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    1. PÉNITENCE##


PÉNITENCE. THEOLOGIE POSITIVE

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Le point délicat, mis en bon relief, est que notre satisfaction ne peut être qu’imparfaite : « Far nos œuvres, nous satisfaisons à Dieu, non pas en rigueur de justice, mais au moyen de grâces nombreuses, qui précèdent et accompagnent notre action et nous permettent de satisfaire par nos biens propres, et avec égalité, pour la peine temporelle que nous avions méritée. » L. IV, c. vii, p. 615. Cela posé, il n’est pas difficile de montrer que l’Écriture (Dan., iv, 24 : Prov., xvi, 6 : Luc, ni, <S : fi Cor., vii, 11) nous incite à réparer le péché par des œuvres satisfactoires : il ne s’agit pas simplement de mieux vivre à l’avenir, mais encore de réparer le mal commis dans le passé. C. viii, p. 616 sq. Le témoignage des Pères est fréquent et explicite sur ce point. C. ix-x, p. 617 sq. Enfin, les objections luthériennes sont sans fondement : les chrétiens ont reçu la doctrine de la satisfaction, non des païens, mais de l’Ancien Testament. Cette doctrine n’empêche nullement la gratuité du pardon divin, puisque la satisfaction n’est valable que si elle a la grâce pour origine. C.xii, p. 629 sq.

7. Le 1. V est consacré aux indulgences.

Le traité moderne de la théologie pénitentielle est fondé : les théologiens postérieurs garderont, à peu de chose près, le canevas bellarminien.

3° Après Bellarmin. - La théologie, uniquement controversiste, ne compte après Bellarmin que peu de représentants. D’ordinaire, la réfutation des positions protestantes se trouve englobée dans les traités généraux ; de la pénitence. Cependant, quelques noms de théologiens, controversistes avant tout, doivent être relevés.

En dépendance immédiate de Bellarmin, il faut citer Jean-André Coppenstein, O. P., qui a adapté aux controverses antiprotestantes un résumé de Bellarmin. Controversiarum inter cathoticos et hæreticos nostri temporis ex R. Bellarmino E. R. cardinali in epitome redactio, Mayence, 164, ’L Pour la présente matière, on lira : part. III, Mysteriomachia lutherocalvinismi contra sacramenta. § 9, De psenitenlia. Du même auteur, Casligatio Apologiæ calvino-catecheticse advenus Jacobum Laurentium Verbi ministrum Amslelodamensem apologistam, Mayence, 1626 ; Antipapista mendax luthero-calvinisticæ, part. III. q. vin (c’est une sorte de catéchisme antiprotestant), Mayence, 1625.

Nous trouvons encore, par Nicolas Bomœus, une réfutation directe de Calvin, assez curieuse par les aspects colorés » sous lesquels les « calomnies « hérétiques sont réfutées : Johannis Calvini Noviodunensis nov i effigies, centum coloribus ad vivum expressa, Anvers, 1622. La pénitence est abordée à la « Calumnia quinta, hr psenitenlia ? sacramento, color 35.

Plus tard, paraissent deux ouvrages dignes d’être cités : Noël Alexandre, O. P., Dissertalio polemica de confessione sacramentali adversus libros IV Joannis I > dltei calvinistm institulionem et usum in Ecclesia perpetuum (mpugnantis, Paris. I67.S : éditée égalemenl sous le titre : De sacramentali confessione adversus wal denses, alblgenses et wiclefflanos in calvinistis redivil’u',

Denys de Sainte Marthe. Traité de la confession

auriculaire outre 1rs erreurs d"s calvinistes, Paris, 1685.

Mais, peu à peu, le genre uniquement cantonné dans l.i controverse disparaît ou plus exactement se renou velle dans la théologie positive et historique inaugurée par I Morin.

II. TUÊOLOaiE POSITIVE ET HISTORIQUE. 1° Au

ai// siècle. I Lesoraloriens. Comme pour le ment de l’ordre, l’oratorieii J. Morin ( 1659) renouvelle la théologie historique pour le sacrement de pénitence. Le titre assez long de son ouvrage mérite d’être cité en entier, car il fait comprendre le point de lie auquel l’est placé l’auteur. Commentarius htstortcu* </< disci

plina in administratione sacramenti pœnitentiæ tredecim primis sa’culis in Ecclesia occidentali, et hucusque in orientali observata in decem libros distinctus, qui bus quidquid a sanctis Palribus in legibus et praxi istius disciplina’, constilulum. dérogation, ampliatum, abrogatum et quovis modo relaxatum. oui novalum est : quando. quave occasione aut causa id factum, luculenlcr narratur. His inserta sunt, quiv Judœi antiqui et reccnliores tradunt de psenitenlia, confessione peccatorum, excommunicatione, absolutionc, criminum pwnis, aliisque ad pænitentiam apud eos spectanlibus. Ad operis coronidem complures libclli pœnitenliales, et confessionis peccatorum edendiv, psenitentiseque de iis agendaordines, (irœci, Latini, Hebrœi, ex antiquissimis variorum sseculorum codicibus eruti, mine primum in lucem prodeunt : grseci et hebrœi latinilale donati et illustrali, Paris, 1651.

Comme l’indique ce titre, l’ouvrage est divisé en dix livres, suivi de plusieurs appendices (avec pagination nouvelle). Le 1. I traite de l’autorité de l’Église pour remettre les péchés. A la base de cette étude sur le pouvoir des clefs, Morin place la distinction du for divin et du for ecclésiastique. Des lois spéciales régissent le for ecclésiastique et, pour atteindre par lui la complète rémission des fautes au for divin, ont imposé à la pénitence, dans la primitive Église, une grande sévérité. De cette distinction des deux fors, les scolastiques ont gardé leur doctrine concernant l’objet de l’absolution sacramentelle : déclarer absous le pécheur déjà pardonné par Dieu.

Le 1. II traite de la confession des péchés et des différentes manières dont elle se fait. Il expose l’ancienne discipline de l’Église touchant la confession publique, même (opine Morin) des crimes occultes. A la lumière de l’histoire, et même de l’histoire des Juifs et du Talmud, Morin expose les particularités de la confession (nom du complice, secret de la confession, aveu des circonstances, etc.).

Le 1. III expose la différence de traitement des péchés dans le sacrement de baptême et dans la pénitence. Il rappelle les motifs pour lesquels les Pères ont cru devoir se montrer d’une indulgence extrême pour les crimes précédant le baptême, et d’une très grande sévérité pour ceux qui le suivent. Le peuple chrétien, ému d’une si grande sévérité, s’est soumis avec humilité et obéissance.

Le 1. IV commence, à proprement parler, l’élude de la discipline pénitentielle et de ses variations. Il est intitulé : « De la discipline extérieure qu’observait l’Église, jusqu’au novatianisme, pour guérir et punir les péchés des fidèles, clercs et laïques, d Pins spé cialement, le livre V étudie l’ancienne distinction des

péchés en (rois espèces, les peines et les remèdes gêné

raux employés pour leur guérîson et leur expiation ». Le 1. VI couvre la période qui va de l’hérésie nova tienne au début du viir siècle et a pour objet les pratiques employées, soit publiquement, soit d’une manière privée, pour l’expiation et le châtiment du péché. I.’cl ude historique porte sur les prat tques observées non seulement dans l’Église, mais encore en

dehors de l’Église. Dans le I. VII, la période embras sée va du VIIIe siècle à la fin du xr. Le 1. VIII étudie

les formules ci l’efficacité de l’absolution sacerdotale,

ainsi que les différentes opinions théologiques sur ces sujets. Le I. IN rappelle comment l’absolution. après la confession et la manifestation de la pénitence, était accordée à certaines époques pour (<>ns les crimes sans exception : on y expose la solennité usitée pour

l’administration du pardon.

Enfin, dans le livre X, l’auteur étudie quelle fut la discipline pénitentielle a l’égard « les malades et dei moribonds ; quelles vicissitudes elle a subies selon les époques et les régions. Il étudie aussi en détail corn ment et è quelles occasions la discipline pénitentielle