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PÈRES DK L'ÉGLISE. DISCIPLINKS PATRISTIQUES


Ilistoria litleraria scriptorum ecclesiasticorurn, 2 vol., Londres, 1688-1698, continuée par VAppendix de H. Wharton, pour les écrivains ultérieurs de 1300 à 1517, Londres, 1689 ; Casimir Oudin, un ancien prémontré passé à la Réforme († 1717), son Commentarius de scriptoribus Ecclesiæ antiquis illorumque scriptis, 3 vol. in-fol., Leipzig, 1722. Voir ici, t. xi, col. 1671. Restreint aux seuls écrivains latins, l’ouvrage de C. Traug. Gottlob Schœnemann, Bibliolheca historicolitteraria Patrum latinorum, Leipzig, 2 vol. in-4o, 17921794, reste précieuse à cause de sa description exacte des anciennes éditions.

Des études de détail étaient publiées en même temps. Celles de J. Usher, archevêque anglican d’Armagh (| 1656), dont il faut au moins retenir les travaux sur les premiers écrivains chrétiens : Disserlaiio non de Ignatii solum et Polycarpi scriptis, sed etiam de apostolorum Constitutionibus et Canonibus démenti attributis, Oxford, 1644 ; celles de J. Pearson, évêque de Chester (| 1686), sur la chronologie de saint Ignace, Vindicise epistolarum S. Ignatii, Cambridge, 1672 ; celles de J. E. Grabc, un catholique passé à l’anglicanisme (j 1706), sur les Pères des trois premiers siècles, Spicilegium SS. Patrum ut et hæreticorum ssec. post Christum i, II, ni, 2 vol., 16981699, Justini marlyris Apologia /"… nolis illustrala, Oxford, 1700, Irensei contra hæreses libri V cum traclatuum deperditorum fragmentis, Oxford, 1702 ; celles de H. Dodwell († 1711) sur Irénée et Cyprien, Dissertât, in Cyprianum, Oxford, 1684, In Irenseum, 1689 ; les études variées de Jean Le Clerc († 1736), Lives of Clemens AL, Eusebius, Gregory Naz., and Prudentius, Londres, 1696, U npartheiische Lebensbeschreibung einiger Kirchenvàter und Ketzer, Halle, 1721, sans oublier les travaux de Jean Daillé († 1670), dont il faut au moins retenir la critique des écrits aréopagitiques : De scriptis quæ sub Dionysii Areopagilæ et S. Ignatii Antiocheni nominibus circumferuntur, Genève, 1666.

Si les luthériens sont absents de la liste précédente (encore faut-il tenir compte des travaux d'érudition de J. A. Fabricius), ils ont néanmoins rendu service aux études patristiques en les introduisant délibérément dans l’enseignement de la théologie. Les très volumineux travaux des critiques catholiques n’avaient aucune chance de devenir des livres de classe et d’ailleurs les plans d'études, même au xviiie siècle, ne faisaient chez nous qu’une place extrêmement limitée à l'étude systématique des Pères. Les maîtres luthériens, eux, réalisent, dès le milieu du xviie siècle, le petit manuel de patrologie : Joh. Gerhard, Patrologia sive de primitives Ecclesiæ christianæ doctorum vita ac lucubrationibus, Iéna, 1653 ; J. Gottfr. Olearius, Abacus patrologicus (notices dans l’ordre alphabétique), Iéna, 1673 ; l’un et l’autre de ces petits ouvrages mènent l'étude des « Pères » jusqu’au xvie siècle. Les catholiques allemands, au xviiie siècle, entreront finalement dans la même voie ; les bénédictins B. Schleichert et Et. Wiest donnent, l’un et l’autre, des Instituliones patrologiee, le premier à Prague, 1777, le second à Ingolstadt, 1795.

5° L'époque contemporaine. — Après la période de marasme, plus ou moins durable suivant les pays, qui suit les troubles politiques du début du xixe siècle, l'étude des Pères de l'Église va reprendre avec une nouvelle ferveur. Toutefois, la supériorité incontestable que s'étaient assurée dans ce domaine les catholiques, surtout français, semble passer pendant un certain temps aux protestants d’Allemagne. Mais les catholiques, au delà du Rhin d’abord, puis de ce côté-ci, finiront par regagner le temps perdu.

1. Travaux d'édition. — Deux noms sont à retenir pour le xixe siècle, ceux du cardinal Maï(† 1854) et du

cardinal Pitra († 1889), incomparables découvreurs de textes, mais assez médiocres éditeurs. Voir leurs articles. — Mais, ce n’est point à eux que sont ducs les découvertes sensationnelles : Pliilosophoumena d’Hippolyte, Didachè, Démonstration de la prédication apostolique d' Irénée, tout récemment la reconstitution du Commentaire de Pelage sur les épilres pauliniennes. L’exploration plus ou moins systématique des littératures orientales réserve à coup sûr le plus de chances de découvertes : celle du Livre d’Héraclide, de Nestorius, en est un des plus remarquables exemples. Toutes ces trouvailles, grandes ou menues, n’ont pas laissé d’enrichir considérablement le trésor des textes de l’ancienne littérature chrétienne. Voir dans O. Bardenhewer, Allkirchl. Literatur, t. i, p. 1415, une indication des travaux relatifs aux découvertes récentes ; voir aussi J. de Ghellinck, Les éludes patristiques depuis 1869, dans Nouvelle revue théologique, 1929, p. 840.

Ce qui distingue surtout le xixe siècle, c’est le souci de donner, en ce qui concerne les textes patristiques, des éditions plus correctes. Le travail des mauristes a été, pour ainsi dire, repris en sous-œuvre. L’Académie des lettres de Vienne commence, en 1866, la publication d’un Corpus scriptorum ecclesiasticorurn latinorum, qui aligne aujourd’hui une soixantaine de volumes. Sous la direction de Th. Mommsen, la Societas aperiendis fontibus rerum germanicarum donne dans les Mon. Germ.hist. tre ze volumes d' Auctores antiquissimi, 1877-1898. L’Académie des sciences de Berlin entreprend, en 1897, l'édition des Griechische christliche Schriftsteller der ersten drei Jahrhunderte, qui a dépassé le cadre primitif qu’elle s'était assigné (Épiphane est du ive siècle, Théodoret, Philostorge, Gélase du ve, etc.). Dès 1882, d’ailleurs, une collection de Texte und Untersuchungen donnait des travaux d’approche et de nombreux textes inédits. A cette collection s’apparente en Angleterre celle des Texte and studies, publiée par J. Armitage Robinson, Cambridge, 1891 sq.

C’est, nous l’avons dit, du côté des littératures orientales que doivent se tourner les chercheurs d’inédit. Entrepris sous le patronage des universités catholiques de Washington et de Louvain, le Corpus scriptorum christianorum orientalium, 1903 sq.. groupe en ses quatre sections : syriaque, éthiopienne, copte, arabe, un nombre respectable de textes demeurés jusqu'à présent inaccessibles. Par rapport à ce Corpus, la Patrologia orientalis de R. Graffin et F. Nau joue un peu le même rôle que les Texte und Untersuchungen par rapport aux « Pères » de Berlin, tandis que la Patrologia syriaca de R. Graffin commence, avec lenteur, l'édition systématique des écrivains syriaques. Pour la contribution fournie par les mékhitaristes à l’ancienne littérature arménienne (textes originaux arméniens ou traductions arméniennes d’autres ouvrages) voir leur article, t. x, col. 497. Bien qu’elle soit exclusivement un travail de réimpression, l'énorme entreprise de l’abbé Migne a puissamment contribué à faciliter et même à vulgariser les études patristiques.

Nous ne signalons ici que les grandes entreprises générales d'édition ; il va sans dire que nous n’ignorons pas les travaux de détail entrepris par des particuliers. De toutes manières, il est bien certain que nous lisons aujourd’hui les Pères de l'Église en des textes beaucoup plus corrects et souvent beaucoup plus intelligibles que ne le faisaient nos prédécesseurs.

2. Études de patrologie, de patristique, d’ancienne littérature chrétienne. — Ce travail d'édition s’est accompagné d'études approfondies qui, surtout à partir de la seconde moitié du xixe siècle, ont renouvelé bien des domaines de l’ancienne patrologie. Les monographies sont devenues légions et, si beaucoup d’entre