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PÉNITENTIELS. DU IXe AU XIe SIÈCLE

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face et le premier livre ont pour sujet la pénitence. La préface est un réquisitoire discret et ferme contre l’arbitraire des pénitentiels, un hommage aux seuls textes sûrs, qui sont les canons des conciles généraux et provinciaux (et les décrétales). Le livre I er contient, après la théorie générale de la pénitence, les canons relatifs aux diverses fautes : péchés de la chair, arts magiques, homicide.

Si louable que fût la Dacheriana, les clercs de l’époque carolingienne ne pouvaient s’en contenter. Elle n’était pas seulement un pénitentiel, puisque ses deux derniers livres concernaient la procédure, les biens ecclésiastiques, le culte (1. II), l’ordination, la vie cléricale, la hiérarchie (1. III), et elle omettait, en revanche, les fragments patristiques, les tarifs, si agréables à consulter, des anciens pénitentiels. Aussi n’empêcha-t-elle point la floraison de pénitentiels nouveaux.

Le plus ancien, semble-t-il, de ceux qui nous sont parvenus, est celui que composa, sur la demande d’Ebbon, l’évêque de Cambrai Halitgaire. P. L., t. cv, col. 653-710. Des six livres de cet ouvrage, deux (1. III et IV) sont extraits de la Dacheriana, le 1. V a pour modèles deux séries des Excerpta hispaniques ; les deux premiers, traités des vertus et des vices, Pomère et saint Grégoire les ont alimentés ; enfin, le 1. VI est un tarif qui se présente comme adsumptus de scrinio romanse Ecclesise. Cette assertion a été prise à la lettre par Mgr Schmitz, qui a considéré comme romain ce pénitentiel. En réalité, il s’agit d’un tripartite, où P. Fournier a identifié les trois séries : canonique et colombanienne (can. 1-54), celtique (can. 55-77), théodorienne (can. 78104). Halitgaire a retenu seulement les textes accordés avec la discipline romaine.

Il y a quelques raisons d’attribuer encore, avec dom Martène, que suit miss Bateson, le recueil dit Quadriparlitus à l’évêque Halitgaire. Les trois premières parties se composent de fragments moraux, empruntés aux Pères ; la quatrième, éditée par Richter (Antiqua canonum colleclio), comprend un pénitentiel et une série de canons. Presque tous les textes proviennent des conciles, des décrétales et des Pères : les anciens tarifs n’ont à peu près rien donné. M. Bateson, The supposed latin penitenlial of Egbert and the missing ivork of Halilgar of Cambrai, dans English hisiorical revieiv, t. ix, 1894, p. 320 sq. ; G. le Bras, Manuscrit vendômois du Quadripartitus, dans la Revue des sciences religieuses, 1931, p. 266 sq.

Entre 830 et 847, un clerc franc formait un pénitentiel composite, où des matériaux empruntés à Cumméan, au discipulus, à Halitgaire, triés selon l’esprit des réformateurs, sont classés. Le succès de ce pénitentiel de pseudo-Théodore devait être grand. Y. von Hôrmann, Ueber die Entstcliungsverhâllnissc des sogenannten Pcenilenliale pseudo-Thcodori, dans Mélanges Fttting, t. ii, 1908, p. 3-21.

A la même époque, en 841 et 853, Baban Maur publiait ses deux pénitentiels, dont le second (environ 70 textes) est en grande partie issu du premier (environ 100 textes). P. L., t. ex, col. 467, et t. cxii, col. 1397 ; Maassen, p. 87u sq. L’Hadrtanæt YHispana ont fourni presque tous les canons de conciles et ragments de décrétales.

3° Valeur des pénitentiels carolingiens. Les pé nitentiels de la réforme carolingienne ont pour caractère principal l’orthodoxie : ils n’accueillent que des textes conformes ; i la discipline romaine. L’Hadrtana

et YHispana leur en ont oITert un grand nombre ; ils oui retenu, de l’énorme littérature insulaire, à peine quelques fragments, parmi ceux qui ne pouvaienl choquer le plus scrupuleux des canonistes du continent ueiin des défauts qu’ont déplorés les évéquei ne

subsiste. Et, si l’on ajoute que des évêques ont, en outre, répandu en leurs diocèses des capitulaires approvisionnés aux mêmes sources pures (Hadriana, Hispana), que leur pouvoir de tempérer les sanctions silon les eirconstances a été mis en relief, la restauration des bonnes règles apparaîtra dans toute son ampleur.

Toutefois, il est évident que le risque d’un prochain retour au désordre des temps mérovingiens n’est pas conjuré. En somme, la série canonique n’a point éliminé les tarifs, comme on le voit dans le 1. VI d’Halitgaire et dans pseudo-Théodore. Même en pleine ferveur de réforme, les clercs francs refusent de s’en contenter. D’autre part, il est des manuscrits d’anciens tarifs qui sont certainement contemporains de la réaction carolingienne. Il est facile de prévoir que Théodore et Cumméan jouiront bientôt, sinon d’un monopole, du moins d’une faveur renouvelée.

IV. De pseudo-Isidore a la réforme grégorienne. ^ — A partir du ix c siècle, les deux groupes insulaire et carolingien, rivaliseront d’influence et l’on peut suivre dans les œuvres nouvelles leur destin. Nous étudierons successivement les pénitentiels de la fin du ix et du xe siècle et le Corrector de Burchard de Yorms.

1° Pénitentiels de la fin du IXe et du Xe siècle. L’obligation pour tout prêtre d’avoir entre les mains un pénitentiel est rappelée à mainte reprise par des évêques (Rathier de Vérone, Ulrich d’Augsbourg) et. dans les pays rhénans, chaque curé doit présenter, au cours de la visite synodale, son exemplaire. Il est probable que, le plus souvent, il exhibait la copie de l’un ou l’autre des ouvrages que nous avons déjà signalés. Beaucoup de manuscrits des vieilles séries insulaires et aussi des pénitentiels de la réforme datent, en effet, de notre période. Les nouveaux catalogues ne furent guère répandus ; nous les diviserons en deux classes : les pseudo-romains et les anglo-saxons.

1. Les pénitentiels pseudo-romains.

Plusieurs pénitentiels, formés entre 850 et 1000, se présentent ou ont été considérés comme romains.

Celui qui usurpe le patronage de Grégoire III (W., p. 535) est, en réalité, un composite en 33 canons, où dominent Cumméan et les conciles espagnols. La préface reproduit en partie la lettre d’Ebbon à Halitgaire : elle n’est donc pas antérieure à 830. Presque tous les canons ont passé dans la collection en neuf livres du Vatic. 1349 (premier quart du x c siècle). Le pseudo-Grégoire III pourrait donc être de la seconde moitié du ix c siècle.

Trois autres pénitent iels, probablement du x’siècle, ont été présentés par Mgr Schmitz, t. i, p. 342-464, comme témoins de la discipline romaine de la pénitence aux vii c et viiie siècles. Le premier, contenu dans un manuscrit du Mont-Cassin se donne bien pour Pœnilentiarium summorum pontificum, mais, de ses 105 textes, 85 sont étroitement apparentés au recueil franc des Capitula fudtciorum, comme l’a montré P. Fournier, Revue d’hist. et de liltc’r. tel., 19(12, p. 121-127, qui, tenant compte de la patrie du manuscrit et d’analogies avec la lettre de Nicolas I’BUS Bulgares et avec le Yatic. 1349, l’attribue à un clerc italien des environs de l’an 900. De même. 59 textes sur les 89 du ms. C. de la Vallicellane (Yallic. I <le W., V allie. Il de S.) sont tirés des tripartites francs ; quelques autres s’apparentent aux collections italiennes du xe siècle et < début du xr, ce qui indique la patrie de l’auvrc et s ; i date. P. Fournier.

toc. cit., p. 59-70. A peu près contemporain est le pénitentiel dit d’Arundel, en ! » 7 canons, où mrencontrent des prescriptions canoniques librement modifiées, des conciles germaniques et des textes d’origine Incertaine. L’auteur est vraisemblablement de Fran eie. P. Fournier, art. cit., 1904, p 96 sq. 1 t mann, Zum Pœnttenttale Arundel, dans Zeitschrift