Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 12.1.djvu/599

Cette page n’a pas encore été corrigée
1183
1184
PENTATEUQUK — l’I.I’A NOS


premier lieu, fusion avec les suppressions et les raccords nécessaires, de Jet de E, fournissant une histoire îles origines de l’humanité et des débuts de la nation Israélite, où figurait, avec le récil de l’exode, la législation très simple du désert, telle qu’elle paraît au Livre de l’Alliance, Ex., xx, 1-xxiv, 11. Cette fusion serait antérieure à (522. — Après l’invention, à celle date, du Dculéronome, lequel promulgue une loi toute nouvelle sur l’unité du sanctuaire, un écrivain, animé de l’esprit « deutéronomiste », aurait joint le livre, trouvé dans le temple, à cette vieille histoire d’Israël, en retouchant celle-ci pour autant que cela était nécessaire à son dessein. — Postérieurement à la captivité, le code sacerdotal, qui jusque-là s’était développé indépendamment, ayant reçu sa forme à peu près définitive, un auteur, prenant comme cadre de son travail cette production à la fois historique et législative, y fit entrer des morceaux de J et de E (ou de la combinaison J-E) qui allaient à ses fins, et lui donna comme conclusion D, qui allait désormais figurer comme « une seconde loi », un Deutéronome. Quelle est la part qui revient, dans ce travail, à Esdras ou aux scribes de son école, c’est sur quoi les critiques ne s’entendent pas. Tous, du moins, s’accordent à reconnaître au grand scribe du ve siècle une influence prépondérante sur la rédaction définitive du Pentateuque dans son état actuel.

Si elle ne peut se ranger, sans plus ample informé, à ce schéma, qui est d’ailleurs la partie la moins solide de la théorie documentaire, la critique catholique ne se croit pas obligée non plus à admettre que le Pentateuque ait pris, dès l’époque de Moïse et par ses soins, de manière absolument définitive, la forme que nous lui connaissons. Voir à l’art. Lévitique, col. 472-474, les hypothèses diverses sur la fusion des documents, présentées par des critiques de la valeur de Brucker, Touzard, Nikel et autres. Quoi qu’il en soit de la valeur intrinsèque de leurs suppositions, elles montrent qu’une grande liberté est possible dans cette question.

En définitive, le problème de l’authenticité mosaïque du Pentateuque s’oriente, à l’heure présente, dans une direction un peu nouvelle. D’une part, la critique indépendante revient à une plus juste appréciation de l’antiquité de nombre de textes législatifs contenus dans le Pentateuque ; la critique ecclésiastique, de son côté, ne laisse pas de reconnaître l’existence, dans la Thora, de pièces de provenance et d’âge différents, s’obligeant par là même à fournir l’explication de la manière dont ces pièces ont fini par constituer le Pentateuque actuel. Ces diverses solutions, données aux problèmes littéraires, préparent les solutions qu’il convient de donner aux problèmes historiques.

II. Critique historique.

Que valent, du point de vue de l’histoire, les données fournies par le Pentateuque dans son état actuel, que valent, en particulier, les renseignements qu’il apporte sur l’activité politique, religieuse, législative de Moïse ? C’est là proprement, du point de vue de l’histoire et de la théologie, le vrai problème de l’authenticité mosaïque de la Thora, le problème littéraire n’ayant d’importance que pour autant qu’il commande celui-là.

L’école wellhausienne avait résolu ces diverses questions de la manière la plus radicale, en s’inspirant du principe de l’évolutionnisme religieux. C’est, d’après elle, à une époque tardive, et particulièrement sous l’action des prophètes du ixe et du VIIIe siècle, que le peuple d’Israël s’est élevé lentement du polythéisme à l’hénothéisme d’abord, au monothéisme ensuite, cependant que les institutions cultuelles évoluaient dans le même sens. C’est seulement après la captivité que l’idée serait venue de projeter dans le passé les idées et les pratiques religieuses, dont on commençait dès lors à vivre, et d’attribuer à un personnage plus ou

moins légendaire l’origine des croyances, des rites, de la législation qui avaient fini par prédominer.

Une telle présentation de l’histoire paraît, à bon droit, absolument inacceptable a la critique ecclésiastique. C’est, avant tout, contre elle qu’est dirigée la lin de non-recevoir opposée à l’hypothèse littéraire par la décision de la commission biblique du 27 juin 1906. Denz.-Bannw., n. 1998 sq. L’effort de la critique catholique doit donc tendre a montrer que les données traditionnelles, relatives au personnage de Moïse, à son action, à son importance dans le développement ethnique, social, religieux d’Israël, peuvent et doivent être maintenues dans leur ensemble, quoi qu’il en soit des modifications d’ordre secondaire que le temps a dû apporter dans l’œuvre de ce législateur. En d’autres termes, au point de départ de la nationalité israélite, il faut placer l’action d’une haute et puissante personnalité, inspirée, guidée, soutenue par Dieu.

Cette démonstration a été donnée aux articles précédents. Nous allons y renvoyer en groupant les idées sous divers titres.

Activité politique de Moïse.

Voir art. Exode,

col. 1749-1752, existence et rôle historique de Moïse : art. Nombres, col. 699-701, action de Moïse : col. 702704, itinéraire des Hébreux.

Rôle incomparable au point de vue religieux.


Voir art. Exode, col. 1760, et les articles ou livres auxquels on y renvoie ; art. Lévitique, col. 489-498, doctrine du Lévitique, importance de l’idée de sainteté rituelle, caractère de cette législation rituelle ; art. Nombres, col. 705-706, doctrine sur Dieu ; art. Deutéronome, col. 661-664, doctrine sur Dieu. — A la vérité, un certain nombre des textes, auxquels on se réfère en ces divers endroits, pourraient être postérieurs à la période mosaïque. Mais il est clair qu’ils ont été élaborés sous l’influence de textes dont l’authenticité mosaïque est indiscutable. Loin de défigurer la pensée du premier législateur, ils ne font que la prolonger. A ce point de vue, l’étude comparative du Livre de l’Alliance, Ex., xx-xxiv (dont les critiques s’accordent à reconnaître la haute antiquité) et du Deutéronome fournirait, pensons-nous, des résultats intéressants.

Activité législative.

Cette activité doit être

envisagée dans le sens le plus large : social, cultuel, religieux. Ces divers points de vue se confondent, et cette compénétration des différents domaines est le plus sûr garant de l’antiquité de beaucoup de prescriptions. Les données de la sociologie moderne rencontrent ici les conclusions de la critique. — Voir art. Exode, col. 1752 sq., Moïse législateur des Hébreux au Sinaï ; art. Lévitique, tout entier et principalement col. 480-489, antiquité du sacerdoce lévitique, du rituel des sacrifices ; art. Nombres, col. 701, la législation ; art. Deutéronome, col. 657, rapports entre la législation deutéronomique et les influences égyptiennes.

A se reporter aux articles signalés, et spécialement aux derniers en date, on constatera que, sur ces divers points, plusieurs critiques indépendants, et non des moindres, reviennent à une plus saine appréciation de la réalité et que leurs hypothèses, sinon leurs conclusions définitives, tendent à se rapprocher de celles que préconisent les plus avertis d’entre les critiques ecclésiastiques.

É. Amann.
    1. PEPANOS Dimitri##


PEPANOS Dimitri, médecin et controversistc grec du xviie siècle. Né à Chio en 1620 ou 1621 de parents catholiques de rite byzantin, il entra, en 1636, au collège grec Saintvthanase à Rome et dut le quitter, en 1643, à la suite d’une maladie incurable. Après une mission à Florence, qui lui permit de découvrir un texte grec du Symbole dit de saint Athanase, il revint