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    1. PERSÉVÉRANCE##


PERSÉVÉRANCE. LE CONCILE DE TRENTE

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surtout dans le remarquable rapport de Seripandi,

23 juillet, p. 371, où le général des ermites « le Saint-Augustin insiste sur le don précieux qu’est la persévérance finale, p. 373.

Des documents définitivement promulgués par le concile, nous n’avons à retenir ici que le chapitre xi concernant la nécessité et la possibilité de l’observance des préceptes pour assurer la persévérance « lu juste, et le chapitre xiii, concernant l’incertitude de la persévérance jusqu’à la fin. A ces chapitres doctrinaux doivent être joints les canons qui leur correspondent, notamment les canons 22 et lli. Nous nous servons ici exclusivement du texte de Mgr Khscs, lequel diffère sur un ou deux points de détail du texte reçu et publié par Denziger ou par Cavallera.

I. m : l’observance des préceptes ; de sa nécessité ET DE SA POSSIBILITÉ (C XI).

Nemo autem, quantumvis

justificatus, libcrum se esse ab observatione manda torum putarc débet, nemo temeraria illa et a patribus sub anathemate prohibita voce ut i, Dei præcepta bomini juslifieato ad observandum esse impossibilia. Xam Deus impossibilia non jubet, sed jubendo monet, et facere quod possis, et peterc quod nen possis, et adjuvat ut possis ; cujus mandata gravia non sunt (cf. I. Joa., v, 3), cujus jugum suave est et omis levé (cf. Matth., xi, 12). Qui enim sunt filii Dei, Christum diligimt ; qui autem diligunt eum (ut ipsemet testatur, cf. Joa., xiv, 23), servant sermones ejus, quod utique cura divino auxilio præstare

Que personne, si justifié soil-il, ne se tienne pour exempté d’observer les commandements ; que personne n’ose se servir de cette téméraire parole anathématiséc par les Pères, à savoir que les préceptes imposés par Dieu sont, pour l’homme Justine, impossibles à observer. Car Dieu ne commande pas des choses impossibles, mais, en commandant, il avertit l’homme de faire ce qui est en son pouvoir, et de lui demander ce qui dépasse ce pouvoir, Dieu accordant le secours nécessaire. Ses commandements ne sont pas insupportables ; son joug est suave et son fardeau léger. Ceux qui sont les enfants de Dieu aiment le Christ, et

possunt. Licet enim in hac ceux qui l’aiment (il en té mortali vita, quantumvis sancti et justi, in levia saltem et quotidiana, quæ etiam venialia dicuntur, peccata quandoque cadant, non propterea desinunt esse justi. Nam justorum illa vox est et humilis et verax : Dimitte nobis débita nostra (Matth., vi, 12). Quo fit, ut justi ipsi eo inagis se obligatos ad ambulandum in via justitiæ senlire debeant, quo liberali jam ii peccalo, servi autem fæti Ueo (Rom., vi. 22),

inoigne lui-même) sont fidèles à ses enseignements, ce qui, avec l’aide du secours divin, est toujours possible. Sans doute, dans cette vie mortelle, si saints et si justes soient-ils, les (chrétiens) ne peuvent pas ne pas parfois tomber dans ces péchés légers et quotidiens, qu’on appelle aussi véniels, sans pour autant cesser d’être justes. Par là, elle appartient aussi aux justes cette prière à la fois humble et

sobrie et juste et pie viventes vraie : « Pardonnez-nous nos

(Tit., ii, 12), proficcre possunt per Christum Jesum, per quem accessum habuerunt in gratiam istam(Rom., v, 2). Deus namque sua gratia semel justificatos non (lèsent, nisi ib lis prius deseratur.

ltaquc nemo sihi in sola fide blandiri débet, putans sola fide se lneredem esse conslitu tum hæreditatemque

péchés. » Aussi, les justes eux-mêmes doivent-ils se sentir d’autant plus obligés à marcher dans la voie de la justice, que : U y lUhvrts du péché, pour devenir les serviteurs de Dieu, par une vie sobre, juste et pieuse », ils peuvent progresser par Jésus-Christ, par qui ils ont eu accès à la grâce même. Car Dieu n’abandonne pas ceux qu’il a une fois justifiés, à moins d’être auparavant par eux abandonné.

Que personne donc ne se repose dans la foi seule, estimant que, par la foi seule, il est constitué héritier et qu’il

consecuturum, etiamsi Chrisrecevra l’héritage même s’il

to non compatiatur, ut et ne s’associe pas aux souf conglorilicetur (Rom., viii, frances du Christ pour être

7). Nain et Christus ipse (ut glorifié avec lui. Car, affirme

inquit ApOStollUJ, nim tssei

Filins I ><i, didit il ex hit, tiii.r passus est, obedientlam, et consummatus factus esi omnibus obtemperanlibus sibi causa sniiitis œlemse < 1 1 < i >. » , s-iij. Propterea Apostolus

ipse monet justificatos rlicens : Nescilis quod ii, qui in studio i iirruni, omîtes quidem currunt sed uniu accipii bravium ; sic currlte, ul compreliendaiis. Ego igitur sic eurro, non ipinsi in ineerlum, sic pugno, non quasi aerem verberans, sed castigo corpus meitm et in seroitutem redigo, né forte, eum aliis prædicauerim, ipse reprobus efficiar (I Cor., ix, 2ꝟ. 20-27). Item prùiceps apostolorum, Pctrus : Salugile, ut per bona opéra certain vestram vocationem et electionem facialis ; hœc enim facientes, non peccabitis uiiquando (II Pet., i, 10). Unde constat, eos orthodoxie religionis doctrina : adversari, <iui dicunt, justum in omni bono opère saltem venialiter peccare, aut (quod intolerabilius est) pœnas seternas mercri ; atque etiam eos, qui statuunt, in omnibus operibus justos peccare, si in illis suam ipsorum socordiam cxcitando et sese ad currendum in stadio cohortando, eum hoc, ut in primis glorificetur Deus, mercedem quoque intuentur aîternam, eum scriptum sit : Inclinavi cor meuin ad faciendas j usti ficationcs tuas propter retributionem (Ps. cxviii, 112), et de Mose dicat Apostolus, quod aspiciebat in remuneratione (Heb., xi, 26). Conc. Trid., t. v, p. 795 ; Denz.-Bannw., n. 804 ; Cavallera, n. 881.

l’Apôtre, le Christ lui-même, quoiqu’il fût le Fils de Dieu, a appris l’obéissance p qu’il a souffert ; et, par - ; i consommation, est devenu, pour tous ceux qui lui obéissent, la cause du salut éternel . Au^si, le même Apôtre

avertit les justes eu.. termes : Ne savez-vous pal que ceux qui courent dans la lice courent tous, mais qu’un si ni remporte le prix ? Courez donc, mais de telle sorte que vous le remportiez… Pour moi, je cours aussi, mais non comme au hasard ; je combats, mais non comme frappant l’air ; mais je châtie mon corps et le réduis en servitude, de peur qu’apn avoir prêché aux autres, je ne sois moi-même réprou <. De même, le prince dei apôtres, saint Pierre : Appliquez-vous davantage à rendre certaines, par vos bonne* œuvres, votre vocation et votre élection ; car, agissant ainsi, vous ne pécherez jamais. D’où il apparaît clairement que ceux-là s’opposent à la doctrine orthodoxe de la religion, qui affirment que le juste, en chacune dises œuvres, pèche au moins vénicllement ou (ce qui est plus intolérable) mérite les peines éternelles. De même, ceux qui enseignent que lejustes pèchent dans toute-leurs actions, si, en elles, secouant leur propre indolence et s’exhortant à couru dans la lice, avec le souci de chercher d’abord la gloire de Dieu, ils considèrent aussi la récompense éternelle. N’est-il pas écrit : « J’ai incliné mon cœur à accomplir pour jamais vos justifications, a cause de la récompense ; et de Moïse, l’Apôtre n’a-t-il pas dit, « qu’il envisageait la récompense » 7

On sait que le décret sur la justification, avant de revêtir sa forme définitive, a passé par trois rédactions successives. Voir Justification, t. viii, col. 2167.

Dans la première rédaction, les canons, au nombre de 18, sont précédés d’une courte profession de foi en trois points. Conc. Trid., p. 385-386. Au n. 3 se trouve déjà l’affirmation augustiuienne que personne n’est abandonné de Dieu, s’il n’abandonne Dieu auparavant. Chaque canon est suivi d’une explication doctrinale ; c’est dans l’explication du can. 10 (13) qu’on trouve la substance doctrinale, qui devait former, dans la rédaction définitive, le c. xi. Le canon lui-même était ainsi conçu : Si quis autem dixerit, jusli/icaiitm homînem etiam quamlibet perfection, non tencri ad observationem omnium mandatorum Dei. qux in cvuii(jelio preecipiuntur, sed tantum ad credendum ul sit hseres vitæ œtermv, A. S. L’explication marquait expressément que celui-là seul serait sauvé, qui persévérerait jusqu’à la fin. Conc. Trid., p. 388-389.

Dans le deuxième projet, la rédaction comporte deux chapitres, vin et ix. Au c. viii, nous trouvons déjà bon nombre de traits qui ont été conservés dans le texte définitif, notamment la défense solennelle de se servir de la parole téméraire condamnée par les