Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 12.1.djvu/612

Cette page n’a pas encore été corrigée

1209

PÈRES DE L'ÉGLISE. RENSEIGNEMENTS PRATIQUES 1210

elles sont des travaux hâtifs et destinés à tomber dans l’oubli, l’ensemble ne laisse pas d’apporter une contribution à la connaissance des Pères. Certaines de ces études émanent de maîtres incontestés. Citons seulement, sans vouloir établir aucun ordre de mérite, des Allemands : comme les protestants, E. von Dobschiitz, F. Loofs, O. von Gebhardt, A. von Harnack. E. Preuschen, E. Schwartz, Th. Zahn, les catholiques F.-X. Funk ou Diekamp ; des écrivains de langue française comme P. Batiffol, L. Duchesne, G. Morin. J. Tixeront, A. d’Alès, J. Lebreton, G. Bardy, P. Monceaux et le protestant E. de Faye ; des Anglais comme J. B. Lightfoot, Turner ou dom Connolly. L’Amérique elle-même s’est mise de la partie, et plusieurs savants appartenant aux Églises orientales ont contribué aussi pour leur part à une meilleure connaissance des témoins de la tradition.

Les progrès que ces diverses études ont fait réaliser se marquent dans la rédaction des traités, plus ou moins volumineux, consacrés à la patrologie, ou, comme l’on tend de plus en plus à dire, sans y voir malice, à l’ancienne littérature chrétienne.

Les catholiques, surtout ceux de langue allemande, ont fourni en ce domaine les manuels ou traités les plus utilisables et les mieux compris. On peut sans doute négliger les œuvres de la première moitié du xixe siècle (Fr. W. Goldwitzer, J.-B. Busse, M. Permaneder), mais la Patrologie de J.-A. Môhler, œuvre posthume publiée par F. X. Reithmayr (1840), mérite encore une mention, tout comme les Instilutiones patrologiæ, de J. Fessier (1850-1851), surtout dans la réédition de B. Jungmann (1890-1896). Les solides études de J. Alzog, Grundriss der Patrologie, 1866, 4e édit.. 1888, de J. Nirschl, Lehrbuch der Patrologie und Patristik, de H. Kihn, Patrologie, 2 vol., 1904-1908, surtout de O. Bardenhewer, Patrologie, 1894, 3e éd., 1910, sont bien propres à faire progresser dans les milieux catholiques l'étude des Pères ; à plus forte raison, le monumental ouvrage de ce dernier auteur, Geschichte der altkirchlichen Lileratur, dont le i" volume a paru en 1902, le ve et dernier en 1932, et qui est bien près de réaliser l’idéal du traité d’ancienne littérature chrétienne.

L’ouvrage classique du protestant A. von Harnack, Geschichte der altchristlichen Litleratur bis Eusebius, commencé en 1893 et dont la IIIe partie n’a pas vu le jour, est conçu, sur un plan très différent, le t. i contenant l’inventaire de tous les textes des trois premiers siècles, le t. n (en 2 volumes), un essai de chronologie de ces diverses pièces (le t. m devait contenir l'étude littéraire des écrits en question). La brève étude de G. Kriiger, Geschichte der altchristlichen Lilleratur in den erslen drei Jahrhunderlen, 1895, est un exposé rapide, qui prend un peu l’allure d’un manifeste. La Geschichte der altchristlichen Lileratur de Hermann Jordan, 1911, qui s'étend à l’ensemble de la littérature patristique est un essai, assez malheureux, nous semble-t-il, de transformation des anciens cadres. L’auteur y étudie l'évolution des divers genres littéraires dans le passé chrétien, il s’ensuit que les écrivains disparaissent un peu derrière leurs œuvres. Une telle méthode convient assez peu aux nécessités de la recherche et de l’enseignement.

La France est restée, trop longtemps ! dans le domaine de cette histoire littéraire à la remorque de l’Allemagne. Les manuels de patrologie de la fin du xixe siècle sont des traductions de livres allemands, traduction de Môhler, par J. Cohen, Louvain, 1841, d’AIzog par Bélet, Paris, 1M37, de la Patrologie de

Bardenhewer par P. Godet et C. Verschaflel, 18981899. Vais la Lubliolheque de l’enseignement de l’histoire ecclésiastique a donné successivement, en 1898 et en 1899, deux volumes consacrés aux inciennet

littératures chrétiennes, I. La littérature grecque par P. Batiffol, II. La littérature syriaque par Rubens Duval (la littérature latine qui était prévue n’a pas paru). P. Lejay a publié dans la Rev. d’hist. et litt. rel., de 1896 à 1906, sous le titre de Chronique de littérature chrétienne, puis d’Ancienne philologie chrétienne, des articles dont la réunion constituerait un excellent traité de l’ancienne littérature chrétienne telle qu’elle est en train de se faire. En 1917, J. Tixeront fait paraître son Précis de patrologie. En 1927 et 1930, F. Cayré donne un Précis de patrologie en 2 vol., qu’une nouvelle édition intitule plus justement Précis de patrologie et d’histoire de la théologie, t. i, 1931. L’Italie, qui avait vécu, elle aussi, des traductions d’ouvrages allemands, veut avoir ses livres à elle : P. G. Franceschini, Manuale di patrologia, 1919 ; Mannucci, Istituzioni di patrologia, 2 vol., 1915 ; Sinapoli di Giunta, Storia lelteraria délia Chiesa, 2 vol., 1920-1922. Un savant grec, G. J. Derbos avait donné, à Athènes, en 1903 et sq., une Xpic-rt.avt.XY) rpaqi.fxaTOXoyfoc, en plusieurs volumes ; il vient de paraître à Athènes en 1930, sous la signature de D. S. Balanos une brève ÎIazpo’koyl<x.

Pour en revenir à la France, la Collection d'études anciennes, publiée sous le patronage de l’Association Guillaume Budé. fait paraître, en 1920, sous la signature de P. de Labriolle, une volumineuse Histoire de la littérature latine chrétienne, qui est suivie, entre 1928 et 1930, par les trois volumes de l’Histoire de la littérature grecque chrétienne composée par A. Puech. Antérieurement, P. Monceaux a donné une magnifique Histoire littéraire de l’Afrique chrétienne, Paris, 1901 sq., actuellement 7 vol. in-8°. Ainsi, la préoccupation de l’ancienne littérature chrétienne s’impose dorénavant aux maîtres de l’enseignement universitaire. Ce phénomène se remarquait depuis quelque temps déjà en Allemagne où les grandes histoires des littératures grecque ou latine avaient fait une place de plus en plus grande aux écrivains chrétiens : littérature latine de Bàhr (1836-1840), de Teuffel (rééditée par Schwabc) (1872-1890), mais surtout la monumentale Geschichte der romischen Litleratur de M. Schanz, qui, à partir du t. iii, fournit sur la littérature chrétienne des renseignements nombreux et de la plus grande précision (la dernière partie ve -vne siècle, rédigée par G. Kriiger). La place modeste qui avait été d’abord accordée aux écrivains chrétiens de langue grecque dans la Geschichte der griechischen Lilteratur de W. von Christ (l re édit., 1888) est devenue considérable dans les dernières éditions, où l’histoire a été rédigée par Otto Stahlin (5e édit., 1913). E. Norden, dans son beau livre Die antike Kunstprosa, 2 vol., 1918, accueille avec sympathie les Pères de l'Église.

Ainsi, les débuts du xxe siècle sont pleins de promesses. Il faut saluer un véritable rajeunissement des études patristiques. Les vrais théologiens leur accordent une attention de plus en plus grande ; les spécialistes de la patrologie prennent une conscience de plus en plus nette des caractères spéciaux de la discipline qu’ils cultivent : les gens du dehors, enfin, se voient obligés de tenir compte des résultats qu'établissent les historiens de l’ancienne littérature chrétienne.

Y. RbNSI IGN1 Ml NTS D 'ORDRE PRATIQUE. — SOUS

cette rubrique nous grouperons, sans prétendre et n absolument complet, les renseignements qui permet tent de lire aisément les bibliographies qui terminent les divers articles patristiques de ce dictionnaire.

Collections de textes patristiques.

1. Les grandes

collections, a) Marguarin de la Bigne (voir Ici, t i. col. 2041), Bibliotheca ss. Patrum, 8 vol. in fol., Paris, 1575, avec un appendice, 1579 ; '-'" éd., 1589,