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PENITENTIELS. L’APOGÉE


Les noms de Bède et d’Egbert ont été liés à tout un groupe d’ouvrages qui, sans aucun doute, leur sont indûment attribués. Albers a publié dans VArchiv fur kathol. Kirchenrecht, t. lxxxi, 1901, p. 393-420, une compilation qu’il a trouvée dans un cod. Barberini et qu’il tient pour formée en Angleterre, au viiie siècle (721-731), peut-être par BMe Iui-mêrr13. Il comprend les préfaces de Bède et d’Egbert, une soixantaine de textes correspondant au pénitentiel de Bède et une centaine pris à Egbert.

Le Liber de remediis peccatorum, contenu en de nombreux manuscrits et souvent édité (W., p. 248282 ; S., t. ii, p. 679-701), a été attribué tantôt à Bède, tantôt à Egbert (Schmitz l’appelle Pénitmliel de Bède-Egbert). Oakley lui assigne pour principal fondemmt le pseudo-Bède I, que nous venons de décrire.

L’origine du Confessionale Ecgberti est très obscure. W., p. 300-318, Haddan et Stubbs, t. iii, p. 413. Auteur, date, patrie, tous les points qui le concernent sont controversés. Ses 41 chapitres sont tirés de Théodore, presque exclusivement ; il y a peut-être quelques rares emprunts à Egbert, à Cumméan. L’oeuvre est, très probablement, du viiie siècle.

D’autres pénitentiels ont été mis sous le nom d’Egbert, que nous retrouverons au xe siècle. Sur tout ce cycle Bède-Egbert, on trouvera de bonnes indications, que nous avons largement utilisées, dans Oakley, op. cit., p. 117 sq.

2. Pénitentiels simples du continent.

Avec les

noms de Bède et d’Egbert s’achève la grande période des compilateurs insulaires, ou plutôt de la rédaction de pénitentiels en Irlande ou en Angleterre ; car ce grand événement du viiie siècle qu’est la multiplication des pénitentiels sur le continent prolonge, couronne l’œuvre des moines d’outre-mer : ils en sont les artisans, ils ne font que répandre dans la chrétienté les judicia de leurs maîtres et modèles, Cumméan et surtout Théodore.

Cependant, la diffusion de ces tarifs étrangers incita les clercs du continent à grouper les canons et les décrétales relatifs à la pénitence. Une série canonique se forma, dont l’origine est obscure. Il n’y a aucune raison de la chercher à Rome. Il est plus raisonnable de penser que le clergé franc ajouta aux innombrables catalogues répandus par les Scots des extraits des collections canoniques dont il était pourvu et qui visaient, entre autres sujets, la pénitence.

Nombreux sont, en effet, les textes authentiques utilisables pour le confesseur. Les collections canoniques avaient répandu canons et décrétales relatifs à la pénitence et celles qui étaient méthodiquement ordonnées, comme la collection dite d’Angers, contenaient, outre les sanctions officielles des diverses règles, un titre De psenitentibus. Voir art. Pénitence, col. « I l sq.

Pénitentiels insulaires et textes authentiques ; telles sont les sources des nouvelles œuvres, fort peu originales, du VIII siècle.

a) Lignée de Colomban. Dans cette série, W. place : un pénitentiel en 62 eh api 1res é litépar Martène, Amplissima collet tio, t. ii, p. 28 sq., d’après un ms. du monastère de Saint Huberl (Ardenn a) ; un pénitentiel en 17 chapitres, édité par Mabillon d’après un ms. de Bobbio ; le pénitentiel du ms. theol. 851 de Vienne ; un pénitentiel de Fleury, Incomplètement édité par Marieur. i)< anliquis Ecclesim rilibus, t. n. p. 61 ; le pénitentiel du ms. 7193 de la Bibliothèque nationale {Parisiense de W.. Parisiense II de S.) ; un pénitentiel contenu dan, le ms 103 de Mersebourg ; un pénitentiel du m s 750 de Salnt-Gall. Tous ces oin

Ont dans W., p. 377 sp. dans S., I. ii, p. 319 sq.

Seuls, les pénitentiels de Bobbio et de Paris uni quelque originalité ; les autres sont des extraits

L’origine franque de toute la série est attestée par les sources : Columban, quelques canons mérovingiens. L’absence de tout fragment théodorien impliplique une date antérieure à 750, si l’on veut admettre

— ce qui nous paraît excessif — que tous les pénitentiels postérieurs à la diffusion des théodoriens ont dû subir l’influence de ceux-ci (comme s’ils n’avaient pu les ignorer ou les négliger !) ; nous accordons plus d’importance à l’âge des manuscrits : celui de Bobbio serait des environs de l’année 700, celui de Paris, du viiie siècle.

b) Lignée de Cumméan et de Théodore. — L’influence des deux grandes compilations insulaires a souvent été mesurée. Elle s’exerça concurremment sur beaucoup de pénitentiels et, dès le viiie siècle, se manifesta par des extraits, des emprunts désordonnés ou systématiques.

L’Excarpsus Cummeani, que l’on a, jusqu’en 1902, regardé comme l’œuvre originale de Cumméan, a pour unique source Cumméan (W., p. 460 ; S., t. ii, p. 597), qu’il contient presque tout entier. Nombreux manuscrits : S. en décrit 9.

Dans le ms. 3182 de la Bibliothèque nationale, si riche en pénitentiels, se trouve une série que W. a dénommée Bigotianum, à cause de la provenance du manuscrit (olim Bigot 89). W., p. 441 ; S., t. i, p. 707. Cet intéressant pénitentiel adopte les titres de Cumméan qu’il perfectionne en les subdivisant en chapitres, dont chacun comporte un ou plusieurs paragraphes. Ainsi, le titre i, De gula, comprend 10 chapitres, 26 paragraphes. En tête, une longue préface. Les sources sont toutes insulaires : Cumméan, le recueil théodorien en deux livres, VHibernensis, les anciennes séries insulaires, les Vitæ Patrum. Comme on n’y relève aucune partie franque, il y a tout lieu de penser que l’œuvre a été composée dans une chrétienté insulaire, Irlande ou Angleterre.

De Cumméan et de Théodore, est tirée presque toute la matière du pénitentiel contenu dans le ms. 1603 de la Bibliothèque nationale (Remense), en 16 chapitres, W., p. 497 ; S., 1. 1, p. 6 17, qui porte, en outre, quelques canons mérovingiens, peut-être ajoutés.

Les mêmes sources et Vinnian ont alimenté le péni tentiel contenu dans le ms. lot. 725 de Vienne (Vindob. II). W., p. 493.

Les collections dites du ms. de Bourgogne 87908793, du iii, , de Fécamp et des quatre cents chapitres empruntent à des recueils canoniques et pénitentiels très variés. Maassen, Geschichte der Quellen…, p. 636, 78 I et 8 12. El l’on trouvera un bon exemple de péni tentiel confus et malencontreux dans le Martenianuni, composé tout au début du ix’siècle dans la partie occidentale de l’empire franc. Von I lormann, Buss bQ.cherstud.ien, dans Zeitschrift der Savigny-Stiftung, Kan. Abt, [911, p. 195-250 ; 1912, p. 111-181.

Enfin, dans la seconde, moitié du vine siècle, sein ble-t-il, étaient compilés, en Espagne, selon toutes les apparences, plusieurs pénitentiels hybrides comme ceux que nous venons de signaler. Le plus connu est le Vigilanmn ou Albeldense, dont les textes, au nom bre d’une centaine-, sont presque tous empruntés aux séries de Théodore et de Cumméan. La plupart des textes du Vtgilanum probablement tirés d’une

source commune se retrouvent, avec des variantes.

dans le pénitentiel de silos, qui a revu, en outre, un contingent nouveau de textes insulaires et de nom

breux canons (le I’// ispami. Fr. l’.omeio OtaZO, El

penttencial Sllense, Madrid. 1928 : G. Le Bra », Péni tentiel » espagnols, dans Revue historique <lr droit fran cuis et étranger, [931, p. lia 131.

côté de ces pénitentiels, ou sont mêlés des textes

d’origine divers, ., 1 m est d’autres qui ont nettement séparé les séries : ce sont les tripartie