i Meu la perses érance dans le bien. I : i première, c’est que le libre arbitre soit déterminé an

bien par la grâce Consommée ; Ici scia le cas des saints dans la gloire, La seconde, c’esl que la motion di me incline l’homme an bien jusqu’à la lin. Or. d’après Ce que nous

avons dii. nous poui ons mériter ce qui se présente comme un terme du mouvement de notre libre arbitré mû et dirigé

par Dieu, mais non pas ce ipii se trouve an principe même

.i. ce mouvement. Il apparaît dès lors que la perses.

de la gloirr. qui est le terme dn mouvement dont non