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PÉNITENCE DANS L’ÉGLISE GRÉCO-RUSSE


nalem Tusculanum (6 mars 1254) sur les coutumes des Grecs de Chypre : Nulli autan per sacerdotes vel conf essores pro satisfactione pœniteniiee unclio aliqua solummodo injungatur. Infirmis vero juxta verbum Jacobi apostoli, unclio exhibeatur extrema. Mansi, Concil., t. xxiii, col. 578-582. Au xve siècle, Syméon de Thessalonique fait une claire allusion à cet usage, De sacrameniis, c. lvi, P. G., t. clv, col. 205 BC, qu’un Grec du xvie siècle, Jean Nathanaël présente comme un abus dû à l’avarice de quelques confesseurs : x#v Tiveç tôv 41eu8a66<xTa>v xal ttypaj^aTcov Tpaixcov àvoTjTaîvovTeç Si’aioxpo/épSeiav cuvexôx ; toîç àjjiapTâvouat 81à xavôva xal Stxyjv àyiao-fxoû à>ç o_ETavooufiivoiç yop^yotoi. Lettre à l’archevêque d’Anagni. Cf. F. Richard, ’H xâpya ttjç ti[ctt£(oç (Le bouclier de la foi), Paris, 1658, 2e partie, p. 87.

Mais, dès que les Grecs commencent avec Jérémie II, patriarche de Constantinople († 1595), à disputer sur les sacrements avec les protestants, ils admettent unanimement le septénaire catholique, et il faut attendre le début du xxe siècle pour voir quelques théologiens russes mettre la chose en discussion et la résoudre par la négative. Cf. M. Jugie, Theologia dogmalica christianorum Orientalium, t. ni. De sacramentis scu mysteriis, Paris, 1930, p. 23-25. Le septénaire fut affirmé avec une particulière netteté, lorsque le patriarche Cyrille Lucar eut publié à Genève sa Confession de foi calvinisante, dans laquelle il ne retenait que deux sacrements : le baptême et la cène du Seigneur : Credimus evangelica sacramenta esse in Ecclesia, quæ Dominus tradidil in Evangelio, et ipsa esse duo. Tôt enim nobis tradita sunt, et eorum instilulor non plura tradidit. Rimmel, Monumenta fidei Ecclesise orientalis, t. i, Iéna, 1851, p. 34. Métrophane Critopoulos qui, à propos des sacrements, manifeste une certaine tendance protestante, range la pénitence dans la catégorie des sacrements qu’il appelle nécessaires : baptême, eucharistie, pénitence. Confession de foi, c. v, Kimmel, op. cit., t. ii, p. 93.

Dans la dogmatique gréco-russe, le sacrement de pénitence n’occupe pas une place fixe. La Confession orthodoxe de Pierre Moghila et le Catéchisme de Philarète lui assignent la quatrième place, après les trois sacrements de l’initiation. Syméon de Thessalonique, Jérémie II, Athanase de Paros et beaucoup d’autres le donnent comme le sixième sacrement entre le mariage et Veuchelaion. Quelques auteurs, comme Gabriel Sévère, au xvie siècle, EovTay|i.â-n.ov nepl twv âytcov xal tepwv |ja>CT7)plcûv, c. ix, Venise, 1600, le Russe Malinovskii, au xxe, Résumé de théologie dogmatique orthodoxe, t. ii, Serghief-Possad, 1908, p. 317, en traitent après la confirmation et avant l’eucharistie.

II. Matière et forme.

Jusqu’au xvie siècle, les théologiens grecs ignorent généralement les termes de matière et de forme appliqués aux sacrements. Le lynode chypriote, terni vers 1260 sous l’archevêque Germain l’essimandros, fait exception : « Chaque lacrement, dit-il, a une matière et une forme déterminées : èV.voTOv 8è tcôv |i’jarr ( ptov… àjpio|iévr ( v CXïJV xal ( ! >pia[i.évov eîSoç l/ei. » Cod, liarber. gracia 390, fol. 250. Cette terminologie est un emprunt fait a la soolastique latine, on sait, en effet, qu’à celle époque i atim dominaient dans l’Ile « le Chypre.

partir du xvie siècle, les théologiens grecs cl russes ne font pas difficulté de parler comme le com mun des Latins, et ils assignent comme matière élol gnée du sacrement de pénitence les péchés commis après le baptême ; comme matière prochaine, les trois du pénitent, a savoir la (nutrition, la confession et la lai i fn i Ion, qu’ils désignent par le nom technique déjà employé par quelques Byzantins

du XV lècle, tel G< orges Scinda ri os. Ainsi s’expriment Gabriel Sévère, op. cit., éd. de Venise, p 109 : ’H

ùXt] tîjç [xs-avolaç T) TroppcoTaTY], xaxà tt)v tcov 7toXXcov ewoiav, ègtI Ta àuiapT^axar t Se Tcôppco ègtIv ô |i.eravotôv àjjiapTwXôç- Y) S’èyyùç, rj te è^o(i.oX6yr J aiç xai /] aùvTpisUç tîjç xapStaç xai Y) iy.ai<moir l oiç ; Laurent Zizanii dans son Grand catéchisme, éd. de Moscou, 1627, p. 389-390. Cf. Trudy de l’Académie de Kiev, t. ii, 1898, p. 263-264 ; Pierre Moghila dans son Trebnik ou Rituel, Kiev, 1646, p. 337, mais non dans la Confession orthodoxe, où les termes en question, employés pour d’autres sacrements, n’apparaissent pas pour la pénitence ; Grégoire de Chio, EùvosUç twv 6eicov xai îepwv ttjç’ExxXTjalaç SoypLaTWv, Venise, 1635. Cf. D. E. Schelstrate, Acta orientalis Ecclesiæ contra Lutheri hæresim, Rome, 1739, p. 381 ; Nicolas Bulgaris, ’Iepà xa-rr^aiç, Venise, 1681, p. Il (cet auteur distingue même entre la contrition proprement dite et l’attrition : tt ( v awrpièrp xal tt, v èmxp161^j) ; Chrysanthe, patriarche de Jérusalem, dans son édition interpolée du Traité des sacrements du moine Job, où il a ajouté le passage suivant : ’H ysTavoia e^ei tt ( v ûXy]v Èv toïç âu.apTr / |j.aai xai tù fj.ETavooîJVTi âu.apTtoX(p xai Tfj êÇofioXoy^cEi. xal xapStaç auvTp16îj xai îxavonoirpzi ; Sylvestre Lebedinskii, Ccmpendium theologiæ classicum, 2e éd., Moscou, 1805, p. 513-514, etc.

De nos jours, cependant, la plupart des théologiens russes, et à leur suite quelques théologiens grecs, ont renoncé à l’hylémorphisme sacramentel. Ils préfèrent se servir de l’expression vague de partie visible du sacrement, vidimaïa slorona, jà aîcGrjTa arj(i.eîa. D’après la plupart, la partie visible de la pénitence est constituée par la confession orale et les paroles de l’absolution. Cf. Antoine Amphiteatrov, Théologie de l’Église catholique orthodoxe, traduction grecque de Théodore Vallianos, Athènes, 1858, p. 352 ; Macaire, Théologie dogmatique orthodoxe, 4e éd., t. ii, Pétrograd, 1883, p. 437 ; Philarète Gumilevskii, Théologie dogmatique orthodoxe, 3e éd., t. ii, Pétrograd, 1882, p. 184 ; N. Malinovskii, op. cit., t. ii, p. 396 ; Mésoloras, 2up : 60-Xixr), t. n b, Athènes, 1904, p. 302. Quelques-uns ne se contentent pas d’abandonner le langage de l’École : ils l’attaquent comme obscur, superflu, dénué de fondement et donnant lieu à une foule de discussions inutiles. Ainsi Ph. Gumilevskii, op. cit., t. ii, p. 128, note 3 ; Ch. Androutsos, Aoyu.aTtxrj tîjç èpGoSé^ou àvatoXixîjç’ExxXTjalaç, Athènes, 1907, p. 297. D’autres, oubliant l’histoire de leur propre théologie, en viennent à dire que la terminologie en question est inconnue dans l’Église orientale. Cf. K.-J. Dyovouniotès, Ta |i.ucTYjpta itjç, àvaToXixîjç 6p6086Çou’ExxX-rçataç, Athènes, 1913, p. 15 : eIve àyvtoCTTOi Tfl àvairoXixTJ’ExxX^aîa.

Nous venons de dire que la plupart des théologiens contemporains ne donnent comme matière et forme ou partie visible du sacrement que la confession orale du pénitent et l’absolution sacerdotale. Quelques-uns excluent la satisfaction ou E7UTl[itov non seulement de l’essence, mais aussi de l’intégrité du sacrement, se basant sur la pratique de certains confesseurs, qui n’imposent de pénitence que pour certains péchés. Ainsi Mésoloras, op. cit., p. 302 ; Androutsos, op. cit.. p. 388. Dyovouniotès, op. cit., p. 133. énumère trois signes sensibles du sacrement : l° la confession Inspirée par la contrition ; 2° l’imposition des mains du confesseur sur la tête du pénitent ; 3° la prière de [’absolution. On sait que quelques théologiens catholiques du Moyen Age, comme Guillaume d’Auvergne et Alexandre de Halès, oui considère comme matière prochaine du "liment l’imposition de la main du prêtre, au moment ot il absout., Cf. col. 1091 1092.

De la formule d’absolution chez les Orces et l les Musses il a ele i|Ueslion à l’article ABSOLUTION déjà Signalé. Qu’il sullise d’indiquer ici l’origine de la

formule dont se servent les linsses. les autres slaves