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PERSÉVÉRANCE. LE CONCILE DE TRENTE
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trine de saint Thomas par Bossuet, Réfutation du catéchisme du sieur Paul Ferry, sect. ii, c. v, Œuvres complètes, t. ix, Besançon, 1835, p. 25.

3. Sur la question de la persévérance finale, voir plus loin, col. 1294 sq.

Après saint Thomas.

L’école thomiste ne fait

guère que répéter les conclusions du maître dans la Somme : nécessité de l’état de grâce pour éviter le péché mortel, nécessité de la grâce actuelle (motion divine ou secours divin) pour persévérer : grâce spéciale pour la persévérance finale.

Au point de vue doctrinal, il faut signaler le commentaire de Cajétan sur la Somme, touchant l’influence de la grâce sanctifiante pour faire le bien et éviter le mal. Cette influence, dit-il en substance, n’est pas décisive. Elle peut bien suffire à nous faire agir correctement, nunc et ad hoc, c’est-à-dire pour un cas particulier. Mais elle laisse la chair infirme et l’esprit obscurci, d’où la nécessité d’un secours spécial de Dieu, même pour le juste. In /a™-//*, q. lxviii, a. 2.

Voir, pour les autres auteurs postérieurs à saint Thomas, Denifle, Luther und Luthertum. t. i, p. 544 sq.

Au point de vue critique, il convient de signaler l’interprétation de la doctrine de saint Thomas par Capréolus († 1444), Defensio théologies thom., In Ilum Sent., dist. XXYIII. q. i. a. 3, § 4. Capréolus reconnaît qu’il y a contradiction entre l’opinion de saint Thomas dans ses premières œuvres et celle qu’il professe dans les dernières, notamment dans la Somme théologique. Au début du xvie siècle, cette interprétation est acceptée dans l’école thomiste. Voir Diègue Deza († 1523), In II"’" Sent., dist. XXVIII, q. i. a. 3, nota 1.

Ij’école scotisle présente des particularités intéressantes. Duns Scot, en effet, accuse des divergences assez sérieuses avec saint Thomas. On l’a même accusé de favoriser le pélagianisnie. Voir t. iv, col. 1899. S’il est avéré qu’il ne préconise pas pour l’homme la nécessité de l’état de grâce pour observer les commandements quant à la substance des actes et pour éviter le péché mortel, il n’es ! point vrai qu’il nie la nécessit é d’un secours divin, répondant à notre concept de la grâce actuelle. Voir les textes à Duns Scot, t. iv. col. 1899-190(1. Aux textes expliqués dans cet article, il faut ajouter ici deux citations qui montrent claire ment que le Docteur subtil maintient l’essentiel de la doctrine catholique, à savoir la nécessité d’un secours de la grâce divine pour observer les commandements, éviter le péché, persévérer dans le bien. Pro statu ttattwa lapsëe, écrit Scot. net potest profleere homo in bono nre diu a pecealo sibi cauere sine auxitio avalise, quia natura talis infirma est propter peccatum, licet /orte in statu innocenliic possel stare et a perr(do sine graiia sibi cavere. Report.. I. III. dist. XVIII, q. a, a. l. Xuttus est qui aligna commitlat, qutn altus possel eadem commtllere, nisi prteservaretur : igitur ille. cm’ilimitlitur, tenetur plus dilir/rre. supplr r.r causa remissionis ; scit a lias tenetur diliqerc ex alin causa, quia non liiibuit dimittenda, quod sine prteærvalione divina rsse non potest, et li.rc requirit simplii iter majorent gn tltudinem. Comm, Oxon., i, IV, dist. XXII, n. 17. Cf. P, Minges, Compend. theol. dogm. spec, t. n. p. 25 ; Die Gnadenlehre des Dans Scatus auf ihren angeblichen Pelagtanismus und Semipelagtanismus geprùft, Munster, 1906, p, 59 sq. Quant à la persévé rance Bnale, Scol n’j fait qu’une brève allusion à propos de l’ange confirmé an grâce, il cite saint Anselme, voir ci-dessus, col. I2~ : î : Quia Drus dédit peneveranliam bono angelo, (deo bonus angélus habutt, in l Sent., dist. XLIII, a. I.

Pour les inities Kotistes et occamistes, voir les ouvrage et dessus cités de Ritter et de K. Feckes, col. 1272.

En résumé, la théologie du.Moyen Age a marqué un progrès considérable dans l’exposé des conditions requises pour la persévérance. Sous l’influence de la philosophie aristotélicienne, elle a distingué plus nettement la » ràce incréée et la grâce créée et. dans celle-ci. la grâce habituelle et la motion transitoire. Elle a envisagé le problème de la persévérance sous ses aspects psychologiques les plus divers : possibilité, pour le pécheur, d’observer les préceptes divins et, par là, d’éviter de nouveaux péchés ; possibilité, pour le juste, de se maintenir dans la voie du bien et de parvenir ainsi jusqu’à la mort. On proclame la nécessité du secours divin, et, chez les thomistes, on précise que ce secours n’est pas uniquement constitué par la grâce habituelle.

II. La doctrine du concile de Trente. Le concile de Trente va recueillir ces données de la théologie médiévale et les opposer aux assertions protestantes. Sa doctrine sur la persévérance est insérée dans la session vi sur la justification. C’est logique. Luther, en effet, rapportait à la foi seule le principe de la justification, méprisant les œuvres et n’y voyant qu’un moyen de minimiser l’œuvre divine. Voir t. viii, col. 2140 sq. Il était donc nécessaire de rappeler à la fois le rôle de la grâce et celui des œuvres dans la justification et dans la persévérance en l’état de justice.

Les six articles sur la justification, soumis, le 22 juin 154(3, à l’examen des théologiens mineurs, étaient encore assez vagues. Voir Coneilium Tridentinum, édit. Ehses, t. v. Fribourg-en-B.. 1911. p. 261. Seuls les articles 4 et 5 concernaient le rôle des œuvres et des sacrements avant et après la justification et. en général, tout ce qui pouvait accompagner ou suivre la justification. Mais, bientôt, les précisions se firent jour. Le 30 juin, les légats proposent une division de trois stades dans la justification, assemblant, dans le deuxième stade, les enseignements de l’Église sur la manière dont l’homme adulte, déjà justifié, peut et doit conserver la justice, y progresser fidèlement et couronner l’espérance de la gloire, dans laquelle la justification l’a fait renaître, par l’obtention même de cette gloire. Ils signalent les erreurs concernant ce second stade de la justification et nous y relevons les suivantes, qui touchent à notre sujet : 1. L’homme justifié peut, sans un secours spécial de Dieu, persévérer et éviter tous les péchés, même les véniels… : 4. L’homme justifié n’est pas tenu à l’accomplissement des préceptes, surtout s’il est parfait, et la promesse de la gloire renfermée dans l’Évangile est faite à celui qui croit, d’une manière absolue et non sous la condition de garder les commandements ; 5. Toutes les oeuvres de l’homme justifié sont péchés et méritent l’enfer : (i. Toutes les œuvres bonnes, faites en vue de la récompense OU par crainte du châtiment, sont niau aises. A ces erreurs, on doit joindre l’erreur cataloguée, pour le premier stade, sous le n. 3 : Par nos pro pies forces, nous sommes justifiés, nous pouvons éviter

tous les péchés, accomplir les préceptes, ci persévérer,

et mériter la gloire, sans que nous avons besoin de la coopération de la grâce, sauf pour connaître plus fari

leineiit et plus facilement accomplir les préceptes. Cône. Trid., p. 281-282.

Les articles du second slade furent examines le

ni juillet et les jours suivants, et déjà, dans les déclarât ions des l’ères, qui se réfèrent aux enseignements de l’Église contre les pélagiens, apparaissent nettement les grandes lignes des doctrines que le concile s’apprête

i définir. nécessité de la grâce pour persévère ! dans ta

justice, pour observer les commandements, pour évitei

le péché mortel dans les tenlaliolls graves. ImpOSStbl

Nié d’éviter complètement le péché véniel, etc. L’autorité de saint Augustin est fréquemment Invoqué*