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PERSÉVÉRANCE. LA THEOLOGIE MODERNE


turum absoluta et infallibili der plus tard le grand don de

cerlitudine dixerit, nisi hoc la persévérance finale (à

ex speciali revelatione didimoins qu’il ne l’ait appris

cerit, A. S. Conc. Trid., par une révélation spéciale),

p. 798 ; Denz.-Bannw., n. 826 ; qu’il soit anathème. Cavallera, n. 885.

L’addition absoluta et infallibili cerlitudine fut introduite, vraisemblablement, dans l’intention de ne pas opposer l’absence de certitude à la fermeté de l’espérance (Zaius, p. 658) et à la confiance morale qui en découle (archevêque d’Armagh, p. 679). C’est là une précision non négligeable. Du mérite possible de l’homme justifié relativement à la persévérance finale, le concile n’a rien statué directement, ni dans la doctrine, ni dans les canons.

III. Les cadres de la théologie moderne.

La théologie moderne a systématisé les doctrines précédemment exposées et qui, toutes, convergent vers l’explication du grand don de la persévérance finale accordé par Dieu à ses élus. De là découlent la plupart des thèses concernant la nécessité de la grâce. A vrai dire, la théologie posttridentine n’a pas inventé le cadre où elle évolue ; ce cadre, elle le doit avant tout à saint Thomas, Sum. theol., Ia-II », q. cix.

Toutefois, les positions doctrinales sanctionnées au concile de Trente ont obligé les théologiens à exposer avec plus de précision le rôle et la nature des secours divins nécessaires à la persévérance. Les concepts de grâce médicinale et de grâce élevante, de grâce suffisante et de grâce efficace, concepts d’origine assez moderne, ont été invoqués pour justifier les divergences d’explication. Certaines expositions ont dû être revues avec soin en face des exagérations ou des erreurs jansénistes et baïanistes. De là, un progrès, accidentel sans doute, mais très réel, dans la théologie posttridentine de la grâce nécessaire à la persévérance du juste.

Nous n’avons strictement à étudier, dans ce paragraphe, que les cadres où s’insèrent les thèses relatives à cette persévérance du juste dans le bien. Néanmoins, la connexion des idées oblige souvent les théologiens modernes à se reporter à des thèses concernant les infidèles et les pécheurs. Nous devrons donc indiquer, subsidiairement, les connexions inévitables.

1° La possibilité des actes moralement bons pour le juste, dans l’étal actuel de la nature déchue et réparée. — C’est le premier problème que pose la persévérance des justes dans le bien. Pour persévérer, il faut, en effet, tout d’-abord, que le juste puisse agir conformément aux exigences de la morale, même simplement naturelle.

Cette possibilité, OH l’a vii, est niée par les réformateurs. Voir ci-dessus, col. 1282. Pour Luther et ses disciples, le libre arbitre est tellement corrompu par le péché originel et tellement orienté vers le mal que le juste, même dans ses actions bonnes, pèche mortellement ou, tout au moins, vénlellement. D’ailleurs, en agissant en vue d’une récompense éternelle, même s’il a l’intention de glorifier Dieu, le juste commet une faute. Denz.-Bannw., n. 771. 772. 776, 804, 826, 841 ; Cavallera, n. 669, 884, 892.

Cette possibilité est restreinte, dans des proportions qui la rendent souvent illusoire pour l’état de nature déchue et réparée, par la théologie de l’..iius. pour

Baius, non seulement c’est tomber dans l’erreur péla gienne que d’admettre la moindre bonne action chez

les Infidèles, mais encore il faut affirmer que, sans la grâce, le libre arbil re ne peut que pécher, de telle sorte pue, dans la vie morale de l’homme, même justifié, il n’y a aucun Intermédiaire entre les œuvres accomplies par amour sumal urei de i >i>'ii et lis péchés procédant de la cupidité vicieuse. Voti Bah s, t. ii, col. 83, 90. Des disciples de Baius et de Jarisénlus ont soutenu, dans

la suite, les mêmes erreurs. Voir Alexandre VIII, t. i, col. 754. Voir aussi, parmi les erreurs du synode janséniste de Pistoie, condamnées par Pie VI, les prop. 23 et 24 ; Denz.-Bannw. n. 1523, 1524 ; Cavallera, n. 918.

Les jansénistes non seulement acceptent ces vues, mais les aggravent avec leur concept inadéquat de la grâce suffisante et surtout avec leur théorie du libre arbitre, rendu par le péché incapable de se décider pour le bien, n’ayant de pouvoir que pour le mal et subissant d’une manière nécessaire l’attrait de la délectation victorieuse. Voir Jansénisme, t. viii, col. 388 sq. D’où il résulte que, en l’absence d’une délectation victorieuse, les justes sont dans l’impuissance d’éviter le mal et de faire le bien. Col. 392, 479. Le fondement de cette assertion est que, « par le péché originel, l’homme est tombé dans l’impuissance volontaire de faire aucun bien, d’observer les commandements, parce que sa volonté est dominée par la cupidité ». Col. 481. De là. les deux premières propositions de Jansénius, condamnées par Innocent X, Denz.-Bannw., n. 1092 et 1093 ; Cavallera, n. 903.

La théologie moderne a placé ces doctrines désespérantes, pour en réfuter le principe, dans le cadre plus général tracé par saint Thomas, toc. cit., a. 1 et 2. En montrant que l’homme même déchu, même laissé à ses seules forces naturelles, est capable, sans la grâce. de connaître quelques vérités religieuses, d’accomplir quelque bien, les théologiens montrent que la thèse fondamentale de Luther, de Baius et de Jansénius sur la corruption radicale et l’impuissance du libre arbitre est insoutenable. Cette démonstration, replacée en son cadre, a été exposée ici à l’article Grâce, t. VI, col. 1578-1580.

La théologie catholique enseigne donc que la nature humaine, quoique déchue, est capable de faire quelque bien d’ordre naturel sans le secours de la grâce. Quant à la qualification de cette doctrine, si on la prend dans sa plus large compréhension, à savoir l’hypothèse du bien accompli sans le secours d’aucune grâce, les auteurs la considèrent comme doctrine moralement certaine et commune. Mais, quand ils envisagent certaines catégories d’individus, la noie théologique, en raison de la condamnation des propositions contradictoires, s’aflirme avec plus de précisions. La possibilité, pour l’infidèle, de faire des bonnes ouvres sans le secours de la grâce de la foi est une doctrine catholique théologiquement certaine. Cf. Denz.-Bannw., n. 1025 ; Cavallera, n. 895. La possibilité pour le pécheur de

faire de bonnes œuvres sans le secours de la grâce sanctifiante est une doctrine de foi. Cf. Denz. -Bannw., n. 817 : Cavallera, n. 892. A plus forte raison donc, la possibilité, pour le juste, d’accomplir de bonnes ouvres sans le secours de la grâce actuelle doit être considérée comme un dogme de foi ; aussi les propositions contradictoires de Luther ont elles été anathématisées. Denz.-Bannw., n. 835. 841 ; Cavallera, n. 892. Cet anathème laisse entière’la controverse

entre théologiens sur la nécessité, pour le juste, d’une grâce actuelle pour chaque acte non seulement bon. mais surnaturel. Voir GRÂCE, t. VI, col. 1678 sq. foute fois, si l’acte moralement bon. du pécheur comme du juste, ne requiert pas absolument le’secours d’une

grâce Improprement dite au sens de Vasquez, col. 1581,

ou proprement dite, riu moins en fait, au sens de Ripalda, col. 1582, il semble exact d’observer avec Billuart, après Bancel et Goudin, « pic la simple motion

riu concours général de Dieu, nécessaire a l’homme

pour accomplir un acte moi aleineiil licm. est déjà, par

rapport a celui cpii accomplit cet acte, un ICCOU1

cial. puisque Dieu aurait pu ne pas diriger sa liberté

en ce sens. Trætatvu de gratia, dissert. IN. n. 8. Cf. saint Thomas, De oerttate, q. xxtv, a. i I.