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    1. PERFECTION CHRÉTIENNE##


PERFECTION CHRÉTIENNE. ÉTAT DE l’KUKKCTION

//ru bonis acceptis. Retenons cel aveu. D’ailleurs, ajoute saint Thomas, celle obligation ne lui pèse pas, car ad hoc ex habita caritatis perfecto inclinatur.

Le Quodlibet, I, a. 14, ne contredit il pas le commentaire « les Sentences, en posant en principe que perfeeti tenentur ad id quod melius est ? obj. 2. L’ad 2’"" nous fournit une distinction qui permet de répondre que non : cum dicitur quod perfeeti tenentur <id id quod melius est, verum es/ si intelligatur de his qui dieuntiw perfeeti propter perfectionnent caritatis ; hufusmodi enim obligantw ex lege interiori qu^e inclinando obligat ; unde <td hoc obligantur secundum mensuram suie perfectionis. Cette obligation, qui provient ex lege interiori qu.se inclinando obligat, peut-elle être encore appelée une véritable obligation ? Il ne le semble pas : c’est, pour ainsi dire, une sorte de nécessité physique plutôt qu’une nécessité morale ; c’est la force « extatique » de l’amour décrite par l’Aréopagite : est autan extasim jaciens divinus amor, non sinens sui ipsorum amantes esse, sed amalorum, cité Quodl., III, a. 17.

La réponse à la première objection tirée du texte de saint Luc concède que le parfait tenctur ad plus et perfectius agendum, mais nie qu’il soit tenu ad opéra alia fæienda. In III^ m Sent., loc. cit., ad lu » 1. L’ad 2um nie purement et simplement le présupposé de la seconde objection, à savoir que sicut se habet imperfectus ad communia, ita se habet perjectus ad ea quee perfectionis sunt. Illa ratio falsum supponit, nisi intelligatur de perfectis qui voverunt aliqua perfectionis opéra. — Enfin, ad 3um, saint Thomas répond que, si saint Paul se tenait pour obligé à l’évangélisation du monde, ce n’était pas en raison de sa qualité de pari ait. mais propter officium prælationis. Et il ajoute, pour expliquer ce que l’on dit, en sens contraire, de la liberté des parfaits à l’égard de la loi morale : perfeeti non minus tenentur, sed minus ex debito moventur ; quia amor magis eos quam debitum (navet, eliam in his quæ debent ; et quantum ad hoc dicitur major in eis esse liberlas.

3° Les religieux sont-ils tenus « ad habendam perfectionem caritatis et ad omnia quæ ad perfectionem vitse pertinent » ? (II a -IIæ, q. clxxxvi, a. 2 ; In III™ Sent., dist. XXIX, q. i, a. 8, sol. 3 ; De caritate, a. 11, ad 12°° » ; Quodl., 1, a. 14, ad 2um) — La question, que nous formulons d’après le De caritate, est un peu différemment posée dans la ll a -Il x : utrum quilibet religiosus teneatur ad omnia consilia ; mais cela revient au même. La raison la plus spécieuse que l’on puisse invoquer en faveur de l’affirmative consiste à dire que les religieux « font profession » de perfection, profitentur perfectionem vitæ, donc se vouent à la perfection, font vœu de perfection. De carit., obj. 12 ; IIMIæ, obj. 1. D’autre part, si les religieux ne sont pas tenus ad omnia quæ sunt perfectionis, c’est-à-dire, ad omnia consilia, mais seulement à certains conseils, aux conseils évangéliqucs, il n’y a plus de différence entre les religieux et les fidèles qui, restés dans le monde, pratiquent aussi ces conseils, quia multi in sœculari vita existentes aliqua consilia implent, ut patet de his qui conlinentiarn servant. II » -II », obj. 3.

Sed contra : en matière de perfection, on n’est tenu qu’à ce à quoi l’on s’oblige ; or, tout religieux ne s’oblige pas ad omnia, sed ad aliqua determinala, quittant ad hœc, quidam ad illa ; et, par conséquent, non omîtes tenentur ad omnia. L’état religieux est quædam disciplina vel exercitium ad perfectionem perveniendi. ad quam quidem aliqui pervenire nituntur exerciliis diversis ; or, il est évident que l’on ne peut exiger de celui qui travaille à réaliser une fin, qu’il soit déjà en possession de cette fin, mais seulement qu’il y tende ; ainsi, celui qui a embrassé l’état religieux, n’est pas tenu de posséder la charité parfaite, et, par la même raison, non tenetur ad hoc quod illa impleat quæ ad perfectionem caritatis conset/uuntur ; tenetur autem ut

ml ni implenda inlendat ; cintra quod facit contemnens ; unie non lia cit. si en prsetermitlat, sed si en conlemnat ; similiter etiam mut tenetur ad omnia exercitia quibus ad perfectionem pervenitur, sed ad illa quæ determinate sunt ci taxala secundum regulam quam professus est. IIa-IIæ, loc. cit. Le Quodlibet, I, a. 11, ad 2 a ™, ajoute une raison qui ne s’applique pas seulement aux religieux, mais a tous les chrétiens, même parfaits : rcliglosi non tenentur nisi tut ni tut quæ obligantur ex vota suie professionis ; alioquin effet obligatio ad in/initum, cum tamen natura et ars et ornais lex certos terminos habeanl ; toute obligation véritable doit être strictement déterminée, délimitée, et ne peut s’étendre à l’infini.

A l’objection qui consiste à prétendre que les religieux proftteittur perfectionem, font profession ou vœu de perfection, saint Thomas répond que ce n’est pas exact : perfectionem caritatis nullus profiletur, sed profïtentur aliqui slatum perfectionis, qui consistit in his quæ organice ordinantur ad perfectionem caritatis, ut paupertas et jejunia, unde perfectio caritatis non cadil eis sub voto, sed est eis finis atl quem pervenire conantur per ea quæ vovnl. De carit., ad 12um. On pourrait se demander si les principes de saint Thomas ne s’opposeraient pas au vœu du plus parfait qu’ont émis certains saints. — L’autre objection, qui voudrait conclure du fait que des séculiers pratiquent certains conseils à l’obligation pour les religieux de les pratiquer tous, se résout par la distinction entre conseils et conseils : quædam consilia sunt quæ, si prætermitterentur, tota vita hominis implicaretur negotiis sœcularibus, et ideo ad omnia talia consilia observanda rcligiosi tenentur ; sunt autem quædam consilia de quibusdam melioribus parlicularibus actibus quæ prætermitti p ; >ssunt absque hoc quod vita hominis sœcularibus actibus implicetur, et, par conséquent, ces conseils ne s’imposent pas à tous les religieux. II^-II 36, ad 3um.

V. L’état de perfection. — 1° Ce qu’il faut entendre par un état de perfection ( I Ia-IIæ, q. clxxxiv, a. 4 ; De perfectione vitse spirituulis, c. xvii ; Quodl.. I, a. 14, ad 2um : Quodl.. III. a. 17). — Perfection et étal de perfection sont choses bien différentes : on peut être parfait sans être dans un état de perfection et vice versa ; c’est ainsi que aliqui sunt in statu perfectionis qui omnino caritate et gratia carent, sicut mali episcopi aut mali religiosi. IIa-IIæ, loc. cit., Sed contra. (Remarquons, en passant, que c’est la première fois que saint Thomas mentionne la grâce sanctifiante en parlant de la perfection.) Qu’est-ce donc qu’un état de perfection’? Un élat, au sens où le prend ici saint Thomas, est une condition sociale perpétuelle, celle d’homme libre ou d’esclave : status perlinet proprie ad liberlatem vel servitutem. sive in spiritualibus sive in civilibus. Q. clxxxiii. a. 1. Ici, nous sommes in spiritualibus. Or, dans une société donnée, ad hoc quod aliquis adipiscatur statum liberlalis vel servitutis, requiritur primo quidem obligatio aliqua vel ubsolulio : secundo requiritur quod obligatio prædicta cum aliqua solemnilale fiât. Par conséquent, in statu perfectionis proprie dicitur aliquis esse, non ex hoc quod habet actum diltctionis perfeclæ, sed ex hoc quod obligal se perpeluo cum aliqua solemnitatr ad ea quæ sunt perfectionis. Q. clxxxiv, a. 4. L’état de perfection est donc un état de servitude : celui qui s’y engage aliène à perpétuité sa liberté ; il se consacre, il se voue ad ea quæ sunt perfectionis.

Le De perfectione. c. xvii, et le Quodlibet. III, a. 17, distinguent deux sortes d’aliénation de la liberté pour se consacrer ad ea quæ sunt perfectionis : l’une partielle et temporaire, l’autre totale et perpétuelle ; l’état de perfection n’est réalisé que par cette dernière. Sic ergo dum aliquis Deo oovel aliquod particularc opus, puta peregrinationem, aut jejunium, aut aliquod hujusmodi, non simplicilcr conditionem vel slatum mutavit. sed