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PÈRES DE L’ÉGLISE. NOTION


Expression équivalente dans Grégoire de Nazianze, Orat., xxxiii, 15, P. G., t. xxxvi, col. 233 B.

Lors des grandes controverses christologiques du ve siècle, on fait appel de part et d’autre à l’autorité des Pères. La sommation adressée à Nestorius par saint Cyrille d’Alexandrie, en novembre 430, appuie l’interprétation qu’elle donne du symbole de Nicée sur les affirmations des Pères. C’est pour rester fidèle à la foi proclamée par les membres du célèbre concile qu’il faut proclamer le Christ à la fois Dieu et homme : èrc6|i.evoi Se 7rxvTaxoû toûç tcov àyiwv Traxépcûv ôjj.oXoytoaç, al 7TS710Î7)VT0a XaXoùvxoç èv aÙTOÏç toù àyîou ilvîù^aToç. Mansi, Concil., t. iv, col. 1072 D. A la première séance du concile d’Éphèse, 22 juin 431, Cyrille, pour attester sa propre orthodoxie et établir l’erreur de Nestorius, fait lire un dossier d’extraits patristiques : « Nous avons, dit Pierre, chef de la chancellerie alexandrine, préparé des extraits des livres de vénérables et saints Pères, d’évêques et de divers martyrs. Si le concile le juge bon, nous en donnerons lecture. » C’est ainsi que furent lus des textes empruntés à Pierre, évêque d’Alexandrie et martyr, à saint Athanase, à Jules et à Félix de Rome (en réalité, ces deux pièces sont des faux apollinaristes), à Théophile d’Alexandrie, à Cyprien, à Ambroise, à Grégoire de Nazianze, à Basile de Césarée, à Grégoire de Nysse, à Atticus de Constantinople, à Amphilochius d’Iconium. Voir Mansi, ibid., col. 1184 B-1196. De leur côté, c’est en s’appuyant sur les dits des anciens, autant que sur l’Écriture, que les « Orientaux » réfutaient, comme entachés d’apollinarisme, les anathématismes cyrilliens. « L’union xa6’Û7r6aTa<i(, v, écrivait Théodoret, nous la rejetons comme étrangère aux saintes Écritures et aux Pères qui les ont interprétées. » P. G., t. lxxvi, col. 400 A. Aussi, dans la célèbre lettre Lætentur ceeli, qui scelle l’accord de 433 entre Alexandrie et Antioche, Cyrille prend-il bien soin de marquer qu’il est en tout d’accord avec les Pères, et spécialement avec Athanase : ou 8è tocïç twç àyîcov riarfocov 86^aiç knoiizQx 7ravTxj(oû, [xâXiaTa 8è toù [Aay.xpto’j x.zl Tzxvvj<ç-pij.ou Ilarpôç 7){1(ùv’AOavaatoo ; il ne veut s’écarter en rien de la doctrine proclamée par les Pères de Nicée. Epist., xxxix, P. G., t. lxxvii, col. 180 D. Dans ces divers textes, on remarquera que le mot « Pères » intervient avec deux sens légèrement différents. Ou bien il s’agit du bloc constitué par tous les évoques qui siégèrent à Nicée et dont la profession de foi, parce qu’elle a été émise avec une assistance toute particulière de l’Esprit-Saint, a une valeur capitale. Ou bien il s’agit d’évêques isolés, séparés les uns des autres dans le temps et l’espace, dont il est tout indiqué de prendre l’avis, et dont l’accord donne a une doctrine de précieuses garanties.

Ces deux sens se retrouveraient dorénavant dans toutes les assemblées conciliaires. Etienne Wiest, O.S. H., a réuni un nombre assez considérable de ces textes empruntés aux conciles de Chalcédoine, de Constantinople (553 et 680), Quinisextc. Nicée (787), etc. Il n’y a pas d’utilité à les transcrire ici. On peut dire que, dès Chalcédoine, la terminologie est fixée. Voir Et. Wiest, Instituliones pntrologiæ in usum academicum, [ngolstadt, 1705, p. 530-534, qui pourrait bien être la source d’où proviennent, directement ou non, les références que l’on retrouve ailleurs.

On aura remarqué, sans doute, que, dans les textes signalés, il s’agit exclusivement d’évêques, soit assemblés, soit isolés, et d’évêques qui ont quitté ce monde. hi vérité, plusieurs des garants qu’allègue saint Cyrille sont morts depuis peu : Atticus. par exemple, ou Théophile. Mnis pourquoi serait-il interdit de faire appel n des témoins qui, sans être évêques. ne laisse raient pas de jouir d’une grande autorité pourquoi serait-il interdit de f ; iire ; ippel ; i des vivants" 1

Saint Augustin s’est avisé de le faire. Dans sa lutte contre Julien d’Éclane, il doit se défendre du reproche d’innover ; le voici amené à se chercher des garants. Il trouve Irénée de Lyon, Cyprien, Réticius d’Autun, Hilaire, Ambroise, d’autres Latins plus obscurs, quelques Grecs, dont l’illustre Jean de Constantinople (Chrysostome), tous évêques morts depuis plus ou moins longtemps. Il leur adjoint d’ailleurs le groupe des évêques qui viennent, à Diospolis, de condamner la doctrine sinon la personne de Pelage. Julien pourra-t-il résister à cette armée d’évêques morts, ou vivants ? Et pourquoi ne pas y compter encore Jérôme. Il n’était que prêtre sans doute, mais sa familiarité avec l’Occident et avec l’Orient, son immense érudition, qui l’a mis en rapport avec tout ce qui a été écrit avant lui, tout cela n’en fait-il pas un témoin admirablement informé ? Cont. Julian., i, vii, 34, P. L., t. xliv, col. 665. Sans doute, à propos des garants qu’il cite, Augustin ne prononce pas le nom de « Pères ». Mais tous ces personnages sont bien allégués dans le même sens qu’allait faire Cyrille, à Éphèse, quelques années plus tard.

Trois ans après le concile, Vincent de Lérins écrit son fameux Commoniiorium. Le milieu auquel il appartient attache une importance majeure à l’accord des doctrines du moment avec celles qu’ont professées les Pères. C’était même l’un des griefs que l’on y faisait à certaines thèses d’Augustin qu’elles étaient contraires Patrum opinioni et ecclesiastico sensui (cf. Inter August. epist., ccxxv, P. L., t. xxxiii, col. 1002). Aussi, dans sa polémique contre l’hérésie nestorienne (et aussi contre les thèses augustiniennes), Vincent prend-il soin de préciser le moyen qui permet de faire éclater l’hétérodoxie ou l’orthodoxie d’une doctrine. L’appel à l’antiquité ne suffit pas toujours. Des écrivains du passé ont pu se tromper ; il faut s’attacher à ce qui, dans l’antiquité, a été cru universellement. Peut-être ne trouvera-t-on point sur la question en litige de « décrets » de l’Église universelle. Il faut alors, ayant rassemblé les textes des anciens, les comparer, les discuter. De tous les anciens ? Non ; de ceux-là seulement qui, bien que séparés dans l’espace et le temps, furent des « docteurs à approuver », parce qu’ils demeuraient dans la communion et la foi de l’unique Église catholique : Operam dabunt ut collatas inter se majorum consulat interrogetquc sententias, eorum dumlaxat qui, diversis licel temporibus et locis, in unius tamen Ecclesiae catholicæ communione et fide permanentes, magistri probabiles exslilerunt. Commonitorium, iii, P. L., t. l, col. 641. Ces magistri probabiles, ce sont bien les beati Patres dont il est question ailleurs, c. xxviii, col. 676 A, et dont l’accord fournit la plus forte garantie à une doctrine. Mais ce ne sont pas forcément des évêques.

Ainsi, dans le Commonitorium, se trouve l’explication la plus complète de ce que doit être un Père de l’Église. En même temps, l’on y distingue de ces écrivains du passé, dont l’autorité est de premier ordre, d’autres auteurs, Origène ou Tertullien par exemple, dont certains ouvrages contiennent des renseignements précieux, mais dont l’œuvre, considérée dans son ensemble, ne laisse pas d’inspirer des inquiétudes. Voir les c. xvii et xviii, où Vincent instruit le procès de ces deux écrivains, col. 660-665. En somme, dès le début du v siècle, est marquée la distinction qui est encore aujourd’hui classique entre - Pères de l’Eglise » et écrivains ecclésiastiques ».

l’n siècle plus tard, le pape Hormisdas marque avec plus de netteté encore que tout écrivain ecclésiastique n’est pas à ranger parmi les Pères. L’éVêque l’ossessor lui a demandé son ; iis sur les écrits de Fatiste de Riez. » Celui-ci, répond-il. n’est point reçu au nombre des Pèrei et, dès lors, il n’: i p : is lieu de chercher dans