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PÉNITENTIELS. DU IXe AU Xie SIÈCLE


der Savigny-Stiftung, Kan. Abt., 1926, p. 531 sq. Aucun de ces pénitentiels, on le voit, n’exprime la vieille discipline romaine de la pénitence, comme le voudrait Schmitz ; tous sont tardifs et composites. Ajoutons que le Casinense s’ouvre par un ordo très minutieux : Incipit qualiter suscipi debeanl pxiii-Icntes. Quoliescunque christiani ad pœnilentiam accedunt. Schmitz, 1. 1, p. 393, a sans doute exagéré l’importance de cet ordo ; mais, s’il n’exprime pas la vieille pratique romaine, il atteste, du moins, la pratique italienne du x° siècle.

2. Pénitentiels insulaires.

Dans les chrétientés insulaires, on ne trouvera pas plus d’originalité que sur le continent. Un pénitentiel en quatre livres (W., p. 318) y fut mis sous le nom d’Egbert, dont on sait aujourd’hui que les trois premiers livres sont une traduction anglo-saxonne des t. III, IV et V d’Halitgaire et le IVe un composé de fragments empruntés à tous les grands pénitentiels depuis V Excerptus Cummcani jusqu’à (peut-être) Halitgaire.

L’influence de ce 1. IV est sensible sur les pseudocanons du roi Edgar (qui, eux-mêmes, devaient inspirer les lois anglo-saxonnes), compilation en plusieurs parties, du xe siècle, intéressante surtout pour l’histoire des rédemptions. Mansi, Concil., t. xviii, col. 514 ; P. L., t. cxxxviii, col. 499 ; cf. Oakley, p. 135.

Le ms. G 58 inf. de la bibliothèque Ambrosienne contient un pénitentiel dont on ne connaît pas d’autre exemplaire et qui a été publié par O. Seebass, Ein bisher nicht verôfjentlichtes Pœnitential, dans Zeitschrift fur Kirchenrecht, IIIe série, t. vi, 1897, p. 24 sq. Bien qu’il ait été composé sur le continent, à l’époque carolingienne, il doit être rangé dans la catégorie des insulaires, car ses sources sont de vieux recueils celtiques, notamment le Liber Davidis et la Synodus Luci Victoriæ. Ibid., p. 337.

3. Canons pénitentiels dans des collections canoniques.

— A partir du milieu du ixe siècle, rares seront les recueils canoniques où l’on ne trouvera point quelque trace des pénitentiels insulaires. Si YAnselmo dedicata les omet, c’est par un scrupule qu’avait ignoré pseudo-Isidore, Fournier-Le Bras, op. cit., t. i, p. 154, 181, et qui est aussi étranger à Béginon de Priim : Théodore fut exploité par les faussaires de l’atelier isidorien, pseudo-Bède par l’auteur des Libri de synodalibus causis. Et les collections mineures du xe siècle doivent aux anciennes séries un fort contingent de textes : ainsi, les c. xx-xxviii de la collection de Munich en 77 chapitres proviennent des Capitula judiciorum, et sont suivis d’une vingtaine de fragments tirés du pénitentiel de Mersebourg ; la collection en quatre livres du chapitre de Cologne reproduit des décisions théodoriennes relatives aux rapports avec les hérétiques, le recueil de Saint-Emmeran demande des matériaux au discipulus comme à Bède-Egbert et à’Excarpsus Cummeani, les douze moyens d’effacer le péché sont reproduits par divers compilateurs. Fournier-Le Bras, op. cit., t. i, p. 253, 275, 278, 290, 295, 275, note 4.

La part des pénitentiels carolingiens n’est pas moindre, il est vrai : tous ont été consultés au xe siècle, et nous avons maintes fois insisté sur l’influence énorme de la Dacheriana, dont le t. I, comme les 1. II et III, fut largement exploitée. Ibid., p. 274-349 sq.

Parmi ces collections, il en est qui ne se contentent point de quelques emprunts fortuits aux pénitentiels antérieurs : les trois derniers livres de la collection en neuf livres du Vatic. 1349 ont pour sujet la pénitence ; la collection en 98 chapitres a un caractère principalement pénitentiel. Ibid., p. 292 et 342.

Corrector sive Medicus.

Le plus important

de tous les pénitentiels de notre période, et peut-être le plus répandu de tous ceux qui circulèrent au Moyen

Age, est le Corrector sine Medicus qui forme le 1. XIX du Décret de Burchard de Worms, composé entre 1008 et 1012. P. L., t. cxl, col. 949-1018. Fournier-Le Bras, t. i, p. 364 sq. Ce livre comprend 159 chapitres, relatifs à la théorie générale de la pénitence et à la punition des principaux péchés : il serait difficile d’y apercevoir les lignes d’un plan méthodique ! Quant aux sources, les Ballerini et après eux Mgr Schmitz ont soutenu que les 33 premiers chapitrese sont autre chose qu’un pénitentiel reçu dans les pays germaniques, ie Pœnitentiale Ecclesiarum Germanise (Schmitz, t. ii, p. 401), que Burchard aurait transcrit, puis complété. Cette opinion a été combattue par P. Fournier, Xouv. revue hist. de droit, 1910, p. 213-221, qui prouve que le 1. XIX tout entier est l’œuvre de Burchard et de ses collaborateurs.

Leurs matériaux, ils les ont pris aux sources suivantes : 1. les pénitentiels insulaires (Théodore : 12 ; Excarpsus Cummeani : 13 ; Excarpsus Bedse : 4 ; Excarpsus Egberti : 3, d’après les observations de P. Fournier) ; les pénitentiels de la réforme carolingienne (Halitgaire : 5 ; Baban à Héribald : 8) ; le pénitentiel de Saint-Hubert (8), soit une cinquantaine de canons empruntés aux pénitentiels. — 2. Béginon de Priim (35), les conciles de l’époque carolingienne (12), YHadriana (10), les écrivains ecclésiastiques (10), la collection irlandaise (7), les capitulaires épiscopaux (3). En outre, une vingtaine de fragments, inconnus ou douteux, ont pu être fabriqués par l’atelier de Worms.

Le Corrector ne contient pas tous les textes pénitentiels du Décret. Bon nombre de textes pénitentiels sont dispersés dans les autres livres. Pour nous en tenirà ceux provenant des anciens tarifs, P. Fournier en compte une soixantaine, fournis surtout par Théodore (34) et Cumméan (15) et qui se trouvent presque tous dans les livres III, IV, V, VIII et XVII. En outre, beaucoup de sanctions canoniques ont été transcrites des collections conciliaires, notamment de Y Hadriana.

Ainsi, le Corrector se présente comme un pénitentiel éclectique, et le même trait appartient à toutes les parties pénitentielles du Décret. Ajoutons que Burchard choisit la leçon des textes avec autant de liberté que les textes eux-mêmes. Il est responsable non seulement de la diffusion d’une masse de tarifs, mais de la forme sous laquelle nombre d’entre eux se répandirent dans la chrétienté. Mais il est aussi partiellement responsable, et avec plus d’honneur, de la méthode suivie par les confesseurs aux xie et xiie siècles : d’abord, il dresse à leur usage (xix, 5) un interrogatoire beaucoup plus minutieux que tous ceux qui l’ont précédé, celui de Béginon, par exemple (i, 394), où sont analysés les divers péchés et, un peu plus loin, à la fin du can. 8, il multiplie les conseils pratiques en vue de l’individualisation de la pénitence. Fournier-Le Bras, 1. 1, p. 413. Le Corrector, s’il marque un retour à l’usage des pénitentiels quelque peu indépendants, tempère, on le voit, l’ancienne liberté insulaire en rapportant des textes et des principes conformes à la discipline continentale.

Désormais, très rares seront les œuvres de quelque originalité. Mentionnons, à cause de l’influence qu’il a acquise, surtout par l’intermédiaire du Décret d’Yves, le petit pénitentiel attribué à Fulbert, évêque de Chartres. S., t. i, p. 773 sq.

Du Décret sont issus des pénitentiels ou des collections surtout pénitentielles dont on trouvera l’énumération dans l’article précité de P. Fournier, Revue d’histoire ecclésiastique, 1911, p. 695 sq. et dans son Histoire des sources, t. i, p. 432 sq. En première ligne, il faut placer la Summa de judiciis omnium peccatorum (S., t. ii, p. 480-505) et la Collectio XII oartium. Presque toutes les collections de la